Poèmes de CONSOLAMENTUM d'Evelyne Delaye par ordre d'entrée initiale:

 

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Thèmes

1- La nature et le temps qui s’écoule

2- La famille

3- Des hommes …

4- Les réflexions

5- Les Faits de sociétés

6- Méditations et Ressenti

7- Avec un peu d’humour

8- Chansons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dédicace

 

 

 

Abat Jour et rabat joie

Côté cour et côté loi

Fin du jour et feu de bois

Côté cour et côté croix.

 

 

Sans recours et jeu du Roi

Côté cour et caveau froid

Qui secourt et qui s’accroît ?

Point du jour et feu de joie.

 

 

De toujours et c’est pour toi.

 

 

 

 

 

 

 

Avril 1995

 

 

 

Une hirondelle est arrivée

 

 

Petits flashes d’espoir qui traversent les chambres

de malades et que l’on discerne parfois à la

faveur de visites…...

 

Une hirondelle est arrivée, le printemps peut surgir.

 

Près du malade trois roses ou cinq oeillets témoignent de ce qu’il est aimé.

Le sourire du soignant , à la porte d’entrée, un baume sur le souffrir

Le geste du voisin, un patient comme lui, prêt à le soutenir.

Une valise ouverte, attendant des effets ; demain il va partir.

 

Une hirondelle est arrivée, le printemps peut surgir.

 

Le regard du malade prêt à vous accueillir, à vous dire son tourment, livrer maints

souvenirs Vigilance et douceur de l’infirmier qui soigne, réponse à son désir.

Constance du parent, de l’ami assis là, guettant un signe de celui qui semble dormir.

Le merci du patient en fin de la visite : « Voulez-vous revenir ? »

 

Une hirondelle est arrivée, le printemps peut surgir.

 

Au terme d’une vie longue et remplie, ceux qui disent : « Je suis prêt, mon printemps

peut venir. » Parole du malade qui retourne chez soi : « Enfin j’ai pu guérir ! »

Complicité visiteur-visité, étouffant dans la chambre un fou-rire.

Une main rejoint l’autre, étalée sur le lit et par les doigts mêlés les larmes vont tarir.

Amitié fulgurante, près d’un lit de « Dupré », perdurant dans l’espace, sans pouvoir

se redire.

Une hirondelle est arrivée, le printemps peut surgir.

 

Mais combien faut-il d’hirondelles pour faire un vrai printemps, celui du sur-venir… ?

 

Réflexion de Nadège, atteinte de divers handicaps : « J’étais assise sur un des bancs de l’hopital

dans cette partie du petit jardin du « cloître La Rochefoucauld ». Les rosiers étaient fleuris, à mes pieds sur l’herbe, des corbeilles de fleurs… Alors j’ai oublié mes soucis, mes maladies, mes douleurs ; ils étaient comme enveloppés d’un voile, hors de moi…. Et je me suis dit : « je ne suis plus concernée par eux. Je suis comme au paradis… Ah ! Oui, le paradis existe ! Je suis si bien ici… »

 

Merci aux jardiniers, merci au Jardinier !

 

 

Mars 97

Fête du Printemps à Laennec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos de famille

 

 

 

Faut-il que je versifie

Pour illustrer ce qui défie

Le regard sur photographies !

Sont-elles du temps, une vigie

Ou de la mémoire dystrophie ?

Sont-elles la reprographie

Du fond des âges ressurgie

D’un appel que je qualifie,

Tel un zoom qui se rectifie,

D’un génome qui nous unifie ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mai 1996

(photos de la fête d’Anne Marie

à Meudon)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Septantissimo

 

 

Ne pas voir les brindilles d’étoile

Essaimées ça et là par des pas insouciants

Ou faut-il relever les scintillantes traces

Parsemées sur le sol, les tapis et les toiles

Gommer ainsi l’appel aspiré vers l’espace

Du vivre sans espoir d’avenir rutilant.

Ne pas graver au marbre dur les rires

Engrangés l’avant-jour au jardin des festins.

Faut-il épinceter les bribes de mémoire,

Les disperser déjà, oublier les sourires

Et noyer la musique des paroles et du « voire » ?

Se retrouver sans jour et sans nuit au matin !

Oh non ! Croire au bonheur de ces jeux et ces mimes

Inscrits là sans retour sur les pages tournées

Du livre du destin qu’en silence on feuillette,

Etonné de trouver, accroché à la cime

Offert à souvenance avide de cueillette,

Sur l’arbre de la vie, le traîneau des années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Janvier 97

 

 

 

 

 

 

 

Le Saint-Bernard de St Martin

 

 

Il sortait de la gueule

Du four, le soleil,

Dardant ses flammes sur l’homme, son chien et ses pareils.

Elle gîtait sur sa gueule

De loup, courbée, la feuille,

Assoiffée, quémandant son cercueil.

Il montrait sur la gueule

Des traces de gamelles, l’homme,

Sur son masque de peau tavelée de vieille pomme.

Il portait dans sa gueule

Une pleine bouteille, le chien,

Plastique rempli d’eau du canal parisien.

Elle reçut, en dégueule,

Une giclée d’eau fraîche, la foliole.

Un vrai cadeau de vie pour redresser sa fiole.

Il tombait comme d’une gueule

De canon, ce boulet de pitié,

Sur la fleur qui ne vit le chien s’en retourner.

La fleur n’y comprit rien.

Ni nous non plus peut-être.

 

 

 

 

 

 

 

Mai 1997

L’homme de l’art

Le bouton d’or de son savoir

S’épanouit dans un verre à dent

Et se flétrit en un crachoir

De larmes d’ivoire et de sang.

Il est debout dans son prêtoire

Prêt à fustiger l’innocent :

Casaque blanche, chaussures noires

Masque ouaté, oeil avenant

Le geste large, ganté de gomme,

Invite moelleuse à s’asseoir,

A s’étendre allongé comme

Un rêveur au bord du soir.

Mâchoire offerte au doigt prudent

De l’explorateur de caverne

Vidée de trésor ; sous la dent,

Le voilà qu’il trouve et la cerne !

Et qui ne sait qu’à terme bref

De cette détente onirique,

S’intercale au tango de nef

Le cri de la scie électrique ?

Bouche ouverte à tire-nerf,

Rouge crissement de fraise,

Etouffement, brame de cerf,

Intense brûlure de braise

Puis vient une paix sidérale,

Déploiement des doigts momifiés,

Murmure d’une mer étale,

Transcendant soupir aurifié.

Arrêt béat de la technique

Sur rictus dès lors unifié.

Il a droit cet homme sympathique,

Au sourire à chevilles ailées.

Le bouton d’or de son savoir

S’épanouit sur nos belles dents.

Rendez-vous pris pour se revoir

Et garder oncques fois vingt ans

1946/1997

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Questionnement

 

 

Quand finira le temps des roses ?

La question, tous on se la pose.

Un seul printemps, un seul été,

Pâles pétales à effacer.

La question sur laquelle on glose :

Quand finira le temps des choses ?

Couteux objets à amasser,

Morceaux épars à ramasser

Quand finira le temps des pleurs,

De désolation et de peur ?

Qui fait fuir dans le morose :

Sans ferveur, ni chant on compose.

Quand finira le temps d’exil

Où suffit battement de cil

Vers la surconnaissance, exclue,

Pour y mener l’enfant perdue.

Ta question c’est aussi la leur :

Quand finira le temps du coeur,

En espace-temps ramassé

Qui a vertu d’Eternité ?

 

 

 

 

 

 

 

Juin 1997

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Icône

 

 

 

L’icône sur le mur lisse fane pour nous ses ors,

L’arum en inclinant sa cornette de nonne

Salue près de l’autel Celui qui se donna,…

Qui se donne, effritant les restes de combat

Comme ces nuages gris à l’horizon qui tonne :

Quête d’Exponentiel à livrer ses trésors.

Un reflet de fenêtre se balance dans l’arbre.

Est-ce l’ouverture au ciel où Seigneur Tu m’attends ?

Les aiguilles de cèdre aux branches font des ailes

Qui s’ouvrent et se déploient en vol de « pétrelles »

Sur l’océan des herbes sans voiles ni enfants.

Et ton Regard est là, percutant comme un sabre.

 

 

 

Juillet 1997 Combs

 

 

Comme il fait bon se souvenir !

En visitant l’Yerres d’aujourd’hui

J’ai étendu ma nappe phréatique

Sur la table de mes rêves desséchés.

 

 

 

Idem

 

 

 

 

Le Jardin fermé

 

 

On ne frappe plus à sa porte :

La rouille a grignoté les gonds.

Et aucun regard, en escorte,

N’admire la rose au balcon.

Lianes et lierres grimpent à la grille

Qui serrent des arbres inféconds,

Obscurcis de viornes et de vrilles.

Aucun n’ouvre les volets clos

Pour contempler au loin la plaine,

Ecouter quelque chant falot

De mésange ou de chantereine*

*(ou de grive-draine)

On ne frappe plus à son coeur,

Bien lové en ses broderies

Etouffé sous le poids des fleurs

Introuvables dans nos prairies,

Pulsant en faibles battements

Un sang figé en rêveries

Et en alacres jugements.

Personne n’y posera sa tête

Afin d’y grandir en bonheur

Dans l’évaporation muette

De tant de doutes et de rancoeurs.

On ne frappe plus à sa peine

Qui vers le soir, en rechampis,

Se grave au froid de ses veines.

Depuis longtemps ils sont partis

Ceux qui chassés de sa bretêche,

N’avaient plus rien à faire ici.

Et s’il existait une brèche

Au fond de ce jardin secret ?

Légère comme vol d’alouettes

Qui chantent pardon et regrets,

Présence douce, humble et discrète

Dont la lumière, en réméré

Infiltre une porte entr’ouverte…

Juillet 1997 Combs

 

 

 

La Parade du paon

 

 

C’était un drôle d’oiseau qui vivait de sa plume.

Il la grattait partout, même sur le papier,

Dans des académies, au fond des encriers,

Par de juteux extraits aux saveurs d’agrume.

Il l’aiguisait souvent, la mettant à l’oreille.

Regardait l’adversaire, et geste triomphant

La plantait devant lui, moqueur ou menaçant

Le tenant en respect devant tant de merveille !

Elle lui servait de flèche, de pipeau ou de lyre,

Et bien des égarés lui durent leur salut.

Il l’embarqua parfois à bord de lourds chaluts

Qui naviguent en eau riche de dollars et de lires.

Un jour, il eut envie de poser son panache,

De regarder la vie, de goûter l’avenir.

Vers une belle timide, il ajusta le tir.

Il souleva son aile et prit un air bravache.

La jeune indifférente, insensible au prestige,

Aigrette détournée, ne montra que son dos.

Plumes lisses et fermées aux chants et aux fados

Méprisant l’oeil noir par passion qu’il érige

Et qu’il fait onduler, amoureux essuie-glace,

En chatoiements vert-bleus irisés sur fond d’or.

Vers l’infante impavide devant tel trésor,

Il recule et il froue pour entrer dans la place.

A tant d’agitation, la plume n’y résiste.

Elle se rompt, puis s’incline et traîne sur le sol.

La belle se relève et dévissant son col

La contemple un instant pour suivre une autre piste.

 

A trop faire le faraud,

On provoque un sinistre

Et on y court le risque

De perdre bien plus gros.

 

Gasville Juillet 97

 

 

 

 

Estival interview

 

 

Et vous,

Que faites-vous de votre été ?

Je règle toutes mes factures :

Crédit, débit, tout est compté.

Et pour ne point être endetté

Je vérifie mes écritures.

Puis je saute dans ma voiture,

Roule au gré de ma liberté,

D’aventures en aventures

A vivre en leur totalité.

Et vous,

Que faites-vous de votre été ?

Sur le sable je prends posture,

Sous le soleil à volonté,

Le long de belles créatures

Qui s’éblouissent de volupté.

Puis je redresse la voilure

De ma barque démâtée,

Et je file à bonne allure

Loin des plages et des jetées.

Et vous,

Que faites-vous de votre été ?

Je cueille cassis et mures

Pour les jeter tout entiers

En bassine à confiture

Et les faire mijoter.

Puis j’enfourche ma monture

Et de mes moyens limités

Je rentre en littérature :

Vers, poèmes et motets

 

°/°°

°°/°°°

Et vous,

Que faites-vous de votre été ?

Moi je fuis loin des impostures

De l’aimable société

Pour vivre seul dans la verdure

Ou sur des monts bien éventés.

Je galope dans la nature

En suivant les « parcours-santé ».

Après m’être bien agité

Je soigne mes courbatures.

Et vous,

Que faites-vous de votre été ?

Mes doigts dans sa chevelure

Et par son regard, envouté,

Je rêve notre vie future

Faite d’amour et de beauté.

Vuflens 7/97

 

 

 

 

 

Des notes sous la pluie

 

 

A l’hosanna de Lausanne se sont ébranlés les cieux

Qui fondent en pertuisanes sur le jardin tout heureux.

Dans la maison paysanne on entend des cris joyeux

Plus de soleil qui basane le synthé silencieux.

Tiens ! S’y joue une pavane sous quatre doigt studieux.

Deux se cherchent une Roxane, les deux autres un des Grieux

Damoiseau et Valaisanne totalisent pour le mieux

Treize années d’où s’en émanent emmêlés, rires et jeux.

La vie, belle courtisane à regarder au fond des yeux

Serait-elle partisane de leur faire un don gracieux :

Partager joie et tisane au lointain des jours pluvieux

 

Vuflens / autoroute A6

7/97

 

 

 

 

 

 

Dilemme

 

 

A-t-on le droit de ne rien dire

Ou de pouvoir tout exprimer,

S’exposer aux masques ou aux rires,

Face à une porte fermée ?

Est-on en mesure de maudire

Dans un regard « en jamais plus »

Qui joue sur le risque d’induire

L’autre dans un mépris ou un refus ?

A-t-on l’audace de sourire

Devant des coeurs angoissés,

Prêter l’oreille à des délires

Sans savoir les en délivrer ?

A-t-on envie de connaître

Ce qui les ferait rêver,

Ressemblant à une fenêtre

Que leurs lumières a traversées ?

A-t-on le vouloir, sans séduire,

De s’effacer de leur chemin,

Et dans ce passé de demain

S’offrir au Présent qui inspire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Gasville Août 97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une nuit ….

 

 

Une nuit, en cadeau, tu as reçu un livre

Et tu ne savais pas qu’il est lourd à porter.

Pour en tisser les pages, inscrire et inventer

Chaque ligne des jours qu’il t’est donné de vivre.

Et depuis le berceau, d’où il te fut remis,

Tu ne cesses d’y joindre une feuille après l’autre.

Une nuit, en cadeau, tu as donné un livre,

Et tu ne savais pas qui dessus écrirait.

Apprendrait par tes mains à maîtriser la vuivre

Toujours prête à s’enfuir ou traquer le regret.

Et depuis, en faisceau, en jet d’amour soumis,

Tu ne cesses de l’enter au temps qui est le nôtre.

Une nuit, en cadeau, tu as trouvé un livre

Et tu ne savais pas que pour le déchiffrer

Il faut lire en ton coeur l’engagement à suivre

Celui qui l’écrivit pour toi dans le secret.

Et depuis par pinceau fragile ou affermi

Vous ne cessez d’y peindre ton acte des apôtres.

 

 

 

 

 

Paris

Août 97

 

 

 

 

 

 

L’émigrée

 

 

Elle vient d’arriver en esprit de service

Dans ce rez de chaussée, amenuisé, oblong

Ou vont passer ses jours quelque soit la saison

A nous regarder vivre, en nos vertus et vices.

Près du bâti de porte, comme un arc tendu

Son bras qui tient l’outil, en bienvenue s’agite

Et tout en saluant, emménage en son gîte

Parmi meubles épars et paquets étendus.

Dans nos bâtis de porte, comme un arc tendu,

Son bras chaque matin le courrier nous dépose

Puis elle redescend en sa région morose,

Nous ayant gratifié d’un sourire retenu.

Souvent le bras courbé, en son arc tendu

Tient une fourrure chaude, vivante qui se repose,

Et dont sa main caresse le museau noir ou rose

Qui sort de sa torpeur par un baiser reçu.

Sous le bâti de porte, comme un arc tendu

Vers un lointain passé, son doux regard embrasse

Un jardin parental aux pentes d’herbe grasse

Planté de hauts sapins où jeune elle a vécu.

Et tout à son désir comme un arc tendu

La luge de son rêve dans l’Océan s’efface

D’autre rires d’enfants en son coeur ont pris place,

Nimbés de base-ball sur continent repu.

Près du bâti de porte, comme un arc tendu,

Son bras voudrait saisir le combiné aphone

Pour entendre une voix filtrant d’un taxiphone

Rivé au nouveau monde où son fils est venu.

Hors du bâti de porte, en arc détendu

Son bras s’est allongé, doigts ouverts en offrande.

Sa tête est inclinée pour contempler la grande

Apogée de sa flêche lâchée dans l’inconnu.

°/°°

°°/°°°

 

 

Elle vient de nous quitter pour l’infinie lumière,

Hors son rez-de-chaussée, amenuisé, oblong,

Où s’égrenèrent ses jours, quelque soit la saison

A songer que l’amour se passe de frontière

 

 

 

 

 

 

Paris Août 97

Tout l’an j’ai lu

L’angélus

de l’ange élu

Tapez le 3615 code : Gabriel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au lavoir familial

 

 

Si tu veux un savon, ma belle,

Alors je vais te le passer

Dans la plaisante ritournelle

Des taches à effacer !

Et je te lance la nacelle

Pas très facile à rattraper,

Lourde de toiles et de dentelles

Qui cachent le linge à laver.

Rude tâche pour une Oiselle

Que de devoir en dérouler

Tous les lacets et les ficelles

Que tu as su entremêler

Pour mieux cacher à icelle

Les bavures à détecter !!

Prends le battoir sous ton aisselle

Et ne crains pas de te muscler…

Tu crois que je la baille belle ?

Quoi !... Seraient-ce mes gros souliers

Dont se voient tracées les semelles

Sur tes fines taies d’oreiller,

Sur tes draps et sur tes flanelles :

Et je l’aurais fait tout exprès ?

Oh ! Mon aimable Tourterelle,

C’est une erreur à excuser !

Si dans l’avenir se renouvelle,

Au savon je les frotterai

Pour que nos âmes étincellent

En blanc unique à fusionner !

 

 

 

Paris Sept.97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prodigalité

 

 

Partir dans le mois d’août tel un criquet sur l’herbe

Avec une guitare arrimée à son dos,

Elargir son regard aux musiques des eaux,

Aux cimes des nuages en cavale superbe

Percevoir de l’espace ce qui devient cadeau.

Bondir hors son ego, comme un faon qui discerne

La biche qui l’allaite et le conduit plus haut.

Elargir son ouïe aux abysses des mots,

Extraire de l’ombre glauque tout ce qui s’y décerne,

En savourer les sucs, les lancer en faisceaux.

Sentir l’onde du vent qui amène l’averse,

Retrouver le portail ouvert sous le linteau,

Elargir ses paumes, étreindre les doigts chauds,

Bercer sur son poitrail le releveur de herse

Dans un désir d’amour à vivre en crescendo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris 6 sept.97

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Jeu du « Je »

 

 

Telle qu’on me fit, je suis née « Je »,

Et sans être de blanche neige.

Bien qu’appelée de tous les voeux,

De versatilité, que n’ai-je !

Et parce que je suis née « Je »,

Je suis espace entre deux sièges.

Aussi me paraît-il oiseux

De poser la question où vais-je ?

Si jamais un choix ne l’assiège,

Mon « Je » se revêt de soie grège,

Laisse la bure loin de ses yeux

Prêt à la rejeter, le tais-je ?

La geste enrichit ou allège.

Pour ne se laisser prendre au piège

Reste l’arbre qui monte aux cieux :

Le Rameau de Jessé, le sais-je ?

Un jour, le « Je » se désagrège.

Et moi, portée en écrin beige,

Quand ce sera la fin du jeu

Dessus quatre épaules, craindrais-je ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris 15 sept. 97

 

 

 

 

Couacs

 

 

Il a rêvé en fraude

Auprès de son amie.

Elle regardait le ciel.

Lui, il voyait le lit.

Elle pensait à l’aube

Quand il hâlait la nuit,

Murmurait au pluriel

Et il disait : « je suis ».

Elle soupirait en codes

Auprès de son ami,

Quand il roulait pleins feux

Sur les voies du défi.

Elle créait des géodes

Au fond des yeux chéris,

Des éclairs sulfureux

Quand pétillait la vie.

Il trouvait plus commode

D’éviter les récits

D’un vivre existenciel

Qu’elle n’aurait pas saisis.

S’il la revêt de robes

Elle en connaît le prix :

S’embourber en réel

Aux dépens de l’esprit.

Par corde qui s’errode

Sur archet affaibli,

Ont joué potentiel

En oubliant le si.

Ils ont brûlé le mode

Qui les mène au parvis.

Rien n’est providentiel

Qui ne soit bien compris.

 

 

Paris sept.97

 

 

 

 

 

Les agnelets télégéniques

 

 

Personne n’a dormi ce soir à la maison.

On en attendait six, ils sont restés dehors

On les imaginait en multiples visions

Dans les champs, sous la tour, occupant le décor

Pour mieux se regrouper tout en haut d’une dalle.

Ils allaient et venaient le coeur plein de chansons

Oreilles aiguisées à cloches et accords.

Sur pré de terre foulée ont trouvé fenaison

Dans les vastes bassins perturbé l’eau qui dort

S’ébrouant et riant sans jouer aux vandales.

Epaule contre épaule ont quitté les gazons

Pour clamer à la guerre combien elle avait tort

Et retrouver ensemble au bout des frondaisons

La pelouse où l’orchestre et les chants de ténors

Leur prônaient le partage, loin des cris et scandales.

Et lorsque le soleil a bleui l’horizon

Ils ont levé les yeux vers le Tout, cerné d’or.

Personne n’a dormi ce soir à la maison

On en attendait six, ils adoraient dehors

Tout contre la houlette et la paire de sandales.

Ils ont ouvert les bras, élevé les fanions

Au sourire du pasteur à la voix de mentor

Là où vont l’alezan et le bel étalon

Ils ont montré au monde où est le vrai trésor

Qui se cherche en broutant l’herbe des cathédrales.

On en attendait six, ils étaient un million.

 

 

 

 

JMJ Paris 21 sept.97

Les cellules

 

 

Sous des barres sans concession

La note de tant de dilemmes

Reste à payer.

Tous les appels, les confusions

Les plaidoyers, les anathèmes

Sont dépassés.

Sur une couche de soupçons

Des regrets à visage blême

Sont éludés.

Pourquoi leur parler de sa vie

Sans espérance d’intercesseur ?

 

Sous le drap blanc à perfusion

Les râles en rame de trirème

Sont épuisés.

Toute souffrance et tout frisson

Dans le doute qui s’y essaime

Sont déclinés.

Tous les projets à profusion

Dans une angoisse de carême

Sont étouffés.

Pourquoi lui parler de survie

Sans un geste de guérisseur ?

 

Dans un jardin sans horizon

Les souvenirs et les poèmes

Sont ensilés.

Contre quatre murs d’oraison

Tous les chants et les mots suprêmes

Se sont brisés.

Par le bois de contemplation

Tout l’amour sans prix comme emblême

Est exposé.

Pourquoi se parler de la vie

Si ne s’y rencontre un sauveur ?

Paris sept.97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour un anniversaire

 

 

Sur la marelle des années

Je sautille à cloche-pied

Y poussant un petit pavé

….........d’une case.

Sur l’escabeau des années

Avec barreaux empruntés,

Je m’empresse d’ajouter

…............une base.

Et de la terre jusqu’au sommet

En pointant l’agile galet,

Je monte… degré par degré

…............ça gaze !

L’escarpolette des années,

Depuis quelque temps lancée

Va bien sûr, me balancer

…............la phrase :

« Joyeux anniversaire ! »

« Les voeux les plus sincères… »

 

 

 

 

 

 

 

30 sept. 97

 

 

 

 

 

 

 

Retour sur Souvenirs

 

 

Revient à supprimer le temps

Que vivre au fond de sa caverne

Quand tout souvenir hiberne

Au creux d’un coeur impotent.

Et prévoir arrêt-sur-image

Pour en savourer le détail,

Surtout celui qui avantage :

L’auréole dans le vitrail.

Revient à comprimer le temps

Que d’extirper de sa giberne

Toutes les pièces, en agitant

Les cols, les crêtes qu’on n’en discerne

Ni plume, ni corps, ni visage :

Un amas sans vie sur l’étal

De la mémoire sous l’éclairage

Mouvant et faible d’un fanal.

Revient à exprimer le temps

Que d’extraire d’une vie en berne

Tout signe progressif d’élan

Sorti d’une blessure interne

Comme les cygnes sur l’étang.

Ils tracent sur l’eau leur sillage.

Gonflant leurs ailes sous le vent

Pour rejoindre en des eaux sauvages

L’abri paisible qui les attend.

Revient à sublimer le temps.

Dès que le renouveau nous cerne

Que savoir se taire au printemps.

 

 

 

 

Paris 30 sept.97

 

 

 

 

 

Démolition

 

 

Au carrefour de la rue au si fragile nom

S’élèvent en angle vif des parois de maisons

Aux fenêtre trouées, aux ardoises perdues,

Miettes et poussières pour un socle de grue.

Sur fond de pans coupés, de papiers peints flottants

De cheminées béantes et d’éviers égouttant.

L’engin est à son poste : le scarabée-pelleteuse,

Un impérial insecte à vocation tueuse.

On l’aperçoit d’en bas, devant un mur détruit

Et sur lequel il trône, assis en ses débris,

Encolure inclinée et mâchoire entr’ouverte

Prêt à massicoter toute pâture offerte.

Au centre des étages devra-t-il avaler

Nombre de personnages qui les ont habités ?

Dans les libres espaces les voilà tels des anges

Suspendus, invisibles en un ballet étrange.

Ils ont pleuré et rit, échangé des baisers.

Leur mémoire dans ces pierres peut-elle y demeurer

Et par le froid grincement des chaînes édentées

Se surprendre dans l’air, toute assurance ôtée ?

Et si la joie vécue, enlacée par leurs mains,

L’amour donné, reçu, s’élançait au matin,

Par spirale ascendante de l’escalier sur vide

Pour toucher le royaume dont le ciel est gravide ?

 

 

 

 

 

 

Paris le 2 oct.97

 

 

 

Armand Dubois

 

 

C’est un fameux client qui prise la monnaie

Et son caddie fureteur le pousse dans les coins,

Dans l’ombre sans rayons, sans odeur de roseraie,

Loin du consommateur, pour y choisir son vin.

Son rapide coup d’oeil en ses allées-venues

Embrasse les badauds, discerne parmi les gens,

Les familiers, les riches, les belles inconnues

Les fauchés, les moroses et autres indigents.

Il claudique souvent d’un magasin à l’autre

En offrant son sourire à qui sont ses amis,

Des paroles aimables qui répondent, aux vôtres,

En attente d’offrande d’une assiettée de riz.

C’est par un monologue que nul ne contrarie

Qu’il poursuit sa requête pour un monde meilleur.

Il harangue le ciel par longue plaidoirie,

Appuyée par des mimes qui rallient les railleurs.

Il arrête son char à pochettes-surprises

Qu’il récolta au gré de son esprit fouineur

Resserrées en des sacs, hors de nos convoitises

Dans la folle espérance qu’elles feront son bonheur.

Auprès de sa poussette, allongé sous sa cloche,

De plastique emballé, dès que revient la nuit,

Il dort sur le flacon qui gonfle encor sa poche

Consommé de sommeil, consumé par l’oubli.

Le passant de minuit, voit en cet étalage

Le surprenant paquet qui s’offre à sa stupeur,

Le fruit mûr d’un commerce de vie qu’on dégage

Et qui n’a pas de place au chariot de son coeur

 

 

 

Paris le 11 oct.97

 

 

 

Stratégie (Pour une manif M.L.F.)

 

 

Qui peut ôter cheval de frise

Pour effacer, de brise en brise,

Un bouquet de vieilles crises

A oublier ?

Qui peut grouper, mille par mille

Sous cordon, de ville en ville

Un bouquet de filles à piles

A réunir ?

Qui peut joindre, ce qui exige

Un travail de pige en pige,

Un bouquet d’épines à tiges

A inviter ?

Qui peut cueillir sous maintes clauses,

Folle foison de lèvres closes,

Un bouquet de rose à rose

A assortir ?

Qui peut soulever le fardeau

De paroles en dos à dos

Par bouquet de mot à mot

A accorder ?

Qui peut changer en épaisseur

Un regard d’humeur de soeurs

En bouquet de coeur à coeur

A réussir ?

Qui peut flouer ces mâles en crise

Sur lesquels rien n’a de prise

Sans bouquet de bise à bise

A s’échanger ?

 

 

Paris 16 oct.97

(M.L.F. Mouvement de libération de la femme)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bouquet de roses

 

 

Dis-moi fleur, ma rose, pourquoi as-tu pleuré,

Je viens de voir glisser sur les joues de tes soeurs

Une larme de nacre qui coule de ton coeur.

Si la joie ne t’habite, nous serions-nous leurrés ?

Tu sièges sur un trône, pharaon de soleil

Du centre tu t’ériges, au beau jour de ton sacre

Et ta garde d’honneur qui oublie le massacre

Dresse aussi ses pompons, tels des pavois vermeils

Avec quelques compagnes d’opaline couleur.

Vois la verte espérance de vivre dans un vase,

Rutilante prison d’argile qui s’évase

Pour laisser échapper la vie et ses senteurs.

Et l’on attend de toi, en ta douce fraîcheur

Un éclat de survie, qu’en silence tu donnes.

On en épuisera la grâce qui te couronne :

Ce désir de beauté qu’anima ton faûcheur.

Tu accélères le temps qui reste à parcourir,

Tout le long de ces heures qui te rendent plus pâle.

Vers tes admirateurs, tu sèmes tes pétales

Pour leur dire qu’un soir il leur faudra mourir.

 

 

 

 

 

 

 

Paris 17 oct.97

 

 

 

 

 

 

 

 

Les clés

 

 

Les placards sont fermés.

Bien cachées quelque part

Des clés s’en sont perdues.

Faut-il les retrouver

Sous l’effet du hasard

A un clou suspendues ?

Y sont serrés des songes

Sur planche, bien rangés ;

A consulter surtout

Quand le coeur est éponge

Et veut se protéger

Des errances et des coups,

Des morceaux de musique

Sur rouleaux, empilés,

Sans le fa ni le sol

Pour un mode identique :

Solo à psalmodier

Affadi de bémols.

J’ai pris la clef des champs

Pour m’ouvrir sur les êtres,

Voir exister les hommes

Et murmurer leurs chants,

Clore les portes de hêtre

Par les clés du Royaume.

 

 

 

 

 

Paris 20 oct.97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour un autre anniversaire

 

 

Oyez gens bien patients

Et qui aimez la vie !

Allez voir à Vufflens

La dénommée Flavie.

Un 21 d’octobre,

Elle débarque à Paris,

Vivant de lait, très sobre,

Au sourire de midi.

A qui veut elle accorde

Amitié qui ravit.

Pour François c’est la corde,

Léo et Dimitri.

Elle souffle en cadeau

Le surplus de bougies

Sur couronne d’amies

Autour d’un grand gâteau.

Bon an, mal an, séant

On joue, on soude, on trie.

On zape sur le présent

Grand’fête en Helvétie

Bon anniversaire Flavie.

 

 

 

 

 

 

 

 

21 Oct.97

 

 

 

 

 

 

 

Quelques années avant l’anniversaire

 

 

Crainte, ma crainte

Dans mon corps devient empreinte

Si je ne vise pas plus haut.

Force, ma force

Respire pour fendre ton écorce

Et la soulager du fardeau.

Rive, ma rive

Avance au lieu de ma dérive

Pour me rejoindre au bout des flots.

Plainte, ma plainte,

Je ne crois pas qu’elle soit feinte

Elle est présente à tous échos.

Pousse, ma pousse

Bientôt tu suceras ton pouce

Quand prendront fin ces divins maux.

Berce, te berce

Pour te protéger des averses

Et caresser ta douce peau.

Chance, ma chance

comme est belle cette semence,

Merveilleux, mon bébé tout chaud !

 

 

 

 

 

Paris 26 oct.97

 

 

 

 

 

 

 

 

Le vent de nuit

 

 

Il se fait appeler Noroît sur les galions.

Il incline les mâts, les voiles de ses élytres

Sans avoir à mener de combat de lion.

Par poussée silencieuse sur l’imposte et sa vitre

Il est, aux primes heures, entré par effraction.

En se glissant sans bruit dans la maison obscure

Pour entr’ouvrir la porte qui mène vers les lits,

Il parsème le sommeil de rêves de froidure

Qui provoquent l’éveil au milieu de la nuit.

Par poussée insidieuse de l’ost lève bannière

Pour inverser les mots, nier la propension

A écouter son âme et tracer son ornière.

Il est au long des heures le maître du soupçon.

Par rafales sinueuses, il assure ses pinces

Pour saisir par les flans l’amoureux de raison,

Etre acclamé « le Roi » alors qu’il n’est que prince

D’un monde qui se sert d’orgeuil pour oraison.

S’il est encore debout, au droit de la banquise,

Il oublie dans sa course, de glace persiflant

Que vient au jour tout proche la fin de son emprise,

Qu’éclatera son rostre au front des quatre vents.

Du couchant au levant, dans la nuit se précise

Par percée lumineuse, née du coeur de la croix,

L’aube de la promesse, doux souffle de la brise,

Murmure que diffuse l’haleine du Suroît.

L’étoile du berger attend que l’on se dise,

Pour ne plus disparaître, une parole : « Je crois ».

 

 

 

 

 

Paris 31 oct. 97

 

 

 

 

 

 

 

 

La lampe allumée

 

 

L’épée vert-de-grisée d’un ange lui indique

Le passage étriqué entre deux murs dressés

Dont les ogives au centre filtrent en reflets gothiques

Des saints enluminés à genoux prosternés.

Elle marche du pas lent qui célèbre un mystère

Et de ses bras entoure trois novas de couleur

Pour les abandonner au murmure de la terre

Sur laquelle autrefois elle a versé des pleurs.

Elle va, face au soleil, vers ses âmes très chères

Dont les cendres reposent sous la croix de granit

Qui casse le soleil en rayons de lumière

Rendant l’ombre plus douce, le ciel à son zénith.

Lui revient en déclic, nimbé de soie ocrée,

L’abat-jour sur la table, irradiant alentour

Deux épaules courbées sur l’histoire sacrée

D’un grand livre entr’ouvert qui leur parlait d’amour.

Ce corps s’en est allé, mais lui donne aujourd’hui

Ce message de paix, de foi et de lumière.

Une fleur d’espérance en elle a rejailli

Qui va monter vers lui en aile de prière.

Deux lampes embrasées au plein jour se rejoignent.

Elle pourra repartir en laissant son bouquet.

De tendresse et de joie, ses larmes en témoignent

Diront à ceux qui restent « garde un coeur allumé ».

 

 

 

 

Cimetière Montparnasse 2 nov.97

 

 

 

 

 

 

 

 

Appel

 

 

La goutte sur le flanc

D’un rocher qui s’éclisse,

Equilibre indécis

D’un appel évident,

Dévale en s’étiolant

Vers les champs qu’assouvissent

Aux pieds des éboulis

Les eaux drues du torrent.

Et l’ondée, déboulant

Dessus les cailloux lisses,

Métronome précis

D’un temps omniprésent,

S’écoule en ces instants

Où le ciel est complice

Vers le ruisseau grossi

Qui mène à l’océan.

La larme en ruisselant

comme rayon qui glisse,

Imperceptible « oui »

A l’hélice du temps,

Déroule en s’étanchant

Sur la joue qui se plisse

Un rêve bien enfoui

En deux bras consolants.

 

 

 

 

 

 

Paris 10 nov. 97

 

Shopping

 

 

Au bazar de nos coeurs,

Au verlan de l’hiver,

Voulions suivre en rieurs

Un amour à l’envers.

Au magasin des fleurs

Nous sommes allés chercher

Ce qu’on ne trouve ailleurs

Qu’en champs non défrichés

Aux vitrines des moeurs

Sur gondole exposé

Du tissu pour menteur

Soyeusement emballé.

A l’occasion des heurts

Rêvions de dégriffés,

D’élans de bricoleurs

Sans corps à recoller.

Au rayon des tricheurs,

En client averti,

J’épuisais nos ardeurs

Et m’en suis diverti.

Au comptoir des erreurs

Pour toi, n’ai rien perçu

Que prochaine douleur

Livrée à temps perdu.

A l’hyper des rancoeurs

Cela n’a pas marché

Pour sortir ton bonheur

La caisse allait fermer.

Aux caves de nos coeurs

Pourrait être choisi,

En assoiffés buveurs,

Du « Lagrima Christi ».

Paris 13 nov.97

Quick Poême

Le best of en francophonie

C’est un happy meal au Mac Do

En teenager compagnie

Et speed music à la sono.

Si tu flippes pour girl sexy

Prévoie meeting à la disco.

En golden boy roque au wisky

Et parle « sweet love » en techno.

Si tu veux jouer « open »

Tu swing, surf sur le gin-fizz

Cela au long du week-end

Au top des stars du show-bizz.

A fan des jeux du plein air

Propose foot, water-polo,

Hand-ball, tennis ou rollers

Au Park-center Solognot.

Tu peux la mener en bateau,

Lui faire sniffer le grand fun,

Sur car-ferry, steamer, moto

Avec voix “off” du “Sea-Wind”.

Ta souris, piège-la tout net

Par un film à l’hit-parade.

Sur le web et Internet,

Si clique sera very glad.

Paie-lui un brunch à l’hyppo

Pour birthday tout à fait « in »

Avec burger assez chaud,

A greetings, pas de mailing.

Avant retour au collège

Clips en remake à zapper

Soft play-back sur le new-âge,

Zen, channeling, pour la snober.

Le lundi, come-back chez les profs,

Le clash des coeurs c’est à classer.

Tee-shirt, basketts, on sort du loft

Pour un nouveau cours de français.

Paris le 16 nov.97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Encore un anniversaire

 

 

Trente deux ans, c’est unique

A vivre dans le présent

D’un sourire magnifique

De ses trente deux dents.

Aujourd’hui, pure merveille,

Près de toi réunis,

Les amis que tu veilles

Veuillent que soit réussi

Ce jour de re-naissance

Où première fois se vit

Cet amour que l’enfance

En femme a accompli.

Un bon anniversaire, Annie.

Affection et présence,

De l’ardeur en la vie,

Et joyeuse confiance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris 20 nov.97

 

 

 

 

 

 

 

Chambre 27/26

A antoinette

 

 

L’aube bleue s’éclaircit, luciole vibratile,

Pointillant les façades, du jour à dévider,

Et les contrevents s’ouvrent aux rumeurs de la ville

Les élèvent aux étages des murs aseptisés.

La lumière qui blanchit la vitre d’insomnie

Donne vie à l’espace gris et pentu des toits.

Elle lève les paupières des heures appesanties

Et de celle qui repose dans l’univers étroit

D’un métallique lit bordé de barres obliques

Où des heures sans secondes coulent à contre temps.

Elle ne les compte plus, sans aurore salvifique,

Puisque son fil des mois se conjugue au présent.

Ils sont passés au soir, les juges en blouses blanches,

Habiles en contresens, dévoués au scalpel.

En face ils ont pris place et sans effets de manche

Rendu hors plaidoirie verdict sans appel.

Aura-t-elle la force d’un vivre en plénitude,

Ramant en contre-champs pour cadrer le destin,

Pour sourire aux amis, limer leurs inquiétudes,

D’envisager sa nuit aux brumes d’un matin.

L’outil que tient sa main pour répondre au défi,

Ciseler son profil, buriner son courage,

Ne tremblera-t-il pas pour ce faible profit

De l’oeil admiratif de tout l’aréopage ?

Sur les draps protecteurs, ramassés en talus

Par les membres crispés, se pose, vibrante tache,

Un hâlo lumineux, premier rayon voulu

Par notre Créateur pour magnifier nos tâches.

L’angoisse est toujours là, le doute a disparu.

En contre-chant, revient souligner la complainte

D’un psaume ressurgi « … Lumière est mon salut… »

Oui, Seigneur, mon salut, de qui aurais-je crainte ?

 

 

 

Paris 20 nov. 97

 

 

 

Omission

 

 

Toi Seul Tu sais, Seigneur…..

Tu sais tout le bonheur que tu veux me donner,

Celui qui est promis à tes enfants blessés

Quand ils ont sans merci ton amour délaissé.

Toi seul tu as pleuré sur mon destin trompeur

Qui me retient ainsi, ayant fermé mon coeur,

Dans l’orgueil d’ici : Toi Seul tu sais, Seigneur.

Tu m’as offert Ton Fils pour qu’Il veille avec Toi.

Toi qui est tout pardon, alors pardonne-moi.

Je n’ai pas vu les dons prodigués sur le bois,

Ni de ceux qui m’entourent et qui ont essayé

De me dire que Tu m’aimes. Je n’ai pas essuyé

Les larmes des visages par lesquels Tu pleurais,

Ou si peu – pour me plaire et grandir ma stature.

Ne me suis réjoui de la belle nature

Que planta alentour, merveilleuse aventure,

Dans un surcroît d’amour, Ta main de créateur

Pour me planter ainsi en Tes bras protecteurs,

Plonger dans mes prunelles ton regard de Sauveur.

Je n’ai pas entrevu, et même méprisé

Tout ce beau plan de grâce auquel je n’ai puisé

Pour qu’aujourd’hui ma place soit dans T a charité.

J’ai oublié les chants, j’ai oublié les fleurs,

Et des humains croisés n’ai senti leur malheur.

Je n’ai pas pris Tes mains quand je tenais les leurs

Ni reconnu en eux qu’ils étaient fils de Roi.

Ai-je sondé Ton Coeur quand je pillais Ta Loi ?

Et me suis-je appuyé à l’arbre de ta croix ?

Pardon ô Souverain, monarque des vertus

En livrée de service, mais par moi dévêtu.

Apprends-moi, Toi, le Roi, qui me dit : « Que veux-tu ? »

Toi Seul Tu sais, Seigneur, si je t’ai répondu…

 

Le 23 nov.97

En la fête du Xt-Roi

 

 

 

Vivement le Paradis.

 

 

 

 

L’aurore en ses parvis

Voit tes paupières éclore

Pour tout un jour encore

Qui n’a pas dit son « oui ».

Sur le plateau, servi,

Le café se désole

Attend les fumerolles

D’un pain un peu roussi.

En brillant raccourci

Qui rompt notre silence :

Trois mots profonds et denses

« Vivement le paradis »…

Tu prendras le caddy

Pour faire les emplettes

De nos repas de fêtes

Qui se cherchent à midi.

Et vient l’instant béni

Au coeur de la chapelle,

La vie devient réelle :

Déjà le Paradis !

Et du jour à la nuit,

Nous casserons la croûte

Annuelle de la route

A suivre en décadi.

« Vivement le Paradis ! »

Voilà belle pensée

Par elle-même bercée.

Il faut et il suffit.

°/°°

 

°°/°°°

 

Pour vivre l’inédit

Nous n’avons qu’un seul rythme,

Bien loin des algorithmes

Inclus dans l’Infini.

 

 

Comment n’être averti,

Soixante quatorze années,

Cycles succédanés,

Du temps qui s’accomplit.

Sous spires de l’esprit

A vouloir en confiance

Que vive ton espérance

D’aller au Paradis.

« Vivement le Paradis ! »

C’est ici, aujourd’hui.

 

 

 

 

Anniversaire Francis 29/11/97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Imaginaire Cimaise

 

 

Je rêve d’exposer et suspendre en cimaise

Tout en surimpressions et dans tous les formats

Ce qu’exige du coeur dans un esprit d’ascèse

L’épingle d’intuition à fixer les combats

Gagnés sur l’acescence que toute vie comporte

Pour survivre en hiver, aimer en ses étés :

Et que ne se réduisent en simple nature morte,

Tableaux sans harmonie, les fruits de vanité.

Comment saurais-je peindre en vivant paysage

Les chemins et les ponts par l’enfant parcourus,

Les lieux où l’on s’arrête, usuels passages

Et les points de retour tout à fait imprévus

Où l’on marche en boitant, voyage en pointillé,

Et ceux où vont nos pas vers une unique vue.

Que de droites et de courbes au trait noir renforcé

Sur aire de repos où la halte est prévue.

Comment saurais-je peindre en paisible marine

Les énergies usées à rassasier les coeurs,

Transfusées par les mains, les paroles et les signes

De ceux qui se croisèrent, naïfs navigateurs,

Pour découvrir en eux la faim inextinguible

D’insoupçonnés désirs comme lames de fond

A toucher une terre dont l’oubli est la cible.

Serait-ce attrait perdu, happé par le typhon ?

Comment pourrais-je peindre en un seul visage

Le portrait idéal de ceux qu’on a connus,

Regrouper sur la toile ce qui n’est que mirage,

Exprimer en couleurs tous les élans perdus,

Les rires dominés, les éclairs de mémoire,

Les éclats de prunelles et les pleurs essuyés,

Les chants et les murmures qui exhalent une histoire,

La figure de l’homme en son éternité.

 

 

Paris 7/12/97

 

 

 

Allègre P.C.

 

Autant antidater ce mot,

D’ordinaire narrateur.

Devant un horodateur

J’ai bisqué, descendu d’auto,

Pour faire gratter un intello

Dessous ton ordinateur.

Entre ses bras, il l’a porté

Déjà maté tout en montant.

Fallait-il dans l’appartement

Parler des marches d’escalier

Qu’il a comptées en trébuchant,

Têtu, manquant de s’étaler ?

Il l’a topé sur la table.

Dans la dentelle ne faisant pas

Il lui fit frôler le trépas.

Critiquer c’est très confortable :

« Attention ! Il n’est pas à toi ! »

Sa réponse fut détestable.

Porte claquée, il est parti.

Et moi bloqué à l’extérieur,

Moitié colère, moitié rieur,

Déconcerté et diverti

Par l’imprévu, à ma stupeur

Je n’en ai pas pris mon parti.

Et je t’appelle sur mon portable.

Si de bonne composition

Tu peux venir à l’occasion

Avec une clé, c’est préférable.

C’est pertinente invitation

A réparer l’insupportable.

Attablés au petit bistrot

Nous consulterons le menu

Non conçu pour informatique.

Ni le Zimbabwé en Afrique,

Ni les plages de Portofino,

Aucun zapping géographique

Ne remplaceront un plat chaud.

°/°°

°°/°°°

Puis nous ouvrirons sans astuce

Avec ton double le dit portail.

C’est lumineux comme un vitrail,

Nous retournerons à nos puces.

Face à l’écran pour un long bail

Nous cliquerons à la russe.

 

 

Paris 8 déc.97

 

 

 

 

Contradiction

 

 

Convertible nuage évadé de ton ciel,

Nous raconterais-tu ta vie incarcérée,

Comment tu t’es formé du vide matriciel

Rejoignant les abysses d’une masse enserrée

Entre les continents ?

Toi, versatile abeille, tributaire de ton miel

Conterais-tu l’histoire du monde alvéolaire

D’un échiquier vivant nourri du logiciel

D’un travail sans fin, automate ancillaire

De l’été au printemps.

Infertile sommeilleux aux désirs pluriels

Nous dirais-tu comment au seuil de la prière

Tu entrais en ce lieu, compact, immatériel

Où ton Dieu pour toi seul ravive la lumière

Qui fait vivre tes ans.

Convertible endormi, évadé de Son ciel,

Te contenterais-tu d’un monde alvéolaire

Te refermant ainsi sur visée de ton miel

Si tu ne pressentais ce règne de lumière

Dans un pérenne temps.

 

 

13 déc. Ste Lucie

 

Fête d’hiver

 

 

Un soleil épuisé aujourd’hui se relève.

Ses rayons abrasés des cieux devront percer

Imperceptibles feux du froid prendront relève

Pour éclaircir le jour de nos peurs à bercer.

Et tout comme les hommes, la terre est versatile

Mais elle ne manque pas ce rendez-vous sacré

Pour lequel elle parcourt l’apogée rétractile

Qui la ramène à l’astre dont elle est le sujet.

Alors que condamné ainsi l’hiver débute,

Son avenir se clôt en déclin escompté.

Cette contradiction en esprit nous rebute

Et pour mieux l’ignorer nous aimons la fêter.

Sans doute pour l’illustrer notre raison s’abrite

Sous danses saturnales dont les chants syncopés

Vont nous faire oublier aux rythmes qui s’ébruitent

Que nos pas sont prévus et nos élans coupés.

Dans un temps où l’argent se partageait en sicles,

En un mois ignoré, par froidure, en Judée

Est descendu Celui qui perdure les cycles

D’un univers prodigue de questions éludées.

Vint à nous pauvrement le soleil de Justice

Sans effet, sans éclat, espérant le cadeau

D’une simple attention, quelque soit le solstice,

Pour l’enfant attendu comme l’astre d’en haut.

Qui s’en est réjoui hormis des humbles frères.

De cette nuit de Paix, par les nues avertis

Sont-ils allés à lui pour crier leur misère,

Lui dire qu’Il n’est point seul, lui offrir leur brebis ?

Et depuis cet instant, revient l’anniversaire

De l’arrivée discrète de notre Emmanuel ;

Attente d’espérance, victoire sur notre terre !

Sais-tu qu’Il est venu te dire : « Aime ! » à Noël ?

Paris 18/19 déc.97

Pommes de Paradis

 

 

Sphérique pomme de rupture

Tavelée de vert céladon,

Chromée, marbrée d’amarante.

Voilà mère Eve prise en capture

Pour avoir coupé son cordon

Et partir vers la vie errante.

Euphorique orbe d’aventures,

Lieu circonscrit d’un nouveau don

Où vont se croiser nos attentes.

Voilà mère Eve mise en bouture

Pour fleurir son coeur vermillon

Et devenir plus belle plante.

Ferriques gnomes sans monture

Pieds à terre pour les reculons,

Les escalades et les descentes.

Voilà mère Eve qui murmure

Encarminée par les frelons

Du tentateur qui l’en aimante.

Fièvre qui gomme et qui rature

L’Harmonie de la Création.

Et comment remonter la pente ?

Voilà mère Eve sans autre armure

Qu’une spire en dilatation

Dont sa fille en sera le centre.

Sphérique somme qui nous assure

Des couleurs de l’Incarnation :

Ocre doré de vie aimante,

Verte espérance qui perdure,

Rouge sang d’amour-abandon

Pour nous remettre en droite sente.

S’offre l’Unique ! Homme qui apure

Nos déroutes et nos rébellions.

C’est le fruit de Dieu qui s’enfante

Et se livre à sa créature,

Se détache et tombe du tronc

Dans les bras de Marie orante.

Paris 30/12/97

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tel quel et sans corrections-

Cinq minutes de réflexion pour soixante et onze années.

Le 3/1/98 au matin (10 heures avant l’hospitalisation de mamie).

 

 

Table d’années-addition

Sans une perte de mémoire

Qui mène à cette ascension

Vers une sphère où nuit est noire.

-A moins que ce ne soit lumière !-

Pour achever notre grimoire.

Qui le dit à notre intuition

Hors des grimaces de notre histoire

Où chacun s’affaire à vouloir

Occuper la première place ?

Est-ce louable intention

Que désirer laisser des traces

De notre trajet dérisoire,

Si l’on ne peut plus percevoir

De notre vie la direction ?

Et qui aurait la prétention

De nous donner quelques espoirs ?

C’est à saisir sans objection

Et monter dans la balançoire

Qui nous ramène à la maison.

 

 

 

 

 

 

 

Paris 03/1/98

 

 

 

 

 

 

 

 

Prends le temps.

 

 

Prends le temps de courir

A ce qui vaut la peine.

Qu’une ardeur à quérir

Soit le vent qui t’entraîne.

Prends le temps de t’enfuir

Loin du chant des sirènes.

Devance l’avenir

Et tes heures seront pleines.

Prends le temps de bannir

En toi idée de haine.

La douceur de chérir

Allégera tes chaînes.

Prends le temps d’avertir

Que proche est terre lointaine,

Rude à y parvenir

De ton mât de misaine.

Prends le temps de nourrir

La joie qui devient tienne.

Laisse ton sang rugir

Au staccato des veines.

Prends le temps de t’ouvrir

A parole de Cène.

D’éclore ton désir

Vers lui qui te fait reine.

 

 

 

 

 

Paris 31/01/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Psy méditations pour une orthophoniste.

 

 

Psychologie chérie tu me donnes à plancher.

Sise sur banc de bois, je suis prête à flancher,

En ce couloir étroit, cinq portes qui me toisent

Ornées de papillons sur litière d’armoise.

Ecologie complice d’archétypes figés,

Les herbes d’huiles peintes voient mon oeil affligé

Par leurs ondulations, supporters de chenilles.

Faut-il se tortiller pour quitter sa guenille !

Analogie du temps qui me reste à forger,

En corridor serré, contreforts à forcer.

Rires derrières les champs et claquements de paumes

Patience à dépenser pour épanouir un homme.

 

 

 

 

 

 

Hopital St Vincent de Paul

Paris 02/02/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visage en son miroir

(ou Miroir en son visage ?)

 

 

Entrechats de secrets

Ou seule mémoire vibre

D’un coeur sur ses agrès

Au lucide équilibre.

Galuchat sous apprêts

Où s’assèchent les fluides,

Souvenirs en congrès

Ont voté pour la ride.

Chagrins en échancré

Au creux de la poitrine,

Au port se sont ancrés

Par épissure trine.

Sous le crachin nacré

de poudre et de soupirs

S’offre de gré à gré

L’espoir de repartir.

Petits chacras sacrés,

Sans la carte du tendre,

En leur jardin-regrets

Ne se pourraient comprendre.

 

 

 

 

 

 

05/02/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Transfert

 

 

Y aurait-il besoin qu’une étoile s’étiole

Aux confins des espaces sous miroir de soleil

Pour faire fleurir le grain et ramper les bestioles

Et donner à l’humain le sens de son éveil ?

Est-il besoin qu’un astre en parcelles s’envole

Par gerbes sidérales, collier incandescent

Autour du disque noir, inducteur d’hyperboles

Lumineux millénaires qui génèrent nos sens ?

Est-il besoin d’un corps écrasé, sans l’obole

D’un coeur compatissant qui s’abolit de pleurs

Pour exprimer la soif de n’être pas symbole

Mais réelle parole sur chemin novateur ?

Et s’il était besoin d’une mort parabole

Pour que naissent à la vie ceux qui s’offrent en témoins

Tel l’innocent qui plie à tout ce qui l’immole

Aux croisées des envies, fort d’un néant de moins ?

 

 

 

 

 

Paris 14/03/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Invite

 

 

Si tu voulais venir sur le sentier des monts

Tu verrais l’avenir de l’aval en amont

Où l’air est rose.

Du levant au couchant où vibre la lumière

Sur toute frondaison, recenseur de clairière,

Ton oeil repose.

Si tu voulais broder au canevas des mots

Tu choisirais ton fil qui fixe le rameau

A quelque rose,

Toute fleur au bouquet esquissé sur résille

A faire battre nos coeurs quand tu tires l’aiguille

Du fond des choses.

Si tu voulais t’ouvrir à douceur de regard,

Epanouir de tes mains les doigts, à tous égards

Que tu tins closes,

D’un geste qui relie, jouxtés, nous irions d’amble,

Sang pulsé, pas à pas, rêvant ensemble

D’âmes écloses.

 

 

 

 

 

 

 

Gasville 20/04/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Défoulement

 

 

Vas donc au jardin Arago

En avril, sous les pêchers roses

Voir auprès du banc des cagots

Un flacon de toute cirrhose

Que s’échangent deux ostrogots

Pour que leurs paroles s’arrosent

Et desquelles ils s’haranguent haut.

En cette agora de ragots

Nul ne pourrait t’empêcher, Rose

De rêver ton ciel indigo

De chanter ta vie, si l’art ose

Délier tes cordes en argot

Pour déclamer tes péchés roses

Tendre Tanagra d’embargo.

 

 

 

 

Paris 5 Mai 98

 

 

 

 

 

 

 

 

Exode

 

 

Quand graminée s’échappe au tournant de novembre

Et court encapuchée se cacher dans un creux,

Brique de cheminée ou tronc qui se démembre,

Socle gris, effrité, du tombeau des aïeux,

Elle va s’abriter bien lovée dans la place

Pour mieux se retenir hors des bruits et des vents.

Elle ne pourra jamais entr’ouvrir dans la glace

Son justaucorps serré qui contient le printemps.

Du stigmate fécond dont sortirait la vie

Nulle plante nouvelle déploiera son essor.

Comment se déchirer et livrer à la pluie

L’énergie du tréfonds où sommeille un trésor,

Sans consentir au sac d’invisibles bourrasques

A déloger le temps intimiste et frileux

D’un abri dur et sec afin qu’elle se démasque,

Verse dans l’inconnu, s’épande en son milieu ?

Alors grain s’offrira à son propre mystère,

Aux doutes, par les heurts vers confins plantureux,

Pour s’enfouir en richesse de la promise terre,

Livrer à l’avenir son germe généreux.

Gasville 17/05/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haute tension en Beauce

 

 

Tel ce double clocher, deux pylônes uniques

Montent de l’horizon où furent coupés des blés

Frêles et transparents jumeaux de la technique

Pour motrice énergie qu’ils charroient encâblés.

Ces cathédrales se dressent à quelques encablures,

Silhouette en grisé sur fond de ciel rougi.

Si l’une est en métal, l’autre doit son allure

A la pierre taillée par des doigts assagis

Au fil de la prière quand leurs mains se sont jointes.

Si tu te tiens au pied de ces fiers monuments

Tu peux entendre l’hymne qui vibre jusqu’aux pointes,

Murmure en continu, discret bourdonnement.

Cette modulation vitale et invisible

Des forces de la terre oeuvrant pour ses enfants

T’élève à l’unisson ; toi-même devient cible

D’un désir d’oraison dont nul ne se défend

Tes pas te guideront vers dentelle des cônes

Pour psalmodier la vie, choeur ininterrompu…

Tu sauras sublimer sous un regard d’icône

La mélodie des jours à jouer impromptu.

 

 

 

 

 

 

Chartres/Paris 21 mai 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Envol

 

 

 

L’espace-temps quand se restreint

L’espèce gens se raréfie.

Les spics séchés du lavandin

L’exposent, tu le vérifies,

Laissent pulser folâtre grain.

L’expatrié à toi confie

L’expérience en libre terrain :

L’expiration qui te défie.

Laisse pousser dans ton jardin

L’expulsé qui s’y fortifie.

L’espérance en est le regain.

 

 

 

 

 

 

 

Gasville 28 mai 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chute d’Ados

 

 

 

Dans les agrumes

Nids évidés

Oiseau n’exhume

Plus la becquée.

Mêlées de plumes

Cris aiguisés

Corne de brume

Pour la couvée.

Si l’on résume

Un tel rejet

C’est la coutume

Pour évincer.

Sans amertume

Et sans regret

Rêves posthumes

A effacer.

Fuir le bitume

Pour le bosquet

Oison assume

Ce bel été !

 

 

 

Paris 4 Juin 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’arbre de mai

 

 

L’arbre de mai sera planté sur la grand’place

De la forêt, rameau scié que l’on déplace.

A son sommet d’une couronne enturbanné

Flottent au vent drapeaux et fleurs enrubannés.

Il attendra que nuit venue couples s’amassent

Flûtes et vielles au son menu pour qu’ils s’enlacent.

L’arbre de mai sur toile peinte est dessiné,

Droit peuplier, régence oblige, en majesté.

Jeunes danseuses et villageois ne font plus face.

Bleus personnages que le soleil déjà efface.

L’arbre de mai au centre ville est honoré,

Grille aux racines, dalles au pied, fer ouvragé.

Autour de lui, pour compagnie, canins fugaces

Il tend sa feuille en tremblotant vers les palaces.

Est-ce utopie que de rêver sa liberté

Rivé aux siens, en un bosquet non déplanté ?

L’arbre de mai sous la ramée d’un bois vivace

Voit décharger cendre et déchet en son espace,

Auprès des fûts de ses aînés, tronc enfumé.

L’homme ne cesse de l’encenser son bien-aimé.

 

 

 

 

 

 

 

 

Gasville 12 Juin 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Absence

 

 

 

J’ai serré en mes mains

La tasse de vieux Sèvres,

Celle qui allie pâleur

Au bleu de tendre nuit.

 

Aux rumeurs du matin,

Par ce geste un peu mièvre

Tu humais les senteurs

D’un fragile appétit.

 

Au détour du destin

Il me manque deux lèvres :

Celles qui parlaient au coeur,

Celles qui goûtaient l’ami.

 

J’ai pris de ton parfum

A verser sur ma fièvre :

Celui qui sent la fleur,

Celui qui sent le buis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gasville 21 Juin 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Coquelicot

 

 

 

 

Au bout du coquelicot… le champs

Mordoré des épis inclinés par le vent.

Il s’y voit le vieil homme plié sur sa mémoire,

Penché sur son passé, sa terre et son histoire.

 

En haut de la corolle… le sang

Aux couleurs de la vie, à la douleur des ans,

A la sueur du rein qui fauche son avoine,

Courbé à la recherche de quelque chélidoine.

 

Aux turquoises des feuilles… les dents

Pointues et ondulées qui durcissent souvent

A enserrer la tige pour en pulser sa sève

Vers le bourgeon naissant où y monte le rève.

 

A l’arc du bouton… l’élan

Qui déploiera ses soies plissées au jour naissant

Redressera le corps quand le soleil s’incline,

Eveillera les sens au soir qui s’illumine.

 

A graine encapsulée… le temps

Pour filer sa racine à rénover l’antan,

Insuffler au sommeil cet apaisant mensonge

Que se capte à l’éveil la clé de tous les songes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Gasville Juillet 98

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeux

 

 

 

Dans le vent du matin jeune pinson compose

Sur une ombellifère inclinant son sommet.

Il décline sa note à béance de bec

La tête un peu penchée, balançant son sonnet

A qui veut bien l’entendre dans l’air luisant et sec

….. Pause

 

Derrière l’épais taillis un félin le surveille

Toute patte ployée, crâne en épaule tapi

Il a plissé son oeil et allégé son poids ;

Intensément espère un saut bien réussi

Et entre ses mâchoires l’imagine et le voit

….. Veille

 

Un rayon de soleil peint la joie indicible

Des primes heures d’été sur les rameaux mouvants

Pour atteindre midi, rituel crescendo ;

Oriente ses dards en un lent mouvement

Sur le dos du siffleur modulant son solo

….. Cible

 

Voilà que l’hyperbole d’une balle s’équilibre

Dessus un rire d’enfant qui attend le rebond

Imprévu et bruyant sur le gravier du sol

Pour finir son élan dans les bras d’un second.

Et l’oiseau tout surpris prend soudain son envol

….. Libre

 

 

 

 

 

Gasville Août 98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Instructions du maître japonais à sa femme

selon Kurosawa

 

 

 

Pour viser le bon ton

Et garder l’esprit sage

sous mes ordres et futon

Tu entres en mariage.

 

Tu me rases les cheveux

Tu me cires la moustache

Et tu me ponds des oeufs !

Jamais tu ne te fâches.

 

Tu m’astiques l’auto

Et remplis ta mémoire

De romans, de bons mots

Pour m’en conter l’histoire.

 

Tu mijotes des plats

Invites mes amis

M’offres le cinéma

Quand mon ciel se fait gris.

 

Tu t’inclines en douceur

Si parfois je m’emporte.

Tu me plantes des fleurs

Tout au seuil de ma porte.

 

Sans gestuelle acerbe

De bon coeur tu me suis.

Tu vas me couper l’herbe

Sous le pied… Tu souris ?

 

 

 

 

 

Gasville Octobre 98

 

 

Demi-teinte en perplexité

 

 

 

 

Au mémoire des jours

Sur bilan qu’on dépose

Dans le contre et le pour

De comptes à intégrer.

Qu’y a-t-il à solder

En cette maison rose ?

 

Des tentations d’oubli,

Du prendre fait et cause

D’un passé accompli

Entre ses murs chaulés,

Qu’y a-t-il à brader

Dans cette maison rose ?

 

Du cuivre à reflets d’or

Et de flammes en sclérose.

Des sourires en décors

D’ancêtres oubliés,

Qu’y a-t-il à voler

Dans cette maison rose ?

 

De la moire des ans

Sur tissu d’humbles choses.

Du revers au brillant

Des ombres aux reflets,

Qu’y a-t-il à broder

sur cette maison rose ?

 

D’un silence exigeant

La vie se recompose :

L’espoir, tout jeune enfant.

Désirs à dérouler,

Qu’y a-t-il à bercer

En cette maison rose ?

 

 

 

 

Paris et Gasville 20 Novembre 98

 

 

 

 

 

 

À punaiser sur disque rouge

 

 

 

Avec un crayon à papier

Je vais écrire : je t’aime.

Avec un crayon à farder

J’effacerai « moi-même ».

Avec un crayon à filmer

En ferais-je un poème ?

 

 

 

Gasville Septembre 98

 

 

 

 

 

Le temps est revenu de dire…

 

 

 

Vingt-quatre heures encor

Pour une partie de coeur à corps,

Sous le soleil,

Cours circulaire.

Paraboles, pour en extraire

quelques paroles, tout en accord,

Tout en éveil

Et sans r accord.

Avec toi-même, avec moi-même…

Une journée à dire : « Je t’aime » !

Lent défilé de janissaires

Garde éblouie d’anniversaires.

 

 

 

Paris 28/11/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cartographie

 

 

 

 

Région d’habileté où talent s’est perdu

A vouloir sans raison renforcer son allure

Pour y chercher au sol parmi les balayures

Ce que la destinée n’aura qu’entraperçu.

 

Région inhabitée de nos mondes connus,

Que trouvera-t-on là, où nul ne s’aventure,

Si la pensée recule face à cette fracture

Qui ne peut se fermer sans s’exposer à nu.

 

Région habituée au silence et reflux

Qui vibrent et qui espèrent y dresser leur voilure

Dont ne se mesure plus ni force ni envergure

A exhiber synchrones et présence et refus.

 

Région habilitée à célébrer l’afflux,

De ceux qui se choisissent un chemin d’ouverture

Et qui auraient pris soin de blanchir leur vêture

Pour recevoir le prix qui comble les élus.

 

 

 

 

 

Paris 30/11/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mnémoribote

 

 

 

 

Quitte à réveiller le marmot

Qui dort en nous comme marmotte.

Nous convoquerons nos griots

Pour ce partage de griottes.

On voguera sur le radeau

D’une mélopée qui radote :

A nous de faire les cabots

Si notre embarcation cabote

Vers les ports où se noient les mots.

A vouloir remuer les mottes

De souvenance d’un seul pied bot,

Nous resterons près de nos bottes

Sans déposer notre balot.

 

 

 

 

 

 

Paris 13/12/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vacuité

 

 

 

 

Il aime ce doigt léger qui frôle ses arêtes

De bois blond et verni, de métal incrusté.

Il attend le passage d’une main qui s’arrête

Au creux de ses ferrures pour en tourner la clé.

 

Que pourrait-il serrer au fond de ses planchettes

Si ce n’est que du rêve qu’on y veut déposer

Et qu’il délivrerait, telle une cassolette,

En des parfums suaves ou miasmes infestés.

 

Le lieu qu’on lui choisit pour dormir en cachette

Est rempli de ténèbres, de mystères et secrets.

Le réveiller parfois relève du casse-tête

Par effroi d’osciller entre fête et regrets

 

Et que va-t-il offrir, soulevé le couvercle,

Un trésor supposé, parchemins cachetés,

Joyaux, espoir d’un bouclage de cercle

Si s’enfouissent à leur tour d’ultimes volontés ?

 

Un jour, à la lumière, il trônera peut-être

Au centre d’une salle sur un plateau marbré.

Il ne s’ouvrira plus au jeu de cache-lettre ;

Nul ne le touchera puisqu’il a tout livré.

 

Dans le calme des heures, sans que clé ne cliquette,

S’ouvrira pour lui-même, en silence, d’un seul trait,

Sa mémoire toute vive, l’histoire d’une cassette,

Au nom banalisé de modeste coffret.

 

 

 

 

20/12/98

 

 

 

 

 

 

 

 

Cadeau

 

 

 

 

Par vastes paysages

Sous paisibles ciels gris,

Dans un silence ouaté

De neiges et de mages,

Le long des autodromes

Adhère, réelle image

Forgée en nos esprits :

Sapins de blanc fourrés,

Granges pour le fourrage…

Peut-être sur le chaume

Dort notre Tout-petit ?

Car l’auberge est bien pleine

De grands, de forts, de sages,

En accueil appauvris.

S’Il est là, Il attend

Qu’auprès de Lui s’en vienne

Pour armer son courage

Quelqu’un qui veut L’aimer,

Dont la présence est baume…

Mais depuis bien longtemps

Sur la couche terrienne

Dorment les alanguis :

L’Amour est en chômage.

 

Confiant, Il est resté

Nous offrir Son visage.

Il n’est plus reparti.

 

 

 

25/12/98

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passe-temps

 

 

 

 

 

Hier n’est jamais de retour.

A chaque rebours sa sirène,

A chaque reine, salue la cour.

Hier n’est jamais sans recours.

 

 

L’aujourd’hui vient à son secours.

A chaque heure suffit sa veine,

A chaque peine ses labours.

L’aujourd’hui sème son parcours.

 

 

Demain attend un autre jour.

A chaque source y boit un sage,

A chaque mage son détour.

Demain aspire au bel amour.

 

 

 

 

 

 

 

Paris 03/01/99

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plage en nocturne

 

 

 

 

Aux confins des eaux

Un arc de lune

A percé les terres ;

Multiples parcelles

En grain qui s’effritent

Qui roulent ou se serrent.

Il espère la nuit,

Miroir vertical,

Sélène lumière,

Revoir au zénith

Visage de mère.

Comme chant de foule

Aux bords des combats

Se force la houle

A braver nos pas.

L’océan qui gonfle

De mots inconscients

Charrie dans des conques

D’oubli d’autres temps.

Et nos pieds les foulent

Miettes de grèves,

Blessant les ampoules

De nos coeurs tremblants.

 

 

 

 

 

Paris 06/01/99

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bouche à boucle (d’oreille)

 

 

 

Petit livre tout neuf

Né pour livrer message,

Généreux en coquilles

Et sans preuve par neuf.

C’est tout près du visage

Qu’à l’oreille il oscille

Pour fuser son refrain

Ecrit pour minisage.

Il redit sur nos routes

D’aujourd’hui et demain

Parole à chaque page*

A découvrir : << Ecoute !...>>

 

 

* (ou : Parole qui engage

A l’entrouvrir :<<Ecoute !...>>)

 

 

 

Paris 19/01/99

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Agneau « casher »

 

 

 

 

Au confluent des doigts

Tout le fil d’un parcours,

En travail, sans retour

Pour tunique à recoudre

Et habiller un roi,

Oeuvre sans coup de foudre

Q’un silence déploie.

 

Dans le creux de ma paume

Tout le grain du labour

A embraser les fours.

Nouveau temps qui va sourdre

Aux bastions d’un royaume

Où faim est à résoudre

Sans recherche de proie.

 

Au centre de ma main

Tout le feu de l’amour

A déplacer les jours

En mon sang à dissoudre

Pour vivre un lendemain

Où l’ennui est à moudre

En parcelles de joie.

 

 

 

 

 

Gasville 06/03/99

 

 

 

Un éclat de verre

(Jubilatoire et Jovien)

 

 

Un coeur en sa misère

A joué au vandale

Et lancé le caillou.

Un éclat de verrière

S’est brisé sur la dalle

Où se plient les genoux.

 

Provocant discobole,

Au vouloir de saccage,

Il jette son appel :

Un fracassant symbole

A sortir de nos cages

Pour lui parler du ciel.

 

Mais comment le rejoindre

Au terme de sa fuite

Pour lui dire : « Dieu est bon ! »

Que toujours est à poindre

Son amour et par suite

L’aube de son pardon ?

 

Muette est la façade

De la petite église

Au vitrail désolé.

Sous nef, en ambassade,

S’échange la valise

Du prochain jubilé.

 

Il s’y trouve un programme

A faire chanter la terre,

A vivre le pari

De vivifier la flamme,

Au nouveau millénaire

De l’Eternel Esprit.

 

Par vitre qui éclate,

En élan de prière

Sera pris l’inconnu

Pour que son coeur s’ébatte

Et cherche la lumière

Au chemin de Jésus.

°/°

°°/°°°

 

Et que brille en spirale

Son pauvre éclat de verre

Au centre de la tour

Dressée en cathédrale

A la Gloire du Père

Qui guette son retour.

 

30 Août 99/ 6 Sept. Jouy/Gasville

 

 

 

A propos de cassettes….

 

Godzilla

God is here

Vieux débat

Qui s’étire

Faux sabbat

Qui t’attire

Vrai combat

Qui t’aspire

Dieu est là

Qui t’inspire

 

09/10/99

 

 

 

Pour un nouvel anniversaire

 

 

C’est une recette paternelle :

« Prends du Grégoire

En concentré,

Douze ans d’histoire,

Quartier pelé,

Dans une armoire,

Cassette-télé. »

<<La vie est belle !>>

 

 

03/10/99

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Concert en église.

 

 

 

 

En décorum

De ce Saint-Lieu

Un haut podium

Violoneux.

Auditorium

Pour gens sérieux :

« Mozarteum »

Mozart des dieux.

 

Au grand plenum

Du mélodieux

Il y a forum

Pour les coeurs pieux.

Dans l’incertum

Des amoureux :

Christ es-tu homme ?

Christ es-tu Dieu ?

 

Au « Te Deum »

Des bienheureux

Jésus est homme !

Jésus est Dieu !!

Plain-chant, summum

Souffle des cieux

« Mozarteum »

Mozart à dieu !

 

 

 

 

Gasville Octobre 99

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue à Baptiste.

 

Dans le pot du Bon Dieu,

A l’infini volume

Pas de caillou calleux :

Le granit se fait plume.

 

Autour de sa Présence

Il roule et se blottit ;

Autour de son silence

S’y lovera aussi.

 

Tout pétris de Sagesse

Vont les galets au pot,

Jack-pot de tendresse

Où s’allègent les maux.

 

Si se nomme Baptiste

Sèmera le bon grain,

Sur sainteté de piste

Caillasses du Jourdain

 

Pour Etienne c’est l’appel

A contempler soudain

Une ouverture au ciel

Par pierres en son jardin.

 

Dans le pot du Bon Dieu

Toujours il y a place

Pour tous les gens heureux,

Âmes de toutes races.

 

Le Seigneur en son pot

Attend ses grains de sable,

Sa grâce sans repos

Les convie à sa table.

 

Pour tous y prendre un pot.

 

 

(Petit caillou dans le pot d’amour des parents selon eux-mêmes)

 

Paris 24/02/00

 

 

Le marché

 

 

Tout au fond de la ville

Est un endroit secret,

Un passage fragile

Qui se quitte à regret.

 

On trouvera bien vite

Le lieu où il se tient,

Des aînés y invitent

A perdre ses chagrins.

 

Aucun publicitaire

En ce bazar voûté

où sont prioritaires

De jeunes envoûtés.

 

Pour eux, c’est la surprise

D’un étal à tous vents

Où se mêlent des bises,

Des rêves surprenants

 

Sur tables, sous parapluie

Ouverts au long des ans,

Dans l’allée qui relie

L’enfant aux cheveux blancs.

 

Des gâteaux, des histoires,

Froncement de sourcils

On oublie ses déboires

Sur joyeux ramassis

 

De phrases sentencieuses

Et d’encouragements,

Remontrances rieuses

Et quelques poils piquants

 

Sur des joues un peu molles

A peau douce et usée,

Des regards sans paroles

Pour complices amusés.

 

 

 

°/°°

 

 

°°/°°°

 

 

En riant on y brasse

Et choisit quelqu’objet

Qu’on emporte et embrasse

Jusqu’au prochain rejet.

 

A qui ne peut apprendre

On y vient échanger,

Acheter ou bien vendre…

Dans le tendre étudier

 

Des livres qui s’ânonnent

Par lèvres aux plis sérieux,

Des chants qui se fredonnent

En chocolat mousseux.

 

Mais elle est éphémère

La libre tombola

Que chaque anniversaire

Risque de planter là.

 

Un jour les folles courses

Sur un coin de gazon

Voient y tarir leurs sources :

L’ennui vient sans raison

 

S’oublie l’itinéraire

Et le goût d’y courir.

Le marché aux grand’mères

S’est fané aux désirs.

 

Mais reste en espérance

A recueillir les fleurs

Imprimées dans l’enfance

Pour ouvrir ses bonheurs.

 

 

 

Gasville/Paris 12/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pas sans toi

 

 

 

Ma blessure saigne.

Vais-je l’assécher

Si elle se fait mienne

Du risque d’aimer ?

 

Si passion enchaîne

Vais-je l’accueillir ?

Elle sera tienne

Si j’en veux guérir.

 

Que souffrance advienne

Vais-je la tarir

Quand elle est la Sienne

A pouvoir offrir ?

 

Ta blessure saigne.

Vais-je l’étancher

Et la faire mienne

Au risque d’aimer ?

 

 

 

Paris 14/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Renouveau

 

 

 

J’aime bien le bruit

De l’auto qui file

Sur goudron surpris

De perdre sa ville.

 

J’aime bien le puits

qui vide sa bourse

D’hiver assouvi

Poursuivant sa course.

 

J’aime bien le fruit

Promis en corolle

Sur le vieux tronc gris

Qui tient sa parole.

 

J’aime bien les cris

De l’oiseau qui peste

Assis sur son nid

A plumer sa veste.

 

J’aime bien les buis

Qui vont à la messe

Sous les doigts bénis

Des vieilles abbesses.

 

J’aime bien la nuit

Qui voit son étoile

Eclore à minuit

Au travers du voile.

 

J’aime l’appétit

Qui s’use et qui craque

Quand il s’investit

Dans les oeufs de Pâques.

 

 

 

Paris 15/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Continuité vibratile

 

 

 

Comme images fractales

Le temps qui s’illusionne

Par énergie vitale

A reproduire les jours,

Lorsqu’il croit en cerner

Les traits qui vibrionnent,

Facettes et pourtours,

En oublie que rêver

Evapore les normes

Pour mieux les reformer

En bien d’autres contours,

Doublés infiniment

Sur dessins dits : conformes,

D’infimes effacements

A troubler nos amours.

 

 

 

 

Paris 98//16/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Astronocturnale

 

 

 

 

Imagine…

Qu’un fragment de sommeil

T’élimine

Et te quête.

 

Imagine…

Qu’un éclat de soleil

Te patine

Et te vête

 

Imagine…

Que ce rayon vermeil

S’achemine

Et te guette

 

Imagine…

Qu’un regard en éveil

Te dessine

Et t’inquiète

 

Imagine…

Qu’un songe sans pareil

Te destine

A la fête

 

Imagine…

Qu’un sursaut de réveil

A mâtines

T’arrête….

 

Imagine !

 

 

 

Gasville 18/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

Promenade intérieure

 

 

Tu poses ton silence

Auprès de mon attente :

Brouillard d’une présence

En points de suspension

Sur nos vies indolentes.

 

Tu poses ta rétine

Vers un écran détente

Où lumières cabotinent

En libres impulsions

Et fadaises pédantes.

 

Tu poses ton écoute

Qui nous ramène au centre

De « ce moi » qui redoute

Nos incompréhensions

Dont je me fais le chantre.

 

Tu poses fines retouches

Sur mémoire défaillante

Au chemin qui débouche

Vers la dure ascension

Pour en gravir la pente…

 

Et tu as pris ma main…

 

 

 

Gasville 03.04.00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En Provence et Sans compassion

 

Quand tu bats tambour

Rythmant la chamade,

Crie ton désamour

A la régalade.

 

Puis oublie des noms

Que ton ego nomme.

Pour bonnes raisons

Sois ton ergonome.

 

Si solo te lasse,

S’use ta chanson

Qu’un duo déplace

Vieille partition.

 

Tu demandes une aide

Et restes sans ton

Sur la pente raide

De la démission.

 

Pour nouveau début,

Blanchis ta mémoire.

Tu n’es pas rebut,

Construis ton histoire.

 

Ne laisse pas d’ardoise

Aux élans perdus.

Tes doigts : les décroisent,

Tu as tout reçu.

 

Tu n’es pas en verve

Pour manger le fruit ?

Qu’appétit te serve

A croquer midi.

 

Qu’appétit te serve

A venger ta vie :

Le destin réserve

Amour à l’envie.

 

C’est sur de la paille

Que veille un pardon,

Qui gomme tes failles

Si tu es santon.

Gasille 09.04.00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sans art et sans arrhes

 

 

 

Sais-tu, toi le poète, tu es un homme avare.

Prodigue dans ta tête d’amalgames bizarres,

De rythmes et de mots par lesquels tu t’égares

En des landes perdues, des fleuves sans gabarres ;

Seul à ouïr des sons… mélodies, tintamarres ?

Sur page qu’un crayon en syllabes sépare,

Loisirs à petits prix, lumignons sur un phare,

Toi seul à t’écouter, à qui nul te compare,

Poses-tu des balises avant d’entrer en gare ?

Transcende tes ardeurs offertes aux dieux lares.

Cicatrise en silence les non-dits et répare

Tes muettes douleurs que l’ego accapare,

Dédiant à l’inaudible l’encens dont tu te pares.

 

 

 

 

Gasville 14.04.00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La forêt interdite

 

Géants de la forêt au ciel gris de leur peine

N’agitent plus leurs bras vers des lointains perclus

Solitaires et sans joie, bien droits ou abattus,

Ne veulent plus sentir les pulsions de leurs veines.

 

Ils n’ont plus l’appétit de chuinter ensemble

Ni se bercer au chant de leurs rameaux feuillus

Ni d’abriter les nids d’oiseaux qui se rassemblent

En larges envolées dans l’été revenu.

 

S’ils inclinent leurs cimes vers le tapis de mousse

Ou d’herbes desséchées, ils ne surveillent plus

Au milieu des épines leurs tendres et vertes pousses,

Car ne peuvent donner d’ombrage au soleil nu.

 

Les voilà isolés, aucun pas ne résonne.

Il y a bien longtemps qu’ils n’ont plus entendu

Des craquements de pas au pied de leur couronne

Quand les enfants jadis dévalaient les talus.

 

Désormais ils sont seuls au mémoire des tempêtes

Sur la bande sonore au sifflement confus

Qui vint briser leurs branches, décapiter leur tête

Pour conduire au néant leur quant-à-soi touffu.

 

Pour perdurer encor, faut-il qu’ils refleurissent

Et sèment alentour leurs glands en temps venu !

Indifférents à tout : qu’ils vivent ou qu’ils périssent,

Car ni l’eau, ni les astres mèneront au salut !

 

Fantômes dépouillés qui font grincer leurs chaînes

En crainte d’autres vents tueurs en impromptu,

Prédateurs de sève de leurs tout jeunes chênes

Ces doux Seigneurs des bois ainsi n’enfantent plus.

 

Gasville 01.05.00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Appréhension d’estive

 

 

 

Sur cap en surplomb

Noirs épis de blé,

Seigles en tapis,

Sable blond tapi

Entre les galets,

Vent qui souffle au long

D’un rivage ourlé

De pins raccourcis

Fuyant le ciel gris,

Nuage au pilon,

Goélands emmêlés

Dévissent en repli

Au ras du surplis

D’un flot dentelé

Qui draine un filon,

Varech effilé

Au pas des courlis

Au temps accompli

Du lent défilé

Des étés frelons,

Calvaire exilé

Offrant au roulis

Des coeurs en brûlis

Ses bras empalés :

Granit au foulon.

 

 

 

Paris 31.05.00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Expectatives

 

 

S’est-il interrogé, bien au droit dans sa tête,

Sur future vocation, au long de ses humeurs.

Sera-t-il agrégé, thérapeute ou chasseur,

Musicien…ou champion… Et s’il était poète ?

 

Deviendrait-il pêcheur, pour arrimer sa ligne.

En un simple pré vert, et fixer l’âme au son

Sur des cahiers d’ardeur où frétille un poisson

Qui s’approprie le vers pour en traduire le signe.

 

Serait-il bâtisseur de tours orthogonales.

De ses belles verrières qui déploient l’horizon

Aux poèmes, où « prière » se décline « oraison »,

Il donnerait aux coeurs stature de cathédrale !

 

En un même bouquet il sera tout cela !

Agronome lunaire aux jours de solitude

A semer primevères, fleurir son inquiétude

Pour au désert glaner ses soirées de gala.

 

 

 

Gasville/ Paris 21/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

extraits d’ Alexandre Dumas dans : « Vingt ans après »

 

Message anonyme

 

 

Oublie les souvenirs

De la petite enfance

Quand tu faisais confiance

Au lait de tes plaisirs.

Rejoins-les au-dehors

Quand la paupière se ferme

Sur cette nuit en germe

Onirique et sans bords

…..dors

Oublie le nid bien chaud

Dans ce terrain fertile,

Cocon où le temps file

La soie des jours nouveaux

Quand s’activent alentour

Et les devoirs d’école,

Le jeu qui caracole

Au milieu de la cour

…..cours

Oublie couvert dressé

Sur table grandissante

Où l’on est en attente

De pain ou de baisers,

Prémices des non-regards

Quand la porte se ferme

Et que l’on met un terme

Aux liens par un départ

…..pars

Oublie ces vents actifs

Et leurs élans contraires

Pour viser les repères

Cadrés vers l’objectif.

Et ne dis pas : Je dois

Respirer, mais « humer ».

Et l’on se sent aimé

Bien plus qu’on ne le croit

…..crois

Le Corbeau

 

 

 

 

 

 

 

 

Saule pleuré

 

 

 

Monstre pilleur de troncs

De toits ou de branchages

Sur des nids éventrés,

Le vent sur son sillon

Terminant son voyage

Par chez nous s’est ancré.

 

 

Ramures en perdition

Egrenant leurs présages

Géniteurs de regrets

A nouvel horizon

Elles frayent un passage

Sur fond de vacuité.

 

 

 

Souvenirs en tronçons

Au parfum qui s’exhale

Achèvent de pleurer

Doux amers, en rançon

De l’aubier qui s’étale

Aux pieds de nos étés.

 

 

 

Mémoire en désarçon,

En complet abattage,

Tôt rangée au bûcher,

Prête pour l’oraison

Quand viendra l’hivernage

Face à l’ardent foyer.

 

 

 

 

°/°°

 

 

 

 

 

 

 

 

°/°°

 

Devoir rendre raison

Près des flammes voraces

A l’intime embrasé

Qui survit en tisons

Comme offrande fugace

De sa chaude amitié.

 

 

 

A la belle saison

Il refera surface

Par vitrail enchâssé,

Verts semis de rayons

Translucides et vivaces

D’un temps ensoleillé.

 

 

 

Du royaume des dons,

A l’aplomb, bien en place

Dans nos coeurs arrimé,

S’élance nouveau scion

Que les mains d’une grâce

Chez nous ont replanté.

 

 

Gasville 4 Novembre 99 /26/03/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ânes sidéraux

 

 

L’âne « Hiver » sert au fil des ans

A fuir un soleil déclinant

Qui baisse ses lourdes paupières

Vers ses satellites en arrière.

Il leur dit : « Allez mes enfants

Ce sera bientôt le beau temps !

Je vais ouvrir une nouvelle ère

Pour s’aimer tous, comme des frères ! »

 

L’âne « Printemps » tire tout autant

Son char fleuri dans le grand vent

Avec chronos et son glossaire

A définir le mot « Mystère… »

 

L’âne « Eté » , lui, va de l’avant

Vers la Grande Ourse et ses amants

Qui s’étirent en pleine lumière

Au sablier interstellaire.

 

L’âne « Automne », à charroi lent,

Lourd d’équinoxes, passe en rêvant

D’une nuit dans les toiles polaires

Avant son retour sur la terre.

 

L’âne « Hiver » serre entre ses dents

Les Jupiter de nos vingt ans.

En sage, rien ne l’indiffère,

Même nos « Joyeux anniversaires ! »

 

 

 

Gasville 8 nov./ pour le 29 nov.99

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prépa 2000 – Bain de Jouvence

 

 

De nos corps lisses comme un oeuf

Laissons tomber nos oripeaux

Avant ce bain de millénaire.

Bien effacer de notre peau

Les squames de tous ces vieux « neuf »

Qui nous avaient semblé si beaux.

Savonnons-nous d’imaginaire

Avant de sortir de l’eau

Et vêtir trois zéros tout neufs.

 

 

Paris 31/12/99

 

 

 

 

 

Première expérience de Parents

 

 

Déjà quarante quatre ans qu’un petit logiciel

Débarquait pour entrer dans le grand minitel

De la vie et servir, tel trésor de tsarine,

Un plat d’amour ciselé. Ô petite Dauphine

Tu venais la première porter au septième ciel

Des parents étonnés de ce bébé de miel

A sussoter tout cru. Quelle joie, tu devines !

 

 

 

Gasville 12/02/00 anniversaire Inès

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les bijoux

 

 

 

 

 

Autour de ton front, te consacre reine

Un cercle d’argent enserrant tes veines.

Autour de ton doigt se cache un secret,

Un souhait d’alliance, un jonc de regret.

Autour du poignet s’enroule une chaîne

Qui porte le temps à serrer ta peine.

Au bout de l’oreille, luit un éclat d’or

Et de diamant qui s’échappe encor,

Pour que tu ne gardes aucune mémoire

Du pâle désir qui fit ton histoire.

Au creux du revers, tel un médaillon

Sculpté dans l’ivoire par petits sillons,

S’accroche un sourire, profil de médaille,

Espoir de moisson après les semailles.

Autour de ton cou, rivée à ton coeur,

La souple rivière ignorant ta peur,

Arrime en sautoir sur dentelles blanches

Un signe d’espoir cloué sur deux planches

Pour donner des ailes à tous tes élans

De vivre ton jour comme sont mille ans.

 

 

 

Paris 16/01/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chanson pour des peintres en cage

 

 

Chez moi y a un escalier

Qui s’élance, qui s’élance.

Chez moi y a un escalier

Qui s’élance sur le palier.

 

Chez moi y a un escalier

Où l’on pense, ou l’on pense.

Chez moi y a un escalier

Où s’écha ngent les idées.

 

Chez moi y a un escalier

Grande chance, grande chance.

Chez moi y a un escalier

Qui chante à toutes volées.

 

Chez moi y a un escalier

Où l’on danse, en cadence.

Chez moi y a un escalier

Où l’on danse à cloche-pied.

 

Chez moi y a un escalier

Qui vendange, qui vendange.

Chez moi y a un escalier

Qui engrange des baisers.

 

Chez moi y a un escalier

C’est étrange, c’est étrange.

Chez moi y a un escalier

Pour des anges jusqu’au sommet.

 

 

 

Paris 11/01/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prescience d’écho

 

 

 

 

Es-tu celui d’un coeur

Ennuagé de rêves

Ou bien celui qu’on trouve

Aux vagues de nos aîtres ?

Serais-tu « la rencontre »

Aux bleus de mon errance

En pays de sommeil… ?

Comment te reconnaître

Quand tout est somnolence

Evasion sans éveil.

Et si tu ne me montres

Ce chemin où la sève,

Même au fond de ma douve

Fait que s’ouvrent les fleurs ?

 

 

 

Paris 21/02/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le silence du matin

 

 

 

Quand le soleil vient éclater

A l’horizon d’un jour d’été,

Aux primes heures d’espérance,

Entends-tu vibrer le silence ?

Il efface dans nos forêts

La trace des lunaires regrets,

Ces braconniers de l’autre rive

Dont les ombres vont en dérive

A découvrir un « autrement ».

Il quête l’infime bruissement

D’air quand bourdonnent l’usine

Où les hommes s’affairent, mine

Béante où se creuse nos temps.

Il assèche des larmes en passant,

Celles des herbes et des feuilles,

Précieuses vapeurs qu’il recueille

Sur son sillage. S’il les surprend

Au coin de l’oeil de l’enfant

Il les apporte comme une offrande

Sur la joue des mères gourmandes,

Enclume où claque le baiser

Qui ne pourra les rassasier.

C’est là sans bruit qu’amour s’y forge,

Sans paroles, tempe contre gorge…

Sais-tu qu’il peut se reposer

Hors des heures qui grondent sur terre

En quelque choeur de monastère ?

Pour lui, dormir, c’est éveiller.

 

 

 

Paris 09/06/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Effacement

 

 

 

 

Il n’y a qu’une thèse

Sans son corrigé.

Entre parenthèses

Qui va rédiger ?

 

Il n’y a genèse

Sans dualité.

Un retrait apaise

La rivalité.

 

Il n’y a qu’une chaise

Pour deux excités.

Pour être à son aise

Debout faut rester.

 

Il n’y a qu’une braise

Au creux du foyer.

Un souffle d’ascèse

Va la réveiller.

 

Il n’y a qu’une fraise

A se partager.

Rouge comme fournaise

Qui va la manger ?

 

 

 

Gasville 02/07/00

 

 

 

 

 

 

Après le combat

 

 

Dis-moi : à quoi penses-tu

Quand tu es amarré,

Réfugié dans l’absence

D’un autisme vêtu

Hors nos côtes chinoises

Sur la mer du Silence ?

 

Loin du tohu-bohu

Tout pavillon baissé,

Feignant l’indifférence

Sous les vents abattus,

Aucun bateau ne croise

Pour y pêcher la chance

D’un long oubli têtu.

 

Le combat terminé

Nous avons rejoint l’anse,

Fragiles comme fétus.

La victoire est sournoise

Lestée de réticence

Par les boulets reçus

En nos flans déchirés.

Dans un port de plaisance

Peut-être nous veux-tu :

Escale où s’apprivoise

En radoub, la confiance ?

 

 

Gasville 06/09/00

Sans réponse

 

Entre l’arbre et la pluie

Il y a quoi ?

Entre l’arbre et la vie

Il y a loi ;

Entre l’arbre et l’envie

Il y a moi ;

Entre l’arbre et survie

Il y a Toi.

 

Gasville 25/11/00

 

 

 

 

Harangue

 

 

En dehors du monde

Je me tiens

Sur chemin de ronde

Je préviens.

 

Et de mon nid d’aigle

Va ma voix

Sur les champs de seigle

C’est mon choix.

 

La terre est aride

Pour ces fous

Qui la tiennent en bride

Sans courroux.

 

Sourds à tout vacarme

tenez-vous

Fourbissez les armes

Des coeurs doux.

 

La gloire les couronne

Par le houx

Tels crânes de nonne

Leur époux.

 

Courbez votre tête

Paysans

Demain c’est la fête

Pour des ans.

 

On tiendra la barre

Jusqu’au bout !

Et que tout démarre

A genoux…

 

 

 

Gasville 15/11/00

 

 

 

 

 

 

 

 

En somme… net et 77 ans : 924 mois

 

 

En un moelleux oubli

Tu inclines la tête

Finis les déjà-dits

D’un long jour qui s’éjecte.

 

Près de moi en repos

De la vie par le rêve

Qui s’ouvre à tes propos

Tu fais monter la sève.

 

Songerais-tu aux mois

Dans cette halte profonde,

A ces frères siamois

Que deviennent les nombres

 

Par onzaine sans heurts

Aux croisées des années

Doublant caps aux couleurs

Bleu méditerranée

 

Ils éclairent le projet

De l’éternelle ville

Où attend le berger

A l’heure des eaux tranquilles.

 

Total : neuf cent vingt quatre !

Convertis : septante sept

Sont un record à battre

A vitesse internet.

 

 

Paris 29/11/00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pardon d’automne

 

 

Le ciel décroche ses lampions

Dessus les arbres qu’il effeuille.

Le jour gris pousse un nouveau pion

Sur le damier qui le recueille,

Posant son choix en noir et blanc

vers les pavés des avenues

Sur l’altière cime d’un mont

Dans l’ombre d’allées et venues

Pour y consolider ses ponts

En ces dallages de nos allants,

Pluriel bicolore qui sème en rond

Ses pétales autour du calice

De la vie : mouvantes impressions,

Beautés fugaces, douces et complices

Par lesquelles nous faisons semblant.

L’artificiel fane le don

De la vraie joie, celle qui se cueille

Entre deux doigts, fleur sans nom

A respirer sortie des feuilles

D’octobre brisées par nos bilans.

Si fiel s’en épand, il se fond

Sur les pentes d’une mémoire

Oblique et s’efface aux rayons

D’un furtif soleil aux déboires

Des mots qui vont en se troublant.

Le miel oublie-t-il l’aiguillon

D’abeilles privées d’étamine ?

Le dard qui piqua la raison

S’érode au pas qui s’achemine

En lente montée jusqu’au plan.

Le ciel raccroche ses lampions

Pour la fête qui s’illumine

Sur tout coeur qui prend son élan.

 

 

Paris 13/12/00

 

 

*

 

 

 

 

 

 

 

Tentation exutoire

 

 

 

Ces mots qu’on ne prononce,

Ces mots qu’on ne dit pas,

Ceux auxquels on renonce,

Sont vouées à trépas.

 

Et pourtant ces convives

De ces muets repas

Expriment douleur vive,

Restant sur l’estomac.

 

Il faut qu’elle s’en échappe

Cette aigreur de l’appât :

La lourdeur de la chape

Doit libérer l’éclat.

 

On lève alors la tête

Et la main se rabat :

La tasse est en miettes.

On balaie sans débat.

 

Et l’on reprend sa place

Par un geste du bras

Plaignant tout ce qui casse

On sort d’un mauvais pas.

 

 

 

Paris 13/12/00

 

 

 

 

 

 

 

Pour une veillée

 

 

 

En ce don de l’hiver

Paré de fanfreluches :

Guirlandes, lampions divers,

Autour de l’arbre vert

Mettre les ours en peluche.

 

Ils sont là, sous les yeux

Etalés sous étui

Pour la vivante ruche.

Ne poser de travers

Le foie gras aux peluches

De truffes, les couverts,

Les serviettes à l’envers,

Verser le vin en cruche.

 

Tout est là sous les yeux

Pour le repas de nuit

De la vivante ruche.

Joindre la note au vers

Dès que se clôt la huche,

Sans regret d’un revers

Pour ces coeurs bien ouverts

Au présent qui s’épluche.

 

Ils sont là sous nos yeux

Par des chants réunis

En cette vivante ruche.

Le ciel s’est découvert

Noël est sans capuche.

 

 

Paris 16/12/00

Si tout a été dit

Quand tout n’était pas su

Tout a été aimé

16/01/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Départ en douce

 

 

Vient l’heure où l’on se tire

Si l’on ne se repère

Aux méandres des rires,

des mots surnuméraires

Qui s’avortent figés et que l’on n’agrée pas.

 

Vient l’heure où l’on se casse

Si l’on ne peut se faire

A l’idée que l’espace

Est bordé de lisières

Orées d’une forêt qui ne se franchit pas.

 

Vient l’heure où l’on se vire

Si l’on ne peut surprendre

Un regard qui désire

En confiance comprendre

Et vouloir écouter celui qui n’ose pas.

 

Vient l’heure où l’on se taille

Si l’on ne peut se taire,

Dans le coeur une faille

Qui s’expose au mystère

D’un voyage muet d’où l’on ne revient pas.

 

 

 

Gasville 07/01/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abyssale insomnie

 

 

 

Pourquoi ne pas viser

Aux cibles des néants,

Entr’ouverts ou béants,

Au sein de cette toile

Où nous sommes juchés

Sur vide qui dévie ?

 

Pourquoi ne pas rêver

A cet autre présent

Qui se cherche, conscient

Qu’à soulever son voile

Il se peut détisser

Au rythme des envies ?

 

Pourquoi ne pas risquer

Ce pari harassant

Cet appel incessant

Imprimé dans nos moelles

Quête de vérité

Seule issue de survie ?

 

Pourquoi ne pas aimer

Dans les ailleurs du temps ?

Qui s’en dirait content

Si ce n’est notre étoile

Qui joue à chat perché

Aux branches de la vie ?

 

 

Gasville/Paris 15&16/01/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Florence

 

 

Au jardin des pensées

 

 

 

Une trace grise dans de l’herbe verte…

Souvenirs sans prise sur blessure ouverte

Une pincée de terre, tout le poids des ans,

D’un temps sans repère qui perd ses printemps ;

Et tous leurs élans s’envolent au passage

D’oiseaux noirs ou blancs, criant aux nuages,

S’ils voient l’étincelle par qui tout finit,

D’entrouvrir leurs ailes vers cet infini

A la fumée sombre qui oublie les marbres

Et qui fuit son ombre au travers des arbres,

Vaporeuse épaule pour porter sans fin

Les âmes aux pôles près des séraphins.

 

Une pincée de terre : espoir déposé

Dans ce grand mystère d’amour insensé.

 

 

 

Père Lachaise 22/01/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le semeur

 

T’écrire un poème

Au souffle du temps

Prier comme on sème

Au rythme des vents

Seigneur, c’est facile

D’aligner des mots

Graines indociles,

Géniteurs de maux

Quand tout grain s’expose

A la dispersion

Pour qu’il s’y dépose

Trace mon sillon…

En travail austère

De germination

Serais-je la terre

Quand Tu es l’action ?

Serais-je la herse,

La charrue, le soc

Allant sous l’averse…

Mais tu es mon roc

Ton soleil s’affaire

A mûrir tes dons

Luis sur ma misère :

Envoie tes rayons.

Toi qui es lumière

Pour l’éternité

Entends ma prière

D’humus effrité

T’écrire un poème

Au rythme du temps,

Prier comme on aime

Au souffle du vent.

 

Paris 01/02/01

 

Echelle crépusculaire

 

Des anges m’ont lancé l’échelle

Qui se déroule aux nuits des temps

Cordelettes en forte ficelle

Pour y poser mes pieds devant.

 

Les voilà avec un sourire

Ils me montrent le premier degré.

<<Je suis là, oui, mais je désire

L’autre extrémité repérer !>>

 

Je lève la tête vers les nuages.

On n’aperçoit aucun crochet.

Mais ils insistent davantage….

Pas d’escalade dans le regret.

 

On est très bien sur cette terre

Ferme, solide…mon intérêt !

Pourquoi la voir d’hélicoptère

Quand elle est si belle vue des près ?

 

Et soudain, ils « me font ma fête »

Pour m’éviter de les contrer

Et devoir détourner la tête

Pour contempler le Grand Rocher.

 

Je ne céderai pas d’un pouce.

Leur moteur, ils peuvent l’arrêter.

Il ne choiera pas sur la mousse

Aérien qu’il est, si léger !

 

Il y a celui qui m’agresse

Et me dit : <<Là-bas c’est plus beau !>>

Dans la conviction je progresse

Mais ne veux pas aller plus haut.

 

Cet appel auquel je résiste

Il y faudra répondre un jour.

Mon adversaire d’ailleurs insiste

Mais mon tendon se fait trop court.

 

Se desserre la main qui m’empoigne.

Le match serait-il terminé ?

Même le ronronnement s’éloigne.

Ils ne vont donc pas m’emmener ?

 

Je claudique dessous cette hélice

En courbant l’épaule et le cou.

Qu’elle se taise ou qu’elle vrombisse

Cette voix je l’entends partout.

 

Qu’elle s’évanouisse ! Moi, solitaire

Ici marcherai boitillant.

Est-ce une victoire salutaire

Remportée à corps défendant ?

 

Avec moi la vie fait un pacte

A l’échelon de l’éternité.

Il me reste à répéter l’acte

Pour le jouer au pied levé.

 

 

Gasville 15/02/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Electron libre ?

 

 

« Je suis au sommet de ma gloire ! »

Pensait ainsi un électron :

<<Presque seul sur ma trajectoire

Où je peux ronronner en rond.

Et je n’en fais pas une histoire

Sur cette ligne d’horizon.

Mon apogée : c’est ma mémoire

En ce grand parc d’attraction.

 

Et je dis à qui veut me croire :

Dans la vie tout est soustraction.

Celui-là coule dans la passoire

S’il est raflé par réaction.

Celui-ci passe à l’écumoire

Pour échanger sa direction

Contre une autre en cette foire

Où labeur est interaction.

 

De mon noyau ne suis l a poire

Et je tourne sans passion ;

Froidement cherche échappatoire

Pour gagner en élévation !>>

Mais voilà qu’il frôle une noire,

Perfide molécule espion

En quête superfétatoire

D’un déficit d’ex-tension.

 

Et hop !... finit cette histoire

De graviter sans attention.

Il est rapté sans consistoire

Sur orbite en défaut d’un ion.

Il tournera comme accessoire

Avec d’autres sans concession,

Continûment dans la bouilloire

D’un vouloir d’atomisation.

 

 

Paris 08/03/01

 

 

 

Lumen

 

Le globe est en papier

En papier japonais

Sous tendu par spirales

D’ajoncs ou de genêts.

 

Le vois-tu relié

Relié par un fil

Suspendu dans la salle

Où l’on oublie l’exil ?

 

Le globe est balancé

Balancé sous le vent

De nos pas et cavales

Ou moindre mouvement.

 

Le vois-tu déchiré

Déchiré par frictions,

Quand nos pensées rivales

Sont autonégation ?

 

Le globe est en papier

Papier fragilisé

Couché par intervalle

D’ennui sulfurisé

 

Le vois-tu irradié

Irradié par passion

D’une force verbale

Radiant nos confusions ?

 

Le globe est transparent

Transparent à nos croix

Lucidité vitale

A sublimer nos choix.

 

Le vois-tu lumineux

Lumineux en son coeur

Diffuseur d’où s’exhale

Une aura sur nos peurs ?

 

Le globe est éclairé

Eclairé de nos « oui »,

Ces vouloirs qui prévalent

Pour aimer l’aujourd’hui.

Paris 15/03/01

 

 

 

 

 

 

 

« Aime d’abord »

Si tu pus me le dire

Tel que Toi Tu l’as fait

Ce n’était pas pour rire…

Il fallait Ton accord

En prévision des faits

Qui conduisent à la mort

« Aime d’abord »

Pour tous ceux qui respirent,

Pour chacun Tu le fis

Sous sarcasmes et délires

De complices retors.

A leur complot soumis,

Tu as remis Ton sort.

« Aime d’abord »

Tu fus le point de mire,

Muscles tétanisés,

Livré à nos sourires

Sur schofars en décor

Vendu par nos baisers

Pour un maigre trésor.

« Aime d’abord »

Au supplice du pire

Tu consentis pour moi.

Et quand Ta vie chavire,

Que s’affaisse Ton corps,

Coeur ouvert et sans voix,

C’est bien pour me conduire

Aux pistes du Thabor.

« Aime d’abord »

 

 

 

 

 

Paris 23/03/01

 

 

 

 

 

 

 

 

Vague à l’âme

 

L’océan fait la planche

Tout au pied des plongeurs.

Pointe ses gyrophares

Sous un ciel bleu pervenche

Pour vaquer au bonheur

Des voiliers en bagarre

Sur une écume blanche.

 

A semer ses coquilles

Il est « cap » d’avancer

Vers la drague baigneuse,

Ses pieux au ras des filles,

En bouchots immergées,

A l’illusion frileuse

Sous soleil de resquille.

 

Il attend la récolte

Quand s’ébrouera l’été

Où la marée se gonfle

Et déferle en survolte

Sur sable déserté,

Loin des moteurs qui ronflent,

Toute moule en révolte.

 

Il dénude les plages

Des mollusques engraissés.

C’est l’heure de la cueillette,

Des retours au village,

Amers, désabusés,

D’un vivre hors de la fête

Dans des paniers-naufrage.

 

L’océan fait la manche

Poussant son bras de mer

Au fond de l’âme en grève

En quête de Dimanches…

Fini le bras de fer

Entre regrets et rêves :

L’oubli joue sa revanche…

 

Gasville 26/03/01

 

 

 

 

 

Les Anglais font le pont

 

« Rivière à traverser : »

« Objectif à atteindre. »

« Aux piles et tablier »

« Le combat est à craindre. »

 

« Musiciens.. En avant !.. »

La garde concertiste

S’ébranle sur deux rangs

Vers la tombe, en artiste..

 

On remet lentement

La cornemuse au pas

Dans la rigueur d’un temps

A faire front au trépas.

 

La rive est à gagner,

La mort à quelques pouces.

Peut-on l’exorciser

Sous musique aigre et douce ?

 

Godillots bien cirés

Et casque en rase-motte

On avance le pied

Pour affronter la botte

 

Le fusil sous le bras

A faire payer la note

Au perdant d’un repas

En enfer, sous les notes.

 

Des éclairs ont fusé.

Les balles font des flaques

Au rythme amenuisé

D’un air privé de claque.

 

L’autre bord est atteint..

Vers nouveau casse-pipe,

Mais le chant ne s’éteint,

Mémoire de bag-pipe.

 

Des applaudissements

Ponctueront la victoire

Au petit pont normand

Où s’écrivait l’histoire.

 

D’un destin surmonté

Sous musique aigredouce

On arrive à forger

Son courtage pour la frousse.

 

Paris 06/04/01

 

 

Le mot juste

 

D’où vient-il donc cet inconnu,

Ce mot d’espace et d’interlude

Échappé comme un exilé

Du fonds des temps d’infinitude ?

Et s’il s’élance pour être nôtre,

Tout contre une âme en solitude,

Qu’il bercera l’instant venu,

C’est pour s’enlacer à un autre.

 

Il me dit : »Pourquoi m’attends-tu ?

Est-ce pour calmer ton inquiétude,

Depuis si longtemps que j’errais

En tes régions d’incertitude ?

Engrange-moi, tel grain d’épeautre

Aux poèmes de tes greniers.

Tu en as toute latitude.

Joins-moi aux frères l’instant venu

Pour nous enserrer l’un à l’autre. »

 

Maintenant que je t’ai reçu

Petit espoir de rectitude,

Ami, viens donc te reposer

Sur une page de gratitude.

Sur cette feuille, mienne et nôtre,

Où maintenant tu es couché,

La joie se fera plénitude

Si tu t’ajustes l’instant venu

Entre deux paroles d’apôtre.

 

 

Gasville 11/04/01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blues

 

Et si tu pars vers ta colline

Au rendez-vous des souvenirs

A l’heure où le soleil décline

Est-ce la joie qui doit venir ?

 

Pour cette fête vespérale

Il faut quêter continûment

Cette émergence boréale

Qui se donne par effritement

 

Ton désir est ton seul bagage

Où s’enferment tes émotions.

Va-t-il ressurgir ce visage

Aux détours de tes intuitions ?

 

Mais si tu le vois apparaître

Crois-tu que ce sera le sien ?

De la mémoire tu n’es le maître

Au vouloir d’innover l’ancien.

 

Redescends donc dans la plaine…

A celui que tu croiseras

Souris pour effacer ta peine.

La sienne aussi s’évanouira.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma maison

 

Ma maison, c’est mon entreprise

Où je dois y gérer la joie.

Prévoir ses cracs et ses crises

C’est pour cela que Dieu m’emploie :

Y maintenir l’ardeur de vivre,

Y fabriquer l’homme de demain

Jusqu’à l’heure où il devra suivre,

En ses écarts, le vrai chemin.

 

Ma maison c’est mon entreprise

Où s’édifiera l’avenir

Sur lequel je n’ai pas d’emprise

Où l’Être est seul à le tenir.

Pourtant il donnera les pierres

Pour dresser les soubassements,

Les ateliers et les verrières

Où je m’active continûment

 

Ma maison c’est mon entreprise.

Quand viendra l’heure des résultats,

Au Grand Conseil de Maîtrise,

Il faudra que je mette à plat

Mes lenteurs d’accueil, mes méprises,

Les refus de programmation,

Mes erreurs de vie mal comprise,

Les défauts de fabrication.

 

Ma maison c’est mon entreprise

Où je dois faire régner la paix

Sur fond de paroles apprises

D’indulgence et de loyauté.

Il faut y fixer haut la barre

Pour naviguer au fil des jours

Oeuvrer sans heurt et sans bagarre

Dans le droit fil de l’amour.

 

Gasville Oct 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

Emprisonnement

 

Pourquoi l’oreille de mon frère

Serait-elle privée du chant

Des rossignols.

Et quand ses doigts se resserrent

Ne pourraient-ils glaner au vent

Les tournesols ?

Ses yeux avant qu’ils ne se baissent

Pourquoi ne pourraient-ils s’emplir

De leur couleur

Comme ardent signal de tendresse

D’un soleil qui ne veut flétrir

Sans son bonheur ?

S’il goutte à la fortune amère

D’une chambre gris coffre-fort

Clos sur ses jours

Pourquoi entend-t-il ce tonnerre

Grinçant du fond des corridors

A double tours ?

Lorsqu’il compte les heures qui restent

Seules compagnes dans la nuit

De ses rancoeurs,

Pourquoi faut-il qu’il ne conteste

L’écho, vibrant au fond de lui,

De ses erreurs ?

Son âme, qu’aucun espoir n’enserre,

Pourrait-il s’ouvrir au pardon

Comme corolle

Sous la diffusible lumière

Qui sublime nos abandons

En auréole.

Pourquoi le coeur lourd de mon frère

Serait-il privé de regrets

Qui le désarment ?

Lorsque s’ouvrira sa paupière

Ne pourrait-il puiser la paix

A fleurs de larmes ?

 

Gasville 02/02/02

 

 

Va – et – vient

 

Faire des ronds dans l’or

Faire des ronds dans l’eau

Des ronds dans les corps

Des ronds dans le dos

 

Conjurer le sort

Conjurer le faux

Jurer sans remords

Jurer par le beau

 

Faire sonner le cor

Faire sonner l’assaut

Sonner ses accords

Sonner ses fardeaux

 

Resserrer l’effort

Resserrer l’étau

Serrer ses trésors

Serrer son couteau

 

Faire justice aux torts

Faire justice aux maux

Justes… sans remords

Justes… sans cadeau

 

Dérouler son corps

Dérouler les mots

Rouler les plus forts

Rouler les plus sots

 

Faire un pas dehors

Faire un pas au trot

Un pas sans le mors

Un pas, sans galop

 

Mener jusqu’au port

Mener en bateau

Nés pour d’autres bords

Nés pour un sursaut

 

Faire un saut dès lors

Faire un saut de trop ?

Un saut dans la mort ?

Un saut vers le haut ?

Paris 19/02/02

Aspersion

 

Quand s’ébrouent les nuages

Sur les prés d’eau gorgés

Le buis au vert feuillage

Déplore jusqu’au rejet

Cet appel qui l’éveille

Lorsqu’il voudrait dormir,

Somnolence pareille

Aux ailes du désir

Au fond d’une âme grise.

Pour éclore nouveau ciel

Lancer nouvelle brise

Sur vouloir potentiel

Il faut que se déposent

En magma refroidi

Au cratère d’une pause

Ces songes interdits.

Quand folâtre une image

Autour d’un coeur forgé

Par des rêves forts sages

Comment l’en dégager

L’éloigner et poursuivre,

Au gué de l’air du temps

Ce bel attrait de vivre

Sa quête du printemps

En eaux libres et calmes ?

Cadeau à recevoir

Au souvenir de palmes

Qui acclamaient l’espoir.

Qu’elles étaient volubiles

Ces feuilles d’un seul soir

Brandies face aux habiles

Auxquels elles ressemblaient,

Egaillant leurs misères

Sous le pas des mulets.

Qu’auraient-elles pu faire

Si elles avaient compris

Que s’incliner à terre

Sans souci de mépris

Du rire ou de colère

Etait l’unique choix,

Dallage de l’église

Au passage d’une croix

Et paix de l’âme en crise ?

 

Gasville

 

 

 

 

La nuit qui compte…

 

Aile de l’Ange

Pour longue nuit

Même phalange

Aux mêmes plis

Mort qui dérange

 

Il n’est qu’un coeur

Et les deux yeux

Ces trois lanceurs

Vers quatre lieux

D’un monde en pleurs

 

Sur les cinq doigts

Six interdits

Bravés sept fois

A faire son huit

Bien clos sur soi

 

Muse en sursis

L’art n’est plus roi

Neuf n’est pas dix

Car c’est la Loi :

Vivre un défi…

 

…Pour mettre au pas

Onze isolés

Autour d’un plat

Doute attablé

Après le glas.

 

Douze hors des « si »

Mais treize

Quatorze ainsi

Sur même « la »

Tous hors de l’huis.

 

Partir d’ici

A haute voix

Choeurs d’un récit

Mus dans la foi

Au seul Esprit

 

Aile de l’Ange

Pour un long cours

Mêmes phalanges

En même amour

Vent qui engrange…

 

 

 

 

Gasville 24/03/02

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il va faire nuit…..

 

Il était sur sa branche,

Sans pensée, oeil hagard,

Pupilles dilatées,

Plumage des dimanches,

Ses houppes écartées

Dans le soir qui se penche

Prit son vol sans écart

Tout droit, hors des clartés.

 

Il était sur sa branche

Craie en main, oeil hagard,

Pupilles contractées

Sous la lumière franche.

Il cherchait des regards

Opinant ou butés

Dialectique étanche

Pour conclure sans écart

Au droit de ses clartés.

 

Il était sur sa branche

Coeur battant, oeil hagard,

Aisselles écartées

Sang de noir ou de blanche

Lui voilant le regard

Souffrance martelée

Par des chants de revanche

De rires sans égard

Sans droit à la clarté.

 

Il était sur sa branche

Vidé de son regard,

Les bras écartelés

Pour que l’amour s’épanche,

Qu’aucun don ne s’égare

Volonté qui enclenche

L’abandon des brancards

Au droit de sa clarté.

 

 

Gasville 30/04/02

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des rêves indociles

 

Les songes au matin

Se sont éparpillés

Au béant des fenêtres

Dans l’incertain du jour.

Ils naviguent éveillés

Vers des môles, au rebours

De leur cinq espérances

Point cardinaux et moi.

Pourquoi reviendraient-ils

Après la découverte

Des fabuleux néants

Des heures à égrener

Qui ramassent en leur bourse

Tous les grains , sans nuance,

Paroles torréfiées,

Pollens émailleurs

Sous les élans d’hier

Dans des landes tombés.

L’art de fleurir les prés

Aspire à ressemer

Ces graines de l’ailleurs

Quand l’horizon s’éteint

Que tout est oublié….

Une insondable course

Selle ses palefrois

Pour un nouveau galop

A dépasser l’en-soi

Qui ne veut plus penser

Mais veut aimer sans mots.

 

 

Gasville 01/05/02

 

 

 

 

 

 

Qui fera le Jacques ?

 

Une aube taciturne

Ou un triste matin,

Quand notre coeur galope

Vers un dernier scrutin

Pour que l’injure se lave

Sur papier recyclé

Au bleu d’une enveloppe

Dans le secret des urnes ?

Désamour qu’on enclave

Bâillonné de passion

L’élu ou l’exilé.

La sentence est fatale,

S’endeuille de l’élection

A peine capitale…

Et tombe le couperet

Sur la joute bavarde.

Sans joie et sans regret

L’avenir se hasarde

A suivre pour un temps

L’homme que l’on condamne

A parler de printemps

A semer notre manne,

Guider nos émotions,

Quitte à y perdre l’âme

En cette exécution.

 

 

Paris 05/05/02 18h Avant

les résultats de la présidentielle

 

Anniversaire d’un quatrième numéro

 

Ralliant

Le port

L’allant

Très sport

Aux dents

Le mors

Treize ans

Trésor

 

Paris 02/11/01 (retrouvé)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Attente en solo

 

Je t’attendais ici comme aux soirs d’espérance

Où l’on sait que la nuit qui conduit au matin

Inventera pour nous un nouveau pas de danse

Dans des lumières d’aube et des rêves sans tain.

 

Et puis ce fut ta voix que ne suivit ton être

Lointaine et sans éclat, monocorde refrain

Jouant en contretemps pour n’ouvrir la fenêtre

Close sur les jardins de l’amour en regain.

 

A la vitre fermée aux vents de la douceur,

De mes doigts de regrets faudra-t-il que je frappe ?

Et toi entendras-tu au profond de ton coeur

Comme un appel discret, fine corde de harpe ?

 

Elle vibra jadis, accord d’un même « la »

Sur nos deux instruments une même musique

Face à nos partitions qui nous unissaient là

Clé de sol, clé de fa, clés de voûtes identiques

 

Aux fleurs de la mémoire, aux bourgeons des promesses

Je sais que tu viendras donner d’autres couleurs

Elles seront plus vives et donneront richesse

A la note des jours quand le « oui » est vainqueur.

 

Je t’attendrai encore jusqu’à ce que tu viennes

Et le temps sera court en composant pour toi

Un concerto d’aveux, une valse de Vienne

A nous bercer tous deux, rien qu’une seule fois.

 

 

Gasville 03/08/02

 

 

 

 

 

 

125 poèmes

 

125 poèmes

Cherchent un éditeur

Afin que s’essaiment

Au gré des lecteurs

Des grains d’euphorie

Pour en faire son miel

Contrepèteries

Au conditionnel.

 

Bex 13/08/02

Cantique du randonneur

 

Sois-tu béni, ô Père

Toi l’abrupt rocher

Pour tes points de repère

Auxquels se raccrocher.

 

Sois bénie, toi la cime

Qui garde ses secrets

Jusqu’au moment ultime

Où l’effort disparaît.

 

Soyez bénies, sandales

Pour nos pas réjouis

Quand les vallons s’étalent

Sous nos yeux éblouis.

 

Béni sois-tu, ô frère

Pour les sentiers tracés

Sous les hauts conifères

Ombrant nos corps lassés.

 

Sois béni, toi le bois

Qui se découpe en stères

Et fit monter en croix

L’amour en son mystère

 

Sois bénie, eau limpide

Près bien verts ou moussus.

Sois loué notre guide

Dont le nom est Jésus.

 

Bex 13/08/02

 

 

 

Léo’s Birthday

 

Et si l’on te parlait de fleurs

Dans les brumes d’un jour de pluie

Et si l’on te parlait des hommes,

Que la terre en ses eaux relie.

 

Il faut l’amour, il faut des coeurs

Des printemps, le soleil, la vie

Pour que tous puissent y germer comme

De fines graines d’ancolies.

 

Tes quatorze ans, temps de vigueur,

Pour lesquels chacun se rallie

Ce soir pour un nouveau « sitcom »

Vont défier la mélancolie.

 

Léo deviens agriculteur !

Tu vas semer des grains de vie

Planter corolles de couleurs

Epanouir près de toi, en somme,

Vivants pétales de survie.

 

Suivre les conseils du vendeur :

Pots ou bacs, même garantie.

Ce futur « opus incertum »

Répandra pour toi à l’envie

Tous les parfums de tes bonheurs.

 

Prilly 10/08/02

 

 

 

 

 

Piercing

 

Ne tombons pas dans le panneau.

Fini la Méditerranée…

Pour m’attacher à mon piano

Tout au long de la belle année

Je m’y lierai par un anneau.

 

Prilly 20/08/02

 

J.M.J. au poil

 

Une pince à épiler

Entreprit un long voyage.

Une pince à épiler

Se glissa en un bagage.

Elle ne put se défiler

Alors qu’un douanier fort sage

La retrouva empilée

Dans la trousse multi-usage.

« Bien partie pour défiler

Aux doux pays des nuages. »

Chanta la belle en anglais

Sans aucun trouble de langage

« Je connais les Propylées,,

L’Amérique et les orages,

Le chant des grandes assemblées

Qui donne tant de courage… »

Et le douanier lui dit : « Allez,

Retournez vite en votre cage… »

Sans barreaux dès lors elle est,

Réelle liberté des mages

Et quand sera régulé

Cet été de haut voltage

Pour tout outil exilé

Viendra le temps du partage :

« Je ne veux pas me défiler,

Et tout près de son visage,

La vérité à dessiller

Me fera ouvrir la page ».

 

Paris 23/08/02

 

 

 

 

La vigne familiale

 

Peut-être un chant du cygne

Dans l’arrière saison

En grappillant la vigne

D’autres générations.

 

Le haut mur des mémoires

En soutient ses sarments.

L’écorce est grise ou noire

Dessous le firmament.

 

Le cep un peu rustique

Se perd aux souterrains

D’une terre elliptique

Qui a nourri ses grains.

 

En distiller l’histoire,

Les cueillir un par un

Vendangeurs transitoires

Qui en feront leur vin.

 

Les feuilles sont jaunies

A la vrille des temps,

Les grappes réunies

Vont célébrer l’antan.

 

On les voit suspendues,

Juteuses, mûries à point

Pour ces âmes frileuses

Qui vont en prendre soin.

 

Elles seront dans la tonne

Foulées selon les crus :

Exaltées en Bourgogne

Au gré des ors perçus.

 

Mais de la Normandie

Leur jus est aigrelet,

Le pampre en Picardie

Tout aussi verdelet

 

Si celui de Savoie

Réjouit le gourmet.

L’Amérique est sa voie

Pour y fleurir les mets.

 

 

Dans l’ombre d’une cave

Le nectar est couché

Il attend l’heure grave

Du passé débouché

 

Où se goûte la treille

En toute hérédité

Pour abreuver l’oreille

Des suc d’éternité.

 

Gasville 01/09/02

 

 

 

 

 

 

Fructose C6H12O6

 

Les fruits du jour

Sans fruits d’amour

Feront un four.

Les fruits sont cuits.

Au long des nuits

Les fruits s’ennuient.

Les fruits tentables

Voient sur la table

Le jus d’érable.

Les fruits chewing gum

S’arrosent au rhum

Saveur « peplum ».

Les fruits pour Eve

Sont pleins de Sève

Au fil du rêve.

Les fruits de grume

Désirs allument

Les fruits : « -Aux plumes ! »

Le fruit d’Adam

Fond sous la dent.

Qui est perdant ?

 

Gasville 13/09/02

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Syllabique dérive

 

Douce souffrance à disparaître

Dans les mots obscurs ou traîtres,

Sans importance. Amer retrait

D’intelligence qui se soustrait

 

A la résurgence sonore

Dérive à qui les déshonore

Fonds de mirages, lointains abords

Où la pensée noie ses accords

 

Pêche au ressenti qu’émerveille

L’absence du verbe s’il éveille

A l’interne regard. Pâle vieil

Art du langage toujours pareil

 

Voile de syllabes ternes ou mortes

Qui se gonfle ou qui s’emporte

Au quai brumeux de nos imports

Sans appétence dans les ports

 

Pourtant vivants ces mots encore

Ces mots-prisons pour s’y enclore

Vacuité de sens en décor

Présences, néant tirés au sort.

 

Toi peut-être en ces paroles

Extrairas-tu nouveau symbole

Ancreras-tu ces pieds au sol

Pour te mener jusqu’à l’envol ?

 

Paris 22/09/02

 

 

 

 

 

Il est mort seul

 

Le mort est seul dans cette église.

Que de monde en ce jour pourtant

Se pressant sous la voûte grise

Pour mieux l’oublier en sortant.

 

Vont-ils chanter, choeur sans paroles,

Audibles seulement en secret,

Pour eux-mêmes, comme une obole,

Un présent qu’ils offrent aux regrets ?

 

Vont-ils pleurer, s’ouvrir aux larmes

Sur l’avenir interrompu,

Le leur aussi : Ils sont sans armes

A devoir survivre impromptu ?

 

Vont-ils rêver en solitaire

Et revisiter le passé,

Leur jeunesse, leurs joies solidaires

Leurs liens avec le trépassé ?

 

Vont-ils bénir ces tendres restes

Oeil sec, aride goupillon,

Mesurant le temps qu’il leur reste

Pour débusquer leurs illusions ?

 

Vont-ils ouïr le chant du psaume

Qui les conduit aux champs de Dieu

Où le berger ouvre ses paumes

Pour accueillir ses bienheureux ?

 

Vont-ils prier, la foi sereine,

En confiance près de l’isolé,

Qui ne l’est plus quoi qu’il advienne

Puisque Dieu vient pour consoler ?

 

Son coeur est le feu où s’attise

L’espérance qui conduit au ciel.

Jésus meurt seul pour faire église.

Sa croix fut son premier autel.

 

Pour cette âme se réalise

Ce qui fut son choix essentiel

Car la voilà qui s’éternise

D’avoir aimé en « immortel ».

 

 

Elle n’est plus seule en cette église

Dans les bras du Père éternel.

 

Gasville/Coltainville 29/09/02

 

Les cryptogames font la recette

( comptine )

 

Les champignons

Des petits nains

Qu’ils sont mignons

Près des rondins

Qu’ils sont trognons

Dans le jardin !

 

Danse et chansons

Dans les plantains

Les yeux tout ronds

Vont mes lutins

C’est réveillon

Dès le matin

 

S’il est midi

Dans le poêlon

De l’appétit,

Ail et oignon,

Poivron persil

Grésilleront

 

Les champignons

Aux doigts de thym

S’engloutiront

C’est bien certain

Jus de citron ?

Larmes de vin ?

 

Les champignons

Des petits nains

Au Sauvignon

Sont les plus fins.

Qu’ils sont trognons

Sous le gratin !

Prilly – Gasville 09/02

 

 

 

Départ en vacances – en ex-argot –

 

Dépêche, allez Bibiche

Faut qu’on parte en voyage

Sème en tes sacs en friche,

Que tu nommes « bagages »

Tes oripeaux râpés,

Tes crèmes et tes cirages

Qui font la peau plus riche

Des chaussures au visage…

Ainsi nous serons prêts.

Le temps il est bien chiche

Ne le mets pas en gage.

Dépêche, allez Bibiche

Nous allons démarrer.

 

Et si ton coeur décolle

Tu trouveras sans doute

Au fonds de la bagnole

Comprimés d’autoroute

Avec le tire-bouchon

Pour stopper sans parole

En regardant la route

L’effet de jambes molles.

Serre ton ceinturon

Fixé à la casserole.

Presse-toi un peu Louloute

Pour poser tes bricoles

Et maintenant… Partons !

Alors, ça va Cocotte ?

Malgré la forte pluie

Cette échappée me botte

Aussi « TOP «  qu’ un rallye

Qu’il faut gagner : «  dur, dur « !

Ça n’te fais pas envie ?

Tu n’as pas la bougeotte ?

Avec moi sois polie

Ou je fonce dans le mur

Quoi ! Le moteur toussote,

Les vitres sont salies ? !

Mais n’ai pas peur, Sosotte

 

 

On arrivera c’est sûr

Et où va – t’on, ma chatte ?

«  Loin de la capitale ! « 

Certain que ça t’épate,

La surprise est totale :

«  La chasse aux escargots ! « 

 

Depuis que l’on s’ trimbale

Faut dégourdir ses pattes,

Dépresser la pédale ,

Eviter le resto.

..

Un jour qui fera date,

Diversion idéale…

Eh bien tu vois, ma Chatte,

Ce sera le plus beau !

Que dis-tu ma Minette ?

Ma caisse, faut qu’elle s’arrête !!

Je connais la musique :

T’aimes pas l’accordéon.

Et puis c’est sans réplique

Quand , toi, tu fais la tête…

… Prends tes claques et tes cliques

Et cherche un camion…

Vas – t’en donc faire la fête

Place de la République !

Adieu ! Tire – toi, Crevette,

Dans l’autre direction…

….

… Maintenant, bien tranquille,

En solo j’embouteille,

Espérant que ça file…

Au pays des abeilles,

J’ai quand même le bourdon

A gagner de l’oseille

En virant les débiles !

Mais comme je fais merveilles

Pour charmer les guenons

Ça me sera facile

De joindre une meuf pas vieille,

Une qui rêve d’idylle

Au pied du champignon

 

Allez … en route ….. Gasville 10/10/02

 

 

 

 

 

 

 

Les tomates osent

 

 

Et du fond du jardin

Au rebord de fenêtre

A la couleur plate

Elles ont fait leur chemin

Croyant de tout leur être

En vaillantes tomates

Que le vert espérance

N’a plus de lendemain.

Pâlichonnes et fluettes

Elles ont suivi le vent,

Gonflant leurs joues verdâtres,

Rosissant en coquettes,

Intimidées pourtant…

On voudrait qu’elles dansent

Quelqu’entrechat gracieux

Sur un plat de faïence,

Romaines en rémission

Bien frileuses à nos yeux.

Molles pour la cadence,

Elles feront une ronde

Rouges de confusion

Pour se faire pardonner

Cette chair inféconde

D’automnale illusion

Qui tire sa révérence.

 

 

Gasville – 15/11/O2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fleur du temps

 

 

 

Y aura-t’il au soir

Du doux Noël

Un court poème

 

 

Un grain d’espoir

Saveur de miel

Qui se sème

 

Pour donner dans le noir

Le fleur du ciel

Qui te dit : « Aime ! « 

 

 

 

Paris 14/12/O3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Siphonie

 

 

 

Comment saisir entre les doigts

Les turbulences d’une eau dormante

Quand s’agite en muet tournoi

Sous la surface lisse et brillante

L’impitoyable tourbillon ?

Danse ignorée qui tout aspire,

Engendrée au secret des fonds,

Sous le silence creuse sa spire

Prête à ouvrir son grand oeil rond.

A genoux alors penche-toi

Tu verras jaillir la spirale

Avide de faire mugir sa voix

Long glapissement, chasse royale

De toute brindille aux abois.

Lettres d’amour, feuilles d’automne

Fléchissent au frémissant carquois,

S’y engouffrent et puis s’abandonnent

Inhalées par l’oubli narquois.

En quelque lieu, loin de l’amont,

N’espère pas une résurgence…

Et de retour, nul n’en prévoit.

Elles ne pourront saisir la chance

De s’arrimer au pied d’un tronc.

Si noyer tes pensées parfois

Evitait qu’elles ne réagissent

Sans drainer l’âme en désarroi

Vers le désamour en abysses ?

A l’eau qui dort fais attention…

 

 

 

Paris, 14/12/02

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il te fait signe

 

 

 

Dis-moi

As-tu connu la paix

Tout au bout de la guerre ?

Tais-toi

Couvre d’humus épais

Mémoire en fondrière

 

Pourquoi

Voudrais-tu oublier

Le chant des cimetières

Ces voix

Aux vents des peupliers

Qui rappellent à la terre

La croix.

Pourrais-tu pardonner

A ces corps de poussière

Leur loi

Dont tu as supporté

Sur ton coeur en sous-verre

Le poids

Vas-tu te condamner

A noëls solitaires

Sans foi

Bien que l’Enfant soit né

Pour rayer ta misère

Du doigt

Qu’Il t’incite à plonger

En Ses rais de lumière

 

Au choix…

Paris24/12/02

 

 

 

 

Spécieux entendement

 

Non, rien ne survient sans raison

Sans une source qui active

Les extrêmes du diapason…

Le métronome est en dérive

Si la raison est toujours là

A souffler l’étincelle native

Celle qui s’attise au simple « la »

Et qui sait faire chanter les rives

 

Lanceurs d’aube ou voleurs du soir

L’Autre et l’instant n’ont pas de terme

Le randonneur est sans espoir

Pour parcourir sa terre ferme.

Elle n’est pas sienne, il n’a pouvoir

Que d’y frotter son épiderme

Joies d’un présent sur présentoir

Où s’y mêle l’Au-delà qui germe.

 

Floraison future, avenir

Qui s’espère et se fertilise.

Le marcheur veut la réussir

Par hypothèses qu’il verbalise.

Parfum précoce , premier soupir

Quand l’imagination s’épuise

A tirer la feuille pour grandir

Sans la nuée qui l’avalise…

 

Le sablier dose l’ennui,

L’errance au désert continue

Obscurité , lumière et nuit…

La tige élève son ombre nue.

Est-la fleur qui s’épanouit

Aux vents des âges, frêle et menue

Sans penser aux temps inouïs

Où la raison sera perçue ?

 

 

 

 

Fileurs d’aube, enrouleurs du soir

L’Autre et l’instant toujours sans prise…

Le randonneur reprend espoir

Il attend toujours sa surprise

Au coin d’un jour apercevoir

L’âme du monde qui divinise

Le moindre abandon des savoirs

Serait-il un nouveau Moïse ?

 

 

Gasville 01/02/03

 

 

 

 

Ma Sagesse thé

 

Elle est chinoise, indienne ou russe

L’heure que Socrate pressentait.

Elle anglaise bien des astuces,

Nous conforte de ses bienfaits.

Aux disciples, son auditoire,

Le Sage quand il disait : » Sachez »…

Leur demandait une passoire

Pour y sasser la vérité,

L’utilité et la … « bonté ! ».

Elle est bonne, utile, véritable,

L’heure qui va nous réunir,

Les mains croisées dessus la table,

Le palais prêt à ses plaisirs.

Elle apaise au milieu du jour

Par les feuilles du « Bois Sacré »

Et la fatigue et nos amours.

S’asseoir, attendre et … espérer

Que s’exhale dans la porcelaine

La survie d’étés infusés.

Ce thé en tasse, à perdre haleine,

Se déguste en félicité.

Savoir qu’ici tout y arrive :

La confiance entre vieux amis,

La sympathie d’une autre rive,

Le sucrier et … nos « merci »,

Le sang-froid qui veille aux dérives

D’un lyrisme un peu débridé

De l’imagination trop vive

A louanger l’heure en beauté :

« Méridienne de mon repos »

« Sofas des thés au logis »

« Causeuse de nos à-propos »

« Voltaire de nos mots-croisés »

« Banquette de mes non-dits »

« Divan de ma Corne d’Or »

« Bergère de mon pré carré »

« Canapé de mes appétits »

« Moelleux coussin d’amour-à-mort »…

L’heure est chinoise, indienne ou russe

Qui nous redresse au thé du jour,

De nos contours nous réajuste

Pour rayonner du bel amour ?

 

 

 

 

 

Comme une rue… la vie/

 

Longue rue recourbée

Qui accroche un clocher…

Il pointe sa vertu d’ardoises effilochées

Vers le ciel enrobé

De nuages fendus.

 

Deux mains entrelacées

Se nouent près des pavés

De l’enfance écolière.

Intimité blessée

Par le porche à fermer

Sur les fils ou les mères.

 

Pluie fine éparpillée

N’épuise sur les toits

De voitures en sommeil

Que les gouttes éveillées

Aux visées de l’exploit

D’un départ au soleil

 

Larmes non effacées

A devoir résister

Aux petits bras tendus.

Près du mûr de rentrée

S’affichent les regrets

D’un passé suspendu.

 

Pauvre rue ébréchée

A perdre ses étais

Aux rayons de midi.

Façades écorchées

Quand se meurt un été

De désirs dessaisis.

 

Longue rue recourbée

Qui s’accroche au clocher

Pour pointer sa vertu

D’ardeurs effilochées

Vers le ciel assiégé

De visages perdus.

 

 

Paris O2/O3/03

 

 

Evanescences

 

Sont-elles, ne sont-elles pas

Celles qui nous furent données,

Branches de leurs auras,

Cardinales, ordonnées.

De l’est elles brillent au pas

Par les cieux pardonnées

De partager la foi en notre destinée,

Etoilant les exploits

Nocturnes des années.

Naissent-elles, naissent-elles pas

De joies abandonnées

Des mains d’un soleil,Râ,

Quelque peu carbonées ?

Filles d’un nouveau Roi,

Les «  Estelles sont nées « 

 

 

 

Paris,06/03/03

 

 

PRINTEMPS

 

J’avais enfoui dedans la terre

L’interrogation des amants…

J’espérais qu’elle restât mystère

Au creux de mes atermoiements.

 

Question déposée sur la feuille

Pour qu’elle s’incline au grès des vents,

Secoue les doutes qui m’endeuille

Et m’éparpille sur les antans.

J’ai mis un miroir dans les branches

Pour que s’admirent les oiseaux,

Que s’y réfléchissent en dimanche

Tous mes souvenirs en biseau.

 

J’ ai mis la tête sur ton épaule

Dans l’espoir d’entendre ton coeur,

Le mien est sorti de sa geôle…

J’ai lu la réponse dans les fleurs.

 

 

Gasville 15/O3/03

 

 

 

 

 

Etrange théâtre d’ombres

 

Reptation mimétique d’ondes

Invisibles d’un insidieux réveil.

 

La terre éclate de son soleil !

 

Une toiture ondule

Griffant de zinc terni

Des vitres de croisées ;

Et les zébrures grises

S’allongent à la surprise

Des secondes englouties,

Des couleurs révélées…

Diagonales avides

S’éclairant vers l’Ultime

Affamées, se basculent

Dans le jardin voisin,

En nos enclos intimes…

Un parcours intrépide

Qui jamais ne recule

Vers l’ellipse gravée

Dans la pérennité

D’attente qui est nôtre.

 

Du rayon de lumière

Ou d’un temps incertain,

Qui des deux sur la terre

Demain devance l’autre ?

 

Paris, 03/04/03

 

 

 

 

 

 

 

L’Ange Musicien

 

Consommateur de chance

D’essence et de jasmin

Tes notes se balancent

Aux branches des chemins.

 

Clé de nos pas de danse,

Rythmes rock, pop ancien,

Tu es la récompense,

Sono des magiciens.

 

Tu oublies la malchance

Quand serpentent tes reins

Sous folles confidences

Des couplets et refrains.

 

N’ignorant pas la science

Des micros aériens

Tu montes la puissance

Bon électronicien (ou informaticien, au choix)

 

Et par la persistance

De chansons en essaim

On rêve l’existence en sage parnassien.

 

Les fleurs, futures semences,

Cueillies le lendemains

Au champ d’amour immense

Font survivre l’humain.

 

S’enroule ta présence

Autours de nos destins

Pour poser en confiance

La terre entre nos mains.

 

Bel Ange musicien…

Bel Ange musicien…

La terre entre … nos mains…

 

A Hilaire et à Raphaël

 

Gasville 13/04/03

(Pour mise en musique)

 

 

La Cueillette

 

Violette, tu t’entêtes

A cacher par modestie

Dans les bois et les forêts,

Ta fleur à demi-ouverte.

 

Violette, tu t’inquiètes

Si je vais dans la prairie,

Dans la cité ou le pré

De ne voir que feuilles vertes.

 

Violette, tu t’apprêtes

De bouder ma mélodie,

Tes pétales en sol mi ré

Au printemps doivent renaître.

 

Violette, sois coquette,

Viens te joindre à mes envies.

Quitte ta frilosité,

Ta corolle est découverte.

 

Violette, ta conquête ,

Pour t’unir à mon bouquet,

Sera laborieuse, certes,

Mais je me jette à tes pieds !...

 

 

Gasville 19/04/03

 

Pour Hilaire et sa musique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Camélia Song

 

Là, planté près de la maison

Clôturant son seuil d’horizon,

Sa destinée rougie de briques,

Normalisées, à l’identique…

 

… Le camélia s’est rebellé,

Un peu camé, s’en est allé

Dire au papier, sur une rame :

« Je voudrais retrouver Ma Dame ! »

 

Auprès d’un livre, au bord des larmes,

Face à l’écrit, sa dernière arme,

Il l’a trouva… A refleuri

D’amour pour elle. Il a remis

 

Pousses nouvelles, s’est redressé

Loin des frimas, a vernissé

Tous ses appâts en verte masse,

Attendant que la Belle passe…

 

Or, son Etoile se promenant

S’étonna de ce revenant,

Tout coeur ouvert en coeur de rose.

« Qu’elle me cueille ! Pourvu qu’elle ose ! « 

 

Se dit l’arbuste à sève ardente.

Sera-t-elle hautaine, méprisante

Aux pétales de ma beauté,

Que bientôt elle pourrait m’ôter ?

 

Ce fut un fervent repiquage

Quand elle orna près du visage

Son oreille d’un bouton rosé

Qui s’épanouit en long baiser.

 

Fin des songes caravaniers,

Des rêves du mas à nier,

Plus de regrets, plus de rupture :

Les fleurs chantent dans sa chevelure …

 

 

 

Gasville 19/04/03

On l’a planté aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

Détachement

 

Temps impotent résistant aux désirs

Luge transfuge où glissent les plaisirs

Entre les pentes serpentent nos soupirs

Siège qu’assiège le pouvoir de trahir

Lierre en filière au fil des souvenirs

T’attache, mais tâche d’oser ton avenir

 

Paris 16/04/03

 

Toiles

 

Par les toiles de la vanité,

.Art ou menace,

S’exhibe la nudité

De toute race.

 

Dans les toiles de l’oisiveté

Dort la bécasse,

Cerveau en précarité,

Sexe rapace.

 

Sous les toiles de l’autorité

Suivent les masses,

Cibles sans fraternité

Ouvrent la chasse.

 

Sur la toile : un mot «  Liberté « 

Qui tout remplace,

S’écriront des maux éclatés

Gommant sa trace.

 

A la toile de la charité

Reste une place

Pour un regard de gratuité,

Le doute en face.

 

Autre visage d’humanité,

Foi faite Face…

 

Paris 28/04/03

En la fête de St Louis-Marie Grignon de Montfort

 

 

Brûlée d’une autre soif…

 

Chemin qui divague

Au coeur des semblants,

Mémoire gyrovague

Aux pas indolents

 

Sortie de la vague

Aux marées du temps,

Je mets une bague

Aux ondes du vent.

 

Sonores épousailles

Des sens et du nord

Glaçant les entrailles

D’une âme sans port.

 

Captive à la source

D’argileux fardeaux,

Vidée par la course

D’altérés ego.

 

Près de la fontaine,

Qui me trouvera

A l’aube incertaine

Glauque et sans éclat ?

 

Au bord des déboires

Et des faux serments

Te donner à boire

Devient mon tourment.

 

Si tu le demandes

Je te dirai « Oui « 

Hors des sarabandes

A l’heure de midi

 

Sable des margelles,

Traces des pardons,

L’eau fait étincelle

Quand je dis ton nom…

Paris 30/04/03

 

 

 

 

 

 

 

Frontière

 

Si la vie n’est pas un exil

Et si la mort n’est pas un pont

A quoi cela servirait-il

D’avoir parfaitement raison ?

 

Gasville 06/05/03

 

 

 

 

 

 

 

La vie est commencée

(pour la naissance d’Eden Gardener)

 

Je suis au Paradis

Et pour la vie entière….

Pour celle à vivre ici,

Pour celle qu’on espère.

 

Dans mon jardin secret

Où s’épanouit la flore

Je n’aurai qu’un regret :

N’y résider encore

 

Q’un temps avant d’y voir

La fleur d’un éternel extase…

J’y pourrais recevoir

Ceux dont les coeurs en phase

 

Avec le mien battant,

Soudés au rythme même

D’un Infini latent

Et qui nous dit : « Je t’aime ! « 

 

A cultiver le beau

J’y fleurirai mes ans

Céleste et vrai cadeau,

L’Eden est au « Présent ».

 

 

Paris le 03/07/03

 

 

 

 

 

 

A Monsieur l’abbé ROSSO Presbytère de JOUY

 

 

 

 

 

Il suffit de dire « oui »

 

 

Il a dit : « me voici » et son « oui » fut de choix

L’Eternité ainsi passera par ses mains.

Il a suivi la voie tracée au champ de grâce.

 

Il n’est pas la « Parole », mais il en est Sa Voix

Pour ouvrir au pardon aujourd’hui et demain

Et réveiller la paix dans les coeurs en impasse.

 

Cela fait des années qu’il vit près de son Roi,

L’écoute dans la nuit, même jusqu’au matin.

Il lui sourit partout, tout le jour quoi qu’il fasse.

 

Et il parle de Lui, à tous ceux qui parfois,

Sous le poids du fardeau accablant leur destin,

Ont oublié Son nom ou récusé Ses traces.

 

De cet ami précieux, il en répand la loi.

Pour écrire en silence son épître aux Romains,

Il en conte l’histoire… Comme Lui, il s’efface….

 

Personnelle, cette lettre … puisqu’à chacun sa croix.

Accepter dans l’amour l’indivisible Bien

Sans tout à fait comprendre combien est efficace

 

Ce maître qu’il nous donne pour supporter le bois

De cette lourde poutre qui fait de l’homme un Saint,

En lui offrant des ailes pour vivre un face à Face.

 

Il a dit : « me voici » et son « oui » est de choix.

La Charité toujours jaillit entre ses mains :

Il suffit de dire « oui », à Jouy comme à Ars.

 

 

Gasville 06/07/03

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour un suivant anniversaire

 

Une étoile en rébus

A recensé ses armes

Totalisant, en plus

De ses treize ans, ses charmes

Son sourire, sa douceur,

Son silence ou ses larmes,

Les élans de son coeur

Souvent en bleu de parme….

 

Hors des toiles d’un sac,

Bien activées par elle,

Surgiront du hamac

Ces valeurs, étincelles

Qui rêvaient dans la nuit

D’un scintillement de flammes

Pour effacer l’ennui

À faire bailler les âmes….

 

La vie n’est plus la même

Quand brillent les vertus.

Elles posent leur : « Je t’aime »

En question : « Que veux-tu

Que je fasse pour toi,

Pour eux et pour moi-même ? »

Et tous, devenons « Roi » !

Terminés, les problèmes.

 

Elle a plus d’un tour

Dans son sac, cette étoile

Pour éclairer les jours

De vie qui se dévoile !

 

…. Tire du neuf et de l’ancien

Gasville 02/08/03 Pour marie B… et son sac étoilé

 

 

 

 

 

 

Tarmac Y-D-AL

 

Aux vents de grise vie,

S’est éventré l’espoir

Hasardeux de survie

Au fond du grand nichoir.

 

Par les trous, découverts,

Bancals et sans appui,

Les oiselets frileux

Au sol ont atterri.

 

Ailes nues, coeur peureux

Cou tendu, bec ouvert,

Gobant graines menues

Aux humeurs de l’hiver.

 

Et sur la branche basse

D’une planque inconnue

Ils attendent que passe

Le chant de l’imprévu.

 

Dans la ville, enlisés

Bien que nés pour le ciel,

L’azur et les nuages,

Englués de cruel,

Privés de tout ramage,

Ils espèrent un baiser

Aux clameurs de délire ….

 

L’appel en jamais-su

Éveilla l’oiseau-lyre

Aux turbines à trois coeurs.

Et l’immense oiseau blanc

Plane sur leur bonheur.

Roule sur l’avenir

Il vient ouvrir ses flancs….

 

Et replier ses ailes

Sur les oisons tremblants.

Ils pourront s’y blottir,

Apprivoiser le zèle

Essentiel pour aimer,

Livrer leurs lendemains,

Leur joie à dérouler

Entre des grandes mains,

Rire, heureux, dans l’espace.

 

Quatre vont embarquer.

Ils s’envolent confiants…

Chacun refait surface

Sur l’aire d’amour du temps.

 

Paris 20/09/03

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poème retravaillé pour Marie Christine :

Tarmac à dérouler

 

 

Au vent de grise vie

S’est éventré l’espoir

Hasardeux de survie

Au fond d’un camp nichoir.

 

Par les trous, découverts,

Bancals et sans appui

Des oiselets frileux

Au sol, ont atterri.

 

Coeur peureux, ailes nues,

Cou tendu, bec ouvert,

Gobant graines menues

Aux humeurs de l’hiver….

 

Sur une branche basse,

Ils se planquent, inconnus

En attendant que passe

Le chant de l’imprévu,

 

Privés de tout ramage,

Bien que nés pour le ciel,

Ils espèrent un visage,

Des baisers arc-en-ciel.

 

L’appel en jamais-su

Éveilla l’oiseau-lyre,

Turbine à trois coeurs nus,

Planant sur leur délire.

 

Il vient ouvrir ses flancs

Et replier ses ailes

Sur les oisons tremblants,

Apprivoiser le zèle

 

Essentiel pour aimer,

Rire heureux dans l’espace….

Tarmac à dérouler

Pour s’envoler confiants

Et refaire surface

Sur l’aire d’amour du temps.

Évelyne Delaye 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ni vu ni connu ….

 

Entr’ouvre la porte

Aujourd’hui

De la chambre forte

Des non-dits

 

Fouille au fond du coffre

Et choisis

Bien ce que tu offres

À l’oubli.

 

Ferme la fenêtre

Au sanscrit.

Aligne des lettres,

Puis écris

 

Sur mémoire blanche

Ton avis

Lis-le et retranche

Le mépris.

 

Exprime en rupture

L’inédit

Sans littérature

Ni verni.

 

Et tu te le donnes

En ami

Pour qu’il s’abandonne

À merci ….

 

 

 

Paris le 26/05/03

 

 

 

 

 

 

En des flacons d’albâtre

 

Ils défilent, tous, par quatre,

Comptent chacun vingt ans ….

Infantiles et folâtres,

Ados ou bien contents

 

De la force d’un âge

Qui pourrait achopper

À l’heure de remplissage

En ces flacons jaspés.

 

Leur ligne se profile

Sur l’étagère du temps.

À la file, ils s’empilent

De l’hiver au printemps.

 

Quand brille un feu dans l’âtre,

Rapprochant de l’antan,

La mémoire idolâtre

Entre ses mains les prend,

 

Les débouche et respire

Par anticipation

Les parfums qu’elle désire

Au gré de ses raisons.

Voilà que s’en échappent

Les effluves contenus ..

Mais nul ne les rattrape,

Aucun n’est revenu.

 

Arômes insaisissables

Et gardiens un peu fous

De nos jours insolvables,

Ils sont bien devant nous.

 

Souvenirs qui s’exhalent

Nous surveillant en coin,

Ils relancent la balle

Pour nous porter plus loin

Et fixer le bel âge

À celui de demain.

Paris 28/11/03

(dans 24h. ce sera un anniversaire à fêter)

 

 

 

Octante-sept échos des cols hauts en cols blancs

 

À perdre, il n’y a plus de temps.

Aux pieds des monts, nous y sommes.

Il faut grimper en cet instant,

Parvenir au sommet du dôme…

Alors partons le coeur battant.

On va marcher sans télésiège

Afin de planter un drapeau

Sous les flocons d’épaisse neige

Qui masquent des angles nouveaux.

À geindre, il n’en est plus temps

Comment regarder en surplomb

Les vertes pentes arborées,

Fragile grâce des vallons,

Près des eaux bleues … subodorées …

Si pures … Il y a bien longtemps.

La brume, hélas, les assiège …

Devrait bientôt se dissiper.

Il faut donc éviter les pièges

Qui consistent à les ignorer.

À feindre, il n’en est plus temps.

Allons ! Confiants et énergiques

Jusqu’à ces plateaux de débats.

L’économie souvent cynique

Ne gagnera pas ce combat.

Alors, partons d’un coeur ardent

Rencontrer l’avenir plus haut,

Y maintenir sa permanence …

Et chanter à tous les échos :

« Marche à l’heure » notre seule chance.

Attendre, il n’en est plus temps.

Et de la ligne d’horizon,

Sur fond de cimes magnifiques

S’étendra de bonds en rebonds

La rumeur aux accents lyriques,

… « Marthale…eer… Marthale…eer »,

Réponse de l’écho logique,

Octante sept fois répétant

« La victoire est déjà dans l’air

À la cote de trente pour cent. »

Alors ? Montons le coeur battant.

 

Paris le 05/12/03

(Pour une élection à Lausanne)

 

 

 

 

 

 

 

Hydro métrique

 

Scission irrévocable

Entre le vrai, le faux :

Nuit et lumière pures

Première sortie des flots

Fin de l’interchangeable

Notre monde est bien né

En séparant ses eaux.

 

Et de la terre arable

A la mer des roseaux

S’en va la créature

Au rythme crescendo

de désirs insatiables,

Rusée, usée, blasée,

Aux ordres de l’ego.

 

Cathédrale de sable

Avide de ruisseaux,

Sous humides voussures

A déifié ses veaux,

Corps à coeur dissociable

Silice délitée

Séchant ses marigots.

 

Est-elle intarissable

et pérenne cadeau,

La source au doux murmure

Capturée par tuyau ?

Énergie transportable

Potable et déportée

Vers chimiques silos.

 

Lassée, l’onde ingérable

Sous le ciel indigo

Délaisse les pâtures

Et vide tous les pots,

À rétrécir nos tables.

Est-ce note à payer,

Prévisible topo ?

 

Pleurer l’intolérable

Sur fond de météo,

Battre contre nature

Nos coulpes en écho.

Larmes irréfragables

Des esprits alarmés,

Elles seront sans repos

 

Pour devenir affables

Ces bénéfiques eaux.

Espérance future

Raisonnant en réseaux,

En amour irrigables …

Sagesse à « scientiser » :

Préserver l’ H²O *

 

Ne serait-ce qu’une fable ?

 

 

Paris 13/12/03

*formule chimique de l’eau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mirages virés (Chanson)

 

Il est des jours sans poids …

Légers …

Comme un premier avril.

Il est des jours qui noient

Tous les chagrins subtils

Dans l’air pur de tes yeux …

Légers …

Au printemps des amours

J’y planerai toujours

Pour happer les baisers …

Légers …

Étincelles de l’âme

Flambeau d’homme amoureux.

 

Il est des jours sans choix …

Glacés …

Comme un premier grésil.

Il est des jours qui ploient

Sous des chagrins subtils

Dans le froid de tes yeux …

Glacés …

L’hiver est sans recours,

Balancer ses amours

Pour mieux feindre et glisser …

Glacés …

Sur patinoire sans âme :

Salto d’homme frileux.

 

Il est des jours sans toi …

Chantés …

Comme un premier babil

Il est des jours qui voient

Comme un pardon subtil,

Cet oubli dans mes yeux …

Chantez ! …

La joie est de retour.

De nouvelles amours

Y viendront s’y mirer …

Chantez ! …

Sur les cordes de l’âme :

Solo d’un homme heureux.

 

Paris 17/12/03

 

 

 

 

Pour l’anniversaire d’ ARLEY ?

 

J’ai compté cinq ans

Sur le bout des doigts

un-deux-trois-quatre-cinq !

Et si l’on me croit,

Ils laissent passer

Beaucoup de baisers

Et toute ma joie

Pour vous et pour moi.

 

Cinq petits malins,

Se posent avec joie

Au bout de mes doigts.

Cela fait cinq ans

Qu’ils laissent passer

Sourires et baisers

Pour vous mes aimés.

 

J’ai mis ma main

Tout devant moi.

J’ai mis cinq ans

Au bout des doigts

Très écartés,

Laissant passer

Sourire et joie

Jusqu’à demain

Et des baisers

Pour tout le temps.

 

Paris le 11/01 /04

 

C’est un anniversaire, celui d’un enfant sage

Qui partage un gâteau et reçoit des baisers.

Oui, je suis tout joyeux de préciser mon âge

Regardez mon visage et regardez ma main :

Il y a cinq années, et d’hier à demain.

Mes cinq doigts écartés qui libèrent au passage

Mes larmes et mon sourire pour vous, mes bien-aimés.

 

Gasville 03/01/04

 

 

 

 

 

 

 

 

Graines de ces âmes

 

Ces granules de vie

Aux gènes d’aventure,

Vert-tige, mutants rébus,

N’usent de couleurs pures,

Sans choix d’autres rhésus ;

Et d’emblée en survie.

 

De ruptures en sutures,

Par d’éprouvants exploits

Leur masque se débusquent.

Sur ces têtes de bois,

Leurs parures et leurs frusques

S’offrent à la déchirure.

 

Vert-tige ou rousses feuilles,

d’inconscient germinal,

Gravides de toute chance,

Sans savoir qu’au final

Un souffle d’espérance

Par voltige les cueille.

 

Elles s’altèrent ou s’engrangent,

Surgeon ou résidu,

Au regain des années…

L’humus aura perçu

Bien des nouvelles-nées

Sous le râteau des anges

Dans le champ des élus….

 

Leur poids de destinée

est essor de mésange.

 

 

Paris 31/01/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À Daniel Lancelet

 

 

 

À reculons, j’allais hier

Goûter aux Saveurs-Poésies,

Prosaïque, le coeur un peu fier,

Néophyte et sans frénésie.

 

Et voilà que nous fut servis

À la table, dorés sur tranches,

Manne d’humour et mots choisis,

En vers gravés sur nappe blanche.

 

Mélange fluide et galactique

À boire : en ce lait rémanent

Pêcher des perles de rythmique.

Se délecter, tel un enfant ….

 

Puis je m’en fus, livre à la main

Pour dévorer sans réticence

Ce qui pouvait se lire « demain » !

Mais la page « un » se recommence ….

 

 

 

Paris 08/02/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De profundis pour un parc

 

 

À leur cime, dans des cabanes,

Des hommes venaient les consoler.

La révolte était surannée.

Les tueurs préparaient leurs armes.

Ils sont venus en février :

Photos, sirènes et gendarmes.

Dès lors le pin fut condamné

À s’abattre devant la télé,

Aux grand plaisir de millier d’ânes.

J’étais alors un vieux platane

Qui pensait se faire élaguer.

Pourtant à l’aune des années

Me restaient encore quelques charmes,

Bien que je pusses peu plier.

En cachant parfois quelques larmes,

À l’aube de mes journées,

Je pensais au chêne enchaîné

Qu’une scie fit choir sur le crâne.

 

Ils sont venus les tronçonner …

Et je suis le seul rescapé.

 

 

 

Paris-Gasville 14/02/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sortie de disco ….

 

 

Les doigts crochus des trémolos

Ont trébuché sur les pianos …

Ont froid aux reins, ont froid au dos

Ténors, rappeurs et sopranos

Sous les crochets d’un frais matin,

Où la bise après les bises,

Est la cerise sur le gâteau.

 

Où vont-ils mes alter-ego

Renvoyés dehors dos à dos

Au défunt écho des sonos,

Tanguant à perte de micro ?

Il est temps de se prendre en mains,

Surtout si la prise défrise,

À bobiner sa libido.

 

À l’air nu, ils tentent un tango

Pour les conduire jusqu’à l’auto,

Aux nostalgies d’un jour nouveau.

Si le regret joue son fado

Ils effritent leurs lendemains,

À la guise d’une place assise,

Au karakoé d’un métro.

 

Quand le transport n’est plus cadeau,

Les sempiternels chers pipeaux

Sous les tunnels en staccato

Cèdent leurs rêves. Decrescendo

Ils s’épuisent sur le chemin.

En crise de matière grise

Seront laissés sur le carreau.

 

 

Gasville 24/02/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Infaudioptimisme

 

Ondines de l’urgent

Catimini des ombres

Astiquées sur l’argent,

Catastrophes ou décombres.

Insondables accords

Pour faux-semblants qui saillent

Rehaussés par les cors

En salves de mitraille….

Prévisible moisson

Bien avant les semailles,

Ces jets d’ondes en son

Rapprochent les batailles.

Et nos « intelligents »

Nous livrent à la cavale

de ces mots indigents

Susurrés en rafale,

Ouverts au désespoir.

Il est déjà pénombre…

Sans nous, il ferait noir.

Non, le navire ne sombre !

Parti-pris subjectif

Sur ces jetées de pierres

Un rectificatif

Qu’ébruite la lumière ?

Et l’espoir d’un étier

Où vont les pas du monde

Qui noie l’inimitié …

 

Notre tête est bien ronde

Les dès pourront tourner.

 

Gasville {04/10/03-04/03/04}

 

 

 

 

 

 

L’oreille à souvenirs

 

En ce pérenne asile

Où l’on se meurt d’ennui

Le soleil en vigile

De dimanches en lundis

Poudre l’âme fragile

De timides éclats.

Il suffit d’une porte,

D’une main pour ouvrir,

D’un sourire qui s’apporte

Au furtif soupir,

Mélancolique escorte

D’un coeur en ses aplats.

Et la mémoire s’emballe

Sur les gazons coupés

Des souvenirs…. Dévalent

Ces rayons du passé,

Une étrange cavale

zigzagant en lacets

Pour que le « dire » soit là.

Tribunal de vie

Où se pèsent les jours,

Enquête poursuivie

Dans le contre et le pour

Des années resservies

Décorées tout autour,

Présentées sur un plat.

Des jugements sans doute,

Impérities ou lois,

Dialogues sur écoute,

Les rires d’autrefois

Pour reprendre la route

Interrompue parfois

Sans accorder son la.

Quand se ferme la porte,

Silence désarmé,

Ressurgit la cohorte

Des mots à libérer.

Essences d’amours mortes

Cloisonnées désormais

Vivantes par delà ?

Elles glissent, fumerolles

De volcans en sommeil,

Leurs douces girandoles

Pour tenir en éveil

L’espoir que la parole

Soit le char du soleil

Qui rejoint l’Au-Delà.

 

 

Paris 14/03/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un doigt de repentance

 

Timide cartographe d’un mouvant paysage

Où se joignent les pics des rires ou des adieux,

D’un doigt précautionneux j’effleure ton visage,

Un long parcours de sentes qui serpentent en ces lieux.

À frôler doucement, d’une ferveur d’orfèvre,

Il efface les craintes d’un geste un peu fougueux,

Remodèle les gouffres, retrousse sur la lèvre

Cet ondulant contour au passé sinueux.

Au pied d’une paroi, abrupte, têtue, lointaine,

Se cachent deux bosquets épais et sourcilleux

Qui dissimulent ici des vasques de fontaine

Où s’abreuvent en secrets des élans vertueux

Qui vont à contrepentes, intime mise en scène.

L’enthousiasme est au faîte, mais la rancoeur en creux.

Pour irriguer l’iris, le lis ou bien les peines

L’effort du voyageur semble présomptueux.

Pourtant près de l’abîme ce visiteur s’engage,

Caresse le pourtour de ces arcs trop bleus ….

Alors du fond des cieux, s’épanchent des nuages

Qui font sourdre la larme tout au bord de tes yeux,

Humectent en silence le revers de phalange

De ce doigt qui défeuille l’oubli aventureux

Et la fleur d’un sourire remonte en aile d’ange

Vers l’écoute infinie de mots mystérieux.

 

Paris 10/04/04

 

 

 

Crépuscule

 

Un rougeoyant soleil

De photons, évidé,

Grappille sur l’ennui

Des rayons de regrets

À promesse de nuit

Affamée de sommeil.

 

29/04/04

 

Aube

 

Nos rêves s’évaporent

Aux termes d’un affût

Qui verra le lancer

Par l’astre encore confus

Sous son ombre, humilié,

De ses glaives d’aurore.

 

Paris 26/06/04

 

Pour Aurore et

ses parents

Aurore…

 

Un don de prime éveil

Baiser ardent du globe,

Un rayon de soleil

La revêt de son aube.

 

Et les fées des hivers

Et les fées des étés

Ont donné à Nevers

Un concert de gaieté :

 

Un gazouillis d’enfant

Espoir qu’on ne peut clore,

Sourire de tous les temps,

Jeunesse en son Aurore,

Musique de choeurs aimants,

Ravissement sonore.

 

S’éclate au point du jour

La joie de l’auditoire :

Un concerto d’amour

Va bercer son histoire

 

Pour que les fées d’hiers

et les fées des « encore ! »

Lui forgent un coeur fier

À perdurer l’aurore.

 

Evelyne Delaye

Gasville 31/08/04

 

 

 

 

Atermoiement

 

Je n’ai pas ouvert ma fenêtre

À l’ange qui vint à passer.

Car j’en avais assez peut-être

Au long d’un sillon bien tracé

De chants, de rires dans le paraître

Pour lui faire un don compassé.

Est-ce lucidité, mal-être ?

Il espérait un regard vrai,

Un sourire, une main alerte

Qui joyeusement saluerait.

Ajustée de paroles disertes

Il avait prévu un arrêt

Mais la vitre est restée déserte …

Inerte et silencieuse certes,

Et pourtant j’avais appelé

Hors du champ de vision, offerte

À l’espoir, ce désir voilé

D’un coeur inquiet qui disserte,

En tentant de s’attarder

Sur la voie qui conduit au maître ….

De la porte il se faut garder.

Seuil qui invite à se démettre.

Mais voilà que j’entends frapper.

Faut-il ouvrir et me soumettre,

Dans la joie me laisser happer,

Sceller nos traits croisés ? Peut-être…

 

 

Paris 24/06/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vas

Vas donc courir vers ton pays.

Il est celui de tes aurores

Quand à l’aube des premiers cris

L’amour sur toi pouvait s’éclore.

 

Vas-t-en poursuivre ton histoire,

Celle de tes jours épanouis

Sous des ciels qui te firent croire

À des horizons infinis.

 

Vas te brûler à l’étincelle

De l’espoir qui vide les nids,

Aux éclairs d’une vie nouvelle

Sous risées des vents sans merci.

 

Vas te saupoudrer d’étamines,

Te colorer de leur pollen.

Les fleurs du temps sont une mine

D’où s’y extraient tous nos « amen ».

 

Vas recevoir ce don d’enfance

Qui t’attendait depuis toujours.

Vas le cueillir dans l’espérance

Qu’aujourd’hui il est sans retour.

 

Vas grappiller cette présence

Qui veut tant te donner son fruit.

Tout alors, redevient semence,

Germe d’éternel appétit.

 

Vas donc mourir en ton pays

Qui est celui d’une autre aurore

Quand au seuil de l’ultime nuit

L’amour en toi pourra s’éclore.

 

Gasville 07/08/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

None

 

Qu’ont-ils à se dire ces merlins

Enchanteurs sous ciel de septembre,

Balancés au nid qui se cambre,

Cachés de nos yeux, de nos mains … ?

 

Sous les feuilles vieillies qui tremblent

Et chuintent aux ailes du vent,

Ces pépiements d’enfants confiants

Les accompagnent et chantent d’amble.

 

C’est une mélodie sans fin

Douce et unie qui les rassemble,

Joies intérieures, grâces ensemble,

Joignant les coeurs en leurs confins

 

Pour qu’ils retrouvent et qu’ils l’élèvent,

Vers les limites de l’azur,

Quand se quitta l’asile sûr,

Cette prière que perdit Ève.

 

Gasville 19/09/04

 

 

Eucharisse

 

Elle avait encore tant à faire

Sur cette terre, en ces instants …

Tant de tendresse à satisfaire

Dans l’immédiat et dans le temps !

 

Elle avait encore à surprendre,

À résoudre et à inventer.

À s’écrier : « Je dois comprendre

Le parcours de cet échiquier ! »

 

Elle avait encore sa souffrance

À traduire, à ne pas montrer

Quand ses jours dans leur impuissance

Étaient prêts à s’évaporer.

 

La vie est-elle souricière,

Si elle n’avait plus que sa peur

À guérir, près de la glissière

Où s’effriteraient ses bonheurs ?

 

Il lui fallait clore ses paupières,

Aimer encore ce fond du soir

Quand l’horizon fuit la lumière,

Bien qu’au matin luise l’espoir.

 

Et lorsque renaîtrait le disque

Du soleil, tout au point du jour,

Elle aura pris alors le risque

D’irradier, dans l’ombre, l’amour ….

 

À Eucharisse

Gasville 20/09/04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nos vies ….

 

Nos vies se croisent,

Nos mots aussi,

Des mots en débat

Plein débit

Croisière courtoise

Sans lazzi

Sur toutes les valeurs du « Si … ».

 

Nos vies s’encastrent

Dans des châssis,

Du vent, des frimas,

À l’abri

Loin des désastres,

En sursis

Quand les vitres ne sont débris.

 

Nos vies se tassent

Nos dos, l’ennui

Les maux de là-bas

Et d’ici.

Mornes où s’enlacent

Les soucis,

Rosacées, liserons et lis.

 

Nos vies s’ajustent

Sur nos faux-plis

De plis en aplats

Sans repli,

Sculptant nos bustes

À demi

Dotés d’un profil adouci.

 

Nos vie s’embaument

De longs récits

Fêtes et galas

Réussis,

Banquets d’arômes

À merci

Se dégustent près des cassis.

 

Nos vies se mirent

Au fond d’un puits

Joies et tracas

Imprécis.

Ils s’en retirent

Par souci

De les soustraire à d’autres tris.

 

Nos vies se boutent

À l’infini

Complots et combats

À l’envi,

Victoires qui coûtent

Le bon prix,

Celui des pertes et profits.

 

Nos vie se lustrent

Pourquoi, par qui ?

Vagues sans éclats,

C’est ainsi

Barques lacustres

En roulis,

Nos vies flottent sur l’un des « Si ».

 

Gasville Septembre 2004

 

 

Sortie de bain

 

Je me frotte la peau

Aux linges de l’enfance

Asséchant les appeaux

Qui visaient l’espérance.

 

Bien qu’ils se soient perdus

Aux siphons de l’histoire

Ils restent suspendus

Au cordeau des mémoires.

 

Humides ces tissus

De larmes non versées

Qui s’égouttent à l’insu

Des erreurs encensées.

 

Sous les vents, jour à jour,

S’épongent, bien graciles,

Ces chaînes de velours

Tissées de vie fragile.

 

Les navettes du temps

Drainent toute texture

Ces fils de nos vingt ans

Prêts à neuve nature.

 

Insondable printemps,

Incroyable aventure,

Insolvable et pourtant

Ineffable facture

 

D’immuable présent.

 

Paris O1/11/04

Amour Post-it

 

On s’éprend, on se prend

On surprend, on s’apprend

Se déprend, on reprend

Tu comprends ?

Paris 27/11/04

 

Neuf au Carré

 

Si l’ancien fait la paire

Avec la nouveauté,

Pour un anniversaire

Il faut savoir compter :

 

Et les jours et les heures,

Les autres et les uns,

L’existence et ses leurres,

La famille, les voisins.

 

Et les temps de prière,

Puis les retours sur soi,

Plongeon dans la lumière

Effacant le « sur-moi »

 

Peut-être un peu sommaire

L’addition, c’est certain.

Total surnuméraire

Bien souligné : plus UN !

 

Et quand on fait la somme,

La preuve qu’on obtient :

Neuf par neuf pour un homme

Juste : «  quatre-vingt un « .

 

Paris 27/11/04 (le 29 Francis attend sa preuve …)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Toile du Temps

( pour un album de photos )

 

À filer l’éphémère

Sur clichés rémanents

Nous accrochons l’épeire

À sa toile d’antan

 

Centre d’un effet « mère »

D’où s’enclenche l’élan

Qui rapproche les pères

Captés en noir et blanc

 

La saveur douce-amère

De reflets hors présent

Abrite en ses repaires

Le tissage d’enfants.

 

La vie sage ou primaire

S’insère en notre sang.

Par souffle qui s’espère

Elle nous en fait présent.

 

Et fi de nos chimères !

Vient un nouveau printemps

Pour fixer les repères*

À la toile du temps.

 

Paris 20/11/04

(ou…*fixant d’autres repères)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voeux perpétuels de l’An Renouvelé

 

Se parcourt le livre

Par chapitre ajouté

Pour les écrire, les vivre

Et les rééditer.

 

De celui qui va suivre

Tout est à souhaiter.

Faisons sonner les cuivres

Des coeurs en unité.

 

Les souvenirs s’accrochent

Quand tout désir grossit.

Sortons-les de nos poches,

Grand Magasin des « si ».

 

Restons dans l’espérance

Plus haute que le « sol ».

Le « la » de la confiance

Va prendre son envol.

 

Aux pages de l’Enfance,

Préparons les concours.

L’Amour est une science

Qui s’apprend chaque jour.

 

Paris 01/01/2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Palais des arômes

(recette à la Perrault)

 

Le palais se réjouit

Cendrillon en est la reine.

Faut-il en livrer récit,

Secret d’une souveraine ?

 

Il était une fois,…ici

Une belle tout en peine :

Elle désirait un taxi

Qu’elle manda à sa marraine

 

Pour aller danser de nuit

Au bal donné par le Prince

Où frétillent à l’envi

Les filles de ses provinces

 

Dont le principal souci,

Quand la pauvreté n’évince,

Est d’y trouver un mari.

Les chances sont parfois minces.

 

La fée-marraine a dit « oui ! »

 

Et la belle reçut des dons :

Celui de dix doigts de crème,

Un énorme potiron,

Ail, Laurier, tomates et même

 

Brins de thym, petits oignons…

C’est parti comme un poème !

Manquaient encore des lardons,

Les poivrons frits, le sel gemme,

 

De l’huile dans la sauteuse

Et du gruyère un peu blond.

La belle fut toute heureuse

De maintenir le poêlon

 

Quand la commère rieuse

Écrasait tout au pilon.

Et des odeurs généreuses

S’évadaient de l’âtre oblong….

 

Vols de gratin sur la plaine,

Fumets visant les châteaux,

En agiles musaraignes

Au bal arrivèrent bientôt.

 

Entre valseurs hors d’haleine

S’insérèrent ipso facto …

Dans le nez royal ne règnent

Que des effluves d’appeau

 

Qu’innocemment l’en imprègnent.

Le Prince charmé a dit « oh ! »

 

« Je dois goûter en conscience »

« Ce met qui ne m’est connu »

« Y découvrir l’excellence »

« D’un pot à bon revenu. »

 

Sur son coursier, il s’élance

Humant l’arôme ténu,

Et guidé par lui, s’avance

Près du brasier… l’ingénu !!

 

« Pour apprécier, jeune fille, »

« Ce repas bien mitonné »

« Pose avant que cela grille »

« Mon couvert pour le dîner. »

 

« Sers ce plat sans escarbille, »

« Onctueux et gratiné. »

« Merveille pour les papilles, »

« Chef d’oeuvre de gens bien nés, »

 

« Ce plat me chaut, susurre »

« Le Prince, oui il me sied »

« Comme l’étroite chaussure »

« Qui s’ajuste à votre pied. »

 

« Prenez ma main, soyez sure »

« Du trône, elle est marchepied. »

« Pour que l’amour s’y assure »

« Emportez votre trépied… »

 

Cendrillon a dit « J’assure ! »

 

 

Paris 11/11/04

 

 

 

 

 

 

 

 

À Jean Grassin

(pour trois erreurs d’impression sur Séquences 46)

 

Deux méprises pour un même mot

En duo

Leur emprise sur ce seul « fardeau »

Quel cadeau

Non comprises deux lettres en trop

« eau » pour « o »

« R »- surprise bien mal à propos

L’air est faux !

Sans reprise, le chant de Porto

« Son fado »

Suis-je apprise à calmer l’ego

Sans bravo ?

 

14/01/05

 

 

 

 

 

 

Résolvante Enigme

 

Pour matheux sans problème

À résoudre en solo.

Equation ou mystère ?:

Les Six diront «  Je t’aime »

Au tout jeune Polo

« Et quatre font la paire ».

 

Paris le 25/01/05

en la fête de la conversion de St Paul

et l’annonce de la naissance de Paul Griffaton,

frère de Baptiste (enfants de Pierre et Sophie)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cadeaux d’Helvétie

Aux lointains lacustres

Me furent donnés

Des frissons bien frustres

Sous flocons glacés

 

Des brouillards de neige

Des soleils couchants

Près des télésièges

Qui grimpent aux champs

 

Des paroles douces

Des regards d’ados

Chatte à poils de mousse

Qui joue du piano

 

De Jeanmaires à plumes

Aux brocards vaudois

Fêtes qui s’allument

Au ras des galas

 

Ténèbres. Dédale

Pour romains trésors

Les as en cavale

Sont rentrés au port.

 

Paris le 28/01/05

(à Thérèse Mercier)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les muses s’agacent

 

 

Aux rimailles des jours,

Quand les muses s’ennuient,

Elles vont en bataille

Fustiger l’harmonie,

Et la priver d’atours,

Rire quand elle défaille,

Chercher quelque détour

Pour l’offrir démunie

Aux dires qui la raillent.

Mais les voilà punies :

Silence en désamour

Qui les prend en tenaille,

Elles aspirent au retour

De syllabes unies,

Césures sans cisaille,

Rythmique indéfinie

D’un poème d’amour

Au jour de ses semailles.

 

 

 

Gasville 23/02/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Attente de certitude …

 

 

Une part de mon coeur

S’exile en Potala.

Le jour il est ailleurs.

Le soir il n’est pas là.

 

Évadé de l’ici

Il est dans ses États,

Cultive ses soucis

Dont il devient l’appât.

 

Une part de mon coeur

S’enferme en Potala.

Sortira-t-il vainqueur

Lauriers à bout de bras ?

 

Sans rêves ni récits

Sans doute il reviendra

Vigilance en sursis

Prêt à nouveaux combats.

 

Une part de l’ailleurs

S’incruste en Potala

Pour des jours corps à coeur

Glanés sur l’au-delà

 

 

 

 

Gasville 26/02/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Procès patte graissée

 

 

 

Le pigeon n’a pigé

Le projet de piéger

Ce naïf mal jaugé

Engagé pour juger.

 

Ce baron s’est barré

Avant d’être bourré

De bars en cabarets

Pour débourrer l’arrêt ….

Car il était beurré.

 

Désormais désarmé,

Endormi, arrimé

Sur les clauses à rimer

Se remua mi-mai.

 

Ce procès mal axé,

Excita sans excès

L’accès au jour fixé

Et vexa le succès.

 

Revenu bien hardi

Au prétoire il perdit.

Le prévenu, Pardi !

Prédit son « Paradis ».

 

 

 

30/02/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Choisir

 

 

J’ouvre mon havre sac

À l’aube de la nuit.

Mon coeur en son ressac

Étale ce qu’il bannit

Sur le sable des grèves.

Pèle-mêle on y voit

Épars entre les rêves

Tout ce qui fut pavois

Aquatique ballet

D’idées vagues de foi

Et d’antiques regrets

Sur ce qui n’est plus moi.

Je dois en faire le tri

Garder ce qui prend corps

Et qui d’amour pétri

Dominerait la mort,

Ensemble relié

Par le fil de la vie ….

Partir réconcilié

Quand la grâce convie

À vider ce cabas

Après l’avoir rempli.

Le choix est un combat

Dont s’entrevoit le prix,

Quand la trace des pas,

Dans la vase une empreinte,

Du temps s’effacera

Par l’éternelle étreinte.

 

 

Gasville 27/02/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lever du jour

 

 

Une nappe d’aurore aux tables des saisons

Plante un nouveau décor face aux coeurs en prison.

L’abîme sa ns rebord s’emplit telle une aiguière,

Au vin de l’aujourd’hui, des raisins de naguère.

Nous allons boire ainsi des gorgées de beauté,

Déguster les tisons au matin dégorgés

Et qui vont se répandre sur les champs de nos heures

Pour oublier joyeux la pénombre antérieure.

Le soleil en rebond nous offre ses reflets.

Il nous fait oublier que le vent peut souffler

Et faire éclore en nous bien d’autres paysages

Sur mémoire future pour écrire une page

De vie à feuilleter au soir en son déclin.

À nous de déguster ce jour quand il est plein,

Trouver à l’imprévu une saveur exquise,

Accueillir notre pain dont la croûte se brise,

Savourer ces instants d’éclat ou de douceur,

Vivre d’admiration vers l’aire de blancheur

Où scintille notre coupe. Et sans faire de halte

Aller vers ce désir de voir ce qui s’exalte

Aux lignes d’horizon pour aimer sans raison.

 

 

 

Gasville 12/03/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les épingles d’Eole

 

Lorsque l’univers gronde

Dans les chignons du vent,

S’évadent des épingles

Qui retiennent souvent

Les torsades qui cinglent

Vers l’épaule du monde.

 

Des rafales émondent

L’ego sous ses auvents

Tout au seuil de la route,

Cueillent en dérivant

Des bises en déroute

Sur les pôles et les ondes …

 

Las, des orages tondent

Leurs mèches d’ouragan

Sur les cols qui s’inclinent,

Leur offrant pour onguent

Que l’effroi qui ravine

et tornades qui fondent …

 

Des alizés sans fronde

Déploient leur paravent

Contre ces escarboucles

Attisées par les vents.

La nuée se déboucle

S’effile en queue d’aronde ….

 

Sourd la lumière blonde

d’un soleil renaissant.

Un zéphyr, une brise

Éclairciront ses flancs

Effrangés par surprise

Et fermeront la bonde ….

 

D’Oslo à Trébizonde,

En souffles apaisants,

Foehn, Mistral, Tramontane,

Transcendent à présent

L’oeil vert de nos sultanes

En sourire de Joconde …..

 

Paris 01/04/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INVITE DEUX

 

Si tout était parfait sur terre

Nous n’aurions rien à inventer.

Tous nos désirs seraient austères

Pas de secrets à éventer ….

 

Nous serions dans la certitude,

Pas de doutes, de froncements de nez,

Aucune histoire, pas d’inquiétude,

Pas de fables à débiter ….

 

Plus de rappel au téléphone,

Aucun message à écouter …

Jamais codés nos interphones,

Jamais de rendez-vous ratés ….

 

Tous, seraient égaux à eux-mêmes …

Plus de photos d’identité,

Même sourire, même emblème

Et personne à féliciter …..

 

Mais comment percevoir ce monde

Affadi d’uniformité ?

Pourtant, l’enthousiasme abonde

Aux pôles de la diversité ! ….

 

Ici nous sommes à bonne école,

Autour d’une tasse de thé …

Ces poèmes qui batifolent,

S’il vous plaît … Applaudissez-les ! ….

 

 

05/04/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes en levées

 

 

Soprano alto

Timbré, baryton

Ce timbre strident

Qualifie en sorte

Les notes et les gens

Qui haussent le ton,

Qui le portent au bras

Collé sur la peau,

Ceux qui le rapportent

Sur diplôme « es » lettres

qui pousse à l’espoir

D’être ou ne pas être

Sur ces carrés blancs

Postés pour les lire

Cachant en leurs flancs

L’objet des délires

L’appel du présent :

Aussitôt

Ouvrir ….

 

 

Paris 12/04/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jubilé

 

Dessine-moi un oiseau

À plumes d’espérance

Et qui prend son envol

Sans regard en arrière.

Qu’il incline son col …

Et se sèment nos chances.

 

Dessine-moi un oiseau

 

Un oiseau sans volière,

Qui flâne dessus les eaux,

Les plages, les roselières,

Frontières de nos châteaux.

 

Dessine-moi un oiseau

 

Esquisse-moi ses ailes

Qui planent dessus les rails,

Les landes forestières,

Les horaires de corail,

Nos rêves en dentelles.

 

Dessine-moi un oiseau

 

Décris-moi son plumage

Et imite son chant,

Celui des caténaires

Qui conduisent nos ans

Vers des amours présages.

 

Dessine-moi un oiseau

 

Un oiseau de lumière

Qui lance par faisceaux

En trilles légendaires

Ses flèches, amoroso.

 

Dessine-moi cet oiseau

 

Plus que cinquantenaire …

 

Pour des Noces d’or Paris 13/04/05

 

Vagabondage

 

Nos songes iront grand train.

L’espérance, attelée

Aux brancards des matins,

Quittera les allées

Du présent, pour demain.

Soutenues par la brise

Qui nous prendra la main,

Bon vent pour les surprises !

Gasville 10/04/05

 

Cadeau du Passé

 

Qu’est-ce qu’un présent ?

Ce qui arrive et qu’on n’attendait pas,

Qui ne fut demandé.

Un présent attardé,

Qui mettra devant nous

Plus de félicité

Q’un futur accepté

Quand il se connaîtra …

Avril 05

Fatalisme

 

Tu pris mon « moi » du fond de « toi »

Et tu lui as dit : « Sois »

 

J’ai pris ce temps du bout des doigts

Et je lui ai dit : « Soit ! »…

 

J’ai pris ma faim, par don de pain,

Et je lui ai dit : « Tiens ! »

 

Tu pris mon coeur du fonds des pleurs

Et je lui ai dit : « Meurs ! » …

 

J’ai pris mon âge par la main

Et je lui ai dit : « Viens ! »

 

J’ai pris ma Vie au gré du vent

Et je lui ai dit : « Sens ! »

 

Tu pris mon âme un beau matin

Alors, je t’ai dit : « Bien ».

Paris 11/02/04

 

 

 

 

 

 

 

 

La fête des poètes

 

Se sèment en contre-allée

Sur nos sentiers battus

Des oeillets de prophètes,

Près des troncs abattus,

Entre les azalées

De nos moments perdus.

Paroles de poètes !

Et l’humus étendu

Sous feuilles ciselées

Par des vents impromptus

À faire baisser les têtes,

Ne sera pas déçu

Des corolles dentelées

Poussant au temps voulu

En des bouquets de fêtes.

Oui, le temps est venu

D’ouvrir les mausolées,

Les coffres vermoulus …

Sortir des oubliettes

Tous les regrets perclus

Pour la vie révélée …

Boutures des dons reçus

Qui font toujours recette.

Oui, le temps est venu

De rimer sur le « Net » ….

 

Gasville 14/07/04

 

 

 

 

 

 

 

 

Mutisme

 

Non, je n’ai pas envie

Aujourd’hui de te voir.

Et pourtant j’appuierai

Mon front sur ton épaule

Pour écouter la pluie

Qui dehors, en ce soir,

Rebondit sur le gré

Des pavés près du saule.

 

Non, je n’ai pas envie

Près de toi de m’asseoir

Comme avant, tout auprès

De ton coeur-jeu-de-rôle

Pour suspendre la vie,

Saisir en creux l’espoir

Qui oublie les regrets

D’un printemps qui s’envole.

 

Non, je n’ai pas envie

De parler dans le noir,

De graver sans attrait

Dièse sur auréole.

Silence … Pour survie

D’un amour à surseoir

Rêves à différer ….

Histoire sans paroles.

 

Paris 18/04/05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toi, petite chérie des ailes de mon coeur

 

Toi, petite chérie des ailes de mon coeur

Tu viens de t’envoler pour des îles lointaines

Où je ne saurais plus où se plaît ton bonheur

Quand se lève en nos ciels l’astre éclairant nos plaines

Mais pourtant tu es là.

En tout frémissement, pour qu’une joie habite

Et s’irise en nos yeux, tel un pressentiment

De ta douce présence, qui timidement invite

À bâtir l’avenir d’un père et ses enfants.

Oui, certes tu es là.

Chaque fois que l’on part vers nouvelle rencontre

Pour mieux approcher l’autre, pour écouter sa voix

Et porter son fardeau vers le chemin qui montre

La vie en devenir, pour en lever le poids.

Oui, alors tu es là.

Avec tes parents, ton mari, ta famille

Tu as joué le jeu qui porte bien des noms :

« Ma Darie ». « Mon Amour », « Ma Maman » qui scintillent

Dans un monde, hors des normes, qui amplifie « le don ».

Nous nous retrouverons, avec nous tu seras ?

Mais, déjà, tu es là …

 

À Darie

Gasville 03/05/05

 

 

 

Évanescence

 

Ton sourire ne s’est pas éteint.

Je l’ai vu sur ta lèvre au matin

Où tu fermas les yeux sur le monde,

Et je sus qu’une grâce t’inonde ….

 

Comme timide parfum de fleur,

Douce et limpide coulée d’un pleur,

Quand l’amour dans l’âme s’insinue

Pour l’élargir aux rives inconnues.

 

Le silence a soupiré en moi

Divine la Vie … Vois !

Elle est … ce que tu crois …

 

Paris 08/06/05

 

 

 

 

Perte d’appétit

 

À rebours sur un long chemin

J’ai pris un ramasse-miettes

Et je récolte aux quatre coins

Tous ces reliefs d’amourettes

Qui n’avaient su se déguster.

Griffés par la plume gourmande

De papier vierge à raturer

Ces réponses et leurs demandes,

Couchées sur fragile vélin,

Seront jetées aux alouettes

Avides de peaux de chagrin

À vocaliser en bluettes ….

Et bien que je me défende

De les avoir vite éjectées,

Elles s’éparpillent, se répandent

Ces boules de papier m âché.

Mais, je suis mieux dans mon assiette !

 

Paris 19/06/05

 

 

 

 

Prémices de moisson

 

Aux pieds de blonds versants

Un serpent de bitume