Poèmes de
CONSOLAMENTUM d'Evelyne Delaye par ordre d'entrée initiale:
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suivant en-bas de l'écran :
#Dédicace
4-
#Une hirondelle est arrivée
3-
#Photos de famille
2-
#Septantissimo
4-
#Le Saint-Bernard de St Martin
7-
#L'homme de l'art
3+7-
#Questionnement
4-
#L'Icône
6-
#Le Jardin fermé
4-
#La Parade du paon
7-
#Estival interview
1+7-
#Des notes sous la pluie
1+2-
#Dilemme
4-
#Une nuit ....
2-
#L'émigrée
3-
#Au lavoir familial
2-
#Prodigalité
1+4-
#Le Jeu du "Je"
4-
#Couacs
3-
#Les agnelets télégéniques
5-
#Les cellules
4-
#Pour un anniversaire
2-
#Retour sur Souvenirs
4-
#Démolition
4+5- #Armand
Dubois
3-
#Stratégie
5+7-
#Le bouquet de roses
1-
#Les clés
6-
#Pour un autre anniversaire
2-
#Quelques années avant l'anniversaire
2-
#Le vent de nuit
1+6-
#La lampe allumée
6-
#Appel
1+4-
#Shopping
5-
#Quick Poême
5+7-
#Encore un anniversaire
2-
#Chambre 27/26
3-
#Omission
6-
#Vivement le Paradis
2-
#Imaginaire Cimaise
4-
#Allègre P.C.
5+7-
#Contradiction
1+4-
#Fête d'hiver
1+6-
#Pommes de Paradis
1+4-
#Tel quel et sans corrections
2+6-
#Prends le temps
6-
#Psy méditations pour une orthophoniste
6-
#Visage en son miroir
1+6-
#Transfert
6-
#Invite
6-
#Défoulement
3-
#Exode
1+4-
#Haute tension en Beauce
4+5-
#Envol
4-
#La chute d'Ados
1- #L'arbre
de mai
1+4-
#Absence
6-
#Le Coquelicot
1-
#Jeux
1-
#Instructions du maître japonais à sa femme
3+7-
#Demi-teinte en perplexité
2+6-
#À punaiser sur disque rouge
2-
#Le temps est revenu de dire...
2-
#Cartographie
6-
#Mnémoribote
7-
#Vacuité
2+4-
#Cadeau
6-
#Passe-temps
1-
#Plage en nocturne
1-
#Bouche à boucle
2-
#Agneau "casher"
6-
#Un éclat de verre
3+6-
#A propos de cassettes....
5-
#Pour un nouvel anniversaire
2-
#Concert en église
5-
#Bienvenue à Baptiste
2-
#Le marché
2-
#Pas sans toi
6-
#Renouveau
1+4-
#Continuité vibratile
4-
#Astronocturnale
4-
#Promenade intérieure
6-
#En Provence et Sans compassion
4-
#Sans art et sans arrhes
3+4-
#La forêt interdite
1-
#Appréhension d’estive
1-
#Expectatives
3+7-
#Message anonyme
2+6-
#Saule pleuré
1-
#Ânes sidéraux
1-
#Prépa 2000 - Bain de Jouvence
1+2-
#Première expérience de Parents
2-
#Les bijoux
4-
#Chanson pour des peintres en cage
8-
#Prescience d’écho
6-
#Le silence du matin
1-
#Effacement
4-
#Après le combat
6-
#Sans réponse
6-
#Harangue
3-
#En somme...
2-
#Pardon d’automne
1+6-
#Tentation exutoire
2+4-
#Pour une veillée
1+2-
#Départ en douce
2+6-
#Abyssale insomnie
6-
#Au jardin des pensées
6-
#Le semeur
6- #Echelle
crépusculaire
6+7-
#Electron libre
3+4-
#Lumen
4-
#Aime d’abord
6-
#Vague à l’âme
1+7-
#Les Anglais font le pont
3+7+8-
#Le mot juste
4-
#Blues
6-
#Ma maison
2+4-
#Emprisonnement
3+4-
#Va - et - vient
4-
#Aspersion
6-
#La nuit qui compte...
6-
#Il va faire nuit.....
1+6-
#Des rêves indociles
4-
#Qui fera le Jacques
5-
#Anniversaire d’un quatrième numéro
2-
#Attente en solo
6-
#125 poèmes
7-
#Cantique du randonneur
1+6-
#Léo’s Birthday
2-
#Piercing
2+5-
#J.M.J. au poil
2+5-
#La vigne familiale
1+2-
#Fructose C6H12O6
1+2-
#Syllabique dérive
4-
#Il est mort seul
3+6-
#Les cryptogames font la recette
1+8-
#Départ en vacances - en ex-argot -
3+8-
#Les tomates osent
1+2-
#La fleur du temps
1-
#Siphonie
4-
#Il te fait signe
6-
#Spécieux entendement
4-
#Ma Sagesse thé
1-
#Comme une rue... la vie
4-
#Evanescences
2-
#PRINTEMPS
1+6-
#Etrange théâtre d’ombres
1+4-
#L’Ange Musicien
2+8-
#La Cueillette
1+8-
#Camélia Song
1-
#Détachement
4-
#Toiles
6-
#Brûlée d’une autre soif...
6-
#Frontière
4-
#La vie est commencée
2-
#Il suffit de dire "oui"
3+6-
#Pour un suivant anniversaire
2-
#Tarmac Y-D-AL
2-
#Tarmac à dérouler
2-
#Ni vu ni connu ....
4-
#En des flacons d’albâtre
2-
#Octante-sept échos des cols hauts en cols blancs
2+3-
#Hydro métrique
1-
#Mirages virés
8-
#Pour l’anniversaire d’ ARLEY
2-
#Graines de ces âmes
1+6-
#À Daniel Lancelet
3-
#De profundis pour un parc
1+5-
#Sortie de disco ....
4+5-
#Infaudioptimisme
5- #L’oreille
à souvenirs
3+4-
#Un doigt de repentance
6-
#Crépuscule
1-
#Aube
1-
#Aurore...
2-
#Atermoiement
6-
#Vas
6-
#None
1-
#Eucharisse
3+6-
#Nos vies ....
4-
#Sortie de bain
4-
#Amour Post-it
7-
#Neuf au Carré
2-
#La Toile du Temps
2-
#Voeux perpétuels de l’An Renouvelé
2-
#Le Palais des arômes 7-
#Résolvante Enigme
2-
#Cadeaux d’Helvétie
2-
#Les muses s’agacent
4+7-
#Attente de certitude ...
2+6-
#Procès patte graissée
7-
#Choisir
6-
#Lever du jour
1+4-
#Les épingles d’Eole
1-
#INVITE DEUX
7-
#Notes en levées
7-
#Jubilé
2-
#Vagabondage
4-
#Cadeau du Passé
4-
#Fatalisme
6-
#La fête des poètes
3+7
#Mutisme
6-
#Toi, petite chérie des ailes de mon coeur
2+6-
#Évanescence
2+6-
#Perte d’appétit
4+7-
#Prémices de moisson
1-
#Méli-mélo et rebelotte
3+7-
#À toi et à merci
2+6-
#Livre dédicacé ou Livre Blanc
2- #Illuminations
5-
#Fleurs de plumes
1+4-
#Sous le figuier
1+4-
#Sur année revernie1+7
-
#Dédicace de "Séquence 47"
2-
#Narines hivernales
7-
#Au métro des Jours
4-
#Féline comptine
8- #Nuit
de la St.Yves
2-
#Famille du navet
2-
#66 carats pour un diamant
1+2-
#Mythique Chassalot du Léman
7-
#L’Écriture
4- #Coeur en attente 4- #Juste
un baiser2- #Marché de Noël - #Elle vient crécher 2- #Discret
Soleil 2- #Anaïsanoël 2- #RiZanoël 2- #choubontram Joubi 5- #Feuilles
d’espérance 6- #Vesprée
des jours 2- #Avec vous ravie ... 2 #Insectus philie 2- #Radio chapelet 2-
#Esprit encombré 5- # trois habits de noce 2- # Applaudissons : un Léo ban ! 7-
#22,v’là les guides 2- #Hâtif jardinage 1-#Matin d’exubérance 2- Le cadeau du
roi 3- Pèlerinage en Ankylose – Noël 2010 – Sans titre – Logiciel épître –
Arrivée à Dakar – Exercices – Tasse de thé -
Thèmes
1-
La nature et
le temps qui s’écoule
2-
La famille
3-
Des hommes …
4-
Les
réflexions
5-
Les Faits de sociétés
6-
Méditations
et Ressenti
7-
Avec un peu
d’humour
8-
Chansons
Dédicace
Abat Jour et rabat joie
Côté cour et côté loi
Fin du jour et feu de bois
Côté cour et côté croix.
Sans recours et jeu du Roi
Côté cour et caveau froid
Qui secourt et qui s’accroît ?
Point du jour et feu de joie.
De toujours et c’est pour toi.
Avril 1995
Une hirondelle est arrivée
Petits flashes d’espoir qui traversent les
chambres
de malades et que l’on discerne parfois à
la
faveur de visites…...
Une hirondelle est arrivée, le printemps
peut surgir.
Près du malade trois roses ou cinq
oeillets témoignent de ce qu’il est aimé.
Le sourire du soignant , à la porte
d’entrée, un baume sur le souffrir
Le geste du voisin, un patient comme lui,
prêt à le soutenir.
Une valise ouverte, attendant des effets ;
demain il va partir.
Une hirondelle est arrivée, le printemps
peut surgir.
Le regard du malade prêt à vous
accueillir, à vous dire son tourment, livrer maints
souvenirs Vigilance et douceur de
l’infirmier qui soigne, réponse à son désir.
Constance du parent, de l’ami assis là,
guettant un signe de celui qui semble dormir.
Le merci du patient en fin de la visite :
« Voulez-vous revenir ? »
Une hirondelle est arrivée, le printemps
peut surgir.
Au terme d’une vie longue et remplie, ceux
qui disent : « Je suis prêt, mon printemps
peut venir. » Parole du malade qui
retourne chez soi : « Enfin j’ai pu guérir ! »
Complicité visiteur-visité, étouffant dans
la chambre un fou-rire.
Une main rejoint l’autre, étalée sur le
lit et par les doigts mêlés les larmes vont tarir.
Amitié fulgurante, près d’un lit de
« Dupré », perdurant dans l’espace, sans pouvoir
se redire.
Une hirondelle est arrivée, le printemps
peut surgir.
Mais combien faut-il d’hirondelles pour
faire un vrai printemps, celui du sur-venir… ?
Réflexion de Nadège, atteinte de divers
handicaps : « J’étais assise sur un des bancs de l’hopital
dans cette partie du petit jardin du
« cloître La Rochefoucauld ». Les rosiers étaient fleuris, à mes pieds sur
l’herbe, des corbeilles de fleurs… Alors j’ai oublié mes soucis, mes maladies,
mes douleurs ; ils étaient comme enveloppés d’un voile, hors de moi…. Et je me
suis dit : « je ne suis plus concernée par eux. Je suis comme au paradis… Ah !
Oui, le paradis existe ! Je suis si bien ici… »
Merci aux jardiniers, merci au Jardinier !
Mars 97
Fête du Printemps à Laennec
Photos de famille
Faut-il que je versifie
Pour illustrer ce qui défie
Le regard sur photographies !
Sont-elles du temps, une vigie
Ou de la mémoire dystrophie ?
Sont-elles la reprographie
Du fond des âges ressurgie
D’un appel que je qualifie,
Tel un zoom qui se rectifie,
D’un génome qui nous unifie ?
Mai 1996
(photos de la fête d’Anne Marie
à Meudon)
Septantissimo
Ne pas voir les brindilles d’étoile
Essaimées ça et là par des pas insouciants
Ou faut-il relever les scintillantes traces
Parsemées sur le sol, les tapis et les toiles
Gommer ainsi l’appel aspiré vers l’espace
Du vivre sans espoir d’avenir rutilant.
Ne pas graver au marbre dur les rires
Engrangés l’avant-jour au jardin des festins.
Faut-il épinceter les bribes de mémoire,
Les disperser déjà, oublier les sourires
Et noyer la musique des paroles et du
« voire » ?
Se retrouver sans jour et sans nuit au
matin !
Oh non ! Croire au bonheur de ces jeux et ces
mimes
Inscrits là sans retour sur les pages
tournées
Du livre du destin qu’en silence on
feuillette,
Etonné de trouver, accroché à la cime
Offert à souvenance avide de cueillette,
Sur l’arbre de la vie, le traîneau des
années.
Janvier 97
Le Saint-Bernard de St Martin
Il sortait de la gueule
Du four, le soleil,
Dardant ses flammes sur l’homme, son chien et
ses pareils.
Elle gîtait sur sa gueule
De loup, courbée, la feuille,
Assoiffée, quémandant son cercueil.
Il montrait sur la gueule
Des traces de gamelles, l’homme,
Sur son masque de peau tavelée de vieille
pomme.
Il portait dans sa gueule
Une pleine bouteille, le chien,
Plastique rempli d’eau du canal parisien.
Elle reçut, en dégueule,
Une giclée d’eau fraîche, la foliole.
Un vrai cadeau de vie pour redresser sa
fiole.
Il tombait comme d’une gueule
De canon, ce boulet de pitié,
Sur la fleur qui ne vit le chien s’en
retourner.
La fleur n’y comprit rien.
Ni nous non plus peut-être.
Mai 1997
L’homme de l’art
Le bouton d’or de son savoir
S’épanouit dans un verre à dent
Et se flétrit en un crachoir
De larmes d’ivoire et de sang.
Il est debout dans son prêtoire
Prêt à fustiger l’innocent :
Casaque blanche, chaussures noires
Masque ouaté, oeil avenant
Le geste large, ganté de gomme,
Invite moelleuse à s’asseoir,
A s’étendre allongé comme
Un rêveur au bord du soir.
Mâchoire offerte au doigt prudent
De l’explorateur de caverne
Vidée de trésor ; sous la dent,
Le voilà qu’il trouve et la cerne !
Et qui ne sait qu’à terme bref
De cette détente onirique,
S’intercale au tango de nef
Le cri de la scie électrique ?
Bouche ouverte à tire-nerf,
Rouge crissement de fraise,
Etouffement, brame de cerf,
Intense brûlure de braise
Puis vient une paix sidérale,
Déploiement des doigts momifiés,
Murmure d’une mer étale,
Transcendant soupir aurifié.
Arrêt béat de la technique
Sur rictus dès lors unifié.
Il a droit cet homme sympathique,
Au sourire à chevilles ailées.
Le bouton d’or de son savoir
S’épanouit sur nos belles dents.
Rendez-vous pris pour se revoir
Et garder oncques fois vingt ans
1946/1997
Questionnement
Quand finira le temps des roses ?
La question, tous on se la pose.
Un seul printemps, un seul été,
Pâles pétales à effacer.
La question sur laquelle on glose :
Quand finira le temps des choses ?
Couteux objets à amasser,
Morceaux épars à ramasser
Quand finira le temps des pleurs,
De désolation et de peur ?
Qui fait fuir dans le morose :
Sans ferveur, ni chant on compose.
Quand finira le temps d’exil
Où suffit battement de cil
Vers la surconnaissance, exclue,
Pour y mener l’enfant perdue.
Ta question c’est aussi la leur :
Quand finira le temps du coeur,
En espace-temps ramassé
Qui a vertu d’Eternité ?
Juin 1997
L’Icône
L’icône sur le mur lisse fane pour nous ses
ors,
L’arum en inclinant sa cornette de nonne
Salue près de l’autel Celui qui se donna,…
Qui se donne, effritant les restes de combat
Comme ces nuages gris à l’horizon qui tonne :
Quête d’Exponentiel à livrer ses trésors.
Un reflet de fenêtre se balance dans l’arbre.
Est-ce l’ouverture au ciel où Seigneur Tu
m’attends ?
Les aiguilles de cèdre aux branches font des
ailes
Qui s’ouvrent et se déploient en vol de
« pétrelles »
Sur l’océan des herbes sans voiles ni
enfants.
Et ton Regard est là, percutant comme un
sabre.
Juillet 1997 Combs
Comme il fait bon se souvenir !
En visitant l’Yerres d’aujourd’hui
J’ai étendu ma nappe phréatique
Sur la table de mes rêves desséchés.
Idem
Le Jardin fermé
On ne frappe plus à sa porte :
La rouille a grignoté les gonds.
Et aucun regard, en escorte,
N’admire la rose au balcon.
Lianes et lierres grimpent à la grille
Qui serrent des arbres inféconds,
Obscurcis de viornes et de vrilles.
Aucun n’ouvre les volets clos
Pour contempler au loin la plaine,
Ecouter quelque chant falot
De mésange ou de chantereine*
*(ou de grive-draine)
On ne frappe plus à son coeur,
Bien lové en ses broderies
Etouffé sous le poids des fleurs
Introuvables dans nos prairies,
Pulsant en faibles battements
Un sang figé en rêveries
Et en alacres jugements.
Personne n’y posera sa tête
Afin d’y grandir en bonheur
Dans l’évaporation muette
De tant de doutes et de rancoeurs.
On ne frappe plus à sa peine
Qui vers le soir, en rechampis,
Se grave au froid de ses veines.
Depuis longtemps ils sont partis
Ceux qui chassés de sa bretêche,
N’avaient plus rien à faire ici.
Et s’il existait une brèche
Au fond de ce jardin secret ?
Légère comme vol d’alouettes
Qui chantent pardon et regrets,
Présence douce, humble et discrète
Dont la lumière, en réméré
Infiltre une porte entr’ouverte…
Juillet 1997 Combs
La Parade du paon
C’était un drôle d’oiseau qui vivait de sa
plume.
Il la grattait partout, même sur le papier,
Dans des académies, au fond des encriers,
Par de juteux extraits aux saveurs d’agrume.
Il l’aiguisait souvent, la mettant à
l’oreille.
Regardait l’adversaire, et geste triomphant
La plantait devant lui, moqueur ou menaçant
Le tenant en respect devant tant de
merveille !
Elle lui servait de flèche, de pipeau ou de
lyre,
Et bien des égarés lui durent leur salut.
Il l’embarqua parfois à bord de lourds
chaluts
Qui naviguent en eau riche de dollars et de
lires.
Un jour, il eut envie de poser son panache,
De regarder la vie, de goûter l’avenir.
Vers une belle timide, il ajusta le tir.
Il souleva son aile et prit un air bravache.
La jeune indifférente, insensible au
prestige,
Aigrette détournée, ne montra que son dos.
Plumes lisses et fermées aux chants et aux
fados
Méprisant l’oeil noir par passion qu’il érige
Et qu’il fait onduler, amoureux essuie-glace,
En chatoiements vert-bleus irisés sur fond
d’or.
Vers l’infante impavide devant tel trésor,
Il recule et il froue pour entrer dans la
place.
A tant d’agitation, la plume n’y résiste.
Elle se rompt, puis s’incline et traîne sur
le sol.
La belle se relève et dévissant son col
La contemple un instant pour suivre une autre
piste.
A trop faire le faraud,
On provoque un sinistre
Et on y court le risque
De perdre bien plus gros.
Gasville Juillet 97
Estival interview
Et vous,
Que faites-vous de votre été ?
Je règle toutes mes factures :
Crédit, débit, tout est compté.
Et pour ne point être endetté
Je vérifie mes écritures.
Puis je saute dans ma voiture,
Roule au gré de ma liberté,
D’aventures en aventures
A vivre en leur totalité.
Et vous,
Que faites-vous de votre été ?
Sur le sable je prends posture,
Sous le soleil à volonté,
Le long de belles créatures
Qui s’éblouissent de volupté.
Puis je redresse la voilure
De ma barque démâtée,
Et je file à bonne allure
Loin des plages et des jetées.
Et vous,
Que faites-vous de votre été ?
Je cueille cassis et mures
Pour les jeter tout entiers
En bassine à confiture
Et les faire mijoter.
Puis j’enfourche ma monture
Et de mes moyens limités
Je rentre en littérature :
Vers, poèmes et motets
°/°°
°°/°°°
Et vous,
Que faites-vous de votre été ?
Moi je fuis loin des impostures
De l’aimable société
Pour vivre seul dans la verdure
Ou sur des monts bien éventés.
Je galope dans la nature
En suivant les « parcours-santé ».
Après m’être bien agité
Je soigne mes courbatures.
Et vous,
Que faites-vous de votre été ?
Mes doigts dans sa chevelure
Et par son regard, envouté,
Je rêve notre vie future
Faite d’amour et de beauté.
Vuflens 7/97
Des notes sous la pluie
A l’hosanna de Lausanne se sont ébranlés les
cieux
Qui fondent en pertuisanes sur le jardin tout
heureux.
Dans la maison paysanne on entend des cris
joyeux
Plus de soleil qui basane le synthé
silencieux.
Tiens ! S’y joue une pavane sous quatre doigt
studieux.
Deux se cherchent une Roxane, les deux autres
un des Grieux
Damoiseau et Valaisanne totalisent pour le
mieux
Treize années d’où s’en émanent emmêlés,
rires et jeux.
La vie, belle courtisane à regarder au fond
des yeux
Serait-elle partisane de leur faire un don
gracieux :
Partager joie et tisane au lointain des jours
pluvieux
Vuflens / autoroute A6
7/97
Dilemme
A-t-on le droit de ne rien dire
Ou de pouvoir tout exprimer,
S’exposer aux masques ou aux rires,
Face à une porte fermée ?
Est-on en mesure de maudire
Dans un regard « en jamais plus »
Qui joue sur le risque d’induire
L’autre dans un mépris ou un refus ?
A-t-on l’audace de sourire
Devant des coeurs angoissés,
Prêter l’oreille à des délires
Sans savoir les en délivrer ?
A-t-on envie de connaître
Ce qui les ferait rêver,
Ressemblant à une fenêtre
Que leurs lumières a traversées ?
A-t-on le vouloir, sans séduire,
De s’effacer de leur chemin,
Et dans ce passé de demain
S’offrir au Présent qui inspire ?
Gasville Août 97
Une nuit ….
Une nuit, en cadeau, tu as reçu un livre
Et tu ne savais pas qu’il est lourd à porter.
Pour en tisser les pages, inscrire et
inventer
Chaque ligne des jours qu’il t’est donné de
vivre.
Et depuis le berceau, d’où il te fut remis,
Tu ne cesses d’y joindre une feuille après
l’autre.
Une nuit, en cadeau, tu as donné un livre,
Et tu ne savais pas qui dessus écrirait.
Apprendrait par tes mains à maîtriser la
vuivre
Toujours prête à s’enfuir ou traquer le
regret.
Et depuis, en faisceau, en jet d’amour
soumis,
Tu ne cesses de l’enter au temps qui est le
nôtre.
Une nuit, en cadeau, tu as trouvé un livre
Et tu ne savais pas que pour le déchiffrer
Il faut lire en ton coeur l’engagement à
suivre
Celui qui l’écrivit pour toi dans le secret.
Et depuis par pinceau fragile ou affermi
Vous ne cessez d’y peindre ton acte des
apôtres.
Paris
Août 97
L’émigrée
Elle vient d’arriver en esprit de service
Dans ce rez de chaussée, amenuisé, oblong
Ou vont passer ses jours quelque soit la
saison
A nous regarder vivre, en nos vertus et
vices.
Près du bâti de porte, comme un arc tendu
Son bras qui tient l’outil, en bienvenue
s’agite
Et tout en saluant, emménage en son gîte
Parmi meubles épars et paquets étendus.
Dans nos bâtis de porte, comme un arc tendu,
Son bras chaque matin le courrier nous dépose
Puis elle redescend en sa région morose,
Nous ayant gratifié d’un sourire retenu.
Souvent le bras courbé, en son arc tendu
Tient une fourrure chaude, vivante qui se
repose,
Et dont sa main caresse le museau noir ou
rose
Qui sort de sa torpeur par un baiser reçu.
Sous le bâti de porte, comme un arc tendu
Vers un lointain passé, son doux regard
embrasse
Un jardin parental aux pentes d’herbe grasse
Planté de hauts sapins où jeune elle a vécu.
Et tout à son désir comme un arc tendu
La luge de son rêve dans l’Océan s’efface
D’autre rires d’enfants en son coeur ont pris
place,
Nimbés de base-ball sur continent repu.
Près du bâti de porte, comme un arc tendu,
Son bras voudrait saisir le combiné aphone
Pour entendre une voix filtrant d’un
taxiphone
Rivé au nouveau monde où son fils est venu.
Hors du bâti de porte, en arc détendu
Son bras s’est allongé, doigts ouverts en
offrande.
Sa tête est inclinée pour contempler la
grande
Apogée de sa flêche lâchée dans l’inconnu.
°/°°
°°/°°°
Elle vient de nous quitter pour l’infinie
lumière,
Hors son rez-de-chaussée, amenuisé, oblong,
Où s’égrenèrent ses jours, quelque soit la
saison
A songer que l’amour se passe de frontière
Paris Août 97
Tout l’an j’ai lu
L’angélus
de l’ange élu
Tapez le 3615 code : Gabriel
Au lavoir familial
Si tu veux un savon, ma belle,
Alors je vais te le passer
Dans la plaisante ritournelle
Des taches à effacer !
Et je te lance la nacelle
Pas très facile à rattraper,
Lourde de toiles et de dentelles
Qui cachent le linge à laver.
Rude tâche pour une Oiselle
Que de devoir en dérouler
Tous les lacets et les ficelles
Que tu as su entremêler
Pour mieux cacher à icelle
Les bavures à détecter !!
Prends le battoir sous ton aisselle
Et ne crains pas de te muscler…
Tu crois que je la baille belle ?
Quoi !... Seraient-ce mes gros souliers
Dont se voient tracées les semelles
Sur tes fines taies d’oreiller,
Sur tes draps et sur tes flanelles :
Et je l’aurais fait tout exprès ?
Oh ! Mon aimable Tourterelle,
C’est une erreur à excuser !
Si dans l’avenir se renouvelle,
Au savon je les frotterai
Pour que nos âmes étincellent
En blanc unique à fusionner !
Paris Sept.97
Prodigalité
Partir dans le mois d’août tel un criquet sur
l’herbe
Avec une guitare arrimée à son dos,
Elargir son regard aux musiques des eaux,
Aux cimes des nuages en cavale superbe
Percevoir de l’espace ce qui devient cadeau.
Bondir hors son ego, comme un faon qui
discerne
La biche qui l’allaite et le conduit plus
haut.
Elargir son ouïe aux abysses des mots,
Extraire de l’ombre glauque tout ce qui s’y
décerne,
En savourer les sucs, les lancer en
faisceaux.
Sentir l’onde du vent qui amène l’averse,
Retrouver le portail ouvert sous le linteau,
Elargir ses paumes, étreindre les doigts
chauds,
Bercer sur son poitrail le releveur de herse
Dans un désir d’amour à vivre en crescendo.
Paris 6 sept.97
Le Jeu du « Je »
Telle qu’on me fit, je suis née « Je »,
Et sans être de blanche neige.
Bien qu’appelée de tous les voeux,
De versatilité, que n’ai-je !
Et parce que je suis née « Je »,
Je suis espace entre deux sièges.
Aussi me paraît-il oiseux
De poser la question où vais-je ?
Si jamais un choix ne l’assiège,
Mon « Je » se revêt de soie grège,
Laisse la bure loin de ses yeux
Prêt à la rejeter, le tais-je ?
La geste enrichit ou allège.
Pour ne se laisser prendre au piège
Reste l’arbre qui monte aux cieux :
Le Rameau de Jessé, le sais-je ?
Un jour, le « Je » se désagrège.
Et moi, portée en écrin beige,
Quand ce sera la fin du jeu
Dessus quatre épaules, craindrais-je ?
Paris 15 sept. 97
Couacs
Il a rêvé en fraude
Auprès de son amie.
Elle regardait le ciel.
Lui, il voyait le lit.
Elle pensait à l’aube
Quand il hâlait la nuit,
Murmurait au pluriel
Et il disait : « je suis ».
Elle soupirait en codes
Auprès de son ami,
Quand il roulait pleins feux
Sur les voies du défi.
Elle créait des géodes
Au fond des yeux chéris,
Des éclairs sulfureux
Quand pétillait la vie.
Il trouvait plus commode
D’éviter les récits
D’un vivre existenciel
Qu’elle n’aurait pas saisis.
S’il la revêt de robes
Elle en connaît le prix :
S’embourber en réel
Aux dépens de l’esprit.
Par corde qui s’errode
Sur archet affaibli,
Ont joué potentiel
En oubliant le si.
Ils ont brûlé le mode
Qui les mène au parvis.
Rien n’est providentiel
Qui ne soit bien compris.
Paris sept.97
Les agnelets télégéniques
Personne n’a dormi ce soir à la maison.
On en attendait six, ils sont restés dehors
On les imaginait en multiples visions
Dans les champs, sous la tour, occupant le
décor
Pour mieux se regrouper tout en haut d’une
dalle.
Ils allaient et venaient le coeur plein de
chansons
Oreilles aiguisées à cloches et accords.
Sur pré de terre foulée ont trouvé fenaison
Dans les vastes bassins perturbé l’eau qui
dort
S’ébrouant et riant sans jouer aux vandales.
Epaule contre épaule ont quitté les gazons
Pour clamer à la guerre combien elle avait
tort
Et retrouver ensemble au bout des frondaisons
La pelouse où l’orchestre et les chants de
ténors
Leur prônaient le partage, loin des cris et
scandales.
Et lorsque le soleil a bleui l’horizon
Ils ont levé les yeux vers le Tout, cerné
d’or.
Personne n’a dormi ce soir à la maison
On en attendait six, ils adoraient dehors
Tout contre la houlette et la paire de
sandales.
Ils ont ouvert les bras, élevé les fanions
Au sourire du pasteur à la voix de mentor
Là où vont l’alezan et le bel étalon
Ils ont montré au monde où est le vrai trésor
Qui se cherche en broutant l’herbe des
cathédrales.
On en attendait six, ils étaient un million.
JMJ Paris 21 sept.97
Les cellules
Sous des barres sans concession
La note de tant de dilemmes
Reste à payer.
Tous les appels, les confusions
Les plaidoyers, les anathèmes
Sont dépassés.
Sur une couche de soupçons
Des regrets à visage blême
Sont éludés.
Pourquoi leur parler de sa vie
Sans espérance d’intercesseur ?
Sous le drap blanc à perfusion
Les râles en rame de trirème
Sont épuisés.
Toute souffrance et tout frisson
Dans le doute qui s’y essaime
Sont déclinés.
Tous les projets à profusion
Dans une angoisse de carême
Sont étouffés.
Pourquoi lui parler de survie
Sans un geste de guérisseur ?
Dans un jardin sans horizon
Les souvenirs et les poèmes
Sont ensilés.
Contre quatre murs d’oraison
Tous les chants et les mots suprêmes
Se sont brisés.
Par le bois de contemplation
Tout l’amour sans prix comme emblême
Est exposé.
Pourquoi se parler de la vie
Si ne s’y rencontre un sauveur ?
Paris sept.97
Pour un anniversaire
Sur la marelle des années
Je sautille à cloche-pied
Y poussant un petit pavé
….........d’une case.
Sur l’escabeau des années
Avec barreaux empruntés,
Je m’empresse d’ajouter
…............une base.
Et de la terre jusqu’au sommet
En pointant l’agile galet,
Je monte… degré par degré
…............ça gaze !
L’escarpolette des années,
Depuis quelque temps lancée
Va bien sûr, me balancer
…............la phrase :
« Joyeux anniversaire ! »
« Les voeux les plus sincères… »
30 sept. 97
Retour sur Souvenirs
Revient à supprimer le temps
Que vivre au fond de sa caverne
Quand tout souvenir hiberne
Au creux d’un coeur impotent.
Et prévoir arrêt-sur-image
Pour en savourer le détail,
Surtout celui qui avantage :
L’auréole dans le vitrail.
Revient à comprimer le temps
Que d’extirper de sa giberne
Toutes les pièces, en agitant
Les cols, les crêtes qu’on n’en discerne
Ni plume, ni corps, ni visage :
Un amas sans vie sur l’étal
De la mémoire sous l’éclairage
Mouvant et faible d’un fanal.
Revient à exprimer le temps
Que d’extraire d’une vie en berne
Tout signe progressif d’élan
Sorti d’une blessure interne
Comme les cygnes sur l’étang.
Ils tracent sur l’eau leur sillage.
Gonflant leurs ailes sous le vent
Pour rejoindre en des eaux sauvages
L’abri paisible qui les attend.
Revient à sublimer le temps.
Dès que le renouveau nous cerne
Que savoir se taire au printemps.
Paris 30 sept.97
Démolition
Au carrefour de la rue au si fragile nom
S’élèvent en angle vif des parois de maisons
Aux fenêtre trouées, aux ardoises perdues,
Miettes et poussières pour un socle de grue.
Sur fond de pans coupés, de papiers peints
flottants
De cheminées béantes et d’éviers égouttant.
L’engin est à son poste : le
scarabée-pelleteuse,
Un impérial insecte à vocation tueuse.
On l’aperçoit d’en bas, devant un mur détruit
Et sur lequel il trône, assis en ses débris,
Encolure inclinée et mâchoire entr’ouverte
Prêt à massicoter toute pâture offerte.
Au centre des étages devra-t-il avaler
Nombre de personnages qui les ont habités ?
Dans les libres espaces les voilà tels des
anges
Suspendus, invisibles en un ballet étrange.
Ils ont pleuré et rit, échangé des baisers.
Leur mémoire dans ces pierres peut-elle y
demeurer
Et par le froid grincement des chaînes
édentées
Se surprendre dans l’air, toute assurance
ôtée ?
Et si la joie vécue, enlacée par leurs mains,
L’amour donné, reçu, s’élançait au matin,
Par spirale ascendante de l’escalier sur vide
Pour toucher le royaume dont le ciel est
gravide ?
Paris le 2 oct.97
Armand Dubois
C’est un fameux client qui prise la monnaie
Et son caddie fureteur le pousse dans les
coins,
Dans l’ombre sans rayons, sans odeur de
roseraie,
Loin du consommateur, pour y choisir son vin.
Son rapide coup d’oeil en ses allées-venues
Embrasse les badauds, discerne parmi les
gens,
Les familiers, les riches, les belles
inconnues
Les fauchés, les moroses et autres indigents.
Il claudique souvent d’un magasin à l’autre
En offrant son sourire à qui sont ses amis,
Des paroles aimables qui répondent, aux
vôtres,
En attente d’offrande d’une assiettée de riz.
C’est par un monologue que nul ne contrarie
Qu’il poursuit sa requête pour un monde
meilleur.
Il harangue le ciel par longue plaidoirie,
Appuyée par des mimes qui rallient les
railleurs.
Il arrête son char à pochettes-surprises
Qu’il récolta au gré de son esprit fouineur
Resserrées en des sacs, hors de nos
convoitises
Dans la folle espérance qu’elles feront son
bonheur.
Auprès de sa poussette, allongé sous sa
cloche,
De plastique emballé, dès que revient la
nuit,
Il dort sur le flacon qui gonfle encor sa
poche
Consommé de sommeil, consumé par l’oubli.
Le passant de minuit, voit en cet étalage
Le surprenant paquet qui s’offre à sa
stupeur,
Le fruit mûr d’un commerce de vie qu’on
dégage
Et qui n’a pas de place au chariot de son
coeur
Paris le 11 oct.97
Stratégie (Pour une manif M.L.F.)
Qui peut ôter cheval de frise
Pour effacer, de brise en brise,
Un bouquet de vieilles crises
A oublier ?
Qui peut grouper, mille par mille
Sous cordon, de ville en ville
Un bouquet de filles à piles
A réunir ?
Qui peut joindre, ce qui exige
Un travail de pige en pige,
Un bouquet d’épines à tiges
A inviter ?
Qui peut cueillir sous maintes clauses,
Folle foison de lèvres closes,
Un bouquet de rose à rose
A assortir ?
Qui peut soulever le fardeau
De paroles en dos à dos
Par bouquet de mot à mot
A accorder ?
Qui peut changer en épaisseur
Un regard d’humeur de soeurs
En bouquet de coeur à coeur
A réussir ?
Qui peut flouer ces mâles en crise
Sur lesquels rien n’a de prise
Sans bouquet de bise à bise
A s’échanger ?
Paris 16 oct.97
(M.L.F. Mouvement de libération de la femme)
Le bouquet de roses
Dis-moi fleur, ma rose, pourquoi as-tu
pleuré,
Je viens de voir glisser sur les joues de tes
soeurs
Une larme de nacre qui coule de ton coeur.
Si la joie ne t’habite, nous serions-nous
leurrés ?
Tu sièges sur un trône, pharaon de soleil
Du centre tu t’ériges, au beau jour de ton
sacre
Et ta garde d’honneur qui oublie le massacre
Dresse aussi ses pompons, tels des pavois
vermeils
Avec quelques compagnes d’opaline couleur.
Vois la verte espérance de vivre dans un
vase,
Rutilante prison d’argile qui s’évase
Pour laisser échapper la vie et ses senteurs.
Et l’on attend de toi, en ta douce fraîcheur
Un éclat de survie, qu’en silence tu donnes.
On en épuisera la grâce qui te couronne :
Ce désir de beauté qu’anima ton faûcheur.
Tu accélères le temps qui reste à parcourir,
Tout le long de ces heures qui te rendent
plus pâle.
Vers tes admirateurs, tu sèmes tes pétales
Pour leur dire qu’un soir il leur faudra
mourir.
Paris 17 oct.97
Les clés
Les placards sont fermés.
Bien cachées quelque part
Des clés s’en sont perdues.
Faut-il les retrouver
Sous l’effet du hasard
A un clou suspendues ?
Y sont serrés des songes
Sur planche, bien rangés ;
A consulter surtout
Quand le coeur est éponge
Et veut se protéger
Des errances et des coups,
Des morceaux de musique
Sur rouleaux, empilés,
Sans le fa ni le sol
Pour un mode identique :
Solo à psalmodier
Affadi de bémols.
J’ai pris la clef des champs
Pour m’ouvrir sur les êtres,
Voir exister les hommes
Et murmurer leurs chants,
Clore les portes de hêtre
Par les clés du Royaume.
Paris 20 oct.97
Pour un autre anniversaire
Oyez gens bien patients
Et qui aimez la vie !
Allez voir à Vufflens
La dénommée Flavie.
Un 21 d’octobre,
Elle débarque à Paris,
Vivant de lait, très sobre,
Au sourire de midi.
A qui veut elle accorde
Amitié qui ravit.
Pour François c’est la corde,
Léo et Dimitri.
Elle souffle en cadeau
Le surplus de bougies
Sur couronne d’amies
Autour d’un grand gâteau.
Bon an, mal an, séant
On joue, on soude, on trie.
On zape sur le présent
Grand’fête en Helvétie
Bon anniversaire Flavie.
21 Oct.97
Quelques années avant l’anniversaire
Crainte, ma crainte
Dans mon corps devient empreinte
Si je ne vise pas plus haut.
Force, ma force
Respire pour fendre ton écorce
Et la soulager du fardeau.
Rive, ma rive
Avance au lieu de ma dérive
Pour me rejoindre au bout des flots.
Plainte, ma plainte,
Je ne crois pas qu’elle soit feinte
Elle est présente à tous échos.
Pousse, ma pousse
Bientôt tu suceras ton pouce
Quand prendront fin ces divins maux.
Berce, te berce
Pour te protéger des averses
Et caresser ta douce peau.
Chance, ma chance
comme est belle cette semence,
Merveilleux, mon bébé tout chaud !
Paris 26 oct.97
Le vent de nuit
Il se fait appeler Noroît sur les galions.
Il incline les mâts, les voiles de ses
élytres
Sans avoir à mener de combat de lion.
Par poussée silencieuse sur l’imposte et sa
vitre
Il est, aux primes heures, entré par
effraction.
En se glissant sans bruit dans la maison
obscure
Pour entr’ouvrir la porte qui mène vers les
lits,
Il parsème le sommeil de rêves de froidure
Qui provoquent l’éveil au milieu de la nuit.
Par poussée insidieuse de l’ost lève bannière
Pour inverser les mots, nier la propension
A écouter son âme et tracer son ornière.
Il est au long des heures le maître du
soupçon.
Par rafales sinueuses, il assure ses pinces
Pour saisir par les flans l’amoureux de
raison,
Etre acclamé « le Roi » alors qu’il n’est que
prince
D’un monde qui se sert d’orgeuil pour
oraison.
S’il est encore debout, au droit de la
banquise,
Il oublie dans sa course, de glace persiflant
Que vient au jour tout proche la fin de son
emprise,
Qu’éclatera son rostre au front des quatre
vents.
Du couchant au levant, dans la nuit se
précise
Par percée lumineuse, née du coeur de la
croix,
L’aube de la promesse, doux souffle de la
brise,
Murmure que diffuse l’haleine du Suroît.
L’étoile du berger attend que l’on se dise,
Pour ne plus disparaître, une parole : « Je
crois ».
Paris 31 oct. 97
La lampe allumée
L’épée vert-de-grisée d’un ange lui indique
Le passage étriqué entre deux murs dressés
Dont les ogives au centre filtrent en reflets
gothiques
Des saints enluminés à genoux prosternés.
Elle marche du pas lent qui célèbre un
mystère
Et de ses bras entoure trois novas de couleur
Pour les abandonner au murmure de la terre
Sur laquelle autrefois elle a versé des
pleurs.
Elle va, face au soleil, vers ses âmes très
chères
Dont les cendres reposent sous la croix de
granit
Qui casse le soleil en rayons de lumière
Rendant l’ombre plus douce, le ciel à son
zénith.
Lui revient en déclic, nimbé de soie ocrée,
L’abat-jour sur la table, irradiant alentour
Deux épaules courbées sur l’histoire sacrée
D’un grand livre entr’ouvert qui leur parlait
d’amour.
Ce corps s’en est allé, mais lui donne
aujourd’hui
Ce message de paix, de foi et de lumière.
Une fleur d’espérance en elle a rejailli
Qui va monter vers lui en aile de prière.
Deux lampes embrasées au plein jour se
rejoignent.
Elle pourra repartir en laissant son bouquet.
De tendresse et de joie, ses larmes en
témoignent
Diront à ceux qui restent « garde un coeur
allumé ».
Cimetière Montparnasse 2 nov.97
Appel
La goutte sur le flanc
D’un rocher qui s’éclisse,
Equilibre indécis
D’un appel évident,
Dévale en s’étiolant
Vers les champs qu’assouvissent
Aux pieds des éboulis
Les eaux drues du torrent.
Et l’ondée, déboulant
Dessus les cailloux lisses,
Métronome précis
D’un temps omniprésent,
S’écoule en ces instants
Où le ciel est complice
Vers le ruisseau grossi
Qui mène à l’océan.
La larme en ruisselant
comme rayon qui glisse,
Imperceptible « oui »
A l’hélice du temps,
Déroule en s’étanchant
Sur la joue qui se plisse
Un rêve bien enfoui
En deux bras consolants.
Paris 10 nov. 97
Shopping
Au bazar de nos coeurs,
Au verlan de l’hiver,
Voulions suivre en rieurs
Un amour à l’envers.
Au magasin des fleurs
Nous sommes allés chercher
Ce qu’on ne trouve ailleurs
Qu’en champs non défrichés
Aux vitrines des moeurs
Sur gondole exposé
Du tissu pour menteur
Soyeusement emballé.
A l’occasion des heurts
Rêvions de dégriffés,
D’élans de bricoleurs
Sans corps à recoller.
Au rayon des tricheurs,
En client averti,
J’épuisais nos ardeurs
Et m’en suis diverti.
Au comptoir des erreurs
Pour toi, n’ai rien perçu
Que prochaine douleur
Livrée à temps perdu.
A l’hyper des rancoeurs
Cela n’a pas marché
Pour sortir ton bonheur
La caisse allait fermer.
Aux caves de nos coeurs
Pourrait être choisi,
En assoiffés buveurs,
Du « Lagrima Christi ».
Paris 13 nov.97
Quick Poême
Le best of en francophonie
C’est un happy meal au Mac Do
En teenager compagnie
Et speed music à la sono.
Si tu flippes pour girl sexy
Prévoie meeting à la disco.
En golden boy roque au wisky
Et parle « sweet love » en techno.
Si tu veux jouer « open »
Tu swing, surf sur le gin-fizz
Cela au long du week-end
Au top des stars du show-bizz.
A fan des jeux du plein air
Propose foot, water-polo,
Hand-ball, tennis ou rollers
Au Park-center Solognot.
Tu peux la mener en bateau,
Lui faire sniffer le grand fun,
Sur
car-ferry, steamer, moto
Avec
voix “off” du “Sea-Wind”.
Ta souris, piège-la tout net
Par un film à l’hit-parade.
Sur le web et Internet,
Si clique sera very glad.
Paie-lui un brunch à l’hyppo
Pour birthday tout à fait « in »
Avec burger assez chaud,
A greetings, pas de mailing.
Avant retour au collège
Clips en remake à zapper
Soft
play-back sur le new-âge,
Zen, channeling, pour la snober.
Le lundi, come-back chez les profs,
Le clash des coeurs c’est à classer.
Tee-shirt, basketts, on sort du loft
Pour un nouveau cours de français.
Paris le 16 nov.97
Encore un anniversaire
Trente deux ans, c’est unique
A vivre dans le présent
D’un sourire magnifique
De ses trente deux dents.
Aujourd’hui, pure merveille,
Près de toi réunis,
Les amis que tu veilles
Veuillent que soit réussi
Ce jour de re-naissance
Où première fois se vit
Cet amour que l’enfance
En femme a accompli.
Un bon anniversaire, Annie.
Affection et présence,
De l’ardeur en la vie,
Et joyeuse confiance.
Paris 20 nov.97
Chambre 27/26
A antoinette
L’aube bleue s’éclaircit, luciole vibratile,
Pointillant les façades, du jour à dévider,
Et les contrevents s’ouvrent aux rumeurs de
la ville
Les élèvent aux étages des murs aseptisés.
La lumière qui blanchit la vitre d’insomnie
Donne vie à l’espace gris et pentu des toits.
Elle lève les paupières des heures
appesanties
Et de celle qui repose dans l’univers étroit
D’un métallique lit bordé de barres obliques
Où des heures sans secondes coulent à contre
temps.
Elle ne les compte plus, sans aurore
salvifique,
Puisque son fil des mois se conjugue au
présent.
Ils sont passés au soir, les juges en blouses
blanches,
Habiles en contresens, dévoués au scalpel.
En face ils ont pris place et sans effets de
manche
Rendu hors plaidoirie verdict sans appel.
Aura-t-elle la force d’un vivre en plénitude,
Ramant en contre-champs pour cadrer le
destin,
Pour sourire aux amis, limer leurs
inquiétudes,
D’envisager sa nuit aux brumes d’un matin.
L’outil que tient sa main pour répondre au
défi,
Ciseler son profil, buriner son courage,
Ne tremblera-t-il pas pour ce faible profit
De l’oeil admiratif de tout l’aréopage ?
Sur les draps protecteurs, ramassés en talus
Par les membres crispés, se pose, vibrante
tache,
Un hâlo lumineux, premier rayon voulu
Par notre Créateur pour magnifier nos tâches.
L’angoisse est toujours là, le doute a
disparu.
En contre-chant, revient souligner la
complainte
D’un psaume ressurgi « … Lumière est mon
salut… »
Oui, Seigneur, mon salut, de qui aurais-je
crainte ?
Paris 20 nov. 97
Omission
Toi Seul Tu sais, Seigneur…..
Tu sais tout le bonheur que tu veux me
donner,
Celui qui est promis à tes enfants blessés
Quand ils ont sans merci ton amour délaissé.
Toi seul tu as pleuré sur mon destin trompeur
Qui me retient ainsi, ayant fermé mon coeur,
Dans l’orgueil d’ici : Toi Seul tu sais,
Seigneur.
Tu m’as offert Ton Fils pour qu’Il veille
avec Toi.
Toi qui est tout pardon, alors pardonne-moi.
Je n’ai pas vu les dons prodigués sur le
bois,
Ni de ceux qui m’entourent et qui ont essayé
De me dire que Tu m’aimes. Je n’ai pas essuyé
Les larmes des visages par lesquels Tu
pleurais,
Ou si peu – pour me plaire et grandir ma
stature.
Ne me suis réjoui de la belle nature
Que planta alentour, merveilleuse aventure,
Dans un surcroît d’amour, Ta main de créateur
Pour me planter ainsi en Tes bras
protecteurs,
Plonger dans mes prunelles ton regard de
Sauveur.
Je n’ai pas entrevu, et même méprisé
Tout ce beau plan de grâce auquel je n’ai
puisé
Pour qu’aujourd’hui ma place soit dans T a
charité.
J’ai oublié les chants, j’ai oublié les
fleurs,
Et des humains croisés n’ai senti leur
malheur.
Je n’ai pas pris Tes mains quand je tenais
les leurs
Ni reconnu en eux qu’ils étaient fils de Roi.
Ai-je sondé Ton Coeur quand je pillais Ta
Loi ?
Et me suis-je appuyé à l’arbre de ta croix ?
Pardon ô Souverain, monarque des vertus
En livrée de service, mais par moi dévêtu.
Apprends-moi, Toi, le Roi, qui me dit : « Que
veux-tu ? »
Toi Seul Tu sais, Seigneur, si je t’ai
répondu…
Le 23 nov.97
En la fête du Xt-Roi
Vivement le Paradis.
L’aurore en ses parvis
Voit tes paupières éclore
Pour tout un jour encore
Qui n’a pas dit son « oui ».
Sur le plateau, servi,
Le café se désole
Attend les fumerolles
D’un pain un peu roussi.
En brillant raccourci
Qui rompt notre silence :
Trois mots profonds et denses
« Vivement le paradis »…
Tu prendras le caddy
Pour faire les emplettes
De nos repas de fêtes
Qui se cherchent à midi.
Et vient l’instant béni
Au coeur de la chapelle,
La vie devient réelle :
Déjà le Paradis !
Et du jour à la nuit,
Nous casserons la croûte
Annuelle de la route
A suivre en décadi.
« Vivement le Paradis ! »
Voilà belle pensée
Par elle-même bercée.
Il faut et il suffit.
°/°°
°°/°°°
Pour vivre l’inédit
Nous n’avons qu’un seul rythme,
Bien loin des algorithmes
Inclus dans l’Infini.
Comment n’être averti,
Soixante quatorze années,
Cycles succédanés,
Du temps qui s’accomplit.
Sous spires de l’esprit
A vouloir en confiance
Que vive ton espérance
D’aller au Paradis.
« Vivement le Paradis ! »
C’est ici, aujourd’hui.
Anniversaire Francis 29/11/97
Imaginaire Cimaise
Je rêve d’exposer et suspendre en cimaise
Tout en surimpressions et dans tous les
formats
Ce qu’exige du coeur dans un esprit d’ascèse
L’épingle d’intuition à fixer les combats
Gagnés sur l’acescence que toute vie comporte
Pour survivre en hiver, aimer en ses étés :
Et que ne se réduisent en simple nature
morte,
Tableaux sans harmonie, les fruits de vanité.
Comment saurais-je peindre en vivant paysage
Les chemins et les ponts par l’enfant
parcourus,
Les lieux où l’on s’arrête, usuels passages
Et les points de retour tout à fait imprévus
Où l’on marche en boitant, voyage en
pointillé,
Et ceux où vont nos pas vers une unique vue.
Que de droites et de courbes au trait noir
renforcé
Sur aire de repos où la halte est prévue.
Comment saurais-je peindre en paisible marine
Les énergies usées à rassasier les coeurs,
Transfusées par les mains, les paroles et les
signes
De ceux qui se croisèrent, naïfs navigateurs,
Pour découvrir en eux la faim inextinguible
D’insoupçonnés désirs comme lames de fond
A toucher une terre dont l’oubli est la
cible.
Serait-ce attrait perdu, happé par le
typhon ?
Comment pourrais-je peindre en un seul visage
Le portrait idéal de ceux qu’on a connus,
Regrouper sur la toile ce qui n’est que
mirage,
Exprimer en couleurs tous les élans perdus,
Les rires dominés, les éclairs de mémoire,
Les éclats de prunelles et les pleurs
essuyés,
Les chants et les murmures qui exhalent une
histoire,
La figure de l’homme en son éternité.
Paris 7/12/97
Allègre P.C.
Autant antidater ce mot,
D’ordinaire narrateur.
Devant un horodateur
J’ai bisqué, descendu d’auto,
Pour faire gratter un intello
Dessous ton ordinateur.
Entre ses bras, il l’a porté
Déjà maté tout en montant.
Fallait-il dans l’appartement
Parler des marches d’escalier
Qu’il a comptées en trébuchant,
Têtu, manquant de s’étaler ?
Il l’a topé sur la table.
Dans la dentelle ne faisant pas
Il lui fit frôler le trépas.
Critiquer c’est très confortable :
« Attention ! Il n’est pas à toi ! »
Sa réponse fut détestable.
Porte claquée, il est parti.
Et moi bloqué à l’extérieur,
Moitié colère, moitié rieur,
Déconcerté et diverti
Par l’imprévu, à ma stupeur
Je n’en ai pas pris mon parti.
Et je t’appelle sur mon portable.
Si de bonne composition
Tu peux venir à l’occasion
Avec une clé, c’est préférable.
C’est pertinente invitation
A réparer l’insupportable.
Attablés au petit bistrot
Nous consulterons le menu
Non conçu pour informatique.
Ni le Zimbabwé en Afrique,
Ni les plages de Portofino,
Aucun zapping géographique
Ne remplaceront un plat chaud.
°/°°
°°/°°°
Puis nous ouvrirons sans astuce
Avec ton double le dit portail.
C’est lumineux comme un vitrail,
Nous retournerons à nos puces.
Face à l’écran pour un long bail
Nous cliquerons à la russe.
Paris 8 déc.97
Contradiction
Convertible nuage évadé de ton ciel,
Nous raconterais-tu ta vie incarcérée,
Comment tu t’es formé du vide matriciel
Rejoignant les abysses d’une masse enserrée
Entre les continents ?
Toi, versatile abeille, tributaire de ton
miel
Conterais-tu l’histoire du monde alvéolaire
D’un échiquier vivant nourri du logiciel
D’un travail sans fin, automate ancillaire
De l’été au printemps.
Infertile sommeilleux aux désirs pluriels
Nous dirais-tu comment au seuil de la prière
Tu entrais en ce lieu, compact, immatériel
Où ton Dieu pour toi seul ravive la lumière
Qui fait vivre tes ans.
Convertible endormi, évadé de Son ciel,
Te contenterais-tu d’un monde alvéolaire
Te refermant ainsi sur visée de ton miel
Si tu ne pressentais ce règne de lumière
Dans un pérenne temps.
13 déc. Ste Lucie
Fête d’hiver
Un soleil épuisé aujourd’hui se relève.
Ses rayons abrasés des cieux devront percer
Imperceptibles feux du froid prendront relève
Pour éclaircir le jour de nos peurs à bercer.
Et tout comme les hommes, la terre est
versatile
Mais elle ne manque pas ce rendez-vous sacré
Pour lequel elle parcourt l’apogée rétractile
Qui la ramène à l’astre dont elle est le
sujet.
Alors que condamné ainsi l’hiver débute,
Son avenir se clôt en déclin escompté.
Cette contradiction en esprit nous rebute
Et pour mieux l’ignorer nous aimons la fêter.
Sans doute pour l’illustrer notre raison
s’abrite
Sous danses saturnales dont les chants
syncopés
Vont nous faire oublier aux rythmes qui
s’ébruitent
Que nos pas sont prévus et nos élans coupés.
Dans un temps où l’argent se partageait en
sicles,
En un mois ignoré, par froidure, en Judée
Est descendu Celui qui perdure les cycles
D’un univers prodigue de questions éludées.
Vint à nous pauvrement le soleil de Justice
Sans effet, sans éclat, espérant le cadeau
D’une simple attention, quelque soit le
solstice,
Pour l’enfant attendu comme l’astre d’en
haut.
Qui s’en est réjoui hormis des humbles
frères.
De cette nuit de Paix, par les nues avertis
Sont-ils allés à lui pour crier leur misère,
Lui dire qu’Il n’est point seul, lui offrir
leur brebis ?
Et depuis cet instant, revient l’anniversaire
De l’arrivée discrète de notre Emmanuel ;
Attente d’espérance, victoire sur notre
terre !
Sais-tu qu’Il est venu te dire : « Aime ! » à
Noël ?
Paris 18/19 déc.97
Pommes de Paradis
Sphérique pomme de rupture
Tavelée de vert céladon,
Chromée, marbrée d’amarante.
Voilà mère Eve prise en capture
Pour avoir coupé son cordon
Et partir vers la vie errante.
Euphorique orbe d’aventures,
Lieu circonscrit d’un nouveau don
Où vont se croiser nos attentes.
Voilà mère Eve mise en bouture
Pour fleurir son coeur vermillon
Et devenir plus belle plante.
Ferriques gnomes sans monture
Pieds à terre pour les reculons,
Les escalades et les descentes.
Voilà mère Eve qui murmure
Encarminée par les frelons
Du tentateur qui l’en aimante.
Fièvre qui gomme et qui rature
L’Harmonie de la Création.
Et comment remonter la pente ?
Voilà mère Eve sans autre armure
Qu’une spire en dilatation
Dont sa fille en sera le centre.
Sphérique somme qui nous assure
Des couleurs de l’Incarnation :
Ocre doré de vie aimante,
Verte espérance qui perdure,
Rouge sang d’amour-abandon
Pour nous remettre en droite sente.
S’offre l’Unique ! Homme qui apure
Nos déroutes et nos rébellions.
C’est le fruit de Dieu qui s’enfante
Et se livre à sa créature,
Se détache et tombe du tronc
Dans les bras de Marie orante.
Paris 30/12/97
Tel quel et sans corrections-
Cinq minutes de réflexion pour soixante et
onze années.
Le 3/1/98 au matin (10 heures avant
l’hospitalisation de mamie).
Table d’années-addition
Sans une perte de mémoire
Qui mène à cette ascension
Vers une sphère où nuit est noire.
-A moins que ce ne soit lumière !-
Pour achever notre grimoire.
Qui le dit à notre intuition
Hors des grimaces de notre histoire
Où chacun s’affaire à vouloir
Occuper la première place ?
Est-ce louable intention
Que désirer laisser des traces
De notre trajet dérisoire,
Si l’on ne peut plus percevoir
De notre vie la direction ?
Et qui aurait la prétention
De nous donner quelques espoirs ?
C’est à saisir sans objection
Et monter dans la balançoire
Qui nous ramène à la maison.
Paris 03/1/98
Prends le temps.
Prends le temps de courir
A ce qui vaut la peine.
Qu’une ardeur à quérir
Soit le vent qui t’entraîne.
Prends le temps de t’enfuir
Loin du chant des sirènes.
Devance l’avenir
Et tes heures seront pleines.
Prends le temps de bannir
En toi idée de haine.
La douceur de chérir
Allégera tes chaînes.
Prends le temps d’avertir
Que proche est terre lointaine,
Rude à y parvenir
De ton mât de misaine.
Prends le temps de nourrir
La joie qui devient tienne.
Laisse ton sang rugir
Au staccato des veines.
Prends le temps de t’ouvrir
A parole de Cène.
D’éclore ton désir
Vers lui qui te fait reine.
Paris 31/01/98
Psy méditations pour une orthophoniste.
Psychologie chérie tu me donnes à plancher.
Sise sur banc de bois, je suis prête à
flancher,
En ce couloir étroit, cinq portes qui me
toisent
Ornées de papillons sur litière d’armoise.
Ecologie complice d’archétypes figés,
Les herbes d’huiles peintes voient mon oeil
affligé
Par leurs ondulations, supporters de
chenilles.
Faut-il se tortiller pour quitter sa
guenille !
Analogie du temps qui me reste à forger,
En corridor serré, contreforts à forcer.
Rires derrières les champs et claquements de
paumes
Patience à dépenser pour épanouir un homme.
Hopital St Vincent de Paul
Paris 02/02/98
Visage en son miroir
(ou Miroir en son visage ?)
Entrechats de secrets
Ou seule mémoire vibre
D’un coeur sur ses agrès
Au lucide équilibre.
Galuchat sous apprêts
Où s’assèchent les fluides,
Souvenirs en congrès
Ont voté pour la ride.
Chagrins en échancré
Au creux de la poitrine,
Au port se sont ancrés
Par épissure trine.
Sous le crachin nacré
de poudre et de soupirs
S’offre de gré à gré
L’espoir de repartir.
Petits chacras sacrés,
Sans la carte du tendre,
En leur jardin-regrets
Ne se pourraient comprendre.
05/02/98
Transfert
Y aurait-il besoin qu’une étoile s’étiole
Aux confins des espaces sous miroir de soleil
Pour faire fleurir le grain et ramper les
bestioles
Et donner à l’humain le sens de son éveil ?
Est-il besoin qu’un astre en parcelles
s’envole
Par gerbes sidérales, collier incandescent
Autour du disque noir, inducteur d’hyperboles
Lumineux millénaires qui génèrent nos sens ?
Est-il besoin d’un corps écrasé, sans l’obole
D’un coeur compatissant qui s’abolit de
pleurs
Pour exprimer la soif de n’être pas symbole
Mais réelle parole sur chemin novateur ?
Et s’il était besoin d’une mort parabole
Pour que naissent à la vie ceux qui s’offrent
en témoins
Tel l’innocent qui plie à tout ce qui
l’immole
Aux croisées des envies, fort d’un néant de
moins ?
Paris 14/03/98
Invite
Si tu voulais venir sur le sentier des monts
Tu verrais l’avenir de l’aval en amont
Où l’air est rose.
Du levant au couchant où vibre la lumière
Sur toute frondaison, recenseur de clairière,
Ton oeil repose.
Si tu voulais broder au canevas des mots
Tu choisirais ton fil qui fixe le rameau
A quelque rose,
Toute fleur au bouquet esquissé sur résille
A faire battre nos coeurs quand tu tires
l’aiguille
Du fond des choses.
Si tu voulais t’ouvrir à douceur de regard,
Epanouir de tes mains les doigts, à tous
égards
Que tu tins closes,
D’un geste qui relie, jouxtés, nous irions
d’amble,
Sang pulsé, pas à pas, rêvant ensemble
D’âmes écloses.
Gasville 20/04/98
Défoulement
Vas donc au jardin Arago
En avril, sous les pêchers roses
Voir auprès du banc des cagots
Un flacon de toute cirrhose
Que s’échangent deux ostrogots
Pour que leurs paroles s’arrosent
Et desquelles ils s’haranguent haut.
En cette agora de ragots
Nul ne pourrait t’empêcher, Rose
De rêver ton ciel indigo
De chanter ta vie, si l’art ose
Délier tes cordes en argot
Pour déclamer tes péchés roses
Tendre Tanagra d’embargo.
Paris 5 Mai 98
Exode
Quand graminée s’échappe au tournant de
novembre
Et court encapuchée se cacher dans un creux,
Brique de cheminée ou tronc qui se démembre,
Socle gris, effrité, du tombeau des aïeux,
Elle va s’abriter bien lovée dans la place
Pour mieux se retenir hors des bruits et des
vents.
Elle ne pourra jamais entr’ouvrir dans la
glace
Son justaucorps serré qui contient le
printemps.
Du stigmate fécond dont sortirait la vie
Nulle plante nouvelle déploiera son essor.
Comment se déchirer et livrer à la pluie
L’énergie du tréfonds où sommeille un trésor,
Sans consentir au sac d’invisibles
bourrasques
A déloger le temps intimiste et frileux
D’un abri dur et sec afin qu’elle se
démasque,
Verse dans l’inconnu, s’épande en son
milieu ?
Alors grain s’offrira à son propre mystère,
Aux doutes, par les heurts vers confins
plantureux,
Pour s’enfouir en richesse de la promise
terre,
Livrer à l’avenir son germe généreux.
Gasville 17/05/98
Haute tension en Beauce
Tel ce double clocher, deux pylônes uniques
Montent de l’horizon où furent coupés des
blés
Frêles et transparents jumeaux de la
technique
Pour motrice énergie qu’ils charroient
encâblés.
Ces cathédrales se dressent à quelques
encablures,
Silhouette en grisé sur fond de ciel rougi.
Si l’une est en métal, l’autre doit son
allure
A la pierre taillée par des doigts assagis
Au fil de la prière quand leurs mains se sont
jointes.
Si tu te tiens au pied de ces fiers monuments
Tu peux entendre l’hymne qui vibre jusqu’aux
pointes,
Murmure en continu, discret bourdonnement.
Cette modulation vitale et invisible
Des forces de la terre oeuvrant pour ses
enfants
T’élève à l’unisson ; toi-même devient cible
D’un désir d’oraison dont nul ne se défend
Tes pas te guideront vers dentelle des cônes
Pour psalmodier la vie, choeur ininterrompu…
Tu sauras sublimer sous un regard d’icône
La mélodie des jours à jouer impromptu.
Chartres/Paris 21 mai 98
Envol
L’espace-temps quand se restreint
L’espèce gens se raréfie.
Les spics séchés du lavandin
L’exposent, tu le vérifies,
Laissent pulser folâtre grain.
L’expatrié à toi confie
L’expérience en libre terrain :
L’expiration qui te défie.
Laisse pousser dans ton jardin
L’expulsé qui s’y fortifie.
L’espérance en est le regain.
Gasville 28 mai 98
La chute d’Ados
Dans les agrumes
Nids évidés
Oiseau n’exhume
Plus la becquée.
Mêlées de plumes
Cris aiguisés
Corne de brume
Pour la couvée.
Si l’on résume
Un tel rejet
C’est la coutume
Pour évincer.
Sans amertume
Et sans regret
Rêves posthumes
A effacer.
Fuir le bitume
Pour le bosquet
Oison assume
Ce bel été !
Paris 4 Juin 98
L’arbre de mai
L’arbre de mai sera planté sur la grand’place
De la forêt, rameau scié que l’on déplace.
A son sommet d’une couronne enturbanné
Flottent au vent drapeaux et fleurs
enrubannés.
Il attendra que nuit venue couples s’amassent
Flûtes et vielles au son menu pour qu’ils
s’enlacent.
L’arbre de mai sur toile peinte est dessiné,
Droit peuplier, régence oblige, en majesté.
Jeunes danseuses et villageois ne font plus
face.
Bleus personnages que le soleil déjà efface.
L’arbre de mai au centre ville est honoré,
Grille aux racines, dalles au pied, fer
ouvragé.
Autour de lui, pour compagnie, canins fugaces
Il tend sa feuille en tremblotant vers les
palaces.
Est-ce utopie que de rêver sa liberté
Rivé aux siens, en un bosquet non déplanté ?
L’arbre de mai sous la ramée d’un bois vivace
Voit décharger cendre et déchet en son
espace,
Auprès des fûts de ses aînés, tronc enfumé.
L’homme ne cesse de l’encenser son bien-aimé.
Gasville 12 Juin 98
Absence
J’ai serré en mes mains
La
tasse de vieux Sèvres,
Celle qui allie pâleur
Au
bleu de tendre nuit.
Aux
rumeurs du matin,
Par
ce geste un peu mièvre
Tu
humais les senteurs
D’un fragile appétit.
Au
détour du destin
Il
me manque deux lèvres :
Celles qui parlaient au coeur,
Celles qui goûtaient l’ami.
J’ai pris de ton parfum
A
verser sur ma fièvre :
Celui qui sent la fleur,
Celui qui sent le buis.
Gasville 21 Juin 98
Le Coquelicot
Au
bout du coquelicot… le champs
Mordoré des épis inclinés par le vent.
Il
s’y voit le vieil homme plié sur sa mémoire,
Penché sur son passé, sa terre et son histoire.
En
haut de la corolle… le sang
Aux
couleurs de la vie, à la douleur des ans,
A
la sueur du rein qui fauche son avoine,
Courbé à la recherche de quelque chélidoine.
Aux
turquoises des feuilles… les dents
Pointues et ondulées qui durcissent souvent
A
enserrer la tige pour en pulser sa sève
Vers le bourgeon naissant où y monte le rève.
A
l’arc du bouton… l’élan
Qui
déploiera ses soies plissées au jour naissant
Redressera le corps quand le soleil s’incline,
Eveillera les sens au soir qui s’illumine.
A
graine encapsulée… le temps
Pour filer sa racine à rénover l’antan,
Insuffler au sommeil cet apaisant mensonge
Que
se capte à l’éveil la clé de tous les songes.
Gasville Juillet 98
Jeux
Dans le vent du matin jeune pinson compose
Sur
une ombellifère inclinant son sommet.
Il
décline sa note à béance de bec
La
tête un peu penchée, balançant son sonnet
A
qui veut bien l’entendre dans l’air luisant et sec
…..
Pause
Derrière l’épais taillis un félin le surveille
Toute patte ployée, crâne en épaule tapi
Il
a plissé son oeil et allégé son poids ;
Intensément espère un saut bien réussi
Et
entre ses mâchoires l’imagine et le voit
…..
Veille
Un
rayon de soleil peint la joie indicible
Des
primes heures d’été sur les rameaux mouvants
Pour atteindre midi, rituel crescendo ;
Oriente ses dards en un lent mouvement
Sur
le dos du siffleur modulant son solo
…..
Cible
Voilà que l’hyperbole d’une balle s’équilibre
Dessus un rire d’enfant qui attend le rebond
Imprévu et bruyant sur le gravier du sol
Pour finir son élan dans les bras d’un second.
Et
l’oiseau tout surpris prend soudain son envol
…..
Libre
Gasville Août 98
Instructions du maître japonais à sa femme
selon Kurosawa
Pour viser le bon ton
Et
garder l’esprit sage
sous mes ordres et futon
Tu
entres en mariage.
Tu
me rases les cheveux
Tu
me cires la moustache
Et
tu me ponds des oeufs !
Jamais tu ne te fâches.
Tu
m’astiques l’auto
Et
remplis ta mémoire
De
romans, de bons mots
Pour m’en conter l’histoire.
Tu
mijotes des plats
Invites mes amis
M’offres le cinéma
Quand mon ciel se fait gris.
Tu
t’inclines en douceur
Si
parfois je m’emporte.
Tu
me plantes des fleurs
Tout au seuil de ma porte.
Sans gestuelle acerbe
De
bon coeur tu me suis.
Tu
vas me couper l’herbe
Sous le pied… Tu souris ?
Gasville Octobre 98
Demi-teinte en perplexité
Au
mémoire des jours
Sur
bilan qu’on dépose
Dans le contre et le pour
De
comptes à intégrer.
Qu’y a-t-il à solder
En
cette maison rose ?
Des
tentations d’oubli,
Du
prendre fait et cause
D’un passé accompli
Entre ses murs chaulés,
Qu’y a-t-il à brader
Dans cette maison rose ?
Du
cuivre à reflets d’or
Et
de flammes en sclérose.
Des
sourires en décors
D’ancêtres oubliés,
Qu’y a-t-il à voler
Dans cette maison rose ?
De
la moire des ans
Sur
tissu d’humbles choses.
Du
revers au brillant
Des
ombres aux reflets,
Qu’y a-t-il à broder
sur
cette maison rose ?
D’un silence exigeant
La
vie se recompose :
L’espoir, tout jeune enfant.
Désirs à dérouler,
Qu’y a-t-il à bercer
En
cette maison rose ?
Paris et Gasville 20 Novembre 98
À punaiser sur disque rouge
Avec un crayon à papier
Je
vais écrire : je t’aime.
Avec un crayon à farder
J’effacerai « moi-même ».
Avec un crayon à filmer
En
ferais-je un poème ?
Gasville Septembre 98
Le temps est revenu de dire…
Vingt-quatre heures encor
Pour une partie de coeur à corps,
Sous le soleil,
Cours circulaire.
Paraboles, pour en extraire
quelques paroles, tout en accord,
Tout en éveil
Et
sans r accord.
Avec toi-même, avec moi-même…
Une
journée à dire : « Je t’aime » !
Lent défilé de janissaires
Garde éblouie d’anniversaires.
Paris 28/11/98
Cartographie
Région d’habileté où talent s’est perdu
A
vouloir sans raison renforcer son allure
Pour y chercher au sol parmi les balayures
Ce
que la destinée n’aura qu’entraperçu.
Région inhabitée de nos mondes connus,
Que
trouvera-t-on là, où nul ne s’aventure,
Si
la pensée recule face à cette fracture
Qui
ne peut se fermer sans s’exposer à nu.
Région habituée au silence et reflux
Qui
vibrent et qui espèrent y dresser leur voilure
Dont ne se mesure plus ni force ni envergure
A
exhiber synchrones et présence et refus.
Région habilitée à célébrer l’afflux,
De
ceux qui se choisissent un chemin d’ouverture
Et
qui auraient pris soin de blanchir leur vêture
Pour recevoir le prix qui comble les élus.
Paris 30/11/98
Mnémoribote
Quitte à réveiller le marmot
Qui
dort en nous comme marmotte.
Nous convoquerons nos griots
Pour ce partage de griottes.
On
voguera sur le radeau
D’une mélopée qui radote :
A
nous de faire les cabots
Si
notre embarcation cabote
Vers les ports où se noient les mots.
A
vouloir remuer les mottes
De
souvenance d’un seul pied bot,
Nous resterons près de nos bottes
Sans déposer notre balot.
Paris 13/12/98
Vacuité
Il
aime ce doigt léger qui frôle ses arêtes
De
bois blond et verni, de métal incrusté.
Il
attend le passage d’une main qui s’arrête
Au
creux de ses ferrures pour en tourner la clé.
Que
pourrait-il serrer au fond de ses planchettes
Si
ce n’est que du rêve qu’on y veut déposer
Et
qu’il délivrerait, telle une cassolette,
En
des parfums suaves ou miasmes infestés.
Le
lieu qu’on lui choisit pour dormir en cachette
Est
rempli de ténèbres, de mystères et secrets.
Le
réveiller parfois relève du casse-tête
Par
effroi d’osciller entre fête et regrets
Et
que va-t-il offrir, soulevé le couvercle,
Un
trésor supposé, parchemins cachetés,
Joyaux, espoir d’un bouclage de cercle
Si
s’enfouissent à leur tour d’ultimes volontés ?
Un
jour, à la lumière, il trônera peut-être
Au
centre d’une salle sur un plateau marbré.
Il
ne s’ouvrira plus au jeu de cache-lettre ;
Nul
ne le touchera puisqu’il a tout livré.
Dans le calme des heures, sans que clé ne cliquette,
S’ouvrira pour lui-même, en silence, d’un seul trait,
Sa
mémoire toute vive, l’histoire d’une cassette,
Au
nom banalisé de modeste coffret.
20/12/98
Cadeau
Par
vastes paysages
Sous paisibles ciels gris,
Dans un silence ouaté
De
neiges et de mages,
Le
long des autodromes
Adhère, réelle image
Forgée en nos esprits :
Sapins de blanc fourrés,
Granges pour le fourrage…
Peut-être sur le chaume
Dort notre Tout-petit ?
Car
l’auberge est bien pleine
De
grands, de forts, de sages,
En
accueil appauvris.
S’Il est là, Il attend
Qu’auprès de Lui s’en vienne
Pour armer son courage
Quelqu’un qui veut L’aimer,
Dont la présence est baume…
Mais depuis bien longtemps
Sur
la couche terrienne
Dorment les alanguis :
L’Amour est en chômage.
Confiant, Il est resté
Nous offrir Son visage.
Il
n’est plus reparti.
25/12/98
Passe-temps
Hier n’est jamais de retour.
A
chaque rebours sa sirène,
A
chaque reine, salue la cour.
Hier n’est jamais sans recours.
L’aujourd’hui vient à son secours.
A
chaque heure suffit sa veine,
A
chaque peine ses labours.
L’aujourd’hui sème son parcours.
Demain attend un autre jour.
A
chaque source y boit un sage,
A
chaque mage son détour.
Demain aspire au bel amour.
Paris 03/01/99
Plage en nocturne
Aux
confins des eaux
Un
arc de lune
A
percé les terres ;
Multiples parcelles
En
grain qui s’effritent
Qui
roulent ou se serrent.
Il
espère la nuit,
Miroir vertical,
Sélène lumière,
Revoir au zénith
Visage de mère.
Comme chant de foule
Aux
bords des combats
Se
force la houle
A
braver nos pas.
L’océan qui gonfle
De
mots inconscients
Charrie dans des conques
D’oubli d’autres temps.
Et
nos pieds les foulent
Miettes de grèves,
Blessant les ampoules
De
nos coeurs tremblants.
Paris 06/01/99
Bouche à boucle
(d’oreille)
Petit livre tout neuf
Né
pour livrer message,
Généreux en coquilles
Et
sans preuve par neuf.
C’est tout près du visage
Qu’à l’oreille il oscille
Pour fuser son refrain
Ecrit pour minisage.
Il
redit sur nos routes
D’aujourd’hui et demain
Parole à chaque page*
A
découvrir : << Ecoute !...>>
* (ou : Parole qui engage
A l’entrouvrir :<<Ecoute !...>>)
Paris 19/01/99
Agneau « casher »
Au
confluent des doigts
Tout le fil d’un parcours,
En
travail, sans retour
Pour tunique à recoudre
Et
habiller un roi,
Oeuvre sans coup de foudre
Q’un silence déploie.
Dans le creux de ma paume
Tout le grain du labour
A
embraser les fours.
Nouveau temps qui va sourdre
Aux
bastions d’un royaume
Où
faim est à résoudre
Sans recherche de proie.
Au
centre de ma main
Tout le feu de l’amour
A
déplacer les jours
En
mon sang à dissoudre
Pour vivre un lendemain
Où
l’ennui est à moudre
En
parcelles de joie.
Gasville 06/03/99
Un éclat de verre
(Jubilatoire et Jovien)
Un
coeur en sa misère
A
joué au vandale
Et
lancé le caillou.
Un
éclat de verrière
S’est brisé sur la dalle
Où
se plient les genoux.
Provocant discobole,
Au
vouloir de saccage,
Il
jette son appel :
Un
fracassant symbole
A
sortir de nos cages
Pour lui parler du ciel.
Mais comment le rejoindre
Au
terme de sa fuite
Pour lui dire : « Dieu est bon ! »
Que
toujours est à poindre
Son
amour et par suite
L’aube de son pardon ?
Muette est la façade
De
la petite église
Au
vitrail désolé.
Sous nef, en ambassade,
S’échange la valise
Du
prochain jubilé.
Il
s’y trouve un programme
A
faire chanter la terre,
A
vivre le pari
De
vivifier la flamme,
Au
nouveau millénaire
De
l’Eternel Esprit.
Par
vitre qui éclate,
En
élan de prière
Sera pris l’inconnu
Pour que son coeur s’ébatte
Et
cherche la lumière
Au
chemin de Jésus.
°/°
°°/°°°
Et
que brille en spirale
Son
pauvre éclat de verre
Au
centre de la tour
Dressée en cathédrale
A
la Gloire du Père
Qui
guette son retour.
30 Août 99/ 6 Sept. Jouy/Gasville
A propos de cassettes….
Godzilla
God is
here
Vieux
débat
Qui
s’étire
Faux sabbat
Qui
t’attire
Vrai combat
Qui
t’aspire
Dieu est là
Qui
t’inspire
09/10/99
Pour un nouvel anniversaire
C’est une recette paternelle :
« Prends du Grégoire
En
concentré,
Douze ans d’histoire,
Quartier pelé,
Dans une armoire,
Cassette-télé. »
<<La vie est belle !>>
03/10/99
Concert en église.
En
décorum
De
ce Saint-Lieu
Un
haut podium
Violoneux.
Auditorium
Pour gens sérieux :
« Mozarteum »
Mozart des dieux.
Au
grand plenum
Du
mélodieux
Il
y a forum
Pour les coeurs pieux.
Dans l’incertum
Des
amoureux :
Christ es-tu homme ?
Christ es-tu Dieu ?
Au
« Te Deum »
Des
bienheureux
Jésus est homme !
Jésus est Dieu !!
Plain-chant, summum
Souffle des cieux
« Mozarteum »
Mozart à dieu !
Gasville Octobre 99
Bienvenue à
Baptiste.
Dans le pot du Bon Dieu,
A
l’infini volume
Pas
de caillou calleux :
Le
granit se fait plume.
Autour de sa Présence
Il
roule et se blottit ;
Autour de son silence
S’y
lovera aussi.
Tout pétris de Sagesse
Vont les galets au pot,
Jack-pot de tendresse
Où
s’allègent les maux.
Si
se nomme Baptiste
Sèmera le bon grain,
Sur
sainteté de piste
Caillasses du Jourdain
Pour Etienne c’est l’appel
A
contempler soudain
Une
ouverture au ciel
Par
pierres en son jardin.
Dans le pot du Bon Dieu
Toujours il y a place
Pour tous les gens heureux,
Âmes de toutes races.
Le
Seigneur en son pot
Attend ses grains de sable,
Sa
grâce sans repos
Les
convie à sa table.
Pour tous y prendre un pot.
(Petit caillou dans le pot d’amour des
parents selon eux-mêmes)
Paris 24/02/00
Le marché
Tout au fond de la ville
Est
un endroit secret,
Un
passage fragile
Qui
se quitte à regret.
On
trouvera bien vite
Le
lieu où il se tient,
Des
aînés y invitent
A
perdre ses chagrins.
Aucun publicitaire
En
ce bazar voûté
où
sont prioritaires
De
jeunes envoûtés.
Pour eux, c’est la surprise
D’un étal à tous vents
Où
se mêlent des bises,
Des
rêves surprenants
Sur
tables, sous parapluie
Ouverts au long des ans,
Dans l’allée qui relie
L’enfant aux cheveux blancs.
Des
gâteaux, des histoires,
Froncement de sourcils
On
oublie ses déboires
Sur
joyeux ramassis
De
phrases sentencieuses
Et
d’encouragements,
Remontrances rieuses
Et
quelques poils piquants
Sur
des joues un peu molles
A
peau douce et usée,
Des
regards sans paroles
Pour complices amusés.
°/°°
°°/°°°
En
riant on y brasse
Et
choisit quelqu’objet
Qu’on emporte et embrasse
Jusqu’au prochain rejet.
A
qui ne peut apprendre
On
y vient échanger,
Acheter ou bien vendre…
Dans le tendre étudier
Des
livres qui s’ânonnent
Par
lèvres aux plis sérieux,
Des
chants qui se fredonnent
En
chocolat mousseux.
Mais elle est éphémère
La
libre tombola
Que
chaque anniversaire
Risque de planter là.
Un
jour les folles courses
Sur
un coin de gazon
Voient y tarir leurs sources :
L’ennui vient sans raison
S’oublie l’itinéraire
Et
le goût d’y courir.
Le
marché aux grand’mères
S’est fané aux désirs.
Mais reste en espérance
A
recueillir les fleurs
Imprimées dans l’enfance
Pour ouvrir ses bonheurs.
Gasville/Paris 12/03/00
Pas sans toi
Ma
blessure saigne.
Vais-je l’assécher
Si
elle se fait mienne
Du
risque d’aimer ?
Si
passion enchaîne
Vais-je l’accueillir ?
Elle sera tienne
Si
j’en veux guérir.
Que
souffrance advienne
Vais-je la tarir
Quand elle est la Sienne
A
pouvoir offrir ?
Ta
blessure saigne.
Vais-je l’étancher
Et
la faire mienne
Au
risque d’aimer ?
Paris 14/03/00
Renouveau
J’aime bien le bruit
De
l’auto qui file
Sur
goudron surpris
De
perdre sa ville.
J’aime bien le puits
qui
vide sa bourse
D’hiver assouvi
Poursuivant sa course.
J’aime bien le fruit
Promis en corolle
Sur
le vieux tronc gris
Qui
tient sa parole.
J’aime bien les cris
De
l’oiseau qui peste
Assis sur son nid
A
plumer sa veste.
J’aime bien les buis
Qui
vont à la messe
Sous les doigts bénis
Des
vieilles abbesses.
J’aime bien la nuit
Qui
voit son étoile
Eclore à minuit
Au
travers du voile.
J’aime l’appétit
Qui
s’use et qui craque
Quand il s’investit
Dans les oeufs de Pâques.
Paris 15/03/00
Continuité vibratile
Comme images fractales
Le
temps qui s’illusionne
Par
énergie vitale
A
reproduire les jours,
Lorsqu’il croit en cerner
Les
traits qui vibrionnent,
Facettes et pourtours,
En
oublie que rêver
Evapore les normes
Pour mieux les reformer
En
bien d’autres contours,
Doublés infiniment
Sur
dessins dits : conformes,
D’infimes effacements
A
troubler nos amours.
Paris 98//16/03/00
Astronocturnale
Imagine…
Qu’un fragment de sommeil
T’élimine
Et
te quête.
Imagine…
Qu’un éclat de soleil
Te
patine
Et
te vête
Imagine…
Que
ce rayon vermeil
S’achemine
Et
te guette
Imagine…
Qu’un regard en éveil
Te
dessine
Et
t’inquiète
Imagine…
Qu’un songe sans pareil
Te
destine
A
la fête
Imagine…
Qu’un sursaut de réveil
A
mâtines
T’arrête….
Imagine !
Gasville 18/03/00
Promenade intérieure
Tu
poses ton silence
Auprès de mon attente :
Brouillard d’une présence
En
points de suspension
Sur
nos vies indolentes.
Tu
poses ta rétine
Vers un écran détente
Où
lumières cabotinent
En
libres impulsions
Et
fadaises pédantes.
Tu
poses ton écoute
Qui
nous ramène au centre
De
« ce moi » qui redoute
Nos
incompréhensions
Dont je me fais le chantre.
Tu
poses fines retouches
Sur
mémoire défaillante
Au
chemin qui débouche
Vers la dure ascension
Pour en gravir la pente…
Et
tu as pris ma main…
Gasville 03.04.00
En Provence et Sans compassion
Quand tu bats tambour
Rythmant la chamade,
Crie ton désamour
A
la régalade.
Puis oublie des noms
Que
ton ego nomme.
Pour bonnes raisons
Sois ton ergonome.
Si
solo te lasse,
S’use ta chanson
Qu’un duo déplace
Vieille partition.
Tu
demandes une aide
Et
restes sans ton
Sur
la pente raide
De
la démission.
Pour nouveau début,
Blanchis ta mémoire.
Tu
n’es pas rebut,
Construis ton histoire.
Ne
laisse pas d’ardoise
Aux
élans perdus.
Tes
doigts : les décroisent,
Tu
as tout reçu.
Tu
n’es pas en verve
Pour manger le fruit ?
Qu’appétit te serve
A
croquer midi.
Qu’appétit te serve
A
venger ta vie :
Le
destin réserve
Amour à l’envie.
C’est sur de la paille
Que
veille un pardon,
Qui
gomme tes failles
Si
tu es santon.
Gasille 09.04.00
Sans art et sans arrhes
Sais-tu, toi le poète, tu es un homme avare.
Prodigue dans ta tête d’amalgames bizarres,
De
rythmes et de mots par lesquels tu t’égares
En
des landes perdues, des fleuves sans gabarres ;
Seul à ouïr des sons… mélodies, tintamarres ?
Sur
page qu’un crayon en syllabes sépare,
Loisirs à petits prix, lumignons sur un phare,
Toi
seul à t’écouter, à qui nul te compare,
Poses-tu des balises avant d’entrer en gare ?
Transcende tes ardeurs offertes aux dieux lares.
Cicatrise en silence les non-dits et répare
Tes
muettes douleurs que l’ego accapare,
Dédiant à l’inaudible l’encens dont tu te pares.
Gasville 14.04.00
La forêt interdite
Géants de la forêt au ciel gris de leur peine
N’agitent plus leurs bras vers des lointains
perclus
Solitaires et sans joie, bien droits ou
abattus,
Ne veulent plus sentir les pulsions de leurs
veines.
Ils n’ont plus l’appétit de chuinter ensemble
Ni se bercer au chant de leurs rameaux
feuillus
Ni d’abriter les nids d’oiseaux qui se
rassemblent
En larges envolées dans l’été revenu.
S’ils inclinent leurs cimes vers le tapis de
mousse
Ou d’herbes desséchées, ils ne surveillent
plus
Au milieu des épines leurs tendres et vertes
pousses,
Car ne peuvent donner d’ombrage au soleil nu.
Les voilà isolés, aucun pas ne résonne.
Il y a bien longtemps qu’ils n’ont plus
entendu
Des craquements de pas au pied de leur
couronne
Quand les enfants jadis dévalaient les talus.
Désormais ils sont seuls au mémoire des
tempêtes
Sur la bande sonore au sifflement confus
Qui vint briser leurs branches, décapiter
leur tête
Pour conduire au néant leur quant-à-soi
touffu.
Pour perdurer encor, faut-il qu’ils
refleurissent
Et sèment alentour leurs glands en temps
venu !
Indifférents à tout : qu’ils vivent ou qu’ils
périssent,
Car ni l’eau, ni les astres mèneront au
salut !
Fantômes dépouillés qui font grincer leurs
chaînes
En crainte d’autres vents tueurs en
impromptu,
Prédateurs de sève de leurs tout jeunes
chênes
Ces doux Seigneurs des bois ainsi n’enfantent
plus.
Gasville 01.05.00
Appréhension d’estive
Sur cap en surplomb
Noirs épis de blé,
Seigles en tapis,
Sable blond tapi
Entre les galets,
Vent qui souffle au long
D’un rivage ourlé
De pins raccourcis
Fuyant le ciel gris,
Nuage au pilon,
Goélands emmêlés
Dévissent en repli
Au ras du surplis
D’un flot dentelé
Qui draine un filon,
Varech effilé
Au pas des courlis
Au temps accompli
Du lent défilé
Des étés frelons,
Calvaire exilé
Offrant au roulis
Des coeurs en brûlis
Ses bras empalés :
Granit au foulon.
Paris 31.05.00
Expectatives
S’est-il interrogé, bien au droit dans sa tête,
Sur
future vocation, au long de ses humeurs.
Sera-t-il agrégé, thérapeute ou chasseur,
Musicien…ou champion… Et s’il était poète ?
Deviendrait-il pêcheur, pour arrimer sa ligne.
En
un simple pré vert, et fixer l’âme au son
Sur
des cahiers d’ardeur où frétille un poisson
Qui
s’approprie le vers pour en traduire le signe.
Serait-il bâtisseur de tours orthogonales.
De
ses belles verrières qui déploient l’horizon
Aux
poèmes, où « prière » se décline « oraison »,
Il
donnerait aux coeurs stature de cathédrale !
En
un même bouquet il sera tout cela !
Agronome lunaire aux jours de solitude
A
semer primevères, fleurir son inquiétude
Pour au désert glaner ses soirées de gala.
Gasville/ Paris 21/03/00
extraits d’ Alexandre Dumas dans : « Vingt ans après »
Message anonyme
Oublie les souvenirs
De
la petite enfance
Quand tu faisais confiance
Au
lait de tes plaisirs.
Rejoins-les au-dehors
Quand la paupière se ferme
Sur
cette nuit en germe
Onirique et sans bords
…..dors
Oublie le nid bien chaud
Dans ce terrain fertile,
Cocon où le temps file
La
soie des jours nouveaux
Quand s’activent alentour
Et
les devoirs d’école,
Le
jeu qui caracole
Au
milieu de la cour
…..cours
Oublie couvert dressé
Sur
table grandissante
Où
l’on est en attente
De
pain ou de baisers,
Prémices des non-regards
Quand la porte se ferme
Et
que l’on met un terme
Aux
liens par un départ
…..pars
Oublie ces vents actifs
Et
leurs élans contraires
Pour viser les repères
Cadrés vers l’objectif.
Et
ne dis pas : Je dois
Respirer, mais « humer ».
Et
l’on se sent aimé
Bien plus qu’on ne le croit
…..crois
Le Corbeau
Saule pleuré
Monstre pilleur de troncs
De
toits ou de branchages
Sur
des nids éventrés,
Le
vent sur son sillon
Terminant son voyage
Par
chez nous s’est ancré.
Ramures en perdition
Egrenant leurs présages
Géniteurs de regrets
A
nouvel horizon
Elles frayent un passage
Sur
fond de vacuité.
Souvenirs en tronçons
Au
parfum qui s’exhale
Achèvent de pleurer
Doux amers, en rançon
De
l’aubier qui s’étale
Aux
pieds de nos étés.
Mémoire en désarçon,
En
complet abattage,
Tôt
rangée au bûcher,
Prête pour l’oraison
Quand viendra l’hivernage
Face à l’ardent foyer.
°/°°
°/°°
Devoir rendre raison
Près des flammes voraces
A
l’intime embrasé
Qui
survit en tisons
Comme offrande fugace
De
sa chaude amitié.
A
la belle saison
Il
refera surface
Par
vitrail enchâssé,
Verts semis de rayons
Translucides et vivaces
D’un temps ensoleillé.
Du
royaume des dons,
A
l’aplomb, bien en place
Dans nos coeurs arrimé,
S’élance nouveau scion
Que
les mains d’une grâce
Chez nous ont replanté.
Gasville 4 Novembre 99 /26/03/00
Ânes sidéraux
L’âne « Hiver » sert au fil des ans
A
fuir un soleil déclinant
Qui
baisse ses lourdes paupières
Vers ses satellites en arrière.
Il
leur dit : « Allez mes enfants
Ce
sera bientôt le beau temps !
Je
vais ouvrir une nouvelle ère
Pour s’aimer tous, comme des frères ! »
L’âne « Printemps » tire tout autant
Son
char fleuri dans le grand vent
Avec chronos et son glossaire
A
définir le mot « Mystère… »
L’âne « Eté » , lui, va de l’avant
Vers la Grande Ourse et ses amants
Qui
s’étirent en pleine lumière
Au
sablier interstellaire.
L’âne « Automne », à charroi lent,
Lourd d’équinoxes, passe en rêvant
D’une nuit dans les toiles polaires
Avant son retour sur la terre.
L’âne « Hiver » serre entre ses dents
Les
Jupiter de nos vingt ans.
En
sage, rien ne l’indiffère,
Même nos « Joyeux anniversaires ! »
Gasville 8 nov./ pour le 29 nov.99
Prépa 2000 – Bain de Jouvence
De
nos corps lisses comme un oeuf
Laissons tomber nos oripeaux
Avant ce bain de millénaire.
Bien effacer de notre peau
Les
squames de tous ces vieux « neuf »
Qui
nous avaient semblé si beaux.
Savonnons-nous d’imaginaire
Avant de sortir de l’eau
Et
vêtir trois zéros tout neufs.
Paris 31/12/99
Première expérience de Parents
Déjà quarante quatre ans qu’un petit logiciel
Débarquait pour entrer dans le grand minitel
De
la vie et servir, tel trésor de tsarine,
Un
plat d’amour ciselé. Ô petite Dauphine
Tu
venais la première porter au septième ciel
Des
parents étonnés de ce bébé de miel
A
sussoter tout cru. Quelle joie, tu devines !
Gasville 12/02/00 anniversaire Inès
Les bijoux
Autour de ton front, te consacre reine
Un
cercle d’argent enserrant tes veines.
Autour de ton doigt se cache un secret,
Un
souhait d’alliance, un jonc de regret.
Autour du poignet s’enroule une chaîne
Qui
porte le temps à serrer ta peine.
Au
bout de l’oreille, luit un éclat d’or
Et
de diamant qui s’échappe encor,
Pour que tu ne gardes aucune mémoire
Du
pâle désir qui fit ton histoire.
Au
creux du revers, tel un médaillon
Sculpté dans l’ivoire par petits sillons,
S’accroche un sourire, profil de médaille,
Espoir de moisson après les semailles.
Autour de ton cou, rivée à ton coeur,
La
souple rivière ignorant ta peur,
Arrime en sautoir sur dentelles blanches
Un
signe d’espoir cloué sur deux planches
Pour donner des ailes à tous tes élans
De
vivre ton jour comme sont mille ans.
Paris 16/01/00
Chanson pour des peintres en cage
Chez moi y a un escalier
Qui
s’élance, qui s’élance.
Chez moi y a un escalier
Qui
s’élance sur le palier.
Chez moi y a un escalier
Où
l’on pense, ou l’on pense.
Chez moi y a un escalier
Où
s’écha ngent les idées.
Chez moi y a un escalier
Grande chance, grande chance.
Chez moi y a un escalier
Qui
chante à toutes volées.
Chez moi y a un escalier
Où
l’on danse, en cadence.
Chez moi y a un escalier
Où
l’on danse à cloche-pied.
Chez moi y a un escalier
Qui
vendange, qui vendange.
Chez moi y a un escalier
Qui
engrange des baisers.
Chez moi y a un escalier
C’est étrange, c’est étrange.
Chez moi y a un escalier
Pour des anges jusqu’au sommet.
Paris 11/01/00
Prescience d’écho
Es-tu celui d’un coeur
Ennuagé de rêves
Ou
bien celui qu’on trouve
Aux
vagues de nos aîtres ?
Serais-tu « la rencontre »
Aux
bleus de mon errance
En
pays de sommeil… ?
Comment te reconnaître
Quand tout est somnolence
Evasion sans éveil.
Et
si tu ne me montres
Ce
chemin où la sève,
Même au fond de ma douve
Fait que s’ouvrent les fleurs ?
Paris 21/02/00
Le silence du matin
Quand le soleil vient éclater
A
l’horizon d’un jour d’été,
Aux
primes heures d’espérance,
Entends-tu vibrer le silence ?
Il
efface dans nos forêts
La
trace des lunaires regrets,
Ces
braconniers de l’autre rive
Dont les ombres vont en dérive
A
découvrir un « autrement ».
Il
quête l’infime bruissement
D’air quand bourdonnent l’usine
Où
les hommes s’affairent, mine
Béante où se creuse nos temps.
Il
assèche des larmes en passant,
Celles des herbes et des feuilles,
Précieuses vapeurs qu’il recueille
Sur
son sillage. S’il les surprend
Au
coin de l’oeil de l’enfant
Il
les apporte comme une offrande
Sur
la joue des mères gourmandes,
Enclume où claque le baiser
Qui
ne pourra les rassasier.
C’est là sans bruit qu’amour s’y forge,
Sans paroles, tempe contre gorge…
Sais-tu qu’il peut se reposer
Hors des heures qui grondent sur terre
En
quelque choeur de monastère ?
Pour lui, dormir, c’est éveiller.
Paris 09/06/00
Effacement
Il
n’y a qu’une thèse
Sans son corrigé.
Entre parenthèses
Qui
va rédiger ?
Il
n’y a genèse
Sans dualité.
Un
retrait apaise
La
rivalité.
Il
n’y a qu’une chaise
Pour deux excités.
Pour être à son aise
Debout faut rester.
Il
n’y a qu’une braise
Au
creux du foyer.
Un
souffle d’ascèse
Va
la réveiller.
Il
n’y a qu’une fraise
A
se partager.
Rouge comme fournaise
Qui
va la manger ?
Gasville 02/07/00
Après le combat
Dis-moi : à quoi penses-tu
Quand tu es amarré,
Réfugié dans l’absence
D’un autisme vêtu
Hors nos côtes chinoises
Sur
la mer du Silence ?
Loin du tohu-bohu
Tout pavillon baissé,
Feignant l’indifférence
Sous les vents abattus,
Aucun bateau ne croise
Pour y pêcher la chance
D’un long oubli têtu.
Le
combat terminé
Nous avons rejoint l’anse,
Fragiles comme fétus.
La
victoire est sournoise
Lestée de réticence
Par
les boulets reçus
En
nos flans déchirés.
Dans un port de plaisance
Peut-être nous veux-tu :
Escale où s’apprivoise
En
radoub, la confiance ?
Gasville 06/09/00
Sans réponse
Entre l’arbre et la pluie
Il
y a quoi ?
Entre l’arbre et la vie
Il
y a loi ;
Entre l’arbre et l’envie
Il
y a moi ;
Entre l’arbre et survie
Il
y a Toi.
Gasville 25/11/00
Harangue
En
dehors du monde
Je
me tiens
Sur
chemin de ronde
Je
préviens.
Et
de mon nid d’aigle
Va
ma voix
Sur
les champs de seigle
C’est mon choix.
La
terre est aride
Pour ces fous
Qui
la tiennent en bride
Sans courroux.
Sourds à tout vacarme
tenez-vous
Fourbissez les armes
Des
coeurs doux.
La
gloire les couronne
Par
le houx
Tels crânes de nonne
Leur époux.
Courbez votre tête
Paysans
Demain c’est la fête
Pour des ans.
On
tiendra la barre
Jusqu’au bout !
Et
que tout démarre
A
genoux…
Gasville 15/11/00
En somme… net et 77 ans : 924 mois
En
un moelleux oubli
Tu
inclines la tête
Finis les déjà-dits
D’un long jour qui s’éjecte.
Près de moi en repos
De
la vie par le rêve
Qui
s’ouvre à tes propos
Tu
fais monter la sève.
Songerais-tu aux mois
Dans cette halte profonde,
A
ces frères siamois
Que
deviennent les nombres
Par
onzaine sans heurts
Aux
croisées des années
Doublant caps aux couleurs
Bleu méditerranée
Ils
éclairent le projet
De
l’éternelle ville
Où
attend le berger
A
l’heure des eaux tranquilles.
Total : neuf cent vingt quatre !
Convertis : septante sept
Sont un record à battre
A
vitesse internet.
Paris 29/11/00
Pardon d’automne
Le
ciel décroche ses lampions
Dessus les arbres qu’il effeuille.
Le
jour gris pousse un nouveau pion
Sur
le damier qui le recueille,
Posant son choix en noir et blanc
vers les pavés des avenues
Sur
l’altière cime d’un mont
Dans l’ombre d’allées et venues
Pour y consolider ses ponts
En
ces dallages de nos allants,
Pluriel bicolore qui sème en rond
Ses
pétales autour du calice
De
la vie : mouvantes impressions,
Beautés fugaces, douces et complices
Par
lesquelles nous faisons semblant.
L’artificiel fane le don
De
la vraie joie, celle qui se cueille
Entre deux doigts, fleur sans nom
A
respirer sortie des feuilles
D’octobre brisées par nos bilans.
Si
fiel s’en épand, il se fond
Sur
les pentes d’une mémoire
Oblique et s’efface aux rayons
D’un furtif soleil aux déboires
Des
mots qui vont en se troublant.
Le
miel oublie-t-il l’aiguillon
D’abeilles privées d’étamine ?
Le
dard qui piqua la raison
S’érode au pas qui s’achemine
En
lente montée jusqu’au plan.
Le
ciel raccroche ses lampions
Pour la fête qui s’illumine
Sur
tout coeur qui prend son élan.
Paris 13/12/00
*
Tentation exutoire
Ces
mots qu’on ne prononce,
Ces
mots qu’on ne dit pas,
Ceux auxquels on renonce,
Sont vouées à trépas.
Et
pourtant ces convives
De
ces muets repas
Expriment douleur vive,
Restant sur l’estomac.
Il
faut qu’elle s’en échappe
Cette aigreur de l’appât :
La
lourdeur de la chape
Doit libérer l’éclat.
On
lève alors la tête
Et
la main se rabat :
La
tasse est en miettes.
On
balaie sans débat.
Et
l’on reprend sa place
Par
un geste du bras
Plaignant tout ce qui casse
On
sort d’un mauvais pas.
Paris 13/12/00
Pour une veillée
En
ce don de l’hiver
Paré de fanfreluches :
Guirlandes, lampions divers,
Autour de l’arbre vert
Mettre les ours en peluche.
Ils sont là, sous les yeux
Etalés sous étui
Pour la vivante ruche.
Ne
poser de travers
Le
foie gras aux peluches
De
truffes, les couverts,
Les
serviettes à l’envers,
Verser le vin en cruche.
Tout est là sous les yeux
Pour le repas de nuit
De la vivante ruche.
Joindre la note au vers
Dès
que se clôt la huche,
Sans regret d’un revers
Pour ces coeurs bien ouverts
Au
présent qui s’épluche.
Ils sont là sous nos yeux
Par des chants réunis
En cette vivante ruche.
Le
ciel s’est découvert
Noël est sans capuche.
Paris 16/12/00
Si
tout a été dit
Quand tout n’était pas su
Tout a été aimé
16/01/01
Départ en douce
Vient l’heure où l’on se tire
Si
l’on ne se repère
Aux
méandres des rires,
des
mots surnuméraires
Qui
s’avortent figés et que l’on n’agrée pas.
Vient l’heure où l’on se casse
Si
l’on ne peut se faire
A
l’idée que l’espace
Est
bordé de lisières
Orées d’une forêt qui ne se franchit pas.
Vient l’heure où l’on se vire
Si
l’on ne peut surprendre
Un
regard qui désire
En
confiance comprendre
Et
vouloir écouter celui qui n’ose pas.
Vient l’heure où l’on se taille
Si
l’on ne peut se taire,
Dans le coeur une faille
Qui
s’expose au mystère
D’un voyage muet d’où l’on ne revient pas.
Gasville 07/01/01
Abyssale insomnie
Pourquoi ne pas viser
Aux
cibles des néants,
Entr’ouverts ou béants,
Au
sein de cette toile
Où
nous sommes juchés
Sur
vide qui dévie ?
Pourquoi ne pas rêver
A
cet autre présent
Qui
se cherche, conscient
Qu’à soulever son voile
Il
se peut détisser
Au
rythme des envies ?
Pourquoi ne pas risquer
Ce
pari harassant
Cet
appel incessant
Imprimé dans nos moelles
Quête de vérité
Seule issue de survie ?
Pourquoi ne pas aimer
Dans les ailleurs du temps ?
Qui
s’en dirait content
Si
ce n’est notre étoile
Qui
joue à chat perché
Aux
branches de la vie ?
Gasville/Paris 15&16/01/01
A Florence
Au jardin des pensées
Une
trace grise dans de l’herbe verte…
Souvenirs sans prise sur blessure ouverte
Une
pincée de terre, tout le poids des ans,
D’un temps sans repère qui perd ses printemps ;
Et
tous leurs élans s’envolent au passage
D’oiseaux noirs ou blancs, criant aux nuages,
S’ils voient l’étincelle par qui tout finit,
D’entrouvrir leurs ailes vers cet infini
A
la fumée sombre qui oublie les marbres
Et
qui fuit son ombre au travers des arbres,
Vaporeuse épaule pour porter sans fin
Les
âmes aux pôles près des séraphins.
Une
pincée de terre : espoir déposé
Dans ce grand mystère d’amour insensé.
Père Lachaise 22/01/01
Le semeur
T’écrire un poème
Au souffle du temps
Prier comme on sème
Au rythme des vents
Seigneur, c’est facile
D’aligner des mots
Graines indociles,
Géniteurs de maux
Quand tout grain s’expose
A la dispersion
Pour qu’il s’y dépose
Trace mon sillon…
En travail austère
De germination
Serais-je la terre
Quand Tu es l’action ?
Serais-je la herse,
La charrue, le soc
Allant sous l’averse…
Mais tu es mon roc
Ton soleil s’affaire
A mûrir tes dons
Luis sur ma misère :
Envoie tes rayons.
Toi qui es lumière
Pour l’éternité
Entends ma prière
D’humus effrité
T’écrire un poème
Au rythme du temps,
Prier comme on aime
Au souffle du vent.
Paris 01/02/01
Echelle crépusculaire
Des
anges m’ont lancé l’échelle
Qui
se déroule aux nuits des temps
Cordelettes en forte ficelle
Pour y poser mes pieds devant.
Les
voilà avec un sourire
Ils
me montrent le premier degré.
<<Je suis là, oui, mais je désire
L’autre extrémité repérer !>>
Je
lève la tête vers les nuages.
On
n’aperçoit aucun crochet.
Mais ils insistent davantage….
Pas
d’escalade dans le regret.
On
est très bien sur cette terre
Ferme, solide…mon intérêt !
Pourquoi la voir d’hélicoptère
Quand elle est si belle vue des près ?
Et
soudain, ils « me font ma fête »
Pour m’éviter de les contrer
Et
devoir détourner la tête
Pour contempler le Grand Rocher.
Je
ne céderai pas d’un pouce.
Leur moteur, ils peuvent l’arrêter.
Il
ne choiera pas sur la mousse
Aérien qu’il est, si léger !
Il
y a celui qui m’agresse
Et
me dit : <<Là-bas c’est plus beau !>>
Dans la conviction je progresse
Mais ne veux pas aller plus haut.
Cet
appel auquel je résiste
Il
y faudra répondre un jour.
Mon
adversaire d’ailleurs insiste
Mais mon tendon se fait trop court.
Se
desserre la main qui m’empoigne.
Le
match serait-il terminé ?
Même le ronronnement s’éloigne.
Ils
ne vont donc pas m’emmener ?
Je
claudique dessous cette hélice
En
courbant l’épaule et le cou.
Qu’elle se taise ou qu’elle vrombisse
Cette voix je l’entends partout.
Qu’elle s’évanouisse ! Moi, solitaire
Ici
marcherai boitillant.
Est-ce une victoire salutaire
Remportée à corps défendant ?
Avec moi la vie fait un pacte
A
l’échelon de l’éternité.
Il
me reste à répéter l’acte
Pour le jouer au pied levé.
Gasville 15/02/01
Electron
libre ?
« Je suis au
sommet de ma gloire ! »
Pensait
ainsi un électron :
<<Presque
seul sur ma trajectoire
Où je peux
ronronner en rond.
Et je n’en
fais pas une histoire
Sur cette
ligne d’horizon.
Mon apogée :
c’est ma mémoire
En ce grand
parc d’attraction.
Et je dis à
qui veut me croire :
Dans la vie
tout est soustraction.
Celui-là
coule dans la passoire
S’il est
raflé par réaction.
Celui-ci
passe à l’écumoire
Pour
échanger sa direction
Contre une
autre en cette foire
Où labeur
est interaction.
De mon noyau
ne suis l a poire
Et je tourne
sans passion ;
Froidement
cherche échappatoire
Pour gagner
en élévation !>>
Mais voilà
qu’il frôle une noire,
Perfide
molécule espion
En quête
superfétatoire
D’un déficit
d’ex-tension.
Et hop !...
finit cette histoire
De graviter
sans attention.
Il est rapté
sans consistoire
Sur orbite
en défaut d’un ion.
Il tournera
comme accessoire
Avec
d’autres sans concession,
Continûment
dans la bouilloire
D’un vouloir
d’atomisation.
Paris
08/03/01
Lumen
Le globe
est en papier
En papier
japonais
Sous
tendu par spirales
D’ajoncs
ou de genêts.
Le
vois-tu relié
Relié par
un fil
Suspendu
dans la salle
Où l’on
oublie l’exil ?
Le globe
est balancé
Balancé
sous le vent
De nos
pas et cavales
Ou
moindre mouvement.
Le
vois-tu déchiré
Déchiré
par frictions,
Quand nos
pensées rivales
Sont
autonégation ?
Le globe
est en papier
Papier
fragilisé
Couché
par intervalle
D’ennui
sulfurisé
Le
vois-tu irradié
Irradié
par passion
D’une
force verbale
Radiant
nos confusions ?
Le globe
est transparent
Transparent à nos croix
Lucidité
vitale
A
sublimer nos choix.
Le
vois-tu lumineux
Lumineux
en son coeur
Diffuseur
d’où s’exhale
Une aura
sur nos peurs ?
Le globe
est éclairé
Eclairé
de nos « oui »,
Ces
vouloirs qui prévalent
Pour
aimer l’aujourd’hui.
Paris
15/03/01
« Aime
d’abord »
Si tu pus me
le dire
Tel que Toi
Tu l’as fait
Ce n’était
pas pour rire…
Il fallait
Ton accord
En prévision
des faits
Qui
conduisent à la mort
« Aime
d’abord »
Pour tous
ceux qui respirent,
Pour chacun
Tu le fis
Sous
sarcasmes et délires
De complices
retors.
A leur
complot soumis,
Tu as remis
Ton sort.
« Aime
d’abord »
Tu fus le
point de mire,
Muscles
tétanisés,
Livré à nos
sourires
Sur schofars
en décor
Vendu par
nos baisers
Pour un
maigre trésor.
« Aime
d’abord »
Au supplice
du pire
Tu consentis
pour moi.
Et quand Ta
vie chavire,
Que
s’affaisse Ton corps,
Coeur ouvert
et sans voix,
C’est bien
pour me conduire
Aux pistes
du Thabor.
« Aime
d’abord »
Paris
23/03/01
Vague à
l’âme
L’océan fait
la planche
Tout au pied
des plongeurs.
Pointe ses
gyrophares
Sous un ciel
bleu pervenche
Pour vaquer
au bonheur
Des voiliers
en bagarre
Sur une
écume blanche.
A semer ses
coquilles
Il est
« cap » d’avancer
Vers la
drague baigneuse,
Ses pieux au
ras des filles,
En bouchots
immergées,
A l’illusion
frileuse
Sous soleil
de resquille.
Il attend la
récolte
Quand
s’ébrouera l’été
Où la marée
se gonfle
Et déferle
en survolte
Sur sable
déserté,
Loin des
moteurs qui ronflent,
Toute moule
en révolte.
Il dénude
les plages
Des
mollusques engraissés.
C’est
l’heure de la cueillette,
Des retours
au village,
Amers,
désabusés,
D’un vivre
hors de la fête
Dans des
paniers-naufrage.
L’océan fait
la manche
Poussant son
bras de mer
Au fond de
l’âme en grève
En quête de
Dimanches…
Fini le bras
de fer
Entre
regrets et rêves :
L’oubli joue
sa revanche…
Gasville
26/03/01
Les Anglais
font le pont
« Rivière à
traverser : »
« Objectif à
atteindre. »
« Aux piles
et tablier »
« Le combat
est à craindre. »
« Musiciens.. En avant !.. »
La garde
concertiste
S’ébranle
sur deux rangs
Vers la
tombe, en artiste..
On remet
lentement
La cornemuse
au pas
Dans la
rigueur d’un temps
A faire
front au trépas.
La rive est
à gagner,
La mort à
quelques pouces.
Peut-on
l’exorciser
Sous musique
aigre et douce ?
Godillots
bien cirés
Et casque en
rase-motte
On avance le
pied
Pour
affronter la botte
Le fusil
sous le bras
A faire
payer la note
Au perdant
d’un repas
En enfer,
sous les notes.
Des éclairs
ont fusé.
Les balles
font des flaques
Au rythme
amenuisé
D’un air
privé de claque.
L’autre bord
est atteint..
Vers nouveau
casse-pipe,
Mais le
chant ne s’éteint,
Mémoire de
bag-pipe.
Des
applaudissements
Ponctueront
la victoire
Au petit
pont normand
Où
s’écrivait l’histoire.
D’un destin
surmonté
Sous musique
aigredouce
On arrive à
forger
Son courtage
pour la frousse.
Paris
06/04/01
Le mot juste
D’où
vient-il donc cet inconnu,
Ce mot
d’espace et d’interlude
Échappé
comme un exilé
Du fonds des
temps d’infinitude ?
Et s’il
s’élance pour être nôtre,
Tout contre
une âme en solitude,
Qu’il
bercera l’instant venu,
C’est pour
s’enlacer à un autre.
Il me
dit : »Pourquoi m’attends-tu ?
Est-ce pour
calmer ton inquiétude,
Depuis si
longtemps que j’errais
En tes
régions d’incertitude ?
Engrange-moi, tel grain d’épeautre
Aux poèmes
de tes greniers.
Tu en as
toute latitude.
Joins-moi
aux frères l’instant venu
Pour nous
enserrer l’un à l’autre. »
Maintenant
que je t’ai reçu
Petit espoir
de rectitude,
Ami, viens
donc te reposer
Sur une page
de gratitude.
Sur cette
feuille, mienne et nôtre,
Où
maintenant tu es couché,
La joie se
fera plénitude
Si tu
t’ajustes l’instant venu
Entre deux
paroles d’apôtre.
Gasville
11/04/01
Blues
Et si tu
pars vers ta colline
Au
rendez-vous des souvenirs
A l’heure où
le soleil décline
Est-ce la
joie qui doit venir ?
Pour cette
fête vespérale
Il faut
quêter continûment
Cette
émergence boréale
Qui se donne
par effritement
Ton désir
est ton seul bagage
Où
s’enferment tes émotions.
Va-t-il
ressurgir ce visage
Aux détours
de tes intuitions ?
Mais si tu
le vois apparaître
Crois-tu que
ce sera le sien ?
De la
mémoire tu n’es le maître
Au vouloir
d’innover l’ancien.
Redescends
donc dans la plaine…
A celui que
tu croiseras
Souris pour
effacer ta peine.
La sienne
aussi s’évanouira.
Ma maison
Ma maison,
c’est mon entreprise
Où je dois y
gérer la joie.
Prévoir ses
cracs et ses crises
C’est pour
cela que Dieu m’emploie :
Y maintenir
l’ardeur de vivre,
Y fabriquer
l’homme de demain
Jusqu’à
l’heure où il devra suivre,
En ses
écarts, le vrai chemin.
Ma maison
c’est mon entreprise
Où
s’édifiera l’avenir
Sur lequel
je n’ai pas d’emprise
Où l’Être
est seul à le tenir.
Pourtant il
donnera les pierres
Pour dresser
les soubassements,
Les ateliers
et les verrières
Où je
m’active continûment
Ma maison
c’est mon entreprise.
Quand
viendra l’heure des résultats,
Au Grand
Conseil de Maîtrise,
Il faudra
que je mette à plat
Mes lenteurs
d’accueil, mes méprises,
Les refus de
programmation,
Mes erreurs
de vie mal comprise,
Les défauts
de fabrication.
Ma maison
c’est mon entreprise
Où je dois
faire régner la paix
Sur fond de
paroles apprises
D’indulgence
et de loyauté.
Il faut y
fixer haut la barre
Pour
naviguer au fil des jours
Oeuvrer sans
heurt et sans bagarre
Dans le
droit fil de l’amour.
Gasville
Oct 2001
Emprisonnement
Pourquoi
l’oreille de mon frère
Serait-elle
privée du chant
Des
rossignols.
Et quand ses
doigts se resserrent
Ne
pourraient-ils glaner au vent
Les
tournesols ?
Ses yeux
avant qu’ils ne se baissent
Pourquoi ne
pourraient-ils s’emplir
De leur
couleur
Comme ardent
signal de tendresse
D’un soleil
qui ne veut flétrir
Sans son
bonheur ?
S’il goutte
à la fortune amère
D’une
chambre gris coffre-fort
Clos sur ses
jours
Pourquoi
entend-t-il ce tonnerre
Grinçant du
fond des corridors
A double
tours ?
Lorsqu’il
compte les heures qui restent
Seules
compagnes dans la nuit
De ses
rancoeurs,
Pourquoi
faut-il qu’il ne conteste
L’écho,
vibrant au fond de lui,
De ses
erreurs ?
Son âme,
qu’aucun espoir n’enserre,
Pourrait-il
s’ouvrir au pardon
Comme
corolle
Sous la
diffusible lumière
Qui sublime
nos abandons
En auréole.
Pourquoi le
coeur lourd de mon frère
Serait-il
privé de regrets
Qui le
désarment ?
Lorsque
s’ouvrira sa paupière
Ne
pourrait-il puiser la paix
A fleurs de
larmes ?
Gasville
02/02/02
Va – et –
vient
Faire des
ronds dans l’or
Faire des
ronds dans l’eau
Des ronds
dans les corps
Des ronds
dans le dos
Conjurer le
sort
Conjurer le
faux
Jurer sans
remords
Jurer par le
beau
Faire sonner
le cor
Faire sonner
l’assaut
Sonner ses
accords
Sonner ses
fardeaux
Resserrer
l’effort
Resserrer
l’étau
Serrer ses
trésors
Serrer son
couteau
Faire
justice aux torts
Faire
justice aux maux
Justes… sans
remords
Justes… sans
cadeau
Dérouler son
corps
Dérouler les
mots
Rouler les
plus forts
Rouler les
plus sots
Faire un pas
dehors
Faire un pas
au trot
Un pas sans
le mors
Un pas, sans
galop
Mener
jusqu’au port
Mener en
bateau
Nés pour
d’autres bords
Nés pour un
sursaut
Faire un
saut dès lors
Faire un
saut de trop ?
Un saut dans
la mort ?
Un saut vers
le haut ?
Paris
19/02/02
Aspersion
Quand
s’ébrouent les nuages
Sur les prés
d’eau gorgés
Le buis au
vert feuillage
Déplore
jusqu’au rejet
Cet appel
qui l’éveille
Lorsqu’il
voudrait dormir,
Somnolence
pareille
Aux ailes du
désir
Au fond
d’une âme grise.
Pour éclore
nouveau ciel
Lancer
nouvelle brise
Sur vouloir
potentiel
Il faut que
se déposent
En magma
refroidi
Au cratère
d’une pause
Ces songes
interdits.
Quand
folâtre une image
Autour d’un
coeur forgé
Par des
rêves forts sages
Comment l’en
dégager
L’éloigner
et poursuivre,
Au gué de
l’air du temps
Ce bel
attrait de vivre
Sa quête du
printemps
En eaux
libres et calmes ?
Cadeau à
recevoir
Au souvenir
de palmes
Qui
acclamaient l’espoir.
Qu’elles
étaient volubiles
Ces feuilles
d’un seul soir
Brandies
face aux habiles
Auxquels
elles ressemblaient,
Egaillant
leurs misères
Sous le pas
des mulets.
Qu’auraient-elles pu faire
Si elles
avaient compris
Que
s’incliner à terre
Sans souci
de mépris
Du rire ou
de colère
Etait
l’unique choix,
Dallage de
l’église
Au passage
d’une croix
Et paix de
l’âme en crise ?
Gasville
La nuit qui
compte…
Aile de
l’Ange
Pour longue
nuit
Même
phalange
Aux mêmes
plis
Mort qui
dérange
Il n’est qu’un
coeur
Et les
deux yeux
Ces trois
lanceurs
Vers
quatre lieux
D’un monde
en pleurs
Sur les
cinq doigts
Six
interdits
Bravés
sept fois
A faire son
huit
Bien clos
sur soi
Muse en
sursis
L’art n’est
plus roi
Neuf
n’est pas dix
Car c’est la
Loi :
Vivre un
défi…
…Pour mettre
au pas
Onze
isolés
Autour d’un
plat
Doute
attablé
Après le
glas.
Douze
hors des « si »
Mais
treize là
Quatorze
ainsi
Sur même
« la »
Tous hors de
l’huis.
Partir d’ici
A haute voix
Choeurs d’un
récit
Mus dans la
foi
Au seul
Esprit
Aile de
l’Ange
Pour un long
cours
Mêmes
phalanges
En même
amour
Vent qui
engrange…
Gasville
24/03/02
Il va faire
nuit…..
Il était sur
sa branche,
Sans pensée,
oeil hagard,
Pupilles
dilatées,
Plumage des
dimanches,
Ses houppes
écartées
Dans le soir
qui se penche
Prit son vol
sans écart
Tout droit,
hors des clartés.
Il était sur
sa branche
Craie en
main, oeil hagard,
Pupilles
contractées
Sous la
lumière franche.
Il cherchait
des regards
Opinant ou
butés
Dialectique
étanche
Pour
conclure sans écart
Au droit de
ses clartés.
Il était sur
sa branche
Coeur
battant, oeil hagard,
Aisselles
écartées
Sang de noir
ou de blanche
Lui voilant
le regard
Souffrance
martelée
Par des
chants de revanche
De rires
sans égard
Sans droit à
la clarté.
Il était sur
sa branche
Vidé de son
regard,
Les bras
écartelés
Pour que
l’amour s’épanche,
Qu’aucun don
ne s’égare
Volonté qui
enclenche
L’abandon
des brancards
Au droit de
sa clarté.
Gasville
30/04/02
Des rêves
indociles
Les songes
au matin
Se sont
éparpillés
Au béant des
fenêtres
Dans
l’incertain du jour.
Ils
naviguent éveillés
Vers des
môles, au rebours
De leur cinq
espérances
Point
cardinaux et moi.
Pourquoi
reviendraient-ils
Après la
découverte
Des fabuleux
néants
Des heures à
égrener
Qui
ramassent en leur bourse
Tous les
grains , sans nuance,
Paroles
torréfiées,
Pollens
émailleurs
Sous les
élans d’hier
Dans des
landes tombés.
L’art de
fleurir les prés
Aspire à
ressemer
Ces graines
de l’ailleurs
Quand
l’horizon s’éteint
Que tout est
oublié….
Une
insondable course
Selle ses
palefrois
Pour un
nouveau galop
A dépasser
l’en-soi
Qui ne veut
plus penser
Mais veut
aimer sans mots.
Gasville
01/05/02
Qui fera le
Jacques ?
Une aube
taciturne
Ou un triste
matin,
Quand notre
coeur galope
Vers un
dernier scrutin
Pour que
l’injure se lave
Sur papier
recyclé
Au bleu
d’une enveloppe
Dans le
secret des urnes ?
Désamour
qu’on enclave
Bâillonné de
passion
L’élu ou
l’exilé.
La sentence
est fatale,
S’endeuille
de l’élection
A peine
capitale…
Et tombe le
couperet
Sur la joute
bavarde.
Sans joie et
sans regret
L’avenir se
hasarde
A suivre
pour un temps
L’homme que
l’on condamne
A parler de
printemps
A semer
notre manne,
Guider nos
émotions,
Quitte à y
perdre l’âme
En cette
exécution.
Paris
05/05/02 18h Avant
les
résultats de la présidentielle
Anniversaire
d’un quatrième numéro
Ralliant
Le port
L’allant
Très sport
Aux dents
Le mors
Treize ans
Trésor
Paris
02/11/01 (retrouvé)
Attente en
solo
Je
t’attendais ici comme aux soirs d’espérance
Où l’on sait
que la nuit qui conduit au matin
Inventera
pour nous un nouveau pas de danse
Dans des
lumières d’aube et des rêves sans tain.
Et puis ce
fut ta voix que ne suivit ton être
Lointaine et
sans éclat, monocorde refrain
Jouant en
contretemps pour n’ouvrir la fenêtre
Close sur
les jardins de l’amour en regain.
A la vitre
fermée aux vents de la douceur,
De mes
doigts de regrets faudra-t-il que je frappe ?
Et toi
entendras-tu au profond de ton coeur
Comme un
appel discret, fine corde de harpe ?
Elle vibra
jadis, accord d’un même « la »
Sur nos deux
instruments une même musique
Face à nos
partitions qui nous unissaient là
Clé de sol,
clé de fa, clés de voûtes identiques
Aux fleurs
de la mémoire, aux bourgeons des promesses
Je sais que
tu viendras donner d’autres couleurs
Elles seront
plus vives et donneront richesse
A la note
des jours quand le « oui » est vainqueur.
Je
t’attendrai encore jusqu’à ce que tu viennes
Et le temps
sera court en composant pour toi
Un concerto
d’aveux, une valse de Vienne
A nous
bercer tous deux, rien qu’une seule fois.
Gasville
03/08/02
125 poèmes
125 poèmes
Cherchent un
éditeur
Afin que
s’essaiment
Au gré des
lecteurs
Des grains
d’euphorie
Pour en
faire son miel
Contrepèteries
Au
conditionnel.
Bex
13/08/02
Cantique du
randonneur
Sois-tu
béni, ô Père
Toi l’abrupt
rocher
Pour tes
points de repère
Auxquels se
raccrocher.
Sois bénie,
toi la cime
Qui garde
ses secrets
Jusqu’au
moment ultime
Où l’effort
disparaît.
Soyez
bénies, sandales
Pour nos pas
réjouis
Quand les
vallons s’étalent
Sous nos
yeux éblouis.
Béni
sois-tu, ô frère
Pour les
sentiers tracés
Sous les
hauts conifères
Ombrant nos
corps lassés.
Sois béni,
toi le bois
Qui se
découpe en stères
Et fit
monter en croix
L’amour en
son mystère
Sois bénie,
eau limpide
Près bien
verts ou moussus.
Sois loué
notre guide
Dont le nom
est Jésus.
Bex
13/08/02
Léo’s
Birthday
Et si l’on
te parlait de fleurs
Dans les
brumes d’un jour de pluie
Et si l’on
te parlait des hommes,
Que la terre
en ses eaux relie.
Il faut
l’amour, il faut des coeurs
Des
printemps, le soleil, la vie
Pour que
tous puissent y germer comme
De fines
graines d’ancolies.
Tes quatorze
ans, temps de vigueur,
Pour
lesquels chacun se rallie
Ce soir pour
un nouveau « sitcom »
Vont défier
la mélancolie.
Léo deviens
agriculteur !
Tu vas semer
des grains de vie
Planter
corolles de couleurs
Epanouir
près de toi, en somme,
Vivants
pétales de survie.
Suivre les
conseils du vendeur :
Pots ou
bacs, même garantie.
Ce futur
« opus incertum »
Répandra
pour toi à l’envie
Tous les
parfums de tes bonheurs.
Prilly
10/08/02
Piercing
Ne tombons
pas dans le panneau.
Fini la
Méditerranée…
Pour
m’attacher à mon piano
Tout au long
de la belle année
Je m’y
lierai par un anneau.
Prilly
20/08/02
J.M.J. au
poil
Une pince à
épiler
Entreprit un
long voyage.
Une pince à
épiler
Se glissa en
un bagage.
Elle ne put
se défiler
Alors qu’un
douanier fort sage
La retrouva
empilée
Dans la
trousse multi-usage.
« Bien
partie pour défiler
Aux doux
pays des nuages. »
Chanta la
belle en anglais
Sans aucun
trouble de langage
« Je connais
les Propylées,,
L’Amérique
et les orages,
Le chant des
grandes assemblées
Qui donne
tant de courage… »
Et le
douanier lui dit : « Allez,
Retournez
vite en votre cage… »
Sans
barreaux dès lors elle est,
Réelle
liberté des mages
Et quand
sera régulé
Cet été de
haut voltage
Pour tout
outil exilé
Viendra le
temps du partage :
« Je ne veux
pas me défiler,
Et tout près
de son visage,
La vérité à
dessiller
Me fera
ouvrir la page ».
Paris
23/08/02
La vigne
familiale
Peut-être un
chant du cygne
Dans
l’arrière saison
En
grappillant la vigne
D’autres
générations.
Le haut mur
des mémoires
En soutient
ses sarments.
L’écorce est
grise ou noire
Dessous le
firmament.
Le cep un
peu rustique
Se perd aux
souterrains
D’une terre
elliptique
Qui a nourri
ses grains.
En distiller
l’histoire,
Les cueillir
un par un
Vendangeurs
transitoires
Qui en
feront leur vin.
Les feuilles
sont jaunies
A la vrille
des temps,
Les grappes
réunies
Vont
célébrer l’antan.
On les voit
suspendues,
Juteuses,
mûries à point
Pour ces
âmes frileuses
Qui vont en
prendre soin.
Elles seront
dans la tonne
Foulées
selon les crus :
Exaltées en
Bourgogne
Au gré des
ors perçus.
Mais de la
Normandie
Leur jus est
aigrelet,
Le pampre en
Picardie
Tout aussi
verdelet
Si celui de
Savoie
Réjouit le
gourmet.
L’Amérique
est sa voie
Pour y
fleurir les mets.
Dans l’ombre
d’une cave
Le nectar
est couché
Il attend
l’heure grave
Du passé
débouché
Où se goûte
la treille
En toute
hérédité
Pour
abreuver l’oreille
Des suc
d’éternité.
Gasville
01/09/02
Fructose
C6H12O6
Les fruits
du jour
Sans fruits
d’amour
Feront un
four.
Les fruits
sont cuits.
Au long des
nuits
Les fruits
s’ennuient.
Les fruits
tentables
Voient sur
la table
Le jus
d’érable.
Les fruits
chewing gum
S’arrosent
au rhum
Saveur
« peplum ».
Les fruits
pour Eve
Sont pleins
de Sève
Au fil du
rêve.
Les fruits
de grume
Désirs
allument
Les fruits :
« -Aux plumes ! »
Le fruit
d’Adam
Fond sous la
dent.
Qui est
perdant ?
Gasville
13/09/02
Syllabique
dérive
Douce
souffrance à disparaître
Dans les
mots obscurs ou traîtres,
Sans
importance. Amer retrait
D’intelligence qui se soustrait
A la
résurgence sonore
Dérive à qui
les déshonore
Fonds de
mirages, lointains abords
Où la pensée
noie ses accords
Pêche au
ressenti qu’émerveille
L’absence du
verbe s’il éveille
A l’interne
regard. Pâle vieil
Art du
langage toujours pareil
Voile de
syllabes ternes ou mortes
Qui se
gonfle ou qui s’emporte
Au quai
brumeux de nos imports
Sans
appétence dans les ports
Pourtant
vivants ces mots encore
Ces
mots-prisons pour s’y enclore
Vacuité de
sens en décor
Présences,
néant tirés au sort.
Toi
peut-être en ces paroles
Extrairas-tu
nouveau symbole
Ancreras-tu
ces pieds au sol
Pour te
mener jusqu’à l’envol ?
Paris
22/09/02
Il est mort
seul
Le mort est
seul dans cette église.
Que de monde
en ce jour pourtant
Se pressant
sous la voûte grise
Pour mieux
l’oublier en sortant.
Vont-ils
chanter, choeur sans paroles,
Audibles
seulement en secret,
Pour
eux-mêmes, comme une obole,
Un présent
qu’ils offrent aux regrets ?
Vont-ils
pleurer, s’ouvrir aux larmes
Sur l’avenir
interrompu,
Le leur
aussi : Ils sont sans armes
A devoir
survivre impromptu ?
Vont-ils
rêver en solitaire
Et revisiter
le passé,
Leur
jeunesse, leurs joies solidaires
Leurs liens
avec le trépassé ?
Vont-ils
bénir ces tendres restes
Oeil sec,
aride goupillon,
Mesurant le
temps qu’il leur reste
Pour
débusquer leurs illusions ?
Vont-ils
ouïr le chant du psaume
Qui les
conduit aux champs de Dieu
Où le berger
ouvre ses paumes
Pour
accueillir ses bienheureux ?
Vont-ils
prier, la foi sereine,
En confiance
près de l’isolé,
Qui ne l’est
plus quoi qu’il advienne
Puisque Dieu
vient pour consoler ?
Son coeur
est le feu où s’attise
L’espérance
qui conduit au ciel.
Jésus meurt
seul pour faire église.
Sa croix fut
son premier autel.
Pour cette
âme se réalise
Ce qui fut
son choix essentiel
Car la voilà
qui s’éternise
D’avoir aimé
en « immortel ».
Elle n’est
plus seule en cette église
Dans les
bras du Père éternel.
Gasville/Coltainville 29/09/02
Les
cryptogames font la recette
(
comptine )
Les
champignons
Des
petits nains
Qu’ils sont mignons
Près des rondins
Qu’ils sont trognons
Dans le jardin !
Danse et chansons
Dans les plantains
Les
yeux tout ronds
Vont mes lutins
C’est réveillon
Dès
le matin
S’il est midi
Dans le poêlon
De
l’appétit,
Ail
et oignon,
Poivron persil
Grésilleront
Les
champignons
Aux
doigts de thym
S’engloutiront
C’est bien certain
Jus
de citron ?
Larmes de vin ?
Les
champignons
Des
petits nains
Au
Sauvignon
Sont les plus fins.
Qu’ils sont trognons
Sous le gratin !
Prilly – Gasville 09/02
Départ en vacances – en ex-argot –
Dépêche, allez Bibiche
Faut qu’on parte en voyage
Sème en tes sacs en friche,
Que
tu nommes « bagages »
Tes
oripeaux râpés,
Tes
crèmes et tes cirages
Qui
font la peau plus riche
Des
chaussures au visage…
Ainsi nous serons prêts.
Le
temps il est bien chiche
Ne
le mets pas en gage.
Dépêche, allez Bibiche
Nous allons démarrer.
Et
si ton coeur décolle
Tu
trouveras sans doute
Au
fonds de la bagnole
Comprimés d’autoroute
Avec le tire-bouchon
Pour stopper sans parole
En
regardant la route
L’effet de jambes molles.
Serre ton ceinturon
Fixé à la casserole.
Presse-toi un peu Louloute
Pour poser tes bricoles
Et
maintenant… Partons !
…
Alors, ça va Cocotte ?
Malgré la forte pluie
Cette échappée me botte
Aussi « TOP « qu’ un rallye
Qu’il faut gagner : « dur, dur « !
…
Ça
n’te fais pas envie ?
Tu
n’as pas la bougeotte ?
…
Avec moi sois polie
Ou
je fonce dans le mur
…
Quoi ! Le moteur toussote,
Les
vitres sont salies ? !
Mais n’ai pas peur, Sosotte
On
arrivera c’est sûr
Et
où va – t’on, ma chatte ?
«
Loin de la capitale ! «
Certain que ça t’épate,
La
surprise est totale :
«
La chasse aux escargots ! «
Depuis que l’on s’ trimbale
Faut dégourdir ses pattes,
Dépresser la pédale ,
Eviter le resto.
..
Un
jour qui fera date,
Diversion idéale…
Eh
bien tu vois, ma Chatte,
Ce
sera le plus beau !
…
Que
dis-tu ma Minette ?
Ma
caisse, faut qu’elle s’arrête !!
Je
connais la musique :
T’aimes pas l’accordéon.
Et
puis c’est sans réplique
Quand , toi, tu fais la tête…
…
Prends tes claques et tes cliques
Et
cherche un camion…
Vas
– t’en donc faire la fête
Place de la République !
Adieu ! Tire – toi, Crevette,
Dans l’autre direction…
….
…
Maintenant, bien tranquille,
En
solo j’embouteille,
Espérant que ça file…
Au
pays des abeilles,
J’ai quand même le bourdon
A
gagner de l’oseille
En
virant les débiles !
Mais comme je fais merveilles
Pour charmer les guenons
Ça
me sera facile
De
joindre une meuf pas vieille,
Une
qui rêve d’idylle
Au
pied du champignon
Allez
… en route ….. Gasville 10/10/02
Les tomates osent
Et du
fond du jardin
Au
rebord de fenêtre
A la
couleur plate
Elles
ont fait leur chemin
Croyant de tout leur être
En
vaillantes tomates
Que
le vert espérance
N’a
plus de lendemain.
Pâlichonnes et fluettes
Elles
ont suivi le vent,
Gonflant leurs joues verdâtres,
Rosissant en coquettes,
Intimidées pourtant…
On
voudrait qu’elles dansent
Quelqu’entrechat gracieux
Sur
un plat de faïence,
Romaines en rémission
Bien
frileuses à nos yeux.
Molles pour la cadence,
Elles
feront une ronde
Rouges de confusion
Pour
se faire pardonner
Cette
chair inféconde
D’automnale illusion
Qui
tire sa révérence.
Gasville – 15/11/O2
La fleur du temps
Y
aura-t’il au soir
Du
doux Noël
Un
court poème
Un
grain d’espoir
Saveur de miel
Qui
se sème
Pour
donner dans le noir
Le
fleur du ciel
Qui
te dit : « Aime ! «
Paris
14/12/O3
Siphonie
Comment saisir entre les doigts
Les
turbulences d’une eau dormante
Quand
s’agite en muet tournoi
Sous
la surface lisse et brillante
L’impitoyable tourbillon ?
Danse
ignorée qui tout aspire,
Engendrée au secret des fonds,
Sous
le silence creuse sa spire
Prête
à ouvrir son grand oeil rond.
A
genoux alors penche-toi
Tu
verras jaillir la spirale
Avide
de faire mugir sa voix
Long
glapissement, chasse royale
De
toute brindille aux abois.
Lettres d’amour, feuilles d’automne
Fléchissent au frémissant carquois,
S’y
engouffrent et puis s’abandonnent
Inhalées par l’oubli narquois.
En
quelque lieu, loin de l’amont,
N’espère pas une résurgence…
Et de
retour, nul n’en prévoit.
Elles
ne pourront saisir la chance
De
s’arrimer au pied d’un tronc.
Si
noyer tes pensées parfois
Evitait qu’elles ne réagissent
Sans
drainer l’âme en désarroi
Vers
le désamour en abysses ?
A
l’eau qui dort fais attention…
Paris, 14/12/02
Il te fait signe
Dis-moi
As-tu connu la paix
Tout au bout de la guerre ?
Tais-toi
Couvre d’humus épais
Mémoire en fondrière
Pourquoi
Voudrais-tu oublier
Le chant des cimetières
Ces voix
Aux vents des peupliers
Qui rappellent à la terre
La croix.
Pourrais-tu pardonner
A ces corps de poussière
Leur loi
Dont tu as supporté
Sur ton coeur en sous-verre
Le poids
Vas-tu te condamner
A noëls solitaires
Sans foi
Bien que l’Enfant soit né
Pour rayer ta misère
Du doigt
Qu’Il t’incite à plonger
En Ses rais de lumière
Au choix…
Paris24/12/02
Spécieux entendement
Non, rien ne survient sans raison
Sans une source qui active
Les
extrêmes du diapason…
Le
métronome est en dérive
Si
la raison est toujours là
A
souffler l’étincelle native
Celle qui s’attise au simple « la »
Et
qui sait faire chanter les rives
Lanceurs d’aube ou voleurs du soir
L’Autre et l’instant n’ont pas de terme
Le
randonneur est sans espoir
Pour parcourir sa terre ferme.
Elle n’est pas sienne, il n’a pouvoir
Que
d’y frotter son épiderme
Joies d’un présent sur présentoir
Où
s’y mêle l’Au-delà qui germe.
Floraison future, avenir
Qui
s’espère et se fertilise.
Le
marcheur veut la réussir
Par
hypothèses qu’il verbalise.
Parfum précoce , premier soupir
Quand l’imagination s’épuise
A
tirer la feuille pour grandir
Sans la nuée qui l’avalise…
Le
sablier dose l’ennui,
L’errance au désert continue
Obscurité , lumière et nuit…
La
tige élève son ombre nue.
Est-la fleur qui s’épanouit
Aux
vents des âges, frêle et menue
Sans penser aux temps inouïs
Où
la raison sera perçue ?
Fileurs d’aube, enrouleurs du soir
L’Autre et l’instant toujours sans prise…
Le
randonneur reprend espoir
Il
attend toujours sa surprise
Au
coin d’un jour apercevoir
L’âme du monde qui divinise
Le
moindre abandon des savoirs
Serait-il un nouveau Moïse ?
Gasville 01/02/03
Ma Sagesse thé
Elle est chinoise, indienne ou russe
L’heure que Socrate pressentait.
Elle anglaise bien des astuces,
Nous conforte de ses bienfaits.
Aux
disciples, son auditoire,
Le
Sage quand il disait : » Sachez »…
Leur demandait une passoire
Pour y sasser la vérité,
L’utilité et la … « bonté ! ».
Elle est bonne, utile, véritable,
L’heure qui va nous réunir,
Les
mains croisées dessus la table,
Le
palais prêt à ses plaisirs.
Elle apaise au milieu du jour
Par
les feuilles du « Bois Sacré »
Et
la fatigue et nos amours.
S’asseoir, attendre et … espérer
Que
s’exhale dans la porcelaine
La
survie d’étés infusés.
Ce
thé en tasse, à perdre haleine,
Se
déguste en félicité.
Savoir qu’ici tout y arrive :
La
confiance entre vieux amis,
La
sympathie d’une autre rive,
Le
sucrier et … nos « merci »,
Le
sang-froid qui veille aux dérives
D’un lyrisme un peu débridé
De
l’imagination trop vive
A
louanger l’heure en beauté :
« Méridienne de mon repos »
« Sofas des thés au logis »
« Causeuse de nos à-propos »
« Voltaire de nos mots-croisés »
« Banquette de mes non-dits »
« Divan de ma Corne d’Or »
« Bergère de mon pré carré »
« Canapé de mes appétits »
« Moelleux coussin d’amour-à-mort »…
L’heure est chinoise, indienne ou russe
Qui
nous redresse au thé du jour,
De
nos contours nous réajuste
Pour rayonner du bel amour ?
Comme une rue… la vie/
Longue rue recourbée
Qui
accroche un clocher…
Il
pointe sa vertu d’ardoises effilochées
Vers le ciel enrobé
De
nuages fendus.
Deux mains entrelacées
Se
nouent près des pavés
De
l’enfance écolière.
Intimité blessée
Par
le porche à fermer
Sur
les fils ou les mères.
Pluie fine éparpillée
N’épuise sur les toits
De
voitures en sommeil
Que
les gouttes éveillées
Aux
visées de l’exploit
D’un départ au soleil
Larmes non effacées
A
devoir résister
Aux
petits bras tendus.
Près du mûr de rentrée
S’affichent les regrets
D’un passé suspendu.
Pauvre rue ébréchée
A
perdre ses étais
Aux
rayons de midi.
Façades écorchées
Quand se meurt un été
De
désirs dessaisis.
Longue rue recourbée
Qui
s’accroche au clocher
Pour pointer sa vertu
D’ardeurs effilochées
Vers le ciel assiégé
De
visages perdus.
Paris O2/O3/03
Evanescences
Sont-elles, ne sont-elles pas
Celles qui nous furent données,
Branches de leurs auras,
Cardinales, ordonnées.
De
l’est elles brillent au pas
Par
les cieux pardonnées
De
partager la foi en notre destinée,
Etoilant les exploits
Nocturnes des années.
Naissent-elles, naissent-elles pas
De
joies abandonnées
Des
mains d’un soleil,Râ,
Quelque peu carbonées ?
Filles d’un nouveau Roi,
Les
« Estelles sont nées «
Paris,06/03/03
PRINTEMPS
J’avais enfoui dedans la terre
L’interrogation des amants…
J’espérais qu’elle restât mystère
Au
creux de mes atermoiements.
Question déposée sur la feuille
Pour qu’elle s’incline au grès des vents,
Secoue les doutes qui m’endeuille
Et
m’éparpille sur les antans.
J’ai mis un miroir dans les branches
Pour que s’admirent les oiseaux,
Que
s’y réfléchissent en dimanche
Tous mes souvenirs en biseau.
J’
ai mis la tête sur ton épaule
Dans l’espoir d’entendre ton coeur,
Le
mien est sorti de sa geôle…
J’ai lu la réponse dans les fleurs.
Gasville 15/O3/03
Etrange théâtre d’ombres
Reptation mimétique d’ondes
Invisibles d’un insidieux réveil.
La
terre éclate de son soleil !
Une
toiture ondule
Griffant de zinc terni
Des
vitres de croisées ;
Et
les zébrures grises
S’allongent à la surprise
Des
secondes englouties,
Des
couleurs révélées…
Diagonales avides
S’éclairant vers l’Ultime
Affamées, se basculent
Dans le jardin voisin,
En
nos enclos intimes…
Un
parcours intrépide
Qui
jamais ne recule
Vers l’ellipse gravée
Dans la pérennité
D’attente qui est nôtre.
Du
rayon de lumière
Ou
d’un temps incertain,
Qui
des deux sur la terre
Demain devance l’autre ?
Paris, 03/04/03
L’Ange Musicien
Consommateur de chance
D’essence et de jasmin
Tes
notes se balancent
Aux
branches des chemins.
Clé
de nos pas de danse,
Rythmes rock, pop ancien,
Tu
es la récompense,
Sono des magiciens.
Tu
oublies la malchance
Quand serpentent tes reins
Sous folles confidences
Des
couplets et refrains.
N’ignorant pas la science
Des
micros aériens
Tu
montes la puissance
Bon
électronicien (ou informaticien, au choix)
Et
par la persistance
De
chansons en essaim
On
rêve l’existence en sage parnassien.
Les
fleurs, futures semences,
Cueillies le lendemains
Au
champ d’amour immense
Font survivre l’humain.
S’enroule ta présence
Autours de nos destins
Pour poser en confiance
La
terre entre nos mains.
Bel Ange
musicien…
Bel Ange
musicien…
La
terre entre … nos mains…
A
Hilaire et à Raphaël
Gasville 13/04/03
(Pour mise en musique)
La Cueillette
Violette, tu t’entêtes
A
cacher par modestie
Dans les bois et les forêts,
Ta
fleur à demi-ouverte.
Violette, tu t’inquiètes
Si
je vais dans la prairie,
Dans la cité ou le pré
De
ne voir que feuilles vertes.
Violette, tu t’apprêtes
De
bouder ma mélodie,
Tes
pétales en sol mi ré
Au
printemps doivent renaître.
Violette, sois coquette,
Viens te joindre à mes envies.
Quitte ta frilosité,
Ta
corolle est découverte.
Violette, ta conquête ,
Pour t’unir à mon bouquet,
Sera laborieuse, certes,
Mais je me jette à tes pieds !...
Gasville 19/04/03
Pour
Hilaire et sa musique
Camélia Song
Là,
planté près de la maison
Clôturant son seuil d’horizon,
Sa
destinée rougie de briques,
Normalisées, à l’identique…
…
Le camélia s’est rebellé,
Un
peu camé, s’en est allé
Dire au papier, sur une rame :
« Je voudrais retrouver Ma Dame ! »
Auprès d’un livre, au bord des larmes,
Face à l’écrit, sa dernière arme,
Il
l’a trouva… A refleuri
D’amour pour elle. Il a remis
Pousses nouvelles, s’est redressé
Loin des frimas, a vernissé
Tous ses appâts en verte masse,
Attendant que la Belle passe…
Or,
son Etoile se promenant
S’étonna de ce revenant,
Tout coeur ouvert en coeur de rose.
« Qu’elle me cueille ! Pourvu qu’elle ose ! «
Se
dit l’arbuste à sève ardente.
Sera-t-elle hautaine, méprisante
Aux
pétales de ma beauté,
Que
bientôt elle pourrait m’ôter ?
Ce
fut un fervent repiquage
Quand elle orna près du visage
Son
oreille d’un bouton rosé
Qui
s’épanouit en long baiser.
Fin
des songes caravaniers,
Des
rêves du mas à nier,
Plus de regrets, plus de rupture :
Les
fleurs chantent dans sa chevelure …
Gasville 19/04/03
On
l’a planté aujourd’hui.
Détachement
Temps impotent résistant aux désirs
Luge transfuge où glissent les plaisirs
Entre les pentes serpentent nos soupirs
Siège qu’assiège le pouvoir de trahir
Lierre en filière au fil des souvenirs
T’attache, mais tâche d’oser ton avenir
Paris
16/04/03
Toiles
Par
les toiles de la vanité,
.Art ou menace,
S’exhibe la nudité
De
toute race.
Dans les toiles de l’oisiveté
Dort la bécasse,
Cerveau en précarité,
Sexe rapace.
Sous les toiles de l’autorité
Suivent les masses,
Cibles sans fraternité
Ouvrent la chasse.
Sur
la toile : un mot « Liberté «
Qui
tout remplace,
S’écriront des maux éclatés
Gommant sa trace.
A
la toile de la charité
Reste une place
Pour un regard de gratuité,
Le
doute en face.
Autre visage d’humanité,
Foi
faite Face…
Paris
28/04/03
En
la fête de St Louis-Marie Grignon de Montfort
Brûlée d’une autre soif…
Chemin qui divague
Au
coeur des semblants,
Mémoire gyrovague
Aux
pas indolents
Sortie de la vague
Aux
marées du temps,
Je
mets une bague
Aux
ondes du vent.
Sonores épousailles
Des
sens et du nord
Glaçant les entrailles
D’une âme sans port.
Captive à la source
D’argileux fardeaux,
Vidée par la course
D’altérés ego.
Près de la fontaine,
Qui
me trouvera
A
l’aube incertaine
Glauque et sans éclat ?
Au
bord des déboires
Et
des faux serments
Te
donner à boire
Devient mon tourment.
Si
tu le demandes
Je
te dirai « Oui «
Hors des sarabandes
A
l’heure de midi
Sable des margelles,
Traces des pardons,
L’eau fait étincelle
Quand je dis ton nom…
Paris
30/04/03
Frontière
Si
la vie n’est pas un exil
Et
si la mort n’est pas un pont
A
quoi cela servirait-il
D’avoir parfaitement raison ?
Gasville 06/05/03
La vie est commencée
(pour la naissance d’Eden Gardener)
Je
suis au Paradis
Et
pour la vie entière….
Pour celle à vivre ici,
Pour celle qu’on espère.
Dans mon jardin secret
Où
s’épanouit la flore
Je
n’aurai qu’un regret :
N’y
résider encore
Q’un temps avant d’y voir
La
fleur d’un éternel extase…
J’y
pourrais recevoir
Ceux dont les coeurs en phase
Avec le mien battant,
Soudés au rythme même
D’un Infini latent
Et
qui nous dit : « Je t’aime ! «
A
cultiver le beau
J’y
fleurirai mes ans
Céleste et vrai cadeau,
L’Eden est au « Présent ».
Paris
le 03/07/03
A Monsieur l’abbé ROSSO Presbytère de JOUY
Il suffit de dire « oui »
Il
a dit : « me voici » et son « oui » fut de choix
L’Eternité ainsi passera par ses mains.
Il
a suivi la voie tracée au champ de grâce.
Il
n’est pas la « Parole », mais il en est Sa Voix
Pour ouvrir au pardon aujourd’hui et demain
Et
réveiller la paix dans les coeurs en impasse.
Cela fait des années qu’il vit près de son Roi,
L’écoute dans la nuit, même jusqu’au matin.
Il
lui sourit partout, tout le jour quoi qu’il fasse.
Et
il parle de Lui, à tous ceux qui parfois,
Sous le poids du fardeau accablant leur destin,
Ont
oublié Son nom ou récusé Ses traces.
De
cet ami précieux, il en répand la loi.
Pour écrire en silence son épître aux Romains,
Il
en conte l’histoire… Comme Lui, il s’efface….
Personnelle, cette lettre … puisqu’à chacun sa croix.
Accepter dans l’amour l’indivisible Bien
Sans tout à fait comprendre combien est efficace
Ce
maître qu’il nous donne pour supporter le bois
De
cette lourde poutre qui fait de l’homme un Saint,
En
lui offrant des ailes pour vivre un face à Face.
Il
a dit : « me voici » et son « oui » est de choix.
La
Charité toujours jaillit entre ses mains :
Il
suffit de dire « oui », à Jouy comme à Ars.
Gasville 06/07/03
Pour un suivant anniversaire
Une
étoile en rébus
A
recensé ses armes
Totalisant, en plus
De
ses treize ans, ses charmes
Son
sourire, sa douceur,
Son
silence ou ses larmes,
Les
élans de son coeur
Souvent en bleu de parme….
Hors des toiles d’un sac,
Bien activées par elle,
Surgiront du hamac
Ces
valeurs, étincelles
Qui
rêvaient dans la nuit
D’un scintillement de flammes
Pour effacer l’ennui
À
faire bailler les âmes….
La
vie n’est plus la même
Quand brillent les vertus.
Elles posent leur : « Je t’aime »
En
question : « Que veux-tu
Que
je fasse pour toi,
Pour eux et pour moi-même ? »
Et
tous, devenons « Roi » !
Terminés, les problèmes.
Elle a plus d’un tour
Dans son sac, cette étoile
Pour éclairer les jours
De
vie qui se dévoile !
…. Tire du neuf et de l’ancien
Gasville 02/08/03 Pour marie B… et son sac
étoilé
Tarmac Y-D-AL
Aux
vents de grise vie,
S’est éventré l’espoir
Hasardeux de survie
Au
fond du grand nichoir.
Par
les trous, découverts,
Bancals et sans appui,
Les
oiselets frileux
Au
sol ont atterri.
Ailes nues, coeur peureux
Cou
tendu, bec ouvert,
Gobant graines menues
Aux
humeurs de l’hiver.
Et
sur la branche basse
D’une planque inconnue
Ils
attendent que passe
Le
chant de l’imprévu.
Dans la ville, enlisés
Bien que nés pour le ciel,
L’azur et les nuages,
Englués de cruel,
Privés de tout ramage,
Ils
espèrent un baiser
Aux
clameurs de délire ….
L’appel en jamais-su
Éveilla l’oiseau-lyre
Aux
turbines à trois coeurs.
Et
l’immense oiseau blanc
Plane sur leur bonheur.
Roule sur l’avenir
Il
vient ouvrir ses flancs….
Et
replier ses ailes
Sur
les oisons tremblants.
Ils
pourront s’y blottir,
Apprivoiser le zèle
Essentiel pour aimer,
Livrer leurs lendemains,
Leur joie à dérouler
Entre des grandes mains,
Rire, heureux, dans l’espace.
Quatre vont embarquer.
Ils
s’envolent confiants…
Chacun refait surface
Sur
l’aire d’amour du temps.
Paris 20/09/03
Poème retravaillé pour Marie Christine :
Tarmac à dérouler
Au
vent de grise vie
S’est éventré l’espoir
Hasardeux de survie
Au
fond d’un camp nichoir.
Par
les trous, découverts,
Bancals et sans appui
Des
oiselets frileux
Au
sol, ont atterri.
Coeur peureux, ailes nues,
Cou
tendu, bec ouvert,
Gobant graines menues
Aux
humeurs de l’hiver….
Sur
une branche basse,
Ils
se planquent, inconnus
En
attendant que passe
Le
chant de l’imprévu,
Privés de tout ramage,
Bien que nés pour le ciel,
Ils
espèrent un visage,
Des
baisers arc-en-ciel.
L’appel en jamais-su
Éveilla l’oiseau-lyre,
Turbine à trois coeurs nus,
Planant sur leur délire.
Il
vient ouvrir ses flancs
Et
replier ses ailes
Sur
les oisons tremblants,
Apprivoiser le zèle
Essentiel pour aimer,
Rire heureux dans l’espace….
Tarmac à dérouler
Pour s’envoler confiants
Et
refaire surface
Sur
l’aire d’amour du temps.
Évelyne Delaye 2003
Ni vu ni connu ….
Entr’ouvre la porte
Aujourd’hui
De
la chambre forte
Des
non-dits
Fouille au fond du coffre
Et
choisis
Bien ce que tu offres
À
l’oubli.
Ferme la fenêtre
Au
sanscrit.
Aligne des lettres,
Puis écris
Sur
mémoire blanche
Ton
avis
Lis-le et retranche
Le
mépris.
Exprime en rupture
L’inédit
Sans littérature
Ni
verni.
Et
tu te le donnes
En
ami
Pour qu’il s’abandonne
À
merci ….
Paris
le 26/05/03
En des flacons d’albâtre
Ils
défilent, tous, par quatre,
Comptent chacun vingt ans ….
Infantiles et folâtres,
Ados ou bien contents
De
la force d’un âge
Qui
pourrait achopper
À
l’heure de remplissage
En
ces flacons jaspés.
Leur ligne se profile
Sur
l’étagère du temps.
À
la file, ils s’empilent
De
l’hiver au printemps.
Quand brille un feu dans l’âtre,
Rapprochant de l’antan,
La
mémoire idolâtre
Entre ses mains les prend,
Les
débouche et respire
Par
anticipation
Les
parfums qu’elle désire
Au
gré de ses raisons.
Voilà que s’en échappent
Les
effluves contenus ..
Mais nul ne les rattrape,
Aucun n’est revenu.
Arômes insaisissables
Et
gardiens un peu fous
De
nos jours insolvables,
Ils
sont bien devant nous.
Souvenirs qui s’exhalent
Nous surveillant en coin,
Ils
relancent la balle
Pour nous porter plus loin
Et
fixer le bel âge
À
celui de demain.
Paris
28/11/03
(dans
24h. ce sera un anniversaire à fêter)
Octante-sept échos des cols hauts en cols blancs
À
perdre, il n’y a plus de temps.
Aux
pieds des monts, nous y sommes.
Il
faut grimper en cet instant,
Parvenir au sommet du dôme…
Alors partons le coeur battant.
On
va marcher sans télésiège
Afin de planter un drapeau
Sous les flocons d’épaisse neige
Qui
masquent des angles nouveaux.
À
geindre, il n’en est plus temps
Comment regarder en surplomb
Les
vertes pentes arborées,
Fragile grâce des vallons,
Près des eaux bleues … subodorées …
Si
pures … Il y a bien longtemps.
La
brume, hélas, les assiège …
Devrait bientôt se dissiper.
Il
faut donc éviter les pièges
Qui
consistent à les ignorer.
À
feindre, il n’en est plus temps.
Allons ! Confiants et énergiques
Jusqu’à ces plateaux de débats.
L’économie souvent cynique
Ne
gagnera pas ce combat.
Alors, partons d’un coeur ardent
Rencontrer l’avenir plus haut,
Y
maintenir sa permanence …
Et
chanter à tous les échos :
« Marche à l’heure » notre seule chance.
Attendre, il n’en est plus temps.
Et
de la ligne d’horizon,
Sur
fond de cimes magnifiques
S’étendra de bonds en rebonds
La
rumeur aux accents lyriques,
…
« Marthale…eer… Marthale…eer »,
Réponse de l’écho logique,
Octante sept fois répétant
« La victoire est déjà dans l’air
À
la cote de trente pour cent. »
Alors ? Montons le coeur battant.
Paris
le 05/12/03
(Pour
une élection à Lausanne)
Hydro métrique
Scission irrévocable
Entre le vrai, le faux :
Nuit et lumière pures
Première sortie des flots
Fin
de l’interchangeable
Notre monde est bien né
En
séparant ses eaux.
Et
de la terre arable
A
la mer des roseaux
S’en va la créature
Au
rythme crescendo
de
désirs insatiables,
Rusée, usée, blasée,
Aux
ordres de l’ego.
Cathédrale de sable
Avide de ruisseaux,
Sous humides voussures
A
déifié ses veaux,
Corps à coeur dissociable
Silice délitée
Séchant ses marigots.
Est-elle intarissable
et
pérenne cadeau,
La
source au doux murmure
Capturée par tuyau ?
Énergie transportable
Potable et déportée
Vers chimiques silos.
Lassée, l’onde ingérable
Sous le ciel indigo
Délaisse les pâtures
Et
vide tous les pots,
À
rétrécir nos tables.
Est-ce note à payer,
Prévisible topo ?
Pleurer l’intolérable
Sur
fond de météo,
Battre contre nature
Nos
coulpes en écho.
Larmes irréfragables
Des
esprits alarmés,
Elles seront sans repos
Pour devenir affables
Ces
bénéfiques eaux.
Espérance future
Raisonnant en réseaux,
En
amour irrigables …
Sagesse à « scientiser » :
Préserver l’ H²O *
Ne
serait-ce qu’une fable ?
Paris
13/12/03
*formule
chimique de l’eau
Mirages virés
(Chanson)
Il
est des jours sans poids …
Légers …
Comme un premier avril.
Il
est des jours qui noient
Tous les chagrins subtils
Dans l’air pur de tes yeux …
Légers …
Au
printemps des amours
J’y
planerai toujours
Pour happer les baisers …
Légers …
Étincelles de l’âme
Flambeau d’homme amoureux.
Il
est des jours sans choix …
Glacés …
Comme un premier grésil.
Il
est des jours qui ploient
Sous des chagrins subtils
Dans le froid de tes yeux …
Glacés …
L’hiver est sans recours,
Balancer ses amours
Pour mieux feindre et glisser …
Glacés …
Sur
patinoire sans âme :
Salto d’homme frileux.
Il
est des jours sans toi …
Chantés …
Comme un premier babil
Il
est des jours qui voient
Comme un pardon subtil,
Cet
oubli dans mes yeux …
Chantez ! …
La
joie est de retour.
De
nouvelles amours
Y
viendront s’y mirer …
Chantez ! …
Sur
les cordes de l’âme :
Solo d’un homme heureux.
Paris
17/12/03
Pour l’anniversaire d’ ARLEY ?
J’ai compté cinq ans
Sur
le bout des doigts
un-deux-trois-quatre-cinq !
Et
si l’on me croit,
Ils
laissent passer
Beaucoup de baisers
Et
toute ma joie
Pour vous et pour moi.
Cinq
petits malins,
Se
posent avec joie
Au
bout de mes doigts.
Cela
fait cinq ans
Qu’ils laissent passer
Sourires et baisers
Pour
vous mes aimés.
J’ai mis ma main
Tout devant moi.
J’ai mis cinq ans
Au bout des doigts
Très écartés,
Laissant passer
Sourire et joie
Jusqu’à demain
Et des baisers
Pour tout le temps.
Paris
le 11/01 /04
C’est
un anniversaire, celui d’un enfant sage
Qui
partage un gâteau et reçoit des baisers.
Oui,
je suis tout joyeux de préciser mon âge
Regardez mon visage et regardez ma main :
Il y
a cinq années, et d’hier à demain.
Mes
cinq doigts écartés qui libèrent au passage
Mes
larmes et mon sourire pour vous, mes bien-aimés.
Gasville 03/01/04
Graines de ces âmes
Ces
granules de vie
Aux
gènes d’aventure,
Vert-tige, mutants rébus,
N’usent de couleurs pures,
Sans choix d’autres rhésus ;
Et
d’emblée en survie.
De
ruptures en sutures,
Par
d’éprouvants exploits
Leur masque se débusquent.
Sur
ces têtes de bois,
Leurs parures et leurs frusques
S’offrent à la déchirure.
Vert-tige ou rousses feuilles,
d’inconscient germinal,
Gravides de toute chance,
Sans savoir qu’au final
Un
souffle d’espérance
Par
voltige les cueille.
Elles s’altèrent ou s’engrangent,
Surgeon ou résidu,
Au
regain des années…
L’humus aura perçu
Bien des nouvelles-nées
Sous le râteau des anges
Dans le champ des élus….
Leur poids de destinée
est
essor de mésange.
Paris
31/01/04
À Daniel Lancelet
À
reculons, j’allais hier
Goûter aux Saveurs-Poésies,
Prosaïque, le coeur un peu fier,
Néophyte et sans frénésie.
Et
voilà que nous fut servis
À
la table, dorés sur tranches,
Manne d’humour et mots choisis,
En
vers gravés sur nappe blanche.
Mélange fluide et galactique
À
boire : en ce lait rémanent
Pêcher des perles de rythmique.
Se
délecter, tel un enfant ….
Puis je m’en fus, livre à la main
Pour dévorer sans réticence
Ce
qui pouvait se lire « demain » !
Mais la page « un » se recommence ….
Paris
08/02/04
De profundis pour un parc
À
leur cime, dans des cabanes,
Des
hommes venaient les consoler.
La
révolte était surannée.
Les
tueurs préparaient leurs armes.
Ils
sont venus en février :
Photos, sirènes et gendarmes.
Dès
lors le pin fut condamné
À
s’abattre devant la télé,
Aux
grand plaisir de millier d’ânes.
J’étais alors un vieux platane
Qui
pensait se faire élaguer.
Pourtant à l’aune des années
Me
restaient encore quelques charmes,
Bien que je pusses peu plier.
En
cachant parfois quelques larmes,
À
l’aube de mes journées,
Je
pensais au chêne enchaîné
Qu’une scie fit choir sur le crâne.
Ils
sont venus les tronçonner …
Et
je suis le seul rescapé.
Paris-Gasville 14/02/04
Sortie de disco ….
Les
doigts crochus des trémolos
Ont
trébuché sur les pianos …
Ont
froid aux reins, ont froid au dos
Ténors, rappeurs et sopranos
Sous les crochets d’un frais matin,
Où
la bise après les bises,
Est
la cerise sur le gâteau.
Où
vont-ils mes alter-ego
Renvoyés dehors dos à dos
Au
défunt écho des sonos,
Tanguant à perte de micro ?
Il
est temps de se prendre en mains,
Surtout si la prise défrise,
À
bobiner sa libido.
À
l’air nu, ils tentent un tango
Pour les conduire jusqu’à l’auto,
Aux
nostalgies d’un jour nouveau.
Si
le regret joue son fado
Ils
effritent leurs lendemains,
À
la guise d’une place assise,
Au
karakoé d’un métro.
Quand le transport n’est plus cadeau,
Les
sempiternels chers pipeaux
Sous les tunnels en staccato
Cèdent leurs rêves. Decrescendo
Ils
s’épuisent sur le chemin.
En
crise de matière grise
Seront laissés sur le carreau.
Gasville 24/02/04
Infaudioptimisme
Ondines de l’urgent
Catimini des ombres
Astiquées sur l’argent,
Catastrophes ou décombres.
Insondables accords
Pour faux-semblants qui saillent
Rehaussés par les cors
En
salves de mitraille….
Prévisible moisson
Bien avant les semailles,
Ces
jets d’ondes en son
Rapprochent les batailles.
Et
nos « intelligents »
Nous livrent à la cavale
de
ces mots indigents
Susurrés en rafale,
Ouverts au désespoir.
Il
est déjà pénombre…
Sans nous, il ferait noir.
Non, le navire ne sombre !
Parti-pris subjectif
Sur
ces jetées de pierres
Un
rectificatif
Qu’ébruite la lumière ?
Et
l’espoir d’un étier
Où
vont les pas du monde
Qui
noie l’inimitié …
Notre tête est bien ronde
Les
dès pourront tourner.
Gasville {04/10/03-04/03/04}
L’oreille à souvenirs
En
ce pérenne asile
Où
l’on se meurt d’ennui
Le
soleil en vigile
De
dimanches en lundis
Poudre l’âme fragile
De
timides éclats.
Il
suffit d’une porte,
D’une main pour ouvrir,
D’un sourire qui s’apporte
Au
furtif soupir,
Mélancolique escorte
D’un coeur en ses aplats.
Et
la mémoire s’emballe
Sur
les gazons coupés
Des
souvenirs…. Dévalent
Ces
rayons du passé,
Une
étrange cavale
zigzagant en lacets
Pour que le « dire » soit là.
Tribunal de vie
Où
se pèsent les jours,
Enquête poursuivie
Dans le contre et le pour
Des
années resservies
Décorées tout autour,
Présentées sur un plat.
Des
jugements sans doute,
Impérities ou lois,
Dialogues sur écoute,
Les
rires d’autrefois
Pour reprendre la route
Interrompue parfois
Sans accorder son la.
Quand se ferme la porte,
Silence désarmé,
Ressurgit la cohorte
Des
mots à libérer.
Essences d’amours mortes
Cloisonnées désormais
Vivantes par delà ?
Elles glissent, fumerolles
De
volcans en sommeil,
Leurs douces girandoles
Pour tenir en éveil
L’espoir que la parole
Soit le char du soleil
Qui
rejoint l’Au-Delà.
Paris
14/03/04
Un doigt de repentance
Timide cartographe d’un mouvant paysage
Où
se joignent les pics des rires ou des adieux,
D’un doigt précautionneux j’effleure ton visage,
Un
long parcours de sentes qui serpentent en ces lieux.
À
frôler doucement, d’une ferveur d’orfèvre,
Il
efface les craintes d’un geste un peu fougueux,
Remodèle les gouffres, retrousse sur la lèvre
Cet
ondulant contour au passé sinueux.
Au
pied d’une paroi, abrupte, têtue, lointaine,
Se
cachent deux bosquets épais et sourcilleux
Qui
dissimulent ici des vasques de fontaine
Où
s’abreuvent en secrets des élans vertueux
Qui
vont à contrepentes, intime mise en scène.
L’enthousiasme est au faîte, mais la rancoeur en creux.
Pour irriguer l’iris, le lis ou bien les peines
L’effort du voyageur semble présomptueux.
Pourtant près de l’abîme ce visiteur s’engage,
Caresse le pourtour de ces arcs trop bleus ….
Alors du fond des cieux, s’épanchent des nuages
Qui
font sourdre la larme tout au bord de tes yeux,
Humectent en silence le revers de phalange
De
ce doigt qui défeuille l’oubli aventureux
Et
la fleur d’un sourire remonte en aile d’ange
Vers l’écoute infinie de mots mystérieux.
Paris
10/04/04
Crépuscule
Un
rougeoyant soleil
De
photons, évidé,
Grappille sur l’ennui
Des
rayons de regrets
À
promesse de nuit
Affamée de sommeil.
29/04/04
Aube
Nos
rêves s’évaporent
Aux
termes d’un affût
Qui
verra le lancer
Par
l’astre encore confus
Sous son ombre, humilié,
De
ses glaives d’aurore.
Paris
26/06/04
Pour Aurore et
ses parents
Aurore…
Un
don de prime éveil
Baiser ardent du globe,
Un
rayon de soleil
La
revêt de son aube.
Et
les fées des hivers
Et
les fées des étés
Ont
donné à Nevers
Un
concert de gaieté :
Un
gazouillis d’enfant
Espoir qu’on ne peut clore,
Sourire de tous les temps,
Jeunesse en son Aurore,
Musique de choeurs aimants,
Ravissement sonore.
S’éclate au point du jour
La
joie de l’auditoire :
Un
concerto d’amour
Va
bercer son histoire
Pour que les fées d’hiers
et
les fées des « encore ! »
Lui
forgent un coeur fier
À
perdurer l’aurore.
Evelyne Delaye
Gasville 31/08/04
Atermoiement
Je
n’ai pas ouvert ma fenêtre
À
l’ange qui vint à passer.
Car
j’en avais assez peut-être
Au
long d’un sillon bien tracé
De
chants, de rires dans le paraître
Pour lui faire un don compassé.
Est-ce lucidité, mal-être ?
Il
espérait un regard vrai,
Un
sourire, une main alerte
Qui
joyeusement saluerait.
Ajustée de paroles disertes
Il
avait prévu un arrêt
Mais la vitre est restée déserte …
Inerte et silencieuse certes,
Et
pourtant j’avais appelé
Hors du champ de vision, offerte
À
l’espoir, ce désir voilé
D’un coeur inquiet qui disserte,
En
tentant de s’attarder
Sur
la voie qui conduit au maître ….
De
la porte il se faut garder.
Seuil qui invite à se démettre.
Mais voilà que j’entends frapper.
Faut-il ouvrir et me soumettre,
Dans la joie me laisser happer,
Sceller nos traits croisés ? Peut-être…
Paris
24/06/04
Vas
Vas
donc courir vers ton pays.
Il
est celui de tes aurores
Quand à l’aube des premiers cris
L’amour sur toi pouvait s’éclore.
Vas-t-en poursuivre ton histoire,
Celle de tes jours épanouis
Sous des ciels qui te firent croire
À
des horizons infinis.
Vas
te brûler à l’étincelle
De
l’espoir qui vide les nids,
Aux
éclairs d’une vie nouvelle
Sous risées des vents sans merci.
Vas
te saupoudrer d’étamines,
Te
colorer de leur pollen.
Les
fleurs du temps sont une mine
D’où s’y extraient tous nos « amen ».
Vas
recevoir ce don d’enfance
Qui
t’attendait depuis toujours.
Vas
le cueillir dans l’espérance
Qu’aujourd’hui il est sans retour.
Vas
grappiller cette présence
Qui
veut tant te donner son fruit.
Tout alors, redevient semence,
Germe d’éternel appétit.
Vas
donc mourir en ton pays
Qui
est celui d’une autre aurore
Quand au seuil de l’ultime nuit
L’amour en toi pourra s’éclore.
Gasville 07/08/04
None
Qu’ont-ils à se dire ces merlins
Enchanteurs sous ciel de septembre,
Balancés au nid qui se cambre,
Cachés de nos yeux, de nos mains … ?
Sous les feuilles vieillies qui tremblent
Et
chuintent aux ailes du vent,
Ces
pépiements d’enfants confiants
Les
accompagnent et chantent d’amble.
C’est une mélodie sans fin
Douce et unie qui les rassemble,
Joies intérieures, grâces ensemble,
Joignant les coeurs en leurs confins
Pour qu’ils retrouvent et qu’ils l’élèvent,
Vers les limites de l’azur,
Quand se quitta l’asile sûr,
Cette prière que perdit Ève.
Gasville 19/09/04
Eucharisse
Elle avait encore tant à faire
Sur
cette terre, en ces instants …
Tant de tendresse à satisfaire
Dans l’immédiat et dans le temps !
Elle avait encore à surprendre,
À
résoudre et à inventer.
À
s’écrier : « Je dois comprendre
Le
parcours de cet échiquier ! »
Elle avait encore sa souffrance
À
traduire, à ne pas montrer
Quand ses jours dans leur impuissance
Étaient prêts à s’évaporer.
La
vie est-elle souricière,
Si
elle n’avait plus que sa peur
À
guérir, près de la glissière
Où
s’effriteraient ses bonheurs ?
Il
lui fallait clore ses paupières,
Aimer encore ce fond du soir
Quand l’horizon fuit la lumière,
Bien qu’au matin luise l’espoir.
Et
lorsque renaîtrait le disque
Du
soleil, tout au point du jour,
Elle aura pris alors le risque
D’irradier, dans l’ombre, l’amour ….
À
Eucharisse
Gasville 20/09/04
Nos vies ….
Nos
vies se croisent,
Nos
mots aussi,
Des
mots en débat
Plein débit
Croisière courtoise
Sans lazzi
Sur
toutes les valeurs du « Si … ».
Nos
vies s’encastrent
Dans des châssis,
Du
vent, des frimas,
À
l’abri
Loin des désastres,
En
sursis
Quand les vitres ne sont débris.
Nos
vies se tassent
Nos
dos, l’ennui
Les
maux de là-bas
Et
d’ici.
Mornes où s’enlacent
Les
soucis,
Rosacées, liserons et lis.
Nos
vies s’ajustent
Sur
nos faux-plis
De
plis en aplats
Sans repli,
Sculptant nos bustes
À
demi
Dotés d’un profil adouci.
Nos
vie s’embaument
De
longs récits
Fêtes et galas
Réussis,
Banquets d’arômes
À
merci
Se
dégustent près des cassis.
Nos
vies se mirent
Au
fond d’un puits
Joies et tracas
Imprécis.
Ils
s’en retirent
Par
souci
De
les soustraire à d’autres tris.
Nos
vies se boutent
À
l’infini
Complots et combats
À
l’envi,
Victoires qui coûtent
Le
bon prix,
Celui des pertes et profits.
Nos
vie se lustrent
Pourquoi, par qui ?
Vagues sans éclats,
C’est ainsi
Barques lacustres
En
roulis,
Nos
vies flottent sur l’un des « Si ».
Gasville Septembre 2004
Sortie de bain
Je
me frotte la peau
Aux
linges de l’enfance
Asséchant les appeaux
Qui
visaient l’espérance.
Bien qu’ils se soient perdus
Aux
siphons de l’histoire
Ils
restent suspendus
Au
cordeau des mémoires.
Humides ces tissus
De
larmes non versées
Qui
s’égouttent à l’insu
Des
erreurs encensées.
Sous les vents, jour à jour,
S’épongent, bien graciles,
Ces
chaînes de velours
Tissées de vie fragile.
Les
navettes du temps
Drainent toute texture
Ces
fils de nos vingt ans
Prêts à neuve nature.
Insondable printemps,
Incroyable aventure,
Insolvable et pourtant
Ineffable facture
D’immuable présent.
Paris
O1/11/04
Amour Post-it
On
s’éprend, on se prend
On
surprend, on s’apprend
Se
déprend, on reprend
Tu
comprends ?
Paris
27/11/04
Neuf au Carré
Si
l’ancien fait la paire
Avec la nouveauté,
Pour un anniversaire
Il
faut savoir compter :
Et
les jours et les heures,
Les
autres et les uns,
L’existence et ses leurres,
La
famille, les voisins.
Et
les temps de prière,
Puis les retours sur soi,
Plongeon dans la lumière
Effacant le « sur-moi »
Peut-être un peu sommaire
L’addition, c’est certain.
Total surnuméraire
Bien souligné : plus UN !
Et
quand on fait la somme,
La
preuve qu’on obtient :
Neuf par neuf pour un homme
Juste : « quatre-vingt un « .
Paris
27/11/04 (le 29 Francis attend sa preuve …)
La Toile du Temps
(
pour un album de photos )
À
filer l’éphémère
Sur
clichés rémanents
Nous accrochons l’épeire
À
sa toile d’antan
Centre d’un effet « mère »
D’où s’enclenche l’élan
Qui
rapproche les pères
Captés en noir et blanc
La
saveur douce-amère
De
reflets hors présent
Abrite en ses repaires
Le
tissage d’enfants.
La
vie sage ou primaire
S’insère en notre sang.
Par
souffle qui s’espère
Elle nous en fait présent.
Et
fi de nos chimères !
Vient un nouveau printemps
Pour fixer les repères*
À
la toile du temps.
Paris
20/11/04
(ou…*fixant d’autres repères)
Voeux perpétuels de l’An Renouvelé
Se
parcourt le livre
Par
chapitre ajouté
Pour les écrire, les vivre
Et
les rééditer.
De
celui qui va suivre
Tout est à souhaiter.
Faisons sonner les cuivres
Des
coeurs en unité.
Les
souvenirs s’accrochent
Quand tout désir grossit.
Sortons-les de nos poches,
Grand Magasin des « si ».
Restons dans l’espérance
Plus haute que le « sol ».
Le
« la » de la confiance
Va
prendre son envol.
Aux
pages de l’Enfance,
Préparons les concours.
L’Amour est une science
Qui
s’apprend chaque jour.
Paris
01/01/2005
Le Palais des arômes
(recette à la Perrault)
Le
palais se réjouit
Cendrillon en est la reine.
Faut-il en livrer récit,
Secret d’une souveraine ?
Il
était une fois,…ici
Une
belle tout en peine :
Elle désirait un taxi
Qu’elle manda à sa marraine
Pour aller danser de nuit
Au
bal donné par le Prince
Où
frétillent à l’envi
Les
filles de ses provinces
Dont le principal souci,
Quand la pauvreté n’évince,
Est
d’y trouver un mari.
Les
chances sont parfois minces.
La fée-marraine a dit « oui ! »
Et
la belle reçut des dons :
Celui de dix doigts de crème,
Un
énorme potiron,
Ail, Laurier, tomates et même
Brins de thym, petits oignons…
C’est parti comme un poème !
Manquaient encore des lardons,
Les
poivrons frits, le sel gemme,
De
l’huile dans la sauteuse
Et
du gruyère un peu blond.
La
belle fut toute heureuse
De
maintenir le poêlon
Quand la commère rieuse
Écrasait tout au pilon.
Et
des odeurs généreuses
S’évadaient de l’âtre oblong….
Vols de gratin sur la plaine,
Fumets visant les châteaux,
En
agiles musaraignes
Au
bal arrivèrent bientôt.
Entre valseurs hors d’haleine
S’insérèrent ipso facto …
Dans le nez royal ne règnent
Que
des effluves d’appeau
Qu’innocemment l’en imprègnent.
Le Prince charmé a dit « oh ! »
« Je dois goûter en conscience »
« Ce met qui ne m’est connu »
« Y
découvrir l’excellence »
« D’un pot à bon revenu. »
Sur
son coursier, il s’élance
Humant l’arôme ténu,
Et
guidé par lui, s’avance
Près du brasier… l’ingénu !!
« Pour apprécier, jeune fille, »
« Ce repas bien mitonné »
« Pose avant que cela grille »
« Mon couvert pour le dîner. »
« Sers ce plat sans escarbille, »
« Onctueux et gratiné. »
« Merveille pour les papilles, »
« Chef d’oeuvre de gens bien nés, »
« Ce plat me chaut, susurre »
« Le Prince, oui il me sied »
« Comme l’étroite chaussure »
« Qui s’ajuste à votre pied. »
« Prenez ma main, soyez sure »
« Du trône, elle est marchepied. »
« Pour que l’amour s’y assure »
« Emportez votre trépied… »
Cendrillon a dit « J’assure ! »
Paris 11/11/04
À Jean Grassin
(pour trois erreurs d’impression sur Séquences 46)
Deux méprises pour un même mot
En
duo
Leur emprise sur ce seul « fardeau »
Quel cadeau
Non
comprises deux lettres en trop
« eau » pour « o »
« R »- surprise bien mal à propos
L’air est faux !
Sans reprise, le chant de Porto
« Son fado »
Suis-je apprise à calmer l’ego
Sans bravo ?
14/01/05
Résolvante Enigme
Pour matheux sans problème
À
résoudre en solo.
Equation ou mystère ?:
Les
Six diront « Je t’aime »
Au
tout jeune Polo
« Et quatre font la paire ».
Paris
le 25/01/05
en la
fête de la conversion de St Paul
et
l’annonce de la naissance de Paul Griffaton,
frère
de Baptiste (enfants de Pierre et Sophie)
Cadeaux d’Helvétie
Aux
lointains lacustres
Me
furent donnés
Des
frissons bien frustres
Sous flocons glacés
Des
brouillards de neige
Des
soleils couchants
Près des télésièges
Qui
grimpent aux champs
Des
paroles douces
Des
regards d’ados
Chatte à poils de mousse
Qui
joue du piano
De
Jeanmaires à plumes
Aux
brocards vaudois
Fêtes qui s’allument
Au
ras des galas
Ténèbres. Dédale
Pour romains trésors
Les
as en cavale
Sont rentrés au port.
Paris
le 28/01/05
(à
Thérèse Mercier)
Les muses s’agacent
Aux
rimailles des jours,
Quand
les muses s’ennuient,
Elles
vont en bataille
Fustiger l’harmonie,
Et la
priver d’atours,
Rire
quand elle défaille,
Chercher quelque détour
Pour
l’offrir démunie
Aux
dires qui la raillent.
Mais
les voilà punies :
Silence en désamour
Qui
les prend en tenaille,
Elles
aspirent au retour
De
syllabes unies,
Césures sans cisaille,
Rythmique indéfinie
D’un
poème d’amour
Au
jour de ses semailles.
Gasville 23/02/05
Attente
de certitude …
Une
part de mon coeur
S’exile en Potala.
Le
jour il est ailleurs.
Le
soir il n’est pas là.
Évadé
de l’ici
Il
est dans ses États,
Cultive ses soucis
Dont
il devient l’appât.
Une
part de mon coeur
S’enferme en Potala.
Sortira-t-il vainqueur
Lauriers à bout de bras ?
Sans
rêves ni récits
Sans
doute il reviendra
Vigilance en sursis
Prêt
à nouveaux combats.
Une
part de l’ailleurs
S’incruste en Potala
Pour
des jours corps à coeur
Glanés sur l’au-delà
Gasville 26/02/05
Procès patte graissée
Le
pigeon n’a pigé
Le
projet de piéger
Ce
naïf mal jaugé
Engagé pour juger.
Ce
baron s’est barré
Avant
d’être bourré
De
bars en cabarets
Pour
débourrer l’arrêt ….
Car
il était beurré.
Désormais désarmé,
Endormi, arrimé
Sur
les clauses à rimer
Se
remua mi-mai.
Ce
procès mal axé,
Excita sans excès
L’accès au jour fixé
Et
vexa le succès.
Revenu bien hardi
Au
prétoire il perdit.
Le
prévenu, Pardi !
Prédit son « Paradis ».
30/02/05
Choisir
J’ouvre mon havre sac
À
l’aube de la nuit.
Mon
coeur en son ressac
Étale ce qu’il bannit
Sur
le sable des grèves.
Pèle-mêle on y voit
Épars entre les rêves
Tout ce qui fut pavois
Aquatique ballet
D’idées vagues de foi
Et
d’antiques regrets
Sur
ce qui n’est plus moi.
Je
dois en faire le tri
Garder ce qui prend corps
Et
qui d’amour pétri
Dominerait la mort,
Ensemble relié
Par
le fil de la vie ….
Partir réconcilié
Quand la grâce convie
À
vider ce cabas
Après l’avoir rempli.
Le
choix est un combat
Dont s’entrevoit le prix,
Quand la trace des pas,
Dans la vase une empreinte,
Du
temps s’effacera
Par
l’éternelle étreinte.
Gasville 27/02/05
Lever du jour
Une
nappe d’aurore aux tables des saisons
Plante un nouveau décor face aux coeurs en prison.
L’abîme sa ns rebord s’emplit telle une aiguière,
Au
vin de l’aujourd’hui, des raisins de naguère.
Nous allons boire ainsi des gorgées de beauté,
Déguster les tisons au matin dégorgés
Et
qui vont se répandre sur les champs de nos heures
Pour oublier joyeux la pénombre antérieure.
Le
soleil en rebond nous offre ses reflets.
Il
nous fait oublier que le vent peut souffler
Et
faire éclore en nous bien d’autres paysages
Sur
mémoire future pour écrire une page
De
vie à feuilleter au soir en son déclin.
À
nous de déguster ce jour quand il est plein,
Trouver à l’imprévu une saveur exquise,
Accueillir notre pain dont la croûte se brise,
Savourer ces instants d’éclat ou de douceur,
Vivre d’admiration vers l’aire de blancheur
Où
scintille notre coupe. Et sans faire de halte
Aller vers ce désir de voir ce qui s’exalte
Aux
lignes d’horizon pour aimer sans raison.
Gasville 12/03/05
Les épingles d’Eole
Lorsque l’univers gronde
Dans les chignons du vent,
S’évadent des épingles
Qui
retiennent souvent
Les
torsades qui cinglent
Vers l’épaule du monde.
Des
rafales émondent
L’ego sous ses auvents
Tout au seuil de la route,
Cueillent en dérivant
Des
bises en déroute
Sur
les pôles et les ondes …
Las, des orages tondent
Leurs mèches d’ouragan
Sur
les cols qui s’inclinent,
Leur offrant pour onguent
Que
l’effroi qui ravine
et
tornades qui fondent …
Des
alizés sans fronde
Déploient leur paravent
Contre ces escarboucles
Attisées par les vents.
La
nuée se déboucle
S’effile en queue d’aronde ….
Sourd la lumière blonde
d’un soleil renaissant.
Un
zéphyr, une brise
Éclairciront ses flancs
Effrangés par surprise
Et
fermeront la bonde ….
D’Oslo à Trébizonde,
En
souffles apaisants,
Foehn, Mistral, Tramontane,
Transcendent à présent
L’oeil vert de nos sultanes
En
sourire de Joconde …..
Paris
01/04/05
INVITE DEUX
Si
tout était parfait sur terre
Nous n’aurions rien à inventer.
Tous nos désirs seraient austères
Pas
de secrets à éventer ….
Nous serions dans la certitude,
Pas
de doutes, de froncements de nez,
Aucune histoire, pas d’inquiétude,
Pas
de fables à débiter ….
Plus de rappel au téléphone,
Aucun message à écouter …
Jamais codés nos interphones,
Jamais de rendez-vous ratés ….
Tous, seraient égaux à eux-mêmes …
Plus de photos d’identité,
Même sourire, même emblème
Et
personne à féliciter …..
Mais comment percevoir ce monde
Affadi d’uniformité ?
Pourtant, l’enthousiasme abonde
Aux
pôles de la diversité ! ….
Ici
nous sommes à bonne école,
Autour d’une tasse de thé …
Ces
poèmes qui batifolent,
S’il vous plaît … Applaudissez-les ! ….
05/04/05
Notes en levées
Soprano alto
Timbré, baryton
Ce
timbre strident
Qualifie en sorte
Les
notes et les gens
Qui
haussent le ton,
Qui
le portent au bras
Collé
sur la peau,
Ceux
qui le rapportent
Sur
diplôme « es » lettres
qui
pousse à l’espoir
D’être ou ne pas être
Sur
ces carrés blancs
Postés pour les lire
Cachant en leurs flancs
L’objet des délires
L’appel du présent :
Aussitôt
Ouvrir ….
Paris
12/04/05
Jubilé
Dessine-moi un oiseau
À
plumes d’espérance
Et
qui prend son envol
Sans
regard en arrière.
Qu’il
incline son col …
Et se
sèment nos chances.
Dessine-moi un oiseau
Un
oiseau sans volière,
Qui
flâne dessus les eaux,
Les
plages, les roselières,
Frontières de nos châteaux.
Dessine-moi un oiseau
Esquisse-moi ses ailes
Qui
planent dessus les rails,
Les
landes forestières,
Les
horaires de corail,
Nos
rêves en dentelles.
Dessine-moi un oiseau
Décris-moi son plumage
Et
imite son chant,
Celui
des caténaires
Qui
conduisent nos ans
Vers
des amours présages.
Dessine-moi un oiseau
Un
oiseau de lumière
Qui
lance par faisceaux
En
trilles légendaires
Ses
flèches, amoroso.
Dessine-moi cet oiseau
Plus
que cinquantenaire …
Pour
des Noces d’or Paris 13/04/05
Vagabondage
Nos
songes iront grand train.
L’espérance, attelée
Aux
brancards des matins,
Quittera les allées
Du
présent, pour demain.
Soutenues par la brise
Qui
nous prendra la main,
Bon
vent pour les surprises !
Gasville 10/04/05
Cadeau du Passé
Qu’est-ce qu’un présent ?
Ce
qui arrive et qu’on n’attendait pas,
Qui
ne fut demandé.
Un
présent attardé,
Qui
mettra devant nous
Plus de félicité
Q’un futur accepté
Quand il se connaîtra …
Avril
05
Fatalisme
Tu
pris mon « moi » du fond de « toi »
Et
tu lui as dit : « Sois »
J’ai pris ce temps du bout des doigts
Et
je lui ai dit : « Soit ! »…
J’ai pris ma faim, par don de pain,
Et
je lui ai dit : « Tiens ! »
Tu
pris mon coeur du fonds des pleurs
Et
je lui ai dit : « Meurs ! » …
J’ai pris mon âge par la main
Et
je lui ai dit : « Viens ! »
J’ai pris ma Vie au gré du vent
Et
je lui ai dit : « Sens ! »
Tu
pris mon âme un beau matin
Alors, je t’ai dit : « Bien ».
Paris
11/02/04
La fête des poètes
Se
sèment en contre-allée
Sur
nos sentiers battus
Des
oeillets de prophètes,
Près des troncs abattus,
Entre les azalées
De
nos moments perdus.
Paroles de poètes !
Et
l’humus étendu
Sous feuilles ciselées
Par
des vents impromptus
À
faire baisser les têtes,
Ne
sera pas déçu
Des
corolles dentelées
Poussant au temps voulu
En
des bouquets de fêtes.
Oui, le temps est venu
D’ouvrir les mausolées,
Les
coffres vermoulus …
Sortir des oubliettes
Tous les regrets perclus
Pour la vie révélée …
Boutures des dons reçus
Qui
font toujours recette.
Oui, le temps est venu
De
rimer sur le « Net » ….
Gasville 14/07/04
Mutisme
Non, je n’ai pas envie
Aujourd’hui de te voir.
Et
pourtant j’appuierai
Mon
front sur ton épaule
Pour écouter la pluie
Qui
dehors, en ce soir,
Rebondit sur le gré
Des
pavés près du saule.
Non, je n’ai pas envie
Près de toi de m’asseoir
Comme avant, tout auprès
De
ton coeur-jeu-de-rôle
Pour suspendre la vie,
Saisir en creux l’espoir
Qui
oublie les regrets
D’un printemps qui s’envole.
Non, je n’ai pas envie
De
parler dans le noir,
De
graver sans attrait
Dièse sur auréole.
Silence … Pour survie
D’un amour à surseoir
Rêves à différer ….
Histoire sans paroles.
Paris
18/04/05
Toi, petite chérie des ailes de mon coeur
Toi, petite chérie des ailes de mon coeur
Tu
viens de t’envoler pour des îles lointaines
Où
je ne saurais plus où se plaît ton bonheur
Quand se lève en nos ciels l’astre éclairant nos plaines
Mais pourtant tu es là.
En
tout frémissement, pour qu’une joie habite
Et
s’irise en nos yeux, tel un pressentiment
De
ta douce présence, qui timidement invite
À
bâtir l’avenir d’un père et ses enfants.
Oui, certes tu es là.
Chaque fois que l’on part vers nouvelle rencontre
Pour mieux approcher l’autre, pour écouter sa voix
Et
porter son fardeau vers le chemin qui montre
La
vie en devenir, pour en lever le poids.
Oui, alors tu es là.
Avec tes parents, ton mari, ta famille
Tu
as joué le jeu qui porte bien des noms :
« Ma Darie ». « Mon Amour », « Ma Maman » qui scintillent
Dans un monde, hors des normes, qui amplifie « le don ».
Nous nous retrouverons, avec nous tu seras ?
Mais, déjà, tu es là …
À
Darie
Gasville 03/05/05
Évanescence
Ton
sourire ne s’est pas éteint.
Je
l’ai vu sur ta lèvre au matin
Où
tu fermas les yeux sur le monde,
Et
je sus qu’une grâce t’inonde ….
Comme timide parfum de fleur,
Douce et limpide coulée d’un pleur,
Quand l’amour dans l’âme s’insinue
Pour l’élargir aux rives inconnues.
Le
silence a soupiré en moi
Divine la Vie … Vois !
Elle est … ce que tu crois …
Paris
08/06/05
Perte d’appétit
À
rebours sur un long chemin
J’ai pris un ramasse-miettes
Et
je récolte aux quatre coins
Tous ces reliefs d’amourettes
Qui
n’avaient su se déguster.
Griffés par la plume gourmande
De
papier vierge à raturer
Ces
réponses et leurs demandes,
Couchées sur fragile vélin,
Seront jetées aux alouettes
Avides de peaux de chagrin
À
vocaliser en bluettes ….
Et
bien que je me défende
De
les avoir vite éjectées,
Elles s’éparpillent, se répandent
Ces
boules de papier m âché.
Mais, je suis mieux dans mon assiette !
Paris
19/06/05
Prémices de moisson
Aux
pieds de blonds versants
Un serpent de bitume