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Humilité et humiliations
L’humilité tient une place centrale dans la vie de
Thérèse et dans son enseignement. Pour elle, humilité et vérité sont étroitement
liées puisque le 30 septembre 1897, le jour de sa mort, elle en fait le point
d’appui de sa pâque et nous livre cette parole testamentaire :
Oui, il me semble que je n'ai jamais cherché que la
vérité ; oui, j'ai compris l'humilité du cœur... il me semble que je suis
humble. [CJ 30 septembre]
Et les humiliations n’ont pas manqué qui ont éprouvé
jusqu’au bout cette humilité, jusqu’à ce qu’elle puisse et ose dire « il me
semble que je suis humble ». Il faut avoir anéanti en soi tout orgueil ou être
dans le pire aveuglement pour en arriver là. Mais l’Église a donné son avis et a
canonisé la vie et les paroles de Thérèse.
Il ne faudrait cependant pas penser que les
humiliations conduisent nécessairement à l’humilité :
elles peuvent conduire à de sévères dépressions, voire
au suicide pour les personnalités narcissiques, orgueilleuses.
Nous verrons donc ce que Thérèse entend par humilité
et, à travers quelques exemples, nous comprendrons ce qu’elle fait des
humiliations, de cette nourriture étrange et redoutée.
L’humilité
Le mot humilité vient du latin humus, qui
signifie terre, sol, dans le sens « niveau du sol ». Par son origine même,
l’humilité implique un positionnement, un style de vie, une manière particulière
d’être en relation avec Dieu et les hommes. Normalement l’humilité devrait être
étrangère, imperméable à toute idéologie car elle s’enracine, pourrait-on dire,
dans la réalité du sol, dans sa consistance, dans sa vérité immanente. Ainsi le
psalmiste invoque Dieu comme ce « rocher qui nous sauve » (Ps 94).
L’humilité est nécessairement liée à la pesanteur :
elle la reconnaît comme son principe d’attraction naturel ce qui, du coup, la
fait gémir après la grâce qui seule peut surélever cette nature jusqu’à des
hauteurs impénétrables au regard humain. Alors, le champ est libre pour
accueillir cette grâce, pour tout recevoir d’en-haut. On comprend dès lors que
l’humble puisse à la fois vivre dans l’affliction naturelle de n’être rien et de
ne rien pouvoir, et dans la joie surnaturelle, également, de n’être rien parce
qu’il sait, dans l’espérance, que tous ses désirs les plus profonds seront
comblés sans limites. Pour peu qu’il consente à cette humilité en ce monde,
comme exercice, l’homme obtiendra la Gloire dans l’autre. Pour Thérèse ce
passage sur terre est fondamentalement un exil nécessaire pour entrer dans
l’autre monde. C’est une voie étroite au fond d’une vallée :
Vous prétendez gravir une montagne, mais le bon Dieu
veut vous faire descendre au fond d'une vallée où vous apprendrez le mépris de
vous-même. [PB 724]
Il y a deux sortes d'humilité :
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- la première, la plus fondamentale, c'est l'humilité
ontologique, c'est-à-dire l'humilité de l'être humain qui se reconnaît créature
et reconnaît
qu'il y a un abîme entre lui et Dieu[f1] , et
que cet abîme est infranchissable naturellement,
- la seconde humilité est celle du publicain, du
pécheur qui a conscience de ne pas aimer vraiment, et qui ne sait que répéter :
« Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! » (Lc 18,13)a
La vierge Marie n'a pratiqué que la première humilité :
il n'y avait aucun péché en elle. Pour cette raison elle peut se dire « humble
servante ». Nous sentons bien qu'au dernier jour de sa vie Thérèse peut se voir
humble, comme Marie. Car, dira-t-elle audacieusement, « le trésor de la Mère
appartient à l'enfant ». Le trésor de Marie c'est bien sûr Jésus et il est le
nôtre également.
Mais son trésor
est aussi son humilité merveilleuse : Thérèse puise donc dans ce trésor marial
et maternel pour que Jésus vive en elle. Ce Jésus qui est, dit-il de lui-même,
la Vérité. Humilité et Vérité sont donc nouées en Marie, comme elles le sont en
Thérèse tout à la fin de sa vie. Mais cela ne s'est pas fait tout seul : toute
fille de Marie qu'elle était, Thérèse apprit de ce qu'elle souffrit, l’humilité.
L'humilité est donc à la base de toute vie spirituelle,
dans sa double dimension : dimension mystique et dimension ascétique,
c’est-à-dire morale. Nous pourrions en effet être humbles devant Dieu, lui
reconnaître la primauté, mais être orgueilleux, humiliants dans nos
comportements, dans nos relations aux autres. Il n’y a donc pas d’humilité
véritable sans une vérification expérimentale dans un contexte donné. Pour
Thérèse ce lieu sera essentiellement le Carmel. Pour nous la scène pourrait
paraître plus ouverte et vaste, mais la vérification est alors plus difficile
car les cadres sont beaucoup plus flous : le problème de l’obéissance, par
exemple, n’a pas la même acuité pour nous que pour une Carmélite.
Nous le disions, l’humilité du croyant monothéiste se
fonde sur ce double constat : reconnaître son statut de créature et se sentir
bien incapable de sainteté, c’est-à-dire de pouvoir tenir debout devant
l’Éternel. Mais pour le chrétien il y a une raison encore plus profonde d’être
humble et qui tient, justement, à l’Incarnation. Dieu lui-même a voulu vivre le
plus grand abaissement qui soit :
celui de passer de la vie divine à une vie humaine
pauvre, voire quelconque. C’est ce qu’on appelle
la kénose : littéralement, Dieu se vide de lui-même pour nous rejoindre
et descendre plus bas encore que tout homme passé, présent ou à venir : c’est la
descente aux enfers que nous méditons trop rapidement le Samedi Saint.
Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, dans
son propre nom de religion, rend déjà compte de son désir de participer à
l’humiliation du Christ apparaissant sur terre sous les traits d’un enfant
pauvre et persécuté dès ses premiers jours, et sortant de ce monde cloué sur la
croix comme le dernier des malfaiteurs.
Sœur Marie de la Trinité, l’une des novices dont
Thérèse a eu la charge, dira :
C'est dans sa dévotion à la Sainte Face qu'elle puisait
ses désirs d'humiliations.
Constamment elle me répétait d'un ton pénétrant ce
passage d'Isaïe (chap. 53) : « Son Visage était comme caché, Il nous a paru un
objet de mépris, le dernier des hommes... etc. »
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Oh ! que je voudrais, ajoutait-elle, que mon visage fût
caché comme le sien afin qu'ici-bas personne ne puisse me reconnaître. »
Et Marie de la Trinité ajoute :
Dans les poésies qu'elle m'a composées, toujours elle
me propose l'humilité de Jésus pour modèle, par exemple dans cette strophe :
« Pour moi sur la rive étrangère
« Quels mépris n'as-tu pas reçus !...
« Je veux me cacher sur la terre,
« Être en tout la dernière
« Pour toi, Jésus. »
L’humilité de Thérèse est donc christocentrique : ce
qu’elle cherche d’abord ce n’est pas vaincre son orgueil mais s’unir à Jésus
encore plus étroitement, comme l’épouse à son époux. Ce n’est même pas de
l’ordre de l’imitation. La source de l’humilité est donc très clairement l’amour
et non pas notre indignité foncière. C’est là un point important car nous
pouvons rechercher l’humilité pour atteindre une certaine perfection et,
subtilement, en tirer ainsi orgueil. Thérèse comprend bien que la sainteté ce
n’est pas la perfection :
Il nous est bon et même nécessaire de nous voir
quelquefois à terre, de constater notre imperfection ; cela fait plus de bien
que de se réjouir de ses progrès. [CRM 86 bis]
Sœur Marie de la Trinité témoigne :
Un des traits qui me fait encore le plus de bien c'est
celui où elle me comparait à un petit enfant au bas de l'escalier de la
perfection. Depuis ce jour, je ne me désole plus de me voir toujours au bas de
mon escalier. Sachant mon impuissance pour m'élever seulement d'un degré, je
laisse les autres monter et je me contente de lever sans cesse mon petit pied
par des efforts continuels. J'attends ainsi dans la paix le jour bienheureux où
Jésus descendra lui-même pour
m'emporter dans ses bras... »
« A ce moment-là, me disait Thérèse, serez-vous plus
avancée d'avoir gravi 5 ou 6 marches par vos propres forces ? Est-il plus
difficile à Jésus de vous prendre au bas plutôt qu'à la moitié de l'escalier ?
Il y a encore un avantage pour vous à ne pas pouvoir monter, c'est de rester
toute votre vie dans l'humilité, tandis que si vos efforts étaient couronnés de
succès, vous ne feriez pas pitié à Jésus, il vous laisserait monter toute seule
et il y aurait tout à craindre que vous ne tombiez dans la complaisance en
vous-même. » [CSM 49]
Thérèse souligne ici le danger de la chute grave,
c’est-à-dire tomber dans l’orgueil à vouloir monter cet escalier par ses propres
forces. Pour elle l’humilité est la vertu caractéristique de l’enfance (CSG 51).
Toute sa doctrine spirituelle de la petite voie, de l’esprit d’enfance, consiste
pratiquement dans l’humilité. Et, comme l’ajoute Sœur Geneviève :
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Elle aimait beaucoup à m'entretenir de ces paroles
qu'elle puisait dans l'Évangile :
« Laissez venir à moi les petits enfants, le Royaume
des Cieux leur appartient... Leurs Anges voient continuellement la Face de mon
Père céleste... Quiconque se fera petit comme un enfant sera le plus grand dans
le royaume du Ciel... Jésus embrassait les enfants après les avoir bénis ». [CSG
36]
Thérèse ne redéfinit pas l’humilité : elle ne fait que
regarder Jésus. Mais elle tire toutes les conséquences de ce qu’implique
l’enfance, condition sine qua non pour entrer dans le Royaume.
Elle répétait souvent que : « Les privilèges de Jésus
sont pour les tout petits » (CR 83). Ce qu’elle voyait chez l’enfant c’était : «
la confiance, l'abandon, la simplicité, la droiture, l'humilité ». (CR
83) Mais elle avait conscience que cette « Petite voie
mal comprise pourrait être prise pour du quiétisme ou de l'illuminisme » (CR
26). C’est Jésus seul qui enseigne Thérèse à partir de l’Écriture et bien
entendu, également, à travers l’oraison :
C'est Jésus tout seul qui m'a instruite. Aucun livre,
aucun théologien ne m'a enseignée et pourtant je sens dans le fond de mon cœur
que je suis dans la vérité. Je n'ai reçu d'encouragement de personne, sauf de
Mère Agnès de Jésus, et quand l'occasion s'est présentée d'ouvrir mon âme.
J'étais si peu comprise que je disais au bon Dieu, comme St Jean de la Croix :
"Ne m'envoyez plus désormais de messagers qui ne savent pas me dire ce que je
veux." [CR 32]
Elle reprendra par ailleurs cette image de l’escalier
de la sainteté en ajoutant une petite phrase insupportable pour beaucoup :
Par la pratique de toutes les vertus, levez toujours
votre petit pied pour gravir l'escalier de la sainteté.
Vous
n'arriverez même pas à monter la première marche ; mais le bon Dieu ne
demande de vous que la bonne volonté. Bientôt, vaincu par vos efforts inutiles,
il descendra lui-même et, vous prenant dans ses bras, vous emportera pour
toujours dans son royaume »
Cette image de l’escalier et de ce qui s’y passe nous
livre au moins deux enseignements fondamentaux :
- c’est, d’abord, Jésus qui descend alors que nous
croyons qu’il faut monter. C’est une vérité dont il faudrait se souvenir puisque
l’initiative revient à l’époux et que cet époux a choisi de descendre, de
s’abaisser jusqu’à notre néant. La vie spirituelle chrétienne, pratiquement, ne
peut être une montée au sens où nous l’entendons habituellement. Nous avons à
appeler le Seigneur pour qu’il descende.
La Bible se termine avec cette parole de l’Apocalypse :
« Amen, viens Seigneur Jésus » !
- le second enseignement est tout aussi capital et
Thérèse le dit sans ambages : même en pratiquant toutes les vertus, il est
inimaginable de pouvoir monter une seule marche. Seules les petites âmes peuvent
comprendre cela. Il est donc nécessaire et utile de faire des efforts
inutiles car le but n’est pas de monter l’escalier de la sainteté mais
d’être pris
en pitié par
[f2] Dieu.
5 Etre pris en pitié c’est être pris dans ses bras :
lui seul est capable de nous surélever. C’est totalement gratuit, c’est la
grâce,
c’est l’Esprit Saint qui nous relève et nous fait
passer dans l’autre univers.
Comme le dira encore Thérèse, avec force, à sœur
Geneviève qui lui faisait part d’un découragement : le plus important maintenant
…
ce n'est pas de pratiquer des vertus héroïques, mais
d'acquérir l'humilité. Pour cela, il faudra que vos victoires soient toujours
mêlées de quelques défaites, de sorte que vous n'y puissiez penser avec plaisir.
Au contraire, leur souvenir vous humiliera en vous montrant que vous n'êtes pas
une grande âme. [CSG 22]
L’orgueil est donc toujours possible, en particulier
quand l’homme se fixe des objectifs de perfection, quand il est idéaliste, quand
il veut parler d’égal à égal avec Dieu, comme les constructeurs de la tour de
Babel. L’orgueil c’est le péché le plus terrible car, finalement sans excuse. Le
psalmiste le dit ainsi :
Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil, qu'il n'ait
sur moi nul empire!
Alors je serai irréprochable et pur du grand péché. (Ps
19, 14)
Il faut faire constamment cette prière à Dieu, ne
jamais croire que l’orgueil est, enfin, derrière nous. Thérèse est pleine de
miséricorde vis-à-vis des péchés de faiblesse mais ne laisse rien passer du côté
de l’orgueil :
Soyez sûre qu'une tentation d'orgueil est bien plus
dangereuse et le bon Dieu bien plus offensé quand on y succombe que lorsque l'on
fait une faute, même grave, contre la pureté,
car il a égard à la fragilité de notre nature
pervertie, tandis que pour une faute d'orgueil il n'y a pas d'excuse. Et c'est
cependant une faute que les âmes commettent souvent et facilement sans s'en
inquiéter ! Une tentation d'orgueil devrait être crainte plus que le feu, tandis
qu'une tentation contre la pureté ne peut qu'humilier notre âme et, par-là, lui
faire plus de bien que de mal. [CRM 51]
Ce qui s’oppose à l’humilité
Cet enseignement thérésien permet de répertorier au
moins quatre grands obstacles à la pratique de l’humilité :
- ne pas être en vérité avec soi-même et avec Dieu,
c’est-à-dire être dans l’illusion quant à notre misère profonde, du fait même
notre statut de créature, devant tout à notre créateur,
- le deuxième obstacle c’est la confusion entre
perfection et sainteté ; la perfection est un idéal avec ce que cela suppose de
narcissisme, de contemplation de soi. Un théologien, et Balthasar à sa suite,
mettent en garde contre la tentation de la perfection, contre le pharisaïsme :
Très strictement, et avec une lucidité impitoyable,
Thérèse combat tout effort ascétique qui ne vise pas Dieu mais la perfection du
sujet humain, et, par conséquent, n’est rien d’autre que le culte spirituel de
la beauté » [HUVB p. 190, citant I. F. Görres]
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A l’opposé de cette « cosmétique de l’âme », la
sainteté est un don de Dieu que l’Église peut être amenée à reconnaître comme
réellement accueilli et vécu. Un don que le Seigneur n’accorde qu’aux humbles.
Dans l’esprit de Thérèse cette compréhension de la sainteté n’est pas
dissociable de la réserve qu’elle exprimera ainsi : « Il ne faut pas travailler
pour devenir des saints, mais pour faire plaisir au bon Dieu » (procès de
béatification, 371). Et pour faire plaisir à Jésus, ajoute-t-elle :
il faut que nous restions bien humbles, bien petites,
que personne ne fasse attention à nous...
Restons toujours de tout petits enfants, tels que Notre
Seigneur le désire [PB 629]
- le troisième obstacle, plus subtil, est l’obstination
à croire que nous pouvons au moins gravir une marche dans cet escalier de la
sainteté et d’oublier que c’est Jésus qui descend chercher sa créature, et qu’il
veut descendre jusqu’en bas,
- le dernier, et non des moindres, consiste à se
prendre pour un adulte devant Dieu avec ce que cela signifie de volonté
d’indépendance, de manque de simplicité, de difficulté à se laisser aimer, à
s’abandonner.
Thérèse nous ramène à cette vérité fondamentale
: Dieu nous
soutient dans l’être[f3] . Et
donc la source de notre agir bon ne peut être qu’en lui. D’où cette exhortation
:
Rangeons-nous humblement parmi les imparfait,
estimons-nous de 'petites âmes' que le bon Dieu doit soutenir à chaque instant.
Dès qu'il nous voit bien convaincus de notre néant, il nous tend la main, mais
si nous voulons encore essayer de faire quelque chose de grand, même sous
prétexte de zèle, il nous laisse seules. [écrit le 7 juin 1897, PB 725]
Dieu ne nous tend pas sa main pour nous aider seulement
: par cette main tendue passe la grâce et s’accomplit alors l’œuvre de Dieu à
travers celui qui l’accueille. La condition restant toujours la même :
reconnaître son néant. Dieu ne nous humilie pas pour son plaisir mais pour que
nous puissions faire
l’expérience
de sa paternité[f4] , pour
nous faire entrer dans la voie de la confiance et de l’abandon. Sinon, il nous
laisse seul avec nos illusions, avec cette perspective d’un effondrement
personnel. C’est ce que Jésus évoque avec cette maison construite sur du sable
qui a peut-être belle apparence mais :
La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents
ont soufflé et se sont rués sur cette maison, et elle s'est écroulée. Et grande
a été sa ruine ! [Mt 7,27]
Le secours des humiliations
Comprenant tout cela et l’acceptant, nous pourrions
nous décourager quant à cet apprentissage de l’humilité. Heureusement, le
Seigneur ne nous laisse pas dans cet état très longtemps et c’est lui-même qui
va donner les moyens de pratiquer l’humilité en proposant cette nourriture
délicieuse qui s’appelle les humiliations :
Un jour, elle m'aborda par ces paroles : « Une table
abondante et choisie vient d'être servie en votre honneur. Comme une mère pour
son enfant, j'ai recueilli avidement ces mets substantiels ; je vous les apporte
parce que je pense qu'ils vous feront le bien et le plaisir qu'ils me feraient à
moi-même ». Ces mets étaient des paroles humiliantes, des mauvais jugements
contre moi.
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« Promettez-moi, me dit-elle en finissant, que vous
agirez pour moi comme j'agis pour vous.
Voyez comme je vous donne des preuves d'un véritable
amour ; puisque vous m'aimez, donnez-moi ces mêmes preuves ». [PB 835]
Thérèse demande donc à être nourrie de toutes sortes
d’humiliations : ce sera une preuve d’amour que de lui en servir. Elle voit
également les humiliations comme une eau vivifiante, autrement dit comme des
grâces qui enracinent profondément en Dieu :
Jésus savait bien qu'il fallait à sa petite fleur l'eau
vivifiante de l'humiliation, elle était trop faible pour prendre racine sans ce
moyen [PB 79]
Nous pouvons noter ce paradoxe apparent : c’est parce
qu’elle est faible qu’elle a besoin des humiliations. Mais il ne faut pas perdre
de vue que l’humilité est une force considérable puisque c’est la force même de
Dieu alors que l’orgueilleux ne s’appuie que sur les siennes :
"Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans
la faiblesse." C'est donc de grand cœur que je me glorifierai surtout de mes
faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. [2Co 12,9]
Humiliations à l’école
Les humiliations commencent très tôt dans la vie de
Thérèse. Nous en donnerons quelques exemples que chacun aura peut-être pu vivre
pour sa propre part sans y apporter de bonne réponse.
Il y a en effet des humiliations terriblement
blessantes qui orientent la vie du mauvais côté parce que la victime met en
place des défenses qui deviendront quasiment structurelles pour éviter de
nouvelles blessures. Ces défenses peuvent être pires que le mal infligé. Ou
bien, au contraire, peuvent servir de cadre pour que puisse se développer une
vraie vie spirituelle, une vie d’union au Christ plus forte. À l’école, Thérèse
va connaître une lourde humiliation affective qu’elle relate dans le Manuscrit A
:
Mon cœur sensible et aimant se serait facilement donné
s'il avait trouvé un cœur capable de le comprendre. J'essayai de me lier avec
des petites filles de mon âge, surtout avec deux d'entre elles. Je les aimais et
de leur côté elles m'aimaient autant qu'elles en étaient capables ; mais hélas!
qu'il est étroit et volage le cœur des créatures !... Bientôt je vis que mon
amour était incompris, une de mes amies ayant été obligée de rentrer dans sa
famille revint quelques mois après ; pendant son absence j'avais pensé à elle,
gardant précieusement une petite bague qu'elle m'avait donnée. En revoyant ma
compagne ma joie fut grande, mais hélas ! je n'obtins qu'un regard
indifférent... Mon amour n'était pas compris, je le sentis et je ne mendiai pas
une affection qu'on me refusait. Mais le Bon Dieu m'a donné un cœur si fidèle
que, lorsqu'il a aimé purement, il aime toujours, aussi je continuai de prier
pour ma compagne et je l'aime encore... [Ms A 38 r°]
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Thérèse, évidemment, se sent non seulement trahie par
son amie mais, pire encore, comme inexistante sous son regard, traitée comme un
objet. Elle se sent dupée : ce qu’elle croyait vrai et sincère n’était qu’une
mascarade. C’est là un mécanisme que les pervers mettent classiquement en œuvre
pour détruire l’autre, pour détruire une juste estime de soi. Pour Thérèse le
lien naturel avec son amie est maintenant coupé définitivement mais le lien
surnaturel est maintenu : c’est désormais en Jésus seul que cet amour se
maintient et pourra porter du fruit dans l’âme de cette amie infidèle.
A partir de cette expérience douloureuse Thérèse, en
relisant sa vie, dira :
Combien je remercie Jésus de ne m'avoir fait trouver
"Qu'amertume dans les amitiés de la terre" : avec un cœur comme le mien, je me
serais laissée prendre et couper les ailes (…)
Comment un cœur livré à l'affection des créatures
peut-il s'unir intimement à Dieu ?... je sens que cela n'est pas possible. [Ms A
38 r°]
Elle avait un tel désir d’aimer qu’elle aurait pu
tomber plus bas que Marie-Madeleine, avoue-telle.
Nous trouvons un écho étonnant de cette expérience
humiliante quand elle déclare vouloir être le jouet de Jésus, c’est-à-dire un
objet dont il pourra faire ce qu’il veut :
Il y en a assez qui veulent être utiles ! Mon rêve à
moi, c'est d'être un petit jouet inutile dans la main de l'Enfant Jésus [CSG 57]
Nous voyons là un exemple magnifique d’une humiliation
affective qui amène Thérèse à rejoindre Jésus dans sa propre offrande
eucharistique, dans son état le plus humilié, celui d’objet, en apparences.
Cette recherche de l’amour des créatures – qui trouve
son origine dans les manques de sa petite enfance – ne sera réellement guérie
qu’au moment de sa conversion de Noël 1886. Elle a 13 ans et nous savons qu’en
rentrant de la messe son père fatigué dit une petite phrase dont il ne mesure
pas la portée et qui va transpercer le cœur de Thérèse. Au bord des larmes elle
monte alors rapidement le petit escalier de la maison mais arrivée en haut elle
prend la décision de redescendre joyeuse pour ne pas gâcher la joie des autres.
Pour reprendre un concept paulinien (1Co 15,44-46), dans une formulation
ramassée, nous pourrions dire que celle qui monte l’escalier est psychique mais
celle qui le redescend est spirituelle. Il se passe beaucoup de choses dans les
escaliers thérésiens, ce sont des lieux de conversions qui bouleversent une vie,
qui la font changer de registre, qui la font passer d’une recherche de soi
narcissique au don de soi. Elle le dira elle-même :
je sentis en un mot la charité entrer dans mon cœur, le
besoin de m'oublier pour faire plaisir et depuis lors je fus heureuse !... [Ms A
45 v°]
Il n’y a donc pas de vrai bonheur sans ce passage
obligé par l’humilité. Et Dieu, seul, sait quelle humiliation choisir pour nous
y faire entrer : il est impensable de pouvoir pratiquer cette voie en
choisissant de nous-mêmes les humiliations ou
les mortifications
[f5] qui
nous sembleraient bonnes.
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Humiliations au Carmel
Au Carmel, Thérèse a été particulièrement éprouvée. Une
sœur dira : « Elle trouvait ce qu’elle était venue y cherche : le renoncement
quotidien et l’humiliation ». Elle était traitée sans ménagement,
Nous le savons grâce aux témoignages donnés à son
procès de béatification. En voici un qui montre bien le genre d’humiliations
qu’elle avait à subir ordinairement et sa manière d’y réagir :
La douceur et l'humilité avec lesquelles elle acceptait
les observations et les réprimandes ne se démentirent jamais, même quand
celles-ci n'étaient pas méritées. Un jour, elle fut prise, au réfectoire, d'une
quinte de toux. La mère prieure, fatiguée de l'entendre ainsi tousser, lui dit
assez vivement: « Mais enfin, sortez, sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus ! ». Elle
se retira sans rien perdre de son calme et de sa sérénité.
L'humilité de sœur Thérèse de l'Enfant Jésus fut
vraiment héroïque. Elle recherchait l'humiliation comme un trésor (…) Non
seulement la Servante de Dieu laissait paraître cette joie surnaturelle quand je
lui rapportais des appréciations malveillantes sur elle, mais je remarquais en
elle la même sérénité quand des sœurs lui jetaient, à l'improviste, des paroles
dures et désagréables. Une religieuse ancienne ne pouvait pas comprendre que
sœur Thérèse de l'Enfant Jésus, si jeune, s'occupât des novices. Elle lui dit,
un jour, qu'elle aurait plus besoin de savoir se diriger elle-même que de
diriger les autres. J'étais témoin de cette conversation. La Servante de Dieu
lui répondit avec une douceur angélique : «Ah ! ma sœur, vous avez bien raison,
je suis encore bien plus imparfaite que vous ne le croyez ».
[CRM 78 +]
La sœur qui témoigne parle de « la douceur et de
l’humilité » de Thérèse, Thérèse disciple de celui qui dira :
Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école,
car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes.
[Mt 11, 29]
Ce qu’elle voulait pour elle-même, l’humilité du cœur,
elle le voulait pour les novices dont elle avait la charge. Toute sa direction
spirituelle ne consistait finalement qu’en cela :
Sans cesse elle m'enseignait la pratique de l'humilité.
Ce qu'elle appelait sa « petite voie d'enfance spirituelle » était le sujet
continuel de nos entretiens. [PB 1270]
Ce qui l’amenait à mener un combat sans merci contre
toute manifestation d’orgueil ou d’amour-propre qu’elle percevait chez elle ou
qu’elle voyait chez ses novices. Elle ne consolait jamais une novice qu’elle
avait reprise d’une manière juste :
Il ne faut pas que la bonté dégénère en faiblesse.
Quand on a grondé avec justice il faut en rester là, sans se laisser attendrir
au point de se tourmenter d'avoir fait de la peine, de voir souffrir et pleurer.
Courir après l'affligée pour la consoler, c'est lui faire plus de mal que de
bien. La laisser à elle-même, c'est la forcer de recourir au bon Dieu pour voir
ses torts et s'humilier. Autrement, habituée qu'elle serait à recevoir de la
consolation après une gronderie méritée, elle agirait toujours, dans les mêmes
circonstances, comme une enfant gâtée qui trépigne et crie jusqu'à ce que sa
mère vienne essuyer ses larmes. [CJ 18 avril]
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Thérèse fait allusion, ici, à sa propre enfance mais,
plus généralement, au deuil qui est à faire de ce désir de toute-puissance
infantile qui s’exerce dans les relations affectives et qui a pour but de
séduire l’autre, de l’amener à soi. Dans son Carmel certaines sœurs avaient
compris qui était Thérèse : la confiance qu’elles lui accordaient reposait sur
la certitude que Thérèse ne voulait que leur Bien, qu’elle s’effaçait totalement
au profit de Dieu. Certaines sœurs âgées venaient même la consulter en secret,
comme Nicodème allant rencontrer Jésus de nuit. Thérèse est tout entière dans sa
mission :
Je ne cherchais pas à être aimée, je ne m'occupais pas
de ce qu'on pouvait dire ou penser de moi, je ne cherchais qu'à faire mon devoir
et à contenter le bon Dieu.
Une novice témoignera ainsi :
Ayant été moi-même une de ses novices, j'ai toujours
remarqué son grand renoncement, sa patience à nous écouter, à nous instruire,
sans chercher pour elle l'ombre d'une consolation.
(…) Exaucée dans la prière qu'elle avait faite, jamais
elle ne vit aucune novice s'attacher à elle humainement, et cependant, toutes
recouraient avec confiance à sa direction. Même quelques anciennes, remarquant
sa prudence céleste, vinrent aussi la consulter en secret.
La direction de Thérèse était du sur mesure : « Elle
ne demandait point à toutes les mêmes sacrifices ». Elle cherchait
simplement à découvrir et surtout à faire découvrir ce que Jésus voulait
indiquer à l’âme qui lui avait été confiée ou qui se confiait à elle :
En dirigeant les autres, écrit-elle, il faut absolument
oublier ses goûts, ses conceptions personnelles et guider les âmes, non par sa
propre voie, par son chemin à soi, mais par le chemin particulier que Jésus leur
indique. [PB 722]
L’âme doit être en vérité avec elle-même et tournée
vers le Seigneur. En ce sens, la recherche des consolations affectives – que ce
soit d’un côté ou de l’autre – apparaît bien comme la pire des attitudes car
elle casse le ressort de la vie spirituelle. Tout comme la recherche des
consolations de l’intelligence. Thérèse dira, un jour qu'elle se trouvait en
face d'une bibliothèque :
Oh ! que je serais marrie d'avoir lu tous ces livres-là
! (…) Si je les avais lus je me serais cassé la tête, j'aurais perdu un temps
précieux que j'aurais pu employer tout simplement à aimer le bon Dieu... [CSG,
juillet]
Thérèse subira également l’humiliation d’être très
souvent incomprise non seulement dans ses paroles mais aussi dans ses actes.
Elle fait l’expérience que ses sœurs se limitent aux apparences, sans chercher
l’intention qui a été à l’origine des actes posés. Cela a été très formateur :
elle renonce à se justifier, à faire valoir ses droits et ne se laisse plus
déstabiliser par les remarques désobligeantes et le jugement erroné porté sur
elle. Sur cette terre il faut accepter que les choses ne soient pas vues dans la
lumière de l’amour mais qu’elles soient toujours ramenées à ce que nous
connaissons, et donc, d’une manière ou d’une autre, à notre cœur malade et à
notre pauvre intelligence.
11
Ce renoncement permet de choisir résolument l’humilité
et de vivre les humiliations dans la joie, sans vouloir détromper l’autre sur
notre misère.
Il y aurait bien d’autres humiliations de Thérèse à
rapporter : elles sont souvent relatées par les sœurs qui ont été le plus proche
d’elle car Thérèse restait plutôt discrète sur ce qui lui arrivait sauf quand
elle pouvait en faire la matière d’un enseignement, d’un conseil.
Cloîtrée au Carmel elle n’a cependant pas été épargnée
par le péché du monde, par sa perversité, à travers l’affaire Leo Taxil
notamment :
De façon mystérieuse et symbolique, Thérèse a vécu
cela. Elle a été blessée et même transpercée par ce péché à l'occasion de
l'énorme mystification montée par Leo Taxil :
l'histoire de Diana Vaughan, inventée par lui. Cette
jeune fille américaine s'était convertie après avoir appartenu à la
franc-maçonnerie, où elle était l'enfant bien-aimée de Lucifer et la fiancée
d'un démon. Thérèse y a cru de tout son cœur, elle a prié pour Diana; elle lui a
même écrit en lui envoyant sa propre photographie dans le rôle de Jeanne d'Arc.
Tout cela jusqu'au jour où Taxil a révélé publiquement l'inexistence de Diana,
au cours d'une conférence de presse donnée à Paris (19 avril 1897), où il a
projeté la photo de Thérèse. Et Thérèse a su tout cela. Elle a été trompée,
bafouée et surtout blessée dans les dimensions les plus intérieures de sa foi et
de son amour, ces deux "cordes" de l'Amour filial et de l'Amour sponsal selon
lesquelles elle vivait comme l'enfant bien-aimée du Père et l'Épouse de Jésus.
Parce qu'ils jouaient de façon perverse,
"luciférienne", sur le plan symbolique de ces deux "cordes", les textes de Taxil
ont été pour Thérèse un véritable poison. Ainsi, tout en étant apparemment
protégée par la clôture de son Carmel, Thérèse a réellement bu la coupe la plus
amère, celle du péché tel qu'il se présente dans le monde occidental moderne.
(Procès du doctorat 303)
Par rapport aux humiliations Thérèse nous invite ainsi
à ne pas craindre les combats qu’elles suscitent car les victoires remportées
donnent une grande force d’âme. Il faut donc accepter humblement ces
humiliations et s’efforcer de garder la paix intérieure, en tournant
éventuellement son regard vers les choses belles et simples,
vers la
nature par exemple[f6] . La
véritable grandeur est habillée, et restera toujours voilée, par l’humilité.
L’humilité et son horizon eschatologique
Cette humilité à vivre sur terre trouvera son
accomplissement au ciel : c’est là sa destination ultime, son horizon
eschatologique. Car là-haut nous serons en face de cette vérité dont, par
orgueil, nous ne voulons pas prendre la mesure ici-bas. Cette vérité c’est
l’interdépendance totale de toutes les créatures entre elles, et entre elles et
Dieu. Thérèse remarque qu’une toute petite flamme, issue d’une lampe à moitié
éteinte, suffit à en produire beaucoup d’autres jusqu’à embraser l’univers :
Comment les belles flammes pourraient-elles se
glorifier d'avoir fait un incendie pareil, puisqu'elles n'ont été allumées que
par correspondance avec la petite étincelle ?...
12 Il en est de même pour la Communion des Saints.
Souvent, sans le savoir, les grâces et les lumières que nous recevons sont dues
à une âme cachée, parce que le bon Dieu veut que les Saints se communiquent les
uns aux autres la grâce par la prière, afin qu'au Ciel ils s'aiment d'un grand
amour, d'un amour bien plus grand encore que celui de la famille, même la
famille la plus idéale de la terre.
Combien de fois ai-je pensé que je pouvais devoir
toutes les grâces que j'ai reçues aux prières d'une âme qui m'aurait demandée au
bon Dieu et que je ne connaîtrai qu'au Ciel.
Oui, une toute petite étincelle pourra faire naître de
grandes lumières dans toute l'Église, comme des docteurs et des martyrs qui
seront sans doute bien au-dessus d'elle au Ciel ; mais comment pourrait-on
penser que leur gloire ne deviendra pas la sienne ? Au Ciel on ne rencontrera
pas de regards indifférents, parce que tous les élus reconnaîtront qu'ils se
doivent entre eux les grâces qui leur ont mérité la couronne. [CJ 15 juillet]
Voilà donc une réalité, la vérité ultime à laquelle il
faut songer dès maintenant, pour
anticiper cette vie au ciel
[f7] où
chacun déborde de gratitude pour tous. Et dans la joie de savoir que toutes les
grâces qu’il a reçues viennent peut-être d’une petite âme cachée qui l’aura
demandé au Seigneur.
Notre-Dame d’Auteuil, le 16
janvier 2010
Références
CJ : Carnet Jaune (Sr Agnès de Jésus)
CRM : Carnet Rouge (Sr Marie de la Trinité)
CSG : Conseils et souvenirs, Sr Geneviève
LT : Lettres
Ms A, B, C : Manuscrits autobiographiques A, B, C
PB : procès de béatification
HUSB : Thérèse de Lisieux, histoire d’une mission,
Médiaspaul, 1995
*** notes de l’internaute
Avant le péché originel lorsque l’humanité
bénéficiait de la morale animale aveugle sur elle-même, elle était
dans l’anti péché [f1]
Dana ce don du Verbe-Dieu livré aux mains
de la technique humaine selon le site
www.f-v-m.net la pitié de Dieu s’étendrait jusqu’à demander à
l’homme de s’unir entièrement avec Lui [f2]
[f3]Avec
ou sans sentiment religieux Dieu étant par définition l’ÊTRE nous
soutient en tout
[f4]Si
Dieu est humble par nature, créés à son image, nous ne pouvons avoir
part qu’à l’humilité de Dieu
En aucun cas cela voudrait dire que nous
n’avons pas à faire un effort constant contre notre nature [f5]
pour signifier notre bonne volonté à l’image de la croix du Christ
Jésus précédé de son agonie de Gethsémani. Les mortifications du
reste dépendent de l’âge, de la santé ou de la complexion
spirituelle de chaque âme.
[f6]
[f7]Pour
anticiper ainsi l’humilité du Fils de la Vierge Marie, Jésus-Christ
Trinitaire est un abîme sans fond qui pénètre toutes choses au Ciel
(au dehors de l’univers) et sur la terre.